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Grands projets à 296 millions d’euros et « congé de santé gynécologique » : ce que Strasbourg a décidé hier

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En mai fais ce qu’il te plaît. Et ce qui nous plaît, c’est de se caler bien au chaud et de suivre la série strasbourgeoise la plus suivie du moment : le conseil municipal. Alors que le temps est maussade depuis des semaines à Strasbourg, les débats ont-ils eu l’effet d’un rayon de soleil sur le beau visage de l’hémicycle ? Réponse tout de suite.

De retour après deux mois d’absence, les élu(e)s strasbourgeois(es) se retrouvent ce mercredi 22 mai devant un ordre du jour resserré : 37 points, dont 13 retenus. Plus surprenant : 21 (oui, 21) textes additionnels ont été rajoutés à l’ordre du jour, sans aucun doute un record. Positif ou négatif, ça, ça reste à déterminer [même si généralement, cela laisse présager une nuit blanche, ndlr].

Niveau sujets, le menu est varié : le contrat triennal, l’instauration d’un congé de santé gynécologique, la situation au Proche-Orient, six mois après un débat similaire, celle des clubs sportifs en souffrance, ou encore la Foire Saint-Jean. C’est parti pour le récap’.

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conseil municipal
© Conseil municipal du 22 mai / Capture d'écran

Le sujet chô : pugilats municipaux sur les difficultés des clubs sportifs

Dans ce conseil municipal qui s’est finalement révélé interminable [14h30, ndlr], les esprit se sont parfois échauffés. Les débats les plus chauds ? Ceux autour des difficultés des clubs sportifs amateurs strasbourgeois, et notamment ceux de foot. Pour le contexte : 12 clubs de foot amateur de Strasbourg ont créé le collectif Union Strasbourg Football, représentant 5.000 licenciés. Parmi eux, le FCOSK 06, qui avait déjà enflammé les passions en septembre dernier.

Le collectif alerte la majorité sur « des installations vétustes, la saturation des terrains et équipements, des travaux votés jamais engagés, des transferts de coûts sans compensation aucune, un stationnement payant aux abords des clubs et la faiblesse des subventions ». Un combat récupéré par les trois groupes d’opposition, au sein d’une résolution commune, à laquelle se sont ajoutées trois questions orales.

Accessoires entraînement football gaélique
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Une opposition à l’attaque

Dans leurs différentes prises de parole, les membres de l’opposition critiquent l’(in)action de la municipalité en matière de sport. Nicolas Matt (Centristes et Progressistes) dénonce un « sous-investissement grave et impactant », tandis que Jean-Philippe Vetter (LR) accuse la majorité d’économiser sur le dos des structures sportives, invoquant même Nelson Mandela et Victor Hugo dans son plaidoyer.

Vous avez augmenté les charges logistiques pesant sur nos clubs de sport, et notamment ceux du foot.
Pierre Jakubowicz, élu d'opposition Centristes et Progressistes

De son côté, Pierre Jakubowicz (Centristes et Progressistes) crochète la nuance, en faisant un parallèle avec le budget alloué à la future installation place du Château pour Strasbourg capitale mondiale du livre, qui aurait, selon lui, pu être redirigé vers les structures sportives. Il affirme également que la majorité est en train de « tuer tout un écosystème ». Enfin, Jean-Philippe Maurer s’inquiète d’un « problème structurel qui risque de s’aggraver ».

Une majorité face à « la quadrature du cercle »

La majorité se positionne sur la même ligne que Jean-Philippe Maurer. En clair : on fait ce qu’on peut, dans un contexte difficile pour tout le monde. Owusu Tufuor (Les Écologistes) explique que le football représente 14% des licenciés strasbourgeois mais bénéficie d’1/3 des subventions de sport de proximité. L’adjoint aux sports précise également que les bourses d’aide à la licence sportive ont augmenté, tout comme les subventions. Enfin, un plan de rénovation du patrimoine des gymnases de la ville est en court, même s’il reconnaît que ce travail prend du temps.

La position d’opposant permet de passer d’un sujet à un autre sans cohérence.
Guillaume Libsig, adjoint à la vie associative

Surtout, selon Jeanne Barseghian, « le problème s’étend à toutes les associations, pas uniquement celles du domaine sportif ». La maire ajoute : « On prend très au sérieux les demandes de ces 12 clubs. On mène un travail depuis 4 ans dans des conditions vraiment très difficiles, mais que l’on tâche d’accompagner avec les moyens qui sont les nôtres. On doit tout augmenter niveau subventions, tout en préparant notre territoire pour la crise climatique. C’est un peu la quadrature du cercle ».

owusu tufuor
© Conseil municipal du 22 mai / Capture d'écran

Des débats qui tournent au vinaigre

Dans ce qui aura été une récurrence de ce conseil, plus les débats s’étirent en longueur, plus ils deviennent âpres. Et après 1h45 sur le sujet, cela ressemblait à un pugilat qu’à une discussion. Crochet du droit version psychologie de Jean-Philippe Vetter, qui a déclaré à Jeanne Barseghian : « Vous semblez être otage de vous-même ». Catherine Trautmann enchaîne avec un direct du (centre) gauche : « Le sport ne doit pas être le terrain de joutes politiques, mais de choix politiques ».

Il y a des limites à l’instrumentalisation politique de la souffrance des acteurs.
Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg

Dénonçant une « union sacrée [des oppositions, ndlr] à laquelle on est de plus en plus habitué », la maire rend les coups : « Mettre des dizaines de millions d’euros dans le stade de la Meinau, c’est autant d’argent qui ne va pas dans le sport populaire. On l’assume, c’est la continuité républicaine. Mais vous êtes beaucoup sur les bancs de l’opposition à avoir soutenu plus que nous ce projet-là ».

En fin de débats, elle s’engage à recevoir les représentants des différents clubs dans les prochains jours et se déclare favorable à la création d’une mission d’information et d’évaluation proposée par le groupe communiste. Finalement, la résolution des groupes d’opposition est rejetée à 15 voix pour et 40 contre. Le sujet en revanche n’est pas clos.

stade de la meinau
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Ce qui va changer pour Strasbourg et les Strasbourgeois(es)

296 millions d’euros pour renforcer la place de Strasbourg comme capitale européenne

Il a tout de même existé des moments de concorde pleins et entiers dans ce conseil. Parmi eux, le contrat triennal : passé entre l’État, la Ville, l’Eurométropole, la Région et la CEA (Collectivité européenne d’Alsace), il débloque 296 millions d’euros afin de renforcer la place de Strasbourg comme capitale européenne par de nombreux projets sur la période 2024-2026. Pêle-mêle :

Ce contrat impliquant toutes les institutions, aucun(e) élu(e) d’opposition ne pouvait vraiment aller à l’encontre de cette délibération. On a alors assisté à un déluge de louanges et de satisfactions de part et d’autres de l’hémicycle. Néanmoins, comme dans chaque moment de concorde dans un conseil municipal, le diable se cache dans les détails des petits reproches faits à la municipalité.

Il faut favoriser l’Europe des gens, plutôt que celle de l’argent.
Hülliya Turan, adjointe à l'éducation.

Pour Jean-Philippe Vetter, il est incompréhensible de soutenir une liaison ferroviaire vers l’aéroport Bâle-Mulhouse, « concurrent de celui de Strasbourg-Entzheim ». Sur le sujet, Jeanne Barseghian déplore le rejet de l’État de la création d’un statut spécial « d’aéroport européen d’intérêt diplomatique » pour l’aéroport strasbourgeois. De son côté, Hülliya Turan (Communistes) regrette que « tous les projets inscrits tournent autour de l’aérien » et que « les solutions ferroviaires, voire fluviales ne soient pas étudiées ».

Elle rejoint d’ailleurs Nicolas Matt sur ses réserves concernant le volet social du contrat triennal, demandant à favoriser « l’Europe des gens, plutôt que celle de l’argent ». Enfin, sur le volet culturel, Caroline Barrière (PS) s’interroge sur les 5,4 millions d’euros alloués aux travaux de rénovation du Palais des fêtes. Finalement, le contrat triennal est voté à l’unanimité.

Strasbourg a un nouveau déontologue

8 mois après le fiasco, le conseil municipal remet l’ouvrage sur le métier pour enfin élire son déontologue. Ce dernier répond au nom d’Étienne Muller et est professeur à l’université de Strasbourg où il dirige le Master contrats publics et commandes publiques.

Le déontologue ne doit être ni l’instrument de la majorité, ni celui de l’opposition.
Étienne Muller, nouveau déontologue de la Ville de Strasbourg

Dans un oral de présentation, le juriste a affirmé son indépendance et défini son rôle : « Le déontologue n’est ni un procureur, ni une agence anticorruption. Il ne doit être ni l’instrument de la majorité, ni celui de l’opposition ».

Accueilli à bras ouverts par tout l’hémicycle, il affirme déjà sa volonté de mieux expliciter sa fonction aux yeux des Strasbourgeois(es). Pour rappel, chaque habitant(e) peut le saisir en remplissant ce formulaire [pour l’instant, les contacts sont encore ceux de l’ancien déontologue, ndlr]. Sa nomination a été adoptée à l’unanimité à 61 voix pour.

déontologue étienne muller
Quand ta nomination se passe sans accroches. © Conseil municipal du 22 mai / Capture d'écran

Un futur lieu contre le racisme et les discriminations

Chose peu commune dans un conseil municipal, une pétition citoyenne a été ajoutée à l’ordre du jour. Outil de démocratie participative, une telle pétition doit rassembler plus de 1.400 signatures pour pouvoir être examinée par le conseil. Celle de l’association Calima, située à la Meinau, a réuni 1.466 signatures. Le sujet ? La création d’un futur lieu de lutte contre le racisme et les discriminations.

Dans un plaidoyer engagé, Mustapha El Hamdani, président de l’association, évoque le climat actuel très hostile envers l’immigration, le vivre ensemble et l’aspiration à faire société commune comme justification derrière la création de cet espace. Situé idéalement dans une médiathèque de la Ville, il aurait pour but de promouvoir l’interculturalité et la lutte contre le racisme et les discriminations.

La question de la lutte contre le racisme englobe toutes les luttes, c’est notre ambition. Nous espérons à travers cette pétition renforcer la dynamique d'action contre le rejet de l’autre et les inégalités.
Mustapha El Hamdani, président de l’association Calima

Ce lieu ressource intègrerait également un espace pour des expositions, des cycles de conférences et de rencontres sur les questions de l’interculturalité, de la lutte contre les discriminations et le racisme, des mémoires de l’immigration et un fond documentaire dédié et de référence.

Si elles affirment partager l’objectif global de la pétition, Pernelle Richardot (PS) et Gabrielle Rosner-Bloch (LR) s’interrogent sur le bien-fondé d’avoir un lieu dédié. La première propose également d’y intégrer l’antisémitisme, prônant « plus d’ouverture vers ce qui peut rassembler ». Mustapha El Hamdani précise que « la question de la lutte contre le racisme englobe toutes les luttes, c’est notre ambition ». Si le lieu ne se créera pas tout de suite, le conseil municipal acte l’idée et promet de se mettre au travail. Comme le résume Jeanne Barseghian : « Le travail ne fait que commencer ».

Mustapha El Hamdani
Mustapha El Hamdani. © Conseil municipal du 22 mai / Capture d'écran

Le décryptage : un congé de santé gynécologique expérimenté pour les agent(e)s de l'Eurométropole

Ce 22 mai, le conseil municipal validait une délibération qui va changer la vie des agent(e)s de l’Eurométropole : l’expérimentation, à partir du 1er septembre, d’un congé de santé gynécologique, autrement dit, l’ensemble des états pathologiques pouvant avoir des traductions menstruelles mais aussi les symptômes incapacitants et ceux liés à la périménopause et à la ménopause.

Pourquoi c'est important ?

Le sujet est majeur : selon un rapport de l’Ifop de septembre 2022 sur « les difficultés à vivre ses règles au travail et l’attrait des salariées pour le congé menstruel », 53 % des personnes menstruées ont des règles douloureuses, 35 % déclarent que leurs règles ont un impact négatif sur leur travail et 44 % ont déjà été contraintes de manquer le travail en raison de leurs menstruations.

Dans le même temps, 46% des personnes atteintes d’endométriose ont eu un arrêt de travail ou ont dû poser des congés en raison de cette maladie au cours des 12 derniers mois. Dans le même temps, les femmes représentent 53 % de l’effectif permanent de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, avec une moyenne d’âge de 46 ans.

Grands projets à 296 millions d'euros et « congé de santé gynécologique » : ce que Strasbourg a décidé hier
© Ministère de la santé

Comment cela fonctionne ?

Idée originelle de Pernelle Richardot, l’expérimentation du congé de santé gynécologique pour les agent(e)s de l’Eurométropole prendra la forme d’un compteur annuel de 13 jours, pouvant être utilisés dans la limite de 3 jours consécutifs.

Pour en bénéficier, il faudra produire un certificat médical, valable deux ans, établi par un(e) gynécologue ou sage-femme, puis recevoir l’avis favorable de la médecine du travail. L’objectif de la Ville est ensuite de lancer un appel aux entreprises « pour irriguer le territoire d’une culture d’égalité professionnelle » selon Syamak Agha Babaei. En d’autres mots : faire de cette expérimentation quelque chose de plus pérenne dans les mentalités.

serviette strasbourg solidaire (1)
© Christelle Hoffarth

Un sujet consensuel et important, mais des élu(e)s qui ne peuvent pas s’empêcher de s’écharper

Dans un premier temps, tout l’hémicycle s’accorde sur les bienfaits d’une telle mesure. Ce qui, à l’échelle d’un conseil municipal strasbourgeois, est aussi rare qu’une éclipse solaire. Jean-Philippe Vetter se félicite que « la parole se libère » et salue l’évolution qui « permet de casser les tabous ». Pierre Jakubowicz  applaudit « un progrès et un pas en avant », tandis que Pernelle Richardot, qui se réjouit « d’un symbole extrêmement important », regrette tout de même que les élu(e)s d’opposition n’aient pas été associé(e)s à l’élaboration du projet.

Du côté de la majorité, Christelle Wieder (Les Écologistes) salue le travail dense mené avec les syndicats, les associations féministes et les membres de la médecine du travail « pour faire tomber le tabou ». Carole Zielinski souligne « une avancée pour l’ensemble des personnes concernées », alors que Syamak Agha Babaei annonce déjà une nouvelle mesure avec l’instauration future des 32h pour les ATSEM, « un métier presque entièrement féminin ».

Prendre en considération les douleurs au quotidien au travail est une avancée conséquente. On doit maintenant batailler pour que cette question puisse progresser au niveau national.
Syamak Agha Babaei, 1er adjoint

Quelques amendements à la délibération sont présentés par Dominique Mastelli (PS), qui relève « des problème de fonds et de forme ». L’élu propose que l’on utilise le neutre plutôt que le féminin pour ne pas exclure les personnes trans, demande d’intégrer les personnes en transition de genre dans le dispositif d’expérimentation et souhaite que soit utilisée la mention « appareil reproducteur » plutôt que « appareil reproductif ».

Revenant sur le sujet, le 1er adjoint affirme que le neutre a déjà été rajouté dans la délibération. Sur la question des transitions de genre, il explique : « C’est un sujet à part entière, où il faudrait établir un dispositif précis. Ce n’est pas illégitime, loin de là, mais cela ne trouve pas sa place dans ce dispositif ».

christelle wieder
© Conseil municipal du 22 mai / Capture d'écran

Finalement, alors que tout se passait plutôt bien, une séquence ubuesque échauffe un peu les esprits. Personne n’a les amendements sous les yeux, ce qui complique les votes de l’hémicycle. Il faut donc les lire les uns après les autres, et tout le monde finit par s’emmêler les pinceaux. Catherine Trautmann et Jeanne Barseghian montent dans les tours, ce qui tend l’atmosphère. Bref, une séquence tragi-comique montrant que, même sur de belles avancées sociales qui font consensus, nos élu(e)s arrivent encore à se prendre la tête.

Finalement, le plus important reste que ce congé de santé gynécologique est finalement adopté à l’unanimité. Une vraie avancée dont Strasbourg peut être fière.

serviette zéro déchet
© Chloé Moulin / Pokaa

Le point bingo

bingo conseil municipal
Si proche... © Célia Van Haaren / Pokaa

Punchline battle

  • « Dans 50 ans, à Strasbourg on n’aura probablement pas la mer, mais on aura les pieds dans l’eau », Hülliya Turan

  • « On est fatigué, faut que ça s’arrête », Marc Hoffsess

  • « La position d’opposant permet de passer d’un sujet à un autre sans cohérence », Guillaume Libsig

punchline politique 2023
© Pokaa
  • « Vous semblez être otage de vous-même », Jean-Philippe Vetter

  • « Nous sommes à la crête d’une situation d’exaspération », Jean-Philippe Maurer

Il est 00h37 lorsque le conseil municipal touche à sa fin. Après plus de 14h30 de débats (14h30, rendez-vous compte !) dans un hémicycle, il ne reste plus grand chose à écrire ; si ce n’est qu’on a assisté à une séquence politique qui n’a jamais réellement décollé. On se retrouve en juin, pour le dernier de l’année politique avant les grandes vacances. En espérant que le soleil soit de la partie.

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