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Plus de 20000 os et organes exposés au Musée de l’Anatomie de Strasbourg

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Deux fois par an, lors des Journées du Patrimoine et de la Nuit des musées, un lieu surprenant rejoint la liste des institutions à visiter à Strasbourg : le musée d’Anatomie. Situé en plein cœur de la Faculté de Médecine, cet endroit méconnu recèle de nombreux secrets : que trouve-t-on derrière ces portes closes ?

Au milieu de l’hôpital civil se trouve le bâtiment d’anatomie normale, principalement dédié à la recherche et à l’enseignement. Des cours sont dispensés aux étudiant(e)s en médecine au rez-de-chaussée : jusque-là, rien de surprenant. Mais si on prend le temps de s’intéresser à l’étage, on découvre que se cache ici un trésor régional souvent oublié :  le Musée d’Anatomie, auquel le grand public n’a accès que deux jours et un soir dans l’année. Ces rares moments sont l’occasion de découvrir les squelettes, organes, coupes anatomiques et autres bocaux insolites qui meublent les différentes étagères.

Le docteur Philippe Clavert, directeur du lieu mais également professeur en anatomie et en orthopédie, nous a ouvert les portes de cet endroit intriguant, le temps d’une visite privilégiée : « Contrairement à ce que l’on peut imaginer, le public n’a pas de mauvaises réactions. Il n’y même jamais eu de malaise. L’accueil est toujours très favorable, les retours très bons. »

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musée d’Anatomie de Strasbourg
© Marie GD

Le reste du temps, la contemplation des pièces exposées est réservée essentiellement aux étudiant(e)s. Les différents supports servent aux enseignements pratiques ; les futurs médecins disposent ainsi de contenu concret pour apprendre leur métier, à travers une collection considérée comme l’une des plus riches d’Europe. Cette dernière se déploie le long d’un grand couloir, dans des vitrines illuminées auxquelles répondent de nombreuses planches et dessins accrochés aux murs.

« Le couloir du musée que l’on peut visiter est le reflet de l’ensemble de la collection. Il est le fruit d’un travail de sélection attentif. » Mais comment a été constituée cette collection dont l’institut est si fier ?

Une histoire étroitement mêlée à celle de l’Allemagne

Un coup d’œil sur le passé du musée strasbourgeois permet de mieux comprendre son développement. L’institut est bâti entre 1874 et 1877 sous la direction de l’architecte Jacques-Albert Brion, alors que l’Alsace fait partie de l’Empire Allemand.

Ce projet marque le début de la construction de la Kaiser Wilhelm Universität, ou « Université de l’Empereur Guillaume » : l’Allemagne cherche à faire briller ses savoirs à travers des enseignements prestigieux, et met tout particulièrement l’accent sur le domaine de l’anatomie dans la sphère médicale. Entre les 19ème et 20ème siècles, la collection s’étoffe, grâce aux personnes qui font le don de leur corps à la science, dans l’optique de faire progresser les connaissances médicales.

Une plaque à l’entrée du bâtiment rappelle une autre période durant laquelle l’histoire de l’institut croise celle de l’Allemagne. De 1941 à 1944, l’Université de Strasbourg devient la Reichsuniversität, ou Université du Reich, et se veut être à la pointe des avancées allemandes.

Le médecin SS et professeur d’anatomie allemand August Hirt, placé à la direction de l’institut, est chargé d’établir une collection de squelettes humains. Il assassine alors un total de 86 personnes, déportées d’Auschwitz jusqu’au camp du Struthof en 1943, tandis que les universitaires strasbourgeois de la faculté de médecine sont retirés à Clermond-Ferrand et ne prennent aucune part à ces actes.

musée d’Anatomie de Strasbourg
© Marie GD

Dès 1945, l’ensemble de ces dépouilles est évacué des lieux, et repose aujourd’hui au cimetière israélite de Strasbourg-Cronenbourg, surmonté d’une stèle commémorative. Il n’y a, à l’heure actuelle, aucun reste de ces corps au sein de l’institut d’anatomie, comme en témoigne le rapport de la Commission Historique de l’Université de Strasbourg publié en 2022.

Si l’Université a entamé la démarche d’effectuer ces recherches en 2016, c’est d’une part pour transmettre cette mémoire aux étudiants actuels en toute quiétude, et d’autre part parce qu’elle se veut totalement transparente sur ses collections. Mais d’ailleurs, ces fameuses collections, que contiennent-elles exactement ?

Concrètement, on voit quoi au musée d’anatomie ?

Il faut savoir que le musée ne comporte pas moins de 20 000 pièces, en anatomie normale, pathologique et comparée (animale). Les plus représentatives sont exposées dans les couloirs, qui montrent l’ensemble du corps humain. Os, crânes, anatomies des membres supérieurs et inférieurs, organes, viscères ou même têtes de momies se succèdent.

Pour observer au mieux ces différentes parties de corps, plusieurs méthodes sont employées : dissection, coupes, ou encore des reconstitutions avec de la cire ou du plâtre. Les techniques de conservation varient : on trouve évidemment les traditionnels bocaux, ou préparations humides, qu’on attend au tournant dans un tel musée ! D’autres pièces sont séchées, vernies, et éventuellement injectées avec de la cire, colorée ou non, pour faciliter leur appréhension. Enfin, certaines coupes ou certains organes sont plastinés, c’est-à-dire que les graisses et l’eau des tissus sont remplacés par des résines ou du silicone.

musée d’Anatomie de Strasbourg
© Marie GD

Le plus surprenant, c’est que certaines des pièces qui se côtoient ont plus de 200 ans d’écart d’âge, sans que l’on puisse le deviner. Comme le rappelle le docteur Philippe Clavert, cela est possible grâce à un travail d’entretien souvent insoupçonné : « Il faut, au quotidien, entretenir les liquides, notamment les compléter. Il faut égaler veiller à l’entretien des bocaux, la protection des cires… En faisant très attention pour ne pas endommager les pièces. »

La qualité des pièces montrées au musée permet alors, pour les étudiants comme pour le grand public, d’appréhender le corps humain et son fonctionnement par un biais bien plus concret que des images ou des livres.

Les décennies d’histoire qui sont concentrées dans ce bâtiment nous autorisent, le temps d’une visite, à entrevoir ce qu’on ne connaît pas de nous. Étourdissement garanti – au sens figuré bien sûr ! Pour profiter de ces sensations fortes, il faudra toutefois patienter un peu. Rendez-vous le 13 mai 2023 pour la Nuit des Musées, ou alors, les 16 et 17 septembre 2023 pendant les Journées Européennes du Patrimoine.

musée d’Anatomie de Strasbourg
© Marie GD

Marie GD

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