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À la rencontre des Strasbourgeois contre le port du masque obligatoire en extérieur

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Depuis le début de la pandémie du coronavirus, le gouvernement français s’est complètement et constamment fourvoyé sur un point : la question du port du masque. Inutile pendant un temps, devenu indispensable par la suite, jusqu’à être imposé dans l’espace public, notamment à Strasbourg, les décisions concernant ce bout de tissu qu’il faut porter SUR le nez ont souvent suivi des vents contraires. À tel point que l’on a fini par se sentir frustrés, au mieux, ou pris pour un mot qui rime avec jambon au pire. Ces incertitudes et revirements de situation ont par ailleurs été un terreau fertile pour des démarches dites complotistes, avec un groupe de personnes très présentes sur les réseaux sociaux, que les médias ont très vite appelé les « anti-masques ». On a voulu aller plus loin, pour en savoir plus sur ce phénomène, et notamment à Strasbourg.

Préambule

Au départ, au vu de certains commentaires sous nos articles parlant du port du masque, l’idée était davantage de réaliser un article sur le profil des « anti-masques » purs et durs, c’est-à-dire, pour grossir le trait, versant dans les théories complotistes. Force est de constater néanmoins que ce profil s’aventure rarement hors de sa zone de confort, c’est-à-dire au-delà du commentaire Facebook. Un domaine toutefois éminemment maîtrisé.

Tous les témoignages que l’on a pu recevoir ne contestent pas le port du masque en tant que tel mais bel et bien la décision de porter le masque en extérieur à Strasbourg. Cet article ne sera donc pas une plongée dans les témoignages complotistes “d’anti-masques”, une frange aussi réduite qu’elle est visible, mais bel et bien une prise de température du ressenti de Strasbourgeoises et Strasbourgeois quant à la décision de la préfète sur le port du masque en extérieur, rendue définitive lundi 7 septembre, jusqu’au 30 septembre.

Une volonté de se distancier des « anti-masques »

Dans notre appel à témoignages, nous avons utilisé le terme « anti-masques », pour interpeller et faire immédiatement réagir. C’est l’attrait des cases médiatiques : elles sont compréhensibles par tous. Toutefois, un des points communs aux différents témoignages reçus est une volonté de ne pas être affiliés aux « anti-masques », comme le souligne Richard* : « Je pense qu’il y a une distinction à faire entre deux groupes, sachant que le terme “anti masque” est très vite associé aux complotistes alors que beaucoup de gens sont contre un port du masque injustifié. » 

Le bout de tissu de la discorde. © Bastien Pietronave / Pokaa

Un point de vue partagé par Benoît, qui pose une vraie question : « Est-ce que c’est considéré comme une position “anti-masques” que d’être contre le port systématique tout le temps partout ? » Enfin, comme elle me l’explique en préambule de l’entretien, Pauline déclare : « Je ne tiens pas à alimenter un débat autour de la terminologie pro/anti. »

Le port du masque n’est pas un problème

Comme pour appuyer leur distanciation sociétale avec les « anti-masques », presque tous les interrogés précisent d’emblée qu’ils portent le masque. Pour Alizée c’est une question de bon sens : « Personnellement, je porte un masque dès que je sors de chez moi depuis le déconfinement. Je n’ai pas attendu que ça soit obligatoire. Mais force est de constater que tout le monde ne le fait pas si ça n’est pas obligatoire et que les contaminations montent inexorablement. Donc il vaut mieux être masqué que confiné ! » Un port du masque que ne conteste pas Benoît : « Je me trimballe avec deux masques pour changer toutes les 4 heures comme c’est recommandé et j’ai mon spray antiseptique… je ne pense pas être égoïste ni outrancier pour autant en voulant une petite pause air frais de temps en temps… »

De son côté, Gilles le fait en extérieur pour une raison plus simple : « Je le mets quand même hein, parce que c’est pas fou d’avoir des amendes ! » Enfin, Adrian est le plus laconique de tous : « La réglementation étant ce qu’elle est, je porte le masque. » On a ainsi des profils qui souhaitent montrer que le problème n’est pas le port du masque, mais bel et bien le port du masque en extérieur.

© Samuel Compion / Pokaa

Le port du masque en extérieur : les raisons de l’incompréhension

Et justement, sur cette question, beaucoup sont contre, une pétition ayant même été lancée. Un argument qui revient souvent est le fait qu’il est largement possible de respecter les distanciations sociales de les rues de Strasbourg, rendant le masque inutile. Un point de vue que développe Gilles : « Pour moi le port du masque n’est pas nécessaire dans Strasbourg et dans la plupart des rues parce qu’il n’y a personne pour que ce soit obligatoire. Tu peux respecter la règle de distanciation des 1m50 très largement sans mettre en danger la vie d’autrui. » Il est rejoint par Pauline, qui confirme : « Ce qui me dérange c’est qu’on impose un port du masque partout tout le temps alors qu’on se rentre pas les uns dans les autres. » Gaël termine en nuançant : « Il est nécessaire de le porter quand on est dans des espaces “resserrés”, du type transports en commun/place publique ou encore lieux clos publics. Mais certainement pas quand on est seul dans la rue. »

© Samuel Compion / Pokaa

Le deuxième argument contre reste la question du “partout/tout le temps”. Pierre-Hugues commence : « Même à Koenigshoffen où j’habite je dois le porter alors que je croise quasiment personne, dans le parc je dois le porter, alors qu’il y a personne. On a les mêmes réglementations partout alors qu’on devrait uniquement découper dans la Grande Île où là, il est pertinent de proposer le masque dans les tranches horaires adéquates. » Richard lui va un peu plus loin : « Je vois la logique du port du masque en centre pendant les fortes périodes d’affluence, je la vois pas dans un port du masque un dimanche soir à Erstein. Si c’était fait intelligemment avec des plages horaires et des zones spécifiques, ça ferait moins débat. »

Un problème de communication

Pourtant, du débat sur cette question il y en a, et notamment sur le fait de l’imposer de cette manière alors qu’on voit tous très bien qu’à certains moments, cela ne sert strictement à rien de le porter. Cela relève majoritairement d’une histoire de clarté : imposer partout et tout le temps, tout le monde comprend. Et justement, Pauline pointe du doigt un manque de clarté au niveau de la communication des pouvoirs publics : « Je ne comprends pas ce qui justifie l’extrémité de la mesure. J’aimerais qu’on m’explique et qu’il y ait quelque chose de pragmatique. » Du côté des pouvoirs publics toutefois, la tâche n’est pas non plus évidente, comme le souligne Alizée : « Pour les pouvoirs publics, c’est un peu compliqué : s’ils rendent obligatoire dans telle rue et pas dans telle autre ou à telle heure et pas à telle autre, c’est “et pourquoi pas telle rue”, “et pourquoi à 11H et pas à 11H01 »… S’ils rendent obligatoire partout et tout le temps, c’est “à telle heure et à tel endroit, c’est inutile »… Ils sont censés faire comment en fait ?? »

Un seul amour et pour toujours… les polémiques sur le masque à Strasbourg.
© Nicolas Kaspar/Pokaa

Ce qui semble surtout déranger néanmoins, ce sont les revirements de situation dignes d’une mauvaise saga sur M6. L’obligation de porter un masque avait déjà été prise le 20 mai dernier par Roland Ries au centre-ville de Strasbourg, une bonne solution par plusieurs témoignages ci-dessus, que complète celui de Pierre-Hugues : « C’était très juste de mettre un arrêté pour le port du masque dans l’hyper centre à ce moment-là. » Mais les nombreux revirements de situation, l’arrêté en question ayant été cassé cinq jours plus tard, créent de nombreuses incompréhensions et zones d’ombre, qui ne sont pas aidées par une communication autoritaire de la part des pouvoirs publics. Ce qui forme le parfait terreau pour les complotistes, comme le souligne Pierre-Hugues : « Après c’est mon avis, mais je pense que ces obligations donnent plus envie aux gens d’être “anti-masque” qu’autre chose. »

Un masque qui épuise lorsqu’il est porté tout au long de la journée

Si le port du masque dans les lieux clos ne souffre d’aucune contestation parmi les témoignages, il signifie néanmoins que, le port du masque étant obligatoire en extérieur, pendant toute une journée, il va falloir porter un masque. Et si les professions médicales sont habituées à travailler avec, celles et ceux qui découvrent le port du masque d’un coup manquent parfois d’air. Comme Kristina : « Ayant repris les cours lundi dernier et venant de l’extérieur de Strasbourg, dis-toi qu’une fois dans mon train à 6h50 je ne quitte pas les masques jusqu’à ce que je rentre chez moi parfois vers 18/19h…. Pas dit qu’avoir presque 12h de masques soit recommandé, déjà que j’ai vite mal derrière les oreilles, effectivement, alors le porter presque continuellement (excepté à midi pendant la pause déjeuner) c’est un enfer. »

Une petite pause © Bastien Pietronave / Pokaa

Un avis que partage Benoît : « Avec les cours qui reprennent, j’avoue qu’entre deux sessions de deux heures j’aurais bien aimé prendre 5 minutes pour respirer un peu… comme d’autres prendraient une pause clope… » Ce côté respiration, alors que même Emmanuel Macron semble avoir du mal à s’y faire, fait dire à Adrian sensiblement la même chose qu’Alexandre Feltz, adjoint en charge de la santé, lors du dernier conseil municipal : « Le port du masque obligatoire généralisé ne prend pas en considération les dégâts que ça peut avoir sur des personnes fragiles et ne pouvant respirer correctement en le portant. » Pour Pauline, il y a également l’aspect psychologique : « On touche quand même à la liberté de respirer de l’air librement. Et on mesure mal ce que ça peut avoir comme impact au niveau psychologique et du moral. »

Le côté médical de la chose

En outre, la Covid-19 ayant attrait à la santé et le médical, les arguments sur ces thèmes-là ne manquent pas. Pour Pauline, le port du masque en extérieur ne se justifie pas, au vu de la situation médicale : « Il y a beaucoup moins de morts et d’hospitalisés en réanimation ; les mesures sont disproportionnées par rapport aux risques qu’on observe. » De son côté, Adrian met autre chose en cause : « La relation entre le port du masque et la baisse de contamination n’a pas été scientifiquement démontrée et prouvée. » Gaël poursuit dans le même type d’argument, mettant en avant le « danger » du port du masque : « Le port généralisé du masque donne la fausse impression que l’on est protégé, ce qui a tendance à faire en sorte que les “gestes barrières” ne soient pas respectés. »

Enfin, peu soulevée dans les débats que l’on peut entendre çà et là, la question du port du masque doit aussi s’analyser littéralement. Parce que si on impose le port du masque en extérieur et que des gens le portent sous le nez, cela ne sert absolument à rien. Ce qui fait réagir Gaël : « Le masque en lui-même, s’il n’est pas bien porté, ne sert strictement à rien, et il est même contre-productif car un risque plus important de contamination est présent» Portez le donc sur le nez, pas en dessous ou sur l’oreille.

Une question de gaspillage et d’écologie

Le port du masque généralisé possède enfin des impératifs économiques, au niveau de son coût, qui peut devenir vite faramineux si on respecte bien les recommandations d’un masque toutes les 4h. Un argument qui n’est pas revenu dans les témoignages reçus. Néanmoins, la question du gaspillage des masques l’a été. C’est Gilles qui soulève l’argument : « Quand je me balade à Strasbourg, finalement, mon masque que j’utilise n’a pas vraiment « servi », puisque je pouvais toujours largement respecter les distanciations sociales. Dans ces cas-là, en extérieur, c’est juste utiliser des masques sans réelle raison valable. »

© Mathilde Piaud / Pokaa

Dès lors, ce gaspillage peut avoir une autre conséquence, plus écologique cette fois-ci. Sans même parler des masques jetables qui s’amoncellent à même la rue, il existe un risque de pollution conséquent, comme le souligne Gilles : « Il y a en plus une vraie conséquence écologique derrière : on utilise beaucoup de masques, on en jette énormément et ça va générer beaucoup plus de pollution dans les années à venir, si tant est que ça continue. Écologiquement parlant, c’est pas fou. »

Une seule solution : la responsabilisation !

Toutes les personnes qui ont accepté de témoigner se sont accordées sur une solution contre cette obligation du port du masque partout et tout le temps à l’extérieur : plus de sensibilisation et de prévention. Gaël commence, sur le côté hygiénique, dès l’enfance : « Si les gens avaient pris l’habitude dès la naissance de se laver les mains à chaque fois qu’ils touchent quelque chose de “sale” ou de public (du type barre de métro, rambarde de sécurité, etc…) ou quand ils sortent des WC… Cela aurait déjà nettement atténué le risque de contamination. » Tout ces paramètres importants dont on se rend de plus en plus compte, la sensibilisation et la prévention doivent passer par l’État, comme le souligne Adrian : « Il faut sensibiliser davantage, prendre en considération des situations existantes mais marginales, et l’État ne devrait prendre d’allure paternaliste. Il faut que l’individu agisse de lui-même, mais il faut qu’il soit éclairé. » Pauline met d’ailleurs en cause le côté infantilisant de cette obligation : « Je vois des gens respectueux du port du masque, ils sont enclins à respecter la mesure. Donc il y a un côté infantilisation qui dérange. »

En local, cette posture est défendue par Jeanne Barseghian, puisque la Ville ne cesse de communiquer sur les réseaux sociaux sur la prévention de la Covid-19, de façon à utiliser la pédagogie plutôt que la force décisionnelle étatique préfectorale. Même si notre maire n’a finalement pas eu le pouvoir d’obtenir en partie gain de cause face à la préfète, Gilles va également dans le sens de la pédagogie, pour responsabiliser l’individu : « Ce qu’il faudrait faire, au lieu de généraliser le port du masque à tout le monde parce que c’est plus facile à comprendre, ce qui est le cas, c’est essayer de sensibiliser, de faire en sorte que les gens mettent le masque eux-mêmes lorsqu’ils sentent que ça devient nécessaire. En somme, responsabiliser un peu la population plutôt que mettre des masques à tout prix dès qu’on sort de chez soi et en gâcher. »

C’est donc davantage de l’incompréhension que de la colère ou de l’opposition qui animent les témoignages reçus. Le port du masque tout court n’est jamais remis en question ; celui en extérieur en revanche, encore plus partout et tout le temps, est fortement interrogé. Du gaspillage écologique aux demandes de pédagogie, jusqu’au 30 septembre au moins, le petit bout de tissu va certainement continuer à faire débat…

*Tous les prénoms ont été modifiés

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Commentaires (3)

  1. Pourquoi nous imposer le masque et réprimer ceux qui ne le portent pas alors même que tous les jours je croise en ville des voitures de police et même de pompiers dont les occupants ne le portent pas?
    Comment voulez vous faire appliquer une loi dont ceux là même qui sont censés la faire appliquer ne la respectent pas.

  2. Bon article, qui met bien l’accent sur la colère devant la stupidité bornée des mesures.
    Le masque doit être porté, et c’est bien normal, dans les espaces clos avec du monde, les transports en commun, les zones même en plein air où il y a du monde (typiquement le centre-ville aux heures ouvertes).
    Mais l’imposer de façon aveugle, partout et tout le temps, sous prétexte que c’est plus simple, c’est imbécile, et buté.
    Les préfets et les ARS veulent se couvrir et déployer le parapluie maximal, mais ils ne font que générer de la frustration et de la désobéissance, c’est terrible.
    Et une fois de plus, pourquoi des exemptions pour ceux qui soufflent le plus, les joggeurs et les cyclistes ?!? C’est incompréhensible ! Il y a des zones entières (secteur Orangerie, par ex.) où le piéton croise des joggeurs et cyclistes par dizaines, sans masque et excrétant à tout va, et où il est le seul à en porter, comme un con…

  3. Nous partageons votre dernière observation. Nous sommes piétons le plus souvent et marchons en moyenne 10 km par jour en parcourant tous les quartiers de la ville. Nous vivons l’exemption accordée aux cyclistes ou aux joggeurs comme une mesure stigmatisante à l’égard des piétons. Cette exemption incompréhensible et non motivée ne peut que renforcer certains cyclistes dans leur toute puissance « velocipedique » et les autoriser encore davantage à confondre les pistes cyclables avec un vélodrome. Quant au joggeur cette mesure d’exemption valide leur pratique du crachat systématique au mépris des mesures d’hygiène que le bon sens de nos parents nous avaient fait comprendre et adopter.
    Nous aimerions connaître l’avis de Madame la Maire de Strasbourg à ce sujet et lui demandons d’intervenir auprès de Mme la Préfète pour mettre un terme à sa mesure discriminatoire à l’égard des piétons, qui utilisent le moyen naturel de déplacement et de mobilité le plus respectueux de l’environnement, jamais inventé.

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