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Révoltes urbaines, FCOSK06 et protection du centre-ville : ce que Strasbourg a décidé ce lundi

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C’est la rentrée. Après avoir été déserté durant un été caniculaire, l’hémicycle se tient prêt à accueillir ses élèves. Des écolier(e)s souvent turbulent(e)s, parfois constructifs/ves mais toujours là pour débattre du futur de Strasbourg. Qui obtiendra la première gommette ? Qui passera au tableau ? Quelles nouvelles alliances vont-ils et elles pouvoir former ? Premiers éléments de réponse avec le retour du conseil municipal, après 3 mois de pause.

Après une minute de silence pour les catastrophes qui ont touché le Maroc et la Libye, pour lesquels la Ville débloquera plusieurs fonds lors du conseil, on démarre l’ordre du jour. Un programme fourni de 73 points, dont 24 sont retenus, auxquels on rajoute 2 motions et 5 questions orales. En un mot comme en cent : ça va être long. Et on ne croit pas si bien dire.

Comme un signe qu’on repart pour une nouvelle année animée, on débute par une suspension de séance. Cette fois-ci cependant, pas de rappel au règlement intérieur ou de grosses tensions dans l’hémicycle, uniquement Jeanne Barseghian qui accueille Patrick Wachsmann, pour qu’il fasse son dernier rapport en temps que déontologue de la Ville de Strasbourg. On y reviendra.

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conseil municipal 25 septembre 2023
© Live conseil municipal 25 septembre 2023

Ce qui va changer pour Strasbourg et les Strasbourgeois(es)

Protéger le centre-ville et les commerces indépendants

Mais d’abord, débutons avec la formation d’un périmètre de sauvegarde et un droit de préemption de la Ville sur l’installation des commerces. Déjà envisagée dans le mandat précédent, la mesure restait néanmoins dans les cartons depuis 4 ans. Une longue période qui a vu le centre-ville de Strasbourg perdre de plus en plus de sa singularité, notamment au niveau de la place Kléber, l’arrivée de Foot Locker dans les locaux de Schutzenberger étant le dernier exemple.

Par une délibération, la Ville a donc décidé de mettre en place un périmètre où elle aura concrètement la priorité sur de potentiels acheteurs. Permettant ainsi de préserver la place des commerces indépendants, qui souffrent en ce moment, dans un « contexte d’accélération de mutation des commerces » avec l’effondrement du prêt-à-porter et développement des restaurants et de bars. Grosse avancée par rapport à la mouture de 2019 : ce périmètre ne comprend pas que le centre-ville. 

Dans le détail, il comporte :

  • l’ensemble du quartier de la Grande-Île,
  • le secteur de la gare – au sens élargi, des boulevards de Metz, de Nancy et de Lyon à la rue de Molsheim, la rue Sainte Marguerite à la Place des Halles, incluant de fait la Place de la Gare et la rue du Maire Kuss,
  • le secteur Nord du centre-ville, de la place des Halles jusqu’à la rue du Fossé des Treize,
  • le quartier Krutenau, de la rue de la Première Armée (jusqu’à la place de la Bourse) à la rue Sainte Madeleine, quai des Bateliers et quai des Pêcheurs,
  • le quartier Cronenbourg entre la route d’Oberhausbergen en passant par Rotonde, la route de Mittelhausbergen, jusqu’à la voie ferrée,
  • le secteur marchand le long de la route du Polygone dans le Neudorf,
  • le cœur marchand du quartier de la Meinau autour de la place de l’Île de France,
  • dans le quartier Montagne verte, le long de la route de Schirmeck et une partie de la rue d’Ostwald,
  • le secteur de l’Elsau autour des rues Watteau, Léonard De Vinci et Mathias Grünewald,
  • dans le quartier Koenigshoffen, le long d’une partie de la route des Romains et de l’allée des Comtes,
  • le secteur marchand du Neuhof sur une portion de la route d’Altenheim et de la rue Parallèle.
brasserie kohler rehm pokaa 2
© Nicolas Kaspar/Pokaa

Les débats se révèlent très positifs, avec Isabelle Meyer qui salue un choix « qui n’est pas déconnant (sic) ». Elle soulève néanmoins un point de vigilance sur le fait que ce soit la Ville qui ait entièrement le contrôle de la décision. De son côté, Hülliya Turan salue une lutte essentielle contre « la vacance, la mono-activité et la standardisation du centre-ville ».

Le point est adopté à l’unanimité. Hâte de voir les premiers effets, afin que le centre-ville de Strasbourg puisse retrouver une certaine singularité. Même si la l’absence de mention des termes dark kitchens ou dark stores durant les courts débats montre que la Ville a encore du travail pour redessiner un centre-ville à l’image de Strasbourg, et ce même si le futur PLU pourrait amener un pas en avant sur leur encadrement.

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© Vivien Latuner/Pokaa

La commande d’une œuvre d'art sur la place du Château pour la période estivale

En 2024, Strasbourg sera Capitale mondiale du livre. Un honneur pour notre ville, qui amène de nombreuses animations à Strasbourg autour de la littérature. Ainsi, pour l’été prochain, l’exécutif souhaite installer une œuvre d’art sur la place du Château, dans un « univers artistique immersif », évoquant celui du livre, en y intégrant un dispositif scénique temporaire permettant d’accueillir du public. Un peu comme Nemeton cet été.

Avec place du Château et oeuvre d’art éphémère, le gros couac de cet été rappelle forcément des souvenirs aux Strasbourgeois(es), lorsque la structure s’était effondrée. Un sujet sensible, encore dans toutes les têtes municipales surtout que la commande se chiffre à 300 000 €.

Côté critiques, Catherine Trautmann met en avant le le flou qui entoure encore le projet. Pierre Jakubowicz et Jean-Philippe Vetter remettent eux sur le tapis la situation compliquée vécue en ce moment par les librairies indépendantes et le monde de la BD. Nicolas Matt propose d’utiliser les 300 000 € qui pourraient être utilisés pour donner des chèques cadeaux aux agent(e)s, à utiliser dans les librairies de la Ville.

Anne Mistler répond « tenir compte de ce qui s’est passé pour être encore plus attentifs » et annonce doter les écoles de la ville de stocks de livres au-dessus des moyennes habituelles. Le point est adopté avec 48 voix pour et 12 abstentions. En espérant que celle-ci ne s’effondre pas.

Peu de monde place du Château cet été touristes strasbourg 2020
© Victoire Pirot/Pokaa

L'instant philo : « Comment faire ville ensemble après les révoltes urbaines ? »

Le 26 juin dernier, le conseil municipal clôturait sa saison 2022/2023 dans une atmosphère très politique, mais assez apaisée dans les standards strasbourgeois. Le lendemain, un policier tuait le jeune Nahel, 17 ans, à la suite d’un contrôle routier, lançant des vagues de révoltes dans toute la France. Et notamment à Strasbourg, dans l’atmosphère irréelle du week-end du 30 juin au 2 juillet.

Plusieurs mois sont désormais passés, et le conseil municipal strasbourgeois souhaite revenir sur le sujet avec une question amenant thèse antithèse et synthèse : comment faire ville ensemble après les révoltes urbaines ? Cela débute d’abord par « faire le bilan des dégradations et des mesures prises par l’exécutif, en pensant notamment à l’incendie de l’école Marguerite-Perey ou de la mairie de quartier du Neuhof », selon Jeanne Barseghian. La maire ouvre ensuite deux heures de débat ressemblant fortement à un devoir surprise de philo. Ça tombe bien, nos élèves ont de la ressource.

emeutes quartier police nahel violences lacrymo
© Mathilde Cybulski

Thèse : « La violence est toujours un échec collectif »

Côté majorité, Hülliya Turan prend en compte le « malaise social généralisé qui confirme que nous vivons sur une poudrière ». Une réalité partagée par Benjamin Soulet : « Ce serait un écueil de ne pas prendre la mesure de ce mal-être ». Même son de cloche chez Soraya Ouldji : « Nous devrions prendre acte que notre pays échoue à protéger les plus jeunes ».

Pour « désamorcer ces risques », Hülliya Turan insiste sur des « actions concrètes » : l’instauration de l’état d’urgence social et la création d’une agence locale de lutte contre les inégalités. Avant d’ajouter : « Les jeunes qui ont participé aux émeutes sont les premières victimes de leurs conséquences. Ils se sont attaqués au peu qu’ils avaient ».

emeutes quartier police nahel violences lacrymo
© Mathilde Cybulski

Soraya Ouldji appelle de son côté à ne pas faire « d’amalgame dangereux entre enfants venus de famille mono-parentale et violence », comme a pu le faire Emmanuel Macron. L’adjointe à la petite enfance explique ensuite que le profil de « l’émeutier type » ne ressemble pas à la représentation médiatique que l’on s’en fait : c’est un homme, mais majeur, et sans antécédent judiciaire.

Guillaume Libsig met lui en avant les carences de l’État, en rappelant que plus de 15 000 contrats aidés sont en voie d’être supprimés, « un choix politique de la Macronie ». Pour terminer, Syamak Agha Babaei émet le voeu « que les institutions puissent ressembler à la population : et ça, on a du boulot  ! », avant de conclure : « L’usage de la violence est toujours un échec collectif ». Thèse terminée, place au contradictoire.

emeutes quartier police nahel violences lacrymo
© Mathilde Cybulski

Antithèse : « Soutenir notre République et non la défier »

Côté opposition, la grille de lecture est différente, même si globalement constructive dans un premier temps. Pierre Jakubowicz salue la façon dont Jeanne Barseghian a géré la crise et revient sur sa proposition de réaliser de temps à autre un conseil municipal hors les murs, pour « aller à la rencontre des Strasbourgeois(es) » pour que les « générations futures » aient envie de « soutenir notre République », et non « la défier ». 

Jean-Philippe Vetter se montre lui en opposition frontale, dénonçant « la victimisation » des jeunes responsables des révoltes et le « renversement incroyable des valeurs » :  « Tout le monde est victime, c’est la faute de la société, donc la faute de tout le monde et à l’arrivée la faute de personne ». Montant progressivement dans les tours, il dit qu’il faut mettre « hors d’état de nuire » (sic) une « ultra-minorité de casseurs », 20/30 personnes selon ses chiffres aux sources inconnues. Il regrette enfin que les mentions de « la vidéo-protection – en réalité la vidéo-surveillance, ndlr – la sécurité et la sanction soient absentes du texte ». On passe désormais à la synthèse.

emeutes quartier police nahel violences lacrymo
© Mathilde Cybulski

Synthèse : « Continuer de travailler sur nos points de convergence »

La synthèse est mal partie avec pas moins de 19 (!!!) interventions pour le deuxième tour de parole. Les premières portent sur le rôle des élu(e)s de quartier, qui semblent démuni(e)s face à la situation dans laquelle s’est retrouvée Strasbourg. Catherine Trautmann regrette que la communication ne mentionne pas « un bilan des actions menées cet été », et notamment celles des « élu(e)s qui auraient pu aller au contact des habitants ». Nicolas Matt regrette aussi le manque de soutien aux associations et aux travail de quartier. Abdelkarim Ramdane lui répond : « Nous étions sur le terrain, près des habitants ».

Ensuite, opposition comme majorité évoque son sujet de prédilection. Germain Mignot dit l’urgence de « retrouver une police de proximité », alors que Yasmina Chadli rappelle que : « Non, les quartiers populaires ne voient pas défiler un pognon de dingue ». Elsa Schalk revient sur le thème de « la responsabilité des parents », tandis que Pierre Jakubowicz fait un lien de cause à effet étrange : « Oui, la sécurité, comme la salubrité et la propreté, est une politique sociale. Nous ne nous enfermerons jamais dans le wokisme ». Drôle de manière de conclure, mais soit.

emeutes quartier police nahel violences lacrymo
© Mathilde Cybulski

Jeanne Barseghian termine ces débats de 2h par un sentiment de concorde : « Les grilles d’analyse peuvent diverger suivant les sensibilités politiques » mais « lorsque notre ville s’est embrasée, toutes et tous ensemble nous nous sommes rassemblés devant notre maison commune et retrouvés sur l’essentiel : la condamnation des violences, pour saluer la détermination, le courage des agentes et des agents de cette collectivité et autour de la bannière de notre République ».

Elle invite ainsi le conseil à continuer de travailler sur les « points de convergence » qui les unissent, pas toujours évidents à remarquer au premier abord lorsqu’on connaît un peu l’hémicycle strasbourgeois. Mais cela fait office d’une belle conclusion de dissertation philosophique. 14/20.

feu centre ville émeute boutique commerce
© Célia Van Haaren

Le sujet chô : grosses tensions autour des subventions du FCOSK 06

On aurait presque pu parler d’un bug technique d’ampleur qui a forcé les élu(e)s à voter à main levé pendant la majeure partie de la séance, rallongeant considérablement le temps des débats. Dans une ambiance très Magic in the Air, le sujet du FCOSK06 va souffler sur les braises de la tension municipale.

Le 7 janvier dernier, le club amateur strasbourgeois battait Clermont (Ligue 1) en 32e de finales de la Coupe de France, finissant même par monter en N3 à la fin de la saison. Mais le 19 septembre dernier, le FCOSK 06 lançait un appel à l’aide sur Facebook intitulé : Le Football à Strasbourg en danger. Il y dénonçait l’absence d’une vraie politique sportive de la part de la municipalité, qui étouffe les associations sportives strasbourgeoises.

Une opposition offensive

Un sujet remis sur la pelouse du conseil municipal par Catherine Trautmann. L’ancienne maire de Strasbourg fustige le manque de soutien financier de la Ville envers le FCOSK06, inconcevable selon elle après leur parcours historique en Coupe de France et leur montée en N3 – 5e division nationale, ndlr : « Plus on gagne, moins on est soutenu quand on est un club de quartier ». Et ce, même si elle se trompe sur l’identité du club qui les a battus – Amiens alors que c’était Angers, ndlr.

Par un amendement, elle souhaite atteindre les 100 000 € de soutien provenant de la Ville, alors que pour l’instant, celui-ci se chiffre à 56 000 €. Elle évoque enfin l’aménagement d’un terrain d’entraînement au stade Charles Frey, voté dans une délibération, mais qui n’a pas donné de suite alors que ça aurait dû être au deuxième semestre 2023. À la place un terrain synthétique au CREPS, juste à côté, a été construit. Elle termine : « On est la seule ville de France probablement à traiter aussi mal et injustement un club qui a réalisé une belle saison ».

pierre jakubowicz
© Live conseil municipal 25 septembre 2023

Pierre Jakubowicz, flanqué d’une écharpe du club sur les épaules, rejoint les critiques dans sa sa question orale « FCOSK06 à Koenigshoffen “Un 06 inoubliable”, bien trop vite oublié ». Il ronchonne contre une « ville qui n’aime pas la réussite » et qui épuise « les acteurs associatifs » : « Il faut venir mendier en permanence ce qui paraît naturel ».

Jean-Philippe Vetter lui salue  « un club exemplaire sur tous les niveaux » et évoque un soutien accru de la Ville « indispensable », alors même que le club fait face selon lui à une saison de 4 descentes en N3. Une affirmation pas tout à fait exacte, puisque à l’issue de la saison 2023-2024, les trois derniers et les quatre moins bons 11e (sur 14 groupes) seront relégués en Régional 1.

jean-philippe vetter
© Live conseil municipal 25 septembre 2023

Pour la majorité, la meilleure défense, c’est l’attaque

Contrairement au Racing de Patrick Vieira, la majorité ne tente pas seulement un jeu de possession pour calmer l’adversité. Alain Jund dénonce « un clientélisme local », tandis qu’Owusu Tufuor, adjoint au sport mis en cause par le FCOSK 06, rappelle son ambition : « Je n’ai pas oublié mon 06. Je souhaite porter le sport pour toutes et tous. Nous sommes toujours à l’écoute du club, mais pas à n’importe quel prix ».

Pour l’occasion vêtu du maillot du club qu’il a fréquenté, il rappelle que des travaux d’amélioration de l’éclairage sont prévus sur le terrain Charles Frey dans les prochain temps. Des annonces confirmées par une Jeanne Barseghian à la pointe de l’attaque : « Vous donnez l’impression qu’on n’a pas été aux côtés du club ce qui est complètement faux. Et ce n’est pas avec un couteau sous la gorge que la maire de Strasbourg change les montants accordés dans la délibération ».

owusu tufuor
© Live conseil municipal 25 septembre 2023

Elle rappelle également qu’après des discussions avec le club, la décision a été prise de ne pas toucher au terrain enherbé de Charles Frey. Guillaume Libsig lui fustige « les politiques à la papa » du passé, rajoutant : « Notre époque à nous c’est celle des 30 sérieuses », et ajoute apprécier que l’opposition, dans d’autres instances, fassent autant d’efforts pour défendre des acteurs moins médiatiques.

Syamak Agha Babaei rejoint son coéquipier en dénonçant une « instrumentalisation permanente et à géométrie variable » avant de demander à l’opposition « d’arrêter de faire du sport le seul vecteur de réussite dans les quartiers populaires ». Et après un hommage d’un club de gym et de ses bénévoles par Marc Hoffsess, l’amendement de Catherine Trautmann est rejeté par 40 voix contre, 14 pour et une abstention. La délibération est elle votée à l’unanimité. Pas sûr que cela calme le FCOSK 06.

Le décryptage : la Ville est sans déontologue

Pourquoi c’est important ?

Pour terminer, revenons sur le gros débat qui a lancé la journée : la question du déontologue à Strasbourg. Si Patrick Wachsmann, ne pouvant plus assurer son rôle, rappelait que la fonction du déontologue avait besoin de publicité, il a été servi. En effet, de la publicité, la fonction en a eue ces dernières semaines. La faute à la non désignation d’Hélène Michel, alors seule candidate au poste.

En effet, l’exécutif avait besoin d’une majorité des 3/5e de son hémicycle (simple), mais également celle de la majorité des présidents des groupes (pas basique). L’opposition a accordé ses violons et rejeté sa candidature. Conclusion, Strasbourg n’a pas de déontologue, alors qu’elle était la pionnière sur la question. Cette décision de l’opposition est critiquée par Patrick Wachsmann : « La déontologie doit être placée au-dessus des luttes politiques. La désignation d’un déontologue ne doit pas, sauf à dénaturer l’institution, un justification du droit à s’opposer ».

patrick wachsmann
© Live conseil municipal 25 septembre 2023

Un débat peu déontologique

Résultat ? Strasbourg se doit d’adhérer au dispositif proposé par le Centre de Gestion afin d’être dans les clous de la loi et proposer un suivi déontologique des élu(e)s. Les débats qui suivent tournent forcément sur l’imbroglio autour d’Hélène Michel. Catherine Trautmann affirme qu’il fallait s’assurer du consensus avant de proposer le nom de la professeure de sciences politiques, tandis que Nicolas Matt fustige la « manière trop rapide » du processus de désignation et critique « le mépris des groupes d’opposition ».

Avant même la majorité, Patrick Wachsmann, qui avait donné son aval à Hélène Michel, ne se prive pas de répondre aux critiques de l’opposition. Envers Jean-Philippe Vetter, qui estime que « les ratés du processus décisionnel ont comporté des répercussions graves sur la fonction même de déontologue », il rétorque : « Le débat a reposé sur des bases contestables, au regard de la fonction et de ce que doit comporter l’examen des vertus et des talents de la candidate à ses fonctions ».

vetter
© Live conseil municipal 25 septembre 2023

Une fois la figure sage du déontologue partie, les débats montent dans les tours. Jeanne Barseghian relève « le concours des donneurs de leçon », appelant ses membres « à balayer devant leur porte » et notamment Jean-Philippe Vetter, qui n’a toujours pas fourni sa déclaration d’intérêts.

De leur côté, Carole Zielinski fustige le rejet en bloc de la candidate, tandis que Syamak Agha Babaei estime que la « publicité donnée au rejet de la candidature d’Hélène Michel » était contraire à la déontologie.

jakubowicz
© Live conseil municipal 25 septembre 2023

Pierre Jakubowicz se dit « interloqué de la violence des débats », ce qui ne l’empêche d’y aller à la tronçonneuse niveau subtilité : « C’est une régression déontologique : vous aviez l’habitude de nous contraindre, hors là il fallait nous convaincre. Vous rejetez la faute sur vos oppositions mais c’est vous maire de Strasbourg qui êtes garante du processus ».

Mais le plus énergique sera, une fois n’est pas coutume, Benjamin Soulet, passablement énervé. Il dénonce des « jeux politiciens qui ne grandissent pas les groupes d’opposition » : « Vous dites n’importe quoi sur ce sujet, en salissant le nom d’Hélène Michel, dans un coup politique de bas étage ». Il termine par : « C’est triste et vous n’êtes pas à la hauteur ». Le groupe vit bien. L’adhésion est néanmoins votée à 58 voix pour et 5 abstentions du groupe socialiste.

soulet
© Live conseil municipal 25 septembre 2023

Le point bingo

bingo
Si proche. © Célia Van Haaren

Punchline battle

« Votre ambition a dû se perdre dans les limbes de vos fiches », Pernelle Richardot

« Oh faut vraiment que j’aille fumer », Floriane Varieras

« Je fais ma gym du soir », Marc Hoffsess

punchline politique
© Pokaa

« Je ne suis pas un nouveau perdreau de l’année », Catherine Trautmann

« Mieux vaut des chevaux que des LBD », Catherine Trautmann

« Notre époque à nous c’est celle des 30 sérieuses », Guillaume Libsig

Il est 23h59 quand la cloche sonne enfin, libérant les élèves après quasi 14h de débats. La deuxième partie du mandat de Jeanne Barseghian débute par le record de longueur de séance depuis 2020, dans un mélange de questions philosophiques, de points techniques et de bavardages forts dissipés, la fatigue n’aidant pas. Rendez-vous le 6 novembre prochain pour la suite de notre série préférée.

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Commentaires (1)

  1. C’est très bien que des décisions aient été prises pour la protection des petits commerces, mais il faudrait aussi, de la part de la mairie, un retour objectif sur leur politique et ses effets sur ces mêmes commerçants. Cet été à vu la fermeture de nombreuses boutiques (épicerie monna, boucherie Julien celle du centre, Fritz-lutz carré do’r…) en grande partie à cause de la baisse de fréquentation suite à la hausse du prix de stationnement et des difficultés toujours plus grande à se garer . Donc protéger le centre ville et les commerçants indépendants passent en premier lieu par éviter de faire fuir leur clientèle!

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