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« On est dans une situation inquiétante » : face aux dettes, la librairie La Tache Noire a besoin de soutien

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Actuellement dans une situation financière délicate, la librairie La Tache Noire, créée en 2018, ne passera peut-être pas 2023. Éric Schultz, son gérant, a donc lancé un appel à l’aide, sous la forme d’une cagnotte Ulule. On est allé discuter avec lui.

Alors que Strasbourg deviendra officiellement capitale mondiale du livre en 2024 et que la rentrée littéraire s’annonce, la conjoncture commence à devenir compliquée pour certaines librairies indépendantes. Le 12 septembre, l’Oiseau Rare témoignait de ses difficultés qui mettent la librairie en péril, suivi peu de temps après par Le Tigre. 

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La Tache Noire est installée rue de Zurich depuis 2018. Depuis son lancement, la librairie spécialisée polar, roman noir et thriller conseille les Strasbourgeois(es) avides de frissons, d’enquêtes et d’atmosphère aussi sombre et dense qu’un bon café matinal.

Pourtant, le 3 septembre dernier, elle relayait sur les réseaux sociaux un appel à l’aide et s’inquiétait de ne pas survivre au passage en 2024. Elle a donc décidé de lancer une cagnotte Ulule, afin de faire face à sa situation préoccupante.

20 000€ de dettes qui empêchent la librairie de fonctionner correctement

La raison principale ? Des dettes qui montent jusqu’à 20 000€ selon Éric Schultz, joint par téléphone. Le gérant développe : « Ça fait plusieurs mois, depuis février/mars, qu’on se débat avec nos fournisseurs et notre passif pour assainir la situation. On traîne un passif assez important depuis plusieurs années, on a quatre mois de retard de loyer ; ça ne peut pas continuer indéfiniment ». Les dettes se divisent entre environ 10 000€ pour débloquer les comptes de manière durable, plus 8 000€ supplémentaires pour rattraper les retards de loyer.

Un poids qu’il traîne depuis la crise du covid, et ce même s’il n’avait pas contracté de PGE : « On a tout fait reposer sur l’activité, parce qu’on n’a pas connu de décrochage de fréquentation ». Mais l’économie du livre a progressivement rattrapé La Tache Noire : « Généralement, on achète les livres au mois 1, on a ensuite trois mois pour les vendre, avec les factures qui tombent à 60 jours. On peut retourner ce qu’on a pas vendu, et on obtient un avoir ce qui permet d’entretenir le flux de la commande ».

Librairie La Tâche Noire 3
Éric Schultz, gérant de la Tâche Noire. © Coraline Lafon

Sauf que depuis janvier, les grosses échéances se sont succédées, mais les fournisseurs n’ont pas crédité les avoirs, ce qui a provoqué, puis accru, un déséquilibre. Et même si La Tache Noire a réussi à diminuer ses dettes, leurs comptes éditeurs et fournisseurs restent bloqués.

Conséquence : « On n’a pas les grosses sorties dans les temps ». Exemple parlant : « Quand le dernier Fred Vargas est sorti, on ne l’a eu que 15 jours après ». Compliqué lorsque l’on est spécialisé dans le polar.

Dernière difficulté : une « descente en gamme » dans la lecture, causée par l’inflation qui frappe la France depuis maintenant un an et demi. Éric Schultz explique : « Les gens continuent à lire mais différemment. Ils se reportent davantage sur les livres de poche ou d’occasion, moins chers même si leur prix ne cessent également d’augmenter ». Encore une donnée qui pèse sur la trésorerie.

Librairie La Tâche Noire 2
© Coraline Lafon

Une campagne de financement lancée

Le gérant de la Tache Noire ne s’en cache pas : « On a une situation qui est inquiétante ». C’est pourquoi il a pris la décision de lancer une cagnotte Ulule : « Le financement participatif c’est un peu la dernière instance, pour alerter sur la situation de la librairie et pour expliquer aux clients et aux gens comment ça se passe pour beaucoup de monde dans le monde de la culture, qui passe un peu en dernier ».

Cherchant à « éponger le passif et reprendre une activité normale », le palier visé est de 25 000 € et permettra, si atteint, de stabiliser l’activité avant la grande période de Noël. Comme toute cagnotte, elle comprend ses contreparties, et notamment celle qui, pour 10 €, donne accès à la carte de membre et ses 5% de réduction. D’autres apparaîtront dans les prochains temps, et jusqu’au 23 octobre, date officielle de clôture. À l’heure où est écrit cet article, elle atteignait les 12 159 €.

Librairie La Tâche Noire 1
© Coraline Lafon

Un avenir dynamique, mais incertain

Néanmoins, ce n’est pas parce que la situation est compliquée qu’Éric Schultz se décourage, bien au contraire. Comme il le dit lui-même : « On n’arrête pas ». La Tache Noire se trouve en effet sur 3 grosses rencontres sur les Bibliothèques Idéales : le 21 septembre dans la librairie avec Jérémy Fel qui présentera Malgré toute ma rage, le 22 à l’Aubette avec Caryl Férey présentant Okavango et enfin le 24 avec Ça va Buller à l’Aubette autour d’une table ronde sur George Simenon.

Par la suite, d’autres rencontres sont également programmées en octobre, et d’ici la fin de l’année des séries d’animations et une retrospective sur l’histoire de la série noire son encore prévues. Comme l’explique le gérant : « Jusqu’en décembre on va continuer, on va porter haut et fort le noir, le polar et le thriller. La question c’est après janvier, mais ça ne dépend pas que de nous ».

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