Le 30 septembre prochain, Josiane Chevalier ne sera officiellement plus préfète du Bas-Rhin et du Grand Est. La fin de 4 ans et demi de fonction pour une personnalité locale qui s’est de nombreuses fois opposée à la municipalité strasbourgeoise, sur des sujets éminemment politiques.
Ça y est, c’est fini : à partir de lundi prochain, Josiane Chevalier ne sera plus ni préfète du Grand Est, ni du Bas-Rhin. Arrivée de Corse à Strasbourg le 16 janvier 2020, elle est devenue la première femme à ce poste dans le département. Son début de mandat a été marqué par l’obligation du masque en extérieur en août 2020, très vite retoquée par le tribunal administratif. Elle a finalement insisté début septembre 2020.
La suite de ses plus de 4 ans et demi de mandat peut être définie par une vision très politique de sa fonction, selon les mots mêmes de Jeanne Barseghian, avec des oppositions et des combats ardus avec la municipalité strasbourgeoise, mais également des innovations dans les restrictions des libertés de se déplacer ou de manifester.
Préfecture vs Ville de Strasbourg : de nombreuses oppositions politiques
Pendant deux bonnes années, ça a été LA saga politique de la vie strasbourgeoise : les oppositions politiques constantes entre la préfète, sous l’autorité directe du ministre de l’Intérieur de l’époque (Gérald Darmanin), et la municipalité strasbourgeoise. Un changement de la nature de la fonction de préfet, généralement exécutante et peu politique.
Tout a débuté en mars 2021, avec l’imbroglio polémique sur la subvention à la mosquée Eyyûb Sultan à la Meinau. L’affaire sort alors de la sphère locale et devient une préoccupation nationale, lorsque le ministre de l’Intérieur prend position contre la municipalité écologiste, dans un contexte post-électoral où EELV était scruté de (très) près, après ses bons résultats électoraux.
En décembre 2022, après un travail pour fonder une nouvelle délibération cadre du financement des lieux de culte, la préfecture dépose un recours au tribunal administratif pour des irrégularités, et la délibération cadre est annulée. Finalement, elle sera adoptée en conseil municipal en 2023, deux ans après le début de ce combat.
Autre gros sujet : le camp de l’Étoile. Après des mois de bras de fer avec la Ville, la préfecture du Bas-Rhin a saisi le tribunal administratif de Strasbourg pour contraindre la mairie à procéder à l’évacuation en décembre 2022. La mairie décide alors d’intenter une action en justice contre la préfecture (et donc l’État), pour « inaction et carence en matière de mise à l’abri des personnes ». Rebelote en 2023, lorsque le camp se reforme, la Ville saisit directement le tribunal administratif afin de lui demander d’ordonner l’expulsion.
On peut encore mentionner l’évacuation d’un gymnase d’hébergement d’urgence en décembre dernier, ou la signalisation du GCO comme preuves de nombreux combats politiques entre la préfecture et la municipalité strasbourgeoise. Qui ont su néanmoins s’entendre sur d’autres sujets, et notamment l’organisation de la sécurité sur le marché de Noël. Preuve que quand le sujet politique est éloigné, les relations sont plus apaisées.
Restriction des libertés de se déplacer et de manifester
En-dehors de ces oppositions politiques, Josiane Chevalier a également mis la sécurité comme première de ses libertés. Une interprétation qui a conduit à de nombreuses restrictions de déplacement ou de manifester. Pour plaisanter un peu, on peut déjà mentionner le retrait de quelques cailloux disséminés place de la République lors de la contestation sociale de la réforme des retraites, vus comme une menace à la sécurité.
Anecdote moins drôle : les supporters/rices de foot des équipes adverses venant à la Meinau ont fait l’expérience des différentes restrictions de déplacements [une tendance déjà à l’oeuvre à l’époque de son prédécesseur, ndlr]. Dans beaucoup de cas, ils et elles n’ont pas eu le droit de se déplacer au centre-ville, dans certains cas, leur déplacement a carrément été interdit.
On peut également mentionner l’usage d’un drone pour surveiller une manifestation contre la réforme des retraites. Enfin, la préfecture a également suivi la tendance du ministère de l’Intérieur en octobre dernier, interdisant plusieurs manifestations en soutien au peuple palestinien, comme relaté par Rue89 Strasbourg dans son portrait.
Un pot de départ officieux organisé le 27 septembre
Si Josiane Chevalier a déjà profité d’un pot de départ le 20 septembre dernier, elle aura le droit à un deuxième, organisé cette fois par Rue89 Strasbourg. Le média local invite les Strasbourgeois(es) place de la République avec toute la rédaction à partir de 18h, le 27 septembre.
Un au revoir qui place désormais la préfète déléguée à l’égalité des chances Marilyne Poulain préfète du Bas-Rhin par intérim, tandis que son/sa successeur/se devrait être connu(e) à l’issue du second conseil des ministres du gouvernement de Michel Barnier. Pour Josiane Chevalier, c’est désormais une carrière politique qui s’ouvre à elle, car elle souhaite devenir maire de sa commune dans l’Isère.