Bienvenue sur le site de Pokaa.fr

Votre navigateur est obsolète.

Merci de le mettre à jour pour voir le site correctement

Mettre à jour

Recherche

Lance une recherche dans les articles ou vidéos parmi l’ensemble des publications de Pokaa.

Publicité
ill strasbourg hiver

Gros projet au Neudorf, IKEA et revanche du tram Nord : ce que Strasbourg a décidé hier

27.9k Lectures
Publicité

En 2025, le conseil municipal revient pour une dernière danse de politique locale, avant les municipales de l’année prochaine. Pour fêter, avec un peu de retard, le passage à la nouvelle année et la Chandeleur, nos élu(e)s reprenaient leur place dans l’hémicycle avec l’envie d’en découdre ce 3 février. Cela a-t-il été productif pour Strasbourg ? La réponse dans le récap’ de plus de 11 heures de politique strasbourgeoise.

Qui dit nouvelle année, dit retour du conseil municipal ! Pour débuter l’année politique 2025, cruciale en vue des municipales, le programme de notre série politique strasbourgeoise préférée se veut « sobre » : 39 points à l’ordre du jour, dont 12 retenus, soit deux fois plus que l’an dernier. Côté textes additionnels, on recense 5 motions et 6 questions orales, en plus d’une communication sur le projet du tram Nord.

Grands projets urbains avec Heppner, IKEA, Stellantis, budget et football amateur, les sujets ont été variés. Après un message introductif de soutien du conseil municipal envers Cécile Kohler, Alsacienne détenue dans une prison de haute sécurité en Iran depuis plus de 1 000 jours, et le vote d’un soutien de 20 000 € pour Mayotte, gravement touchée par le cyclone Chido, ça y est : les débats sont prêts à débuter.

Publicité
conseil municipal hémicycle
© Live Conseil municipal de Strasbourg / Capture d'écran

Le décryptage : de grands projets urbains arrivent pour transformer Strasbourg

Beaucoup de questions autour du futur projet Heppner

Durant ce conseil municipal, plusieurs gros projets urbains ont animé les débats. Parmi eux, celui d’Heppner, un site de 4,8 hectares au Neudorf. L’objectif ? Construire un « quartier jardin » avec environ 60% dédiés aux espaces non bâtis. Dans les 40% restants, on devrait retrouver entre 450 et 550 logements, avec au minimum 50% de loyers abordables. Il y aura également la construction de deux nouveaux parkings silos, ainsi que 10 000 m2 dédiés à de l’activité, notamment pour de l’artisanat.

Un projet ambitieux, qui nécessitera une évolution du Plan local d’urbanisme (PLU) de l’Eurométropole, prévue cette année. Mais un projet qui ne fait pas l’unanimité dans l’opposition, et notamment du côté de Pernelle Richardot (PS) qui critique le manque d’informations sur le sujet : « Ce projet nous force à deviner, alors qu’il y aura forcément un impact sur le stationnement, l’activité économique. »

Elle est rejointe par Pierre Jakubowicz (Horizons) qui tance : « Vous maintenez volontairement un écran de fumée sur ce projet, sans jamais préciser votre pensée» Le conseiller municipal d’opposition s’inquiète également de la future hauteur des constructions, dans un secteur du Schluthfeld où les habitations sont plutôt basses.

Sur ce projet privé sur un terrain privé, on peut tout de même jouer notre rôle de garde-fou, à travers les modifications du PLU.
Pernelle Richardot (PS)

Face aux critiques sur le flou entretenu, Suzanne Brolly avance que le Plan local d’urbanisme n’a pas encore été modifié et que le mois de mars amènera une concertation avec les habitant(e)s du secteur. Concernant la problématique de la hauteur des futures constructions, elle rappelle que le fait d’avoir 60% dédiés aux espaces non bâtis signifie que « l’on accepte d’avoir de la grande hauteur pour pouvoir construire ».

Pour conclure, Jeanne Barseghian s’agace : « Vous nous expliquerez un jour comment vous vous érigez en chantres de l’attractivité, tout en vous opposant constamment aux projets de mobilité et de construction de logements. » La maire évoque d’autres étapes à venir, sur lesquelles la municipalité communiquera lors de futurs conseils. Une chose est sûre : avec le manque de surfaces sur lesquelles construire, on se dirige vers un Strasbourg de plus en plus vertical. Le point est finalement adopté à 37 voix pour, 9 contre et 3 abstentions.

site heppner
© Nicolas Kaspar / Pokaa

L'agrandissement d'IKEA en question

Sujet moins polémique que son collègue neudorfois d’Heppner, l’extension d’IKEA entraînera néanmoins elle aussi une modification du Plan local d’urbanisme. L’entreprise suédoise souhaite agrandir son espace commercial, actuellement de 60 000 m2, de 5 000 m2 supplémentaires, afin d’accueillir des espaces pour la logistique et le stockage, ainsi que des espaces dédiés aux salarié(e)s, ou encore un point de retrait de commandes en ligne.

En outre, selon la Ville, le projet devra améliorer la qualité des espaces extérieurs et augmenter les surfaces de pleine terre et perméables, ainsi que la végétalisation du site.

ikea entrée
© Nicolas Kaspar / Pokaa

La toiture de l’extension sera équipée de panneaux photovoltaïques sur une surface de 40%, tandis que le reste de la toiture sera végétalisé à hauteur de 40%, avec les installations techniques représentant les 20% restants. Le projet favorise également une intégration accrue des mobilités douces, notamment par la création d’une continuité cyclable et piétonne sur le site de projet entre la place de l’Abattoir et l’entrée du magasin. Le projet devrait avancer significativement en 2025, terminant l’année avec l’enquête publique.

Un « projet positif » selon Pierre Jakubowicz, tout comme le développement du quartier de l’Abattoir. Néanmoins, l’élu d’opposition s’interroge sur la question du trafic au niveau de la place. Un secteur délaissé, selon Guillaume Libsig, qui annonce des réflexions en cours pour transformer le lieu. S’il n’existe pas encore de plan défini, il y a un besoin de sécuriser le secteur, selon l’adjoint à la vie associative. Le point est finalement adopté à 47 voix pour et 5 abstentions (le PS + Soraya Ouldji).

ikea
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Stellantis : environ 400 logements, une résidence étudiante, un hôtel et des bureaux sur 4,1 hectares à la Meinau

À partir de la fin 2025, le quartier de la Meinau accueillera un énorme chantier, encore inconnu avant ce conseil municipal. La société Bouygues Immobilier a en effet acquis 4,1 hectares appartenant à la société Stellantis, situés rue du Maréchal-Lefebvre à Strasbourg, dans le secteur de la Plaine des Bouchers à la Meinau, non loin du stade. Le projet a pour ambition de développer plusieurs usages, parmi lesquels :

  • 25 000 m2 de logements (environ 400, dont environ 100 locatifs sociaux),
  • 6 000 m2 de résidence étudiante,
  • 4 500 m2 d’hôtel,
  • 1 500 m2 de supermarché,
  • 4 500 m2 de bureaux,
  • Un parking-silo d’environ 500 places.

Un tel chantier amènera également différentes réalisations, comme un nouveau carrefour rue du Maréchal-Lefebvre, un bouclage du réseau d’eau potable et un accès piétons-cycles au quartier, via l’avenue de Colmar. Le calendrier prévisionnel prévoit un démarrage des travaux d’aménagement fin 2025 pour une livraison des premiers logements fin 2027.

Rue_du_Maréchal-Lefèbvre_Strasbourg_28819
© Roland Burckel - Archi-Wiki / Capture d'écran

Un « projet d’une ampleur certaine » selon Jean-Philippe Maurer (LR), qui critique néanmoins l’idée d’un parking-silo dans le secteur, alors qu’une telle proposition avait été refusée pour les aménagements du stade de la Meinau. Catherine Trautmann (PS) accuse la municipalité de fonctionner à l’envers et d’avoir « choisi de vendre des bijoux de famille, de laisser toute la main au privé et de surdensifier dans les quartiers populaires ».

Suzanne Brolly dénonce de son côté « beaucoup de démagogie » ; l’adjointe à l’urbanisme se réjouit de la centaine de logements sociaux reconstitués, « une priorité », ainsi que d’une « bonne utilisation du patrimoine de la collectivité ». Comme pour Heppner, la surface de Stellantis est complètement artificialisée. Grâce au projet, 40% de la surface seront dédiés aux espaces verts, ce qui n’était pas le cas auparavant. Le point est voté à 41 voix pour, 9 contre (PS + Horizons, Renaissance et Jean-Philippe Maurer) et 3 abstentions (LR).

suzanne brolly
© Live Conseil municipal de Strasbourg / Capture d'écran

Le sujet chô : le retour en scène du tram Nord

Le 9 décembre dernier, la commission d’enquête publique rendait un avis défavorable pour le tram Nord, envoyant une déflagration politique à l’exécutif strasbourgeois et eurométropolitain. Inédite à Strasbourg, cette décision a mis une fin provisoire au projet et a été vécue comme une victoire politique pour les différentes oppositions.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts : le projet va être retravaillé, un nouveau tracé est envisagé à Schiltigheim, et notamment par la Brasserie de l’Espérance, comme on vous le révélait ici. Et ce 3 février, le sujet est revenu dans l’arène politique municipale, avec la création d’une convention citoyenne pour réfléchir au futur du tram Nord.

brasserie espérance schiltigheim
© Nicolas Kaspar / Pokaa

100 citoyen(ne)s pour réfléchir au futur tram

Rajouté à l’ordre du jour par Jeanne Barseghian, le sujet a permis de rappeler la volonté de la municipalité strasbourgeoise de poursuivre le projet. Pour ce faire, elle met en place « une nouvelle méthode de travail », avec cette convention citoyenne. Dans le détail : 100 personnes vont réfléchir, échanger et proposer des pistes pour le futur tram Nord. Concrètement, elle fonctionnera ainsi :

  • Un premier tirage au sort au sein de la population métropolitaine auprès de 50 000 habitant(e)s du territoire. Ils et elles pourront se porter volontaire, seulement en cas d’absence de conflits d’intérêts.
  • Un deuxième tirage au sort parmi les candidatures récoltées permettra de garantir une bonne représentation de la population selon des critères d’âge, de genre, de lieu de résidence, de catégorie socio-professionnelle… On atteindra alors le nombre de 100.
  • Les personnes tirées au sort seront ensuite chapeautées par un groupe de 3 à 5 expert(e)s indépendant(e)s, spécialisé(e)s dans la participation citoyenne, l’aménagement urbain et les mobilités ou encore la déontologie.

À partir de mars, les 100 personnes tirées au sort pourront alors se saisir du projet, réinterroger ses grandes lignes comme les aménagements connexes, mais surtout le tracé, en étudiant celui proposé initialement, mais aussi celui passant par, ou à proximité, de la Brasserie de l’Espérance.

À la fin des travaux, il est attendu des membres de la convention citoyenne des préconisations concrètes pour mettre en œuvre une infrastructure de tramway qui desservira le nord de l’Eurométropole, de manière efficace et ambitieuse, pour une livraison à l’horizon 2030. Sous le prochain mandat, donc.

Tram Broglie
© David Levêque / Pokaa

Une opposition incisive sur un « faux-pas politique »

Sans surprise, l’opposition s’en donne à coeur joie pour critiquer la majorité. Alors que Pierre Jakubowicz et Catherine Trautmann avaient étrillé le dispositif lors d’une conférence de presse au matin du conseil, les deux élu(e)s fustigent respectivement dans l’après-midi « un gâchis de temps et d’argent public » et « une méthode qui n’a aucun débouché juridique, un paravent politique destiné à vous dédouaner d’avoir proposé un mauvais projet ».

Vous jouez l’avenir de la Ville et de l’agglomération au jeu de dés.
Catherine Trautmann

De son côté, Jean-Philippe Vetter (LR) fait dans l’anaphore, commençant toutes ses phrases par « 1 600 jours », soit le nombre de jours passés à la tête de Strasbourg par Jeanne Barseghian [techniquement, c’est 1 681, mais ça sonnait sans doute un peu moins bien, ndlr] : « Ce n’est pas la démocratie locale qui vous guide, mais bien l’échéance électorale qui approche. Redorer votre image a un coût : 500 000 € d’argent public. »

« Faux-pas politique » pour Catherine Trautmann, ou encore un « tour de passe-passe » selon Nicolas Matt (Renaissance), l’opposition se montre plus unie que jamais dans ses saillies envers la majorité. Car tout le monde en prend conscience : le tram Nord va être la star des municipales de 2026. Reste à savoir quelles seront les candidatures et/ou les alliances dans l’opposition, pour partir ravir la mairie.

opposition municipale
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Pour la majorité, faire « le pari de l'intelligence collective »

Côté majorité, on ne baisse pas les yeux et on répond aux critiques qui tombent en trombe. Floriane Varieras montre sa détermination : « Nous n’avons pas voulu passer en force, mais nous n’avons pas renoncé : il faut un tram Nord. » L’adjointe à la ville inclusive expose la convention citoyenne comme « le choix de l’apaisement, du dialogue, le pari de l’intelligence collective ».

Nous ne savons pas quelles seront les conclusions de la convention citoyenne ; ni vous, ni nous.
Jeanne Barseghian

Jeanne Barseghian et Syamak Agha Babaei sont encore plus virulents, concernant leurs réponses à l’opposition. La première dénonce « les pompiers pyromanes qui ont tout fait pour saborder le tram, et qui veulent maintenant aller vite ». Le second rappelle qu’amener un tram au nord de Strasbourg n’a jamais fait consensus, quel que soit le projet proposé.

Il termine, offensivement, en fustigeant les soupçons sur la probité de la convention citoyenne : « Quelle virulence contre une convention citoyenne ! De quoi avez-vous peur ? J’essaye de comprendre. Les citoyens ne sont qu’un alibi lorsque cela va dans votre sens» Le deuxième tour de parole ne servira à rien, si ce n’est à faire monter les voix de quelques octaves. Le mot de la fin pour la maire de Strasbourg : « On veut démarrer une nouvelle étape. » Prochain arrêt : clairement, les municipales.

jeanne barseghian
© Live Conseil municipal de Strasbourg / Capture d'écran

Le moment ballon rond : l'état du football amateur strasbourgeois en question

En mai 2024, de gros débats avaient eu lieu en conseil municipal, concernant l’avenir du football amateur strasbourgeois. Douze clubs de foot amateur de Strasbourg avaient créé le collectif « Union Strasbourg Football », représentant 5 000 licencié(e)s, avec parmi eux le FCOSK 06, qui avait allumé la mèche des débats en septembre 2023.

Le collectif avait ensuite interpellé la municipalité sur plusieurs sujets, notamment sur les installations vétustes, la saturation des terrains et des équipements, ou encore la faiblesse des subventions. La majorité avait alors décidé de la création d’une Mission d’information et d’évaluation (MIE), sur la proposition du groupe communiste. Après six mois de travaux, 80 réunions de travail et un groupe d’élu(e)s de toutes les forces politiques, la MIE a rendu ses conclusions ce 3 février sous la forme d’un rapport.

Strasbourg terre de foot amateur

Celui-ci dresse le constat d’un football amateur omniprésent dans le sport local. En détail :

  • Il représente 17% du nombre de licencié(e)s total de l’écosystème sportif strasbourgeois avec 6 818 licencié(e)s. Un ratio de 234 licences pour 10 000 habitant(e)s, ce qui place Strasbourg en tant que vraie « terre de foot », la ville ayant un ratio supérieur à d’autres villes comme Montpellier, Nantes ou Rennes, son bourreau de dimanche.
  • Il y a 24 clubs de foot amateur, sur les 220 clubs sportifs au total.
  • Il y a 57 stades de foot, dont l’ensemble des coûts d’entretien coûte 2,25 millions d’euros par an.
  • Le foot occupe 30% du total des créneaux sportifs strasbourgeois, soit 50 322 heures d’occupation par an, mis à disposition par la Ville de Strasbourg.
  • Il représente également 20% des subventions totales aux clubs sportifs, avec près de 300 000 € accordés aux clubs de foot du territoire, sur les 1 477 399 € dédiés à l’ensemble des clubs sportifs.
  • La municipalité a investi près de 30 millions d’euros entre 2020 et 2026, dont 18 millions rien que pour l’extension du stade de la Meinau. Une somme qui représente 44% des 69 millions d’euros dépensés pour le sport amateur strasbourgeois en général.
Ballon football gaélique
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Des difficultés financières

Des investissements conséquents de la part de la Ville, qui ne cachent néanmoins pas les difficultés des clubs amateurs, qui dépendent beaucoup des subventions. Pour les clubs de moins de 200 licencié(e)s, la Ville participe à 39% du budget global, en passant par des subventions. La participation monte à 70% pour les clubs de moyenne taille et redescend à 30% dans les clubs de grande taille. Les cotisations et les subventions constituent ainsi les principales recettes des clubs quelle que soit leur taille, même si le chiffre d’affaires vient renforcer les recettes des moyens et grands clubs.

Dans le même temps, certains clubs ont des problèmes de trésorerie, devant verser 80% des cotisations à la Ligue Grand Est de Football, sans avoir entièrement reçu dans le même temps le paiement des licences par les familles ou les subventions de la Ville. En outre, les avantages en nature dont bénéficient les clubs et assumés par la Ville de Strasbourg, comme l’entretien des terrains ou le paiement de l’éclairage, ne sont pas forcément bien connus des clubs. Dernière difficulté : une crise du bénévolat, qui ne fait que s’agrandir et qui menace d’extinction plusieurs structures sportives.

Accessoires entraînement football gaélique
© Nicolas Kaspar/Pokaa

La Ville cherche des solutions

Ainsi, après ses six mois de travail, la municipalité propose désormais 14 préconisations pour faciliter la vie des clubs de foot amateur strasbourgeois. Elle souhaite notamment les épauler dans la simplification administrative avec un appui comptable, mais également renforcer leur autonomie financière par une meilleure connaissance des dispositifs d’aides et des règles d’usages des terrains et des installations. Par ailleurs, elle met en place son Plan vestiaires, permettant la réfection de 14 stades, pour un coût de 23 millions d’euros.

Si en mai dernier, l’opposition avait été très offensive, les débats ont plutôt ronronné ce 3 février. L’ensemble des chef(fe)s de groupe ont pris la parole, rappelant que si les travaux de la MIE sont appréciables, « tout ça n’est pas suffisant, ce n’est pas un point d’arrivée, mais plutôt un point de départ ». Jeanne Barseghian souscrit à ce postulat, rappelant que l’essentiel était de réunir tout le monde autour de la table. La maire de Strasbourg termine en annonçant que de prochaines décisions sur le sujet seront prises lors de futurs conseils. Le point est finalement adopté à l’unanimité.

football Ballons et accessoires pour entraînement
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Le moment « on souffle fort du nez » : le DOB, c'est de la daube

Ce débat d’orientation budgétaire (DOB) est le dernier d’un exercice plein, et on ne va pas se mentir : on pousse un grand ouf de soulagement. Cinq ans que l’on entend les mêmes arguments, « dette vertueuse » d’un côté, « dette désastreuse » de l’autre. Des débats attendus et même convenus, comme le reconnaît elle-même Jeanne Barseghian.

Cinq ans que l’opposition critique une mauvaise gestion des deniers publics par la municipalité, dépeignant un Strasbourg apocalyptique sans aucune attractivité. Cinq ans que la majorité explique que l’utilisation de la dette pour investir est une façon de préparer l’avenir pour la Ville et ses habitant(e)s, et déplore la « pensée magique » de l’opposition. Mais surtout, 5 ans que personne ne s’écoute vraiment.

« Il va falloir investir et pour investir, il va falloir s'endetter. C'est notre cap et nous le tenons ».
Syamak Agha Babaei, 1er adjoint

On ne va donc pas s’appesantir sur les débats qui, une fois encore, ont tourné en rond. À la place, on va d’abord revenir sur quelques projets financés cette année :

parc des romains 1
© Nicolas Kaspar / Pokaa
  • Niveau urbain, le tram Ouest continue son gros chantier à Koenigshoffen, tandis que les travaux de transformation du secteur des Halles suivent leur cours.
  • En matière d’éducation, 35 millions d’euros seront consacrés aux projets pour l’enfance, notamment concernant l’ouverture du nouveau groupe scolaire Krimmeri, ou encore la rénovation de l’école Camille-Claus à Koenigshoffen, qui intégrera une cantine équipée d’une cuisine sur place et un gymnase adapté à la pratique de l’escalade.
  • Enfin, côté sport, la tribune Sud du stade de la Meinau rouvrira ses portes pour la saison 2025/2026, tandis que la Ville et la Région oeuvrent sur l’aménagement d’une piste d’athlétisme et d’un terrain de foot en gazon synthétique sur les installations du CREPS à Koenigshoffen.
stade meinau
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Ensuite, puisque beaucoup de discussions ont tourné autour de la sacro-sainte dette, qui semble obséder tous/tes les élu(e)s, quelques informations et chiffres à ce sujet :

  • 840 millions d’euros d’investissement ont été réalisés depuis le début du mandat, soit une augmentation de 30%. De l’argent injecté directement dans l’économie locale selon Anne-Marie Jean (majorité), avec 75% des marchés accordés aux TPE locales, et 80% des achats de la collectivité réalisés auprès de sociétés bas-rhinoises.
  • Entre 2020 et 2023, la dette strasbourgeoise est passée de 241 millions d’euros à 332 millions, soit une augmentation d’environ 38%. Selon les prédictions de cette année, la dette devrait atteindre 377 millions à la fin de 2024 et jusqu’à 491 millions en 2027, soit plus de 100%. Des données à tout de même prendre avec des pincettes, puisqu’elles ne sont pas consolidées. Pour information, entre 2008 et 2014, la dette avait augmenté de 90%.
  • Strasbourg est 16e sur 24 du classement des grandes villes sur l’endettement, avec un coût de 1 129 € par habitant(e).
  • Dans le même temps, la capacité de désendettement de la Ville est de 7,4 années en 2023. Signe d’une tenue du budget, la prédiction de l’an dernier pour 2023 était de 7,7 années.
conseil municipal hémicycle
© Live Conseil municipal de Strasbourg / Capture d'écran

Finalement, comme depuis 5 ans, on assiste à des débats de plus de 2h, avec quelques punchlines disséminées çà et là, mais qui n’ont rien apporté de neuf. À seulement un an des municipales, les discussions ont parfois dévié sur l’actualité nationale, mais ont surtout suivi le même schéma : la Ville présente, l’opposition critique le manque d’ambition, la Ville répond en disant que l’opposition manque de cohérence et énonce des contrevérités. Rideau sur le débat. On ne peut qu’espérer un dernier sursaut des discussions sur le vote du budget en mars prochain ; même si on ne va pas retenir notre souffle.

budget 2025
© Délibération Ville de Strasbourg / Capture d'écran

Punchline battle

  • « Ce n’est plus un parachute qu’il faut aux Strasbourgeois(es), mais une corde de rappel », Pernelle Richardot
  • « François Bayrou va-t-il mettre une claque au budget 2025 ? », Jean-Philippe Maurer
  • « Je suis pour la décroissance, oui, mais de votre autosatisfaction », Pierre Jakubowicz
mairie punchline
© Pokaa
  • « 500 000 € c’est trop cher pour un pas de côté »Catherine Trautmann
  • « Quand on est trop dans l’excès, on n’est pas dans le concret », Syamak Agha Babaei
  • « Vous nous expliquerez un jour comment vous vous érigez en chantres de l’attractivité, tout en vous opposant constamment aux projets de mobilité et de construction de logements »Jeanne Barseghian

Il est 21h10 lorsque le conseil municipal se termine. Un épisode de rentrée qui a permis de replacer dans le débat public le tram Nord, qui sera assurément le gros sujet politique de l’année. Les débats ont été nourris, sont parfois montés dans les tours, et préfigurent quelques autres batailles avec un seul et même objectif en ligne de mire : les municipales de 2026. Il n’y a plus qu’à attendre les candidat(e)s.

Ça pourrait vous intéresser

+ d'articles "Politique"

À la une

Gros projet au Neudorf, IKEA et revanche du tram Nord : ce que Strasbourg a décidé hier

Commentaires (3)

    • Ça n’existe pas l’Amérique, c’est une terre sauvage inconnue dotée d’une civilisation dans un downgrade magistral !

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Répondre

En réponse à :

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Illustrations prolonger la lecture

Prolongez votre lecture autour de ce sujet

Tous les articles “Politique”
Contactez-nous

Contactez-nous

C’est par ici !