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Syndrome de la cabane et peur du virus : ces Alsaciens qui continuent de rester chez eux

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La plupart d’entre nous a attendu la date du lundi 11 mai avec impatience : beaucoup barraient les jours sur leurs calendriers, d’autres terminaient la liste des objectifs qu’ils s’étaient fixés pendant le confinement. Pourtant, malgré une liberté (conditionnelle ?) retrouvée, certains hésitent encore à mettre le nez dehors. Nous avons interrogé ces Strasbourgeoises et Strasbourgeois qui ressentent le fameux “syndrome de la cabane”.

Observé pour la première fois au début du XXe siècle chez les chercheurs d’or aux États-Unis, le syndrome de la cabane décrit l’angoisse de quitter un lieu dans lequel on est resté enfermé pour retrouver le monde extérieur. Isolés pendant plusieurs mois dans leur cabane, les chercheurs d’or étaient paniqués à l’idée de revenir à la civilisation. Cet état émotionnel a également pu être constaté chez les gardiens de phare. Et voilà que, près d’un siècle plus tard, les mesures de confinement prises pour lutter contre la propagation du Covid-19 réunissent les conditions d’isolement idéales, pour exposer l’ensemble de la population à ce syndrome.

Le plaisir de rester dans son nid douillet

“Comme beaucoup, j’ai profité du confinement pour aménager correctement mon appartement, ainsi que mon balcon, nous livre Simon*, 22 ans. Avant, ce n’était qu’un dortoir. Mais avec le confinement, j’avais le temps et l’envie de m’y sentir comme dans un cocon”. C’est aujourd’hui chose faite. L’appartement est soigneusement aménagé et décoré et le jeune homme préfère rester chez lui plutôt que de s’exposer à des risques inutiles.

Tout comme Simon, Kitty, 39 ans, a pris le temps de faire de son appartement un véritable nid :“J’ai accroché des tableaux, vidé les derniers cartons, aménagé le balcon”. Malgré son emménagement il y a de ça un an, elle n’avait pas encore eu l’occasion d’accorder du temps à ces tâches : “Je suis quelqu’un d’assez hyperactif socialement, donc je n’avais jamais pris le temps finir” nous explique-t-elle. Depuis ces quelques aménagements, elle avoue volontiers apprécier rester chez elle, et ne pas vouloir sortir malgré la levée des restrictions : “J’aime mon lieu de vie, je m’y sens bien et en sécurité.”.

© Yaël Becker / Pokaa

L’envie de prolonger les bonnes habitudes du confinement

Claire*, une Strasbourgeoise de 40 ans, nous raconte qu’elle a également pris de nouvelles habitudes pendant le confinement, qu’elle n’a pas lâché : “Avec le télétravail du lundi au vendredi (heureusement), mais les transports en moins, je prends le temps de me cuisiner des repas équilibrés et de profiter de ma pause au soleil. Cette situation l’a également beaucoup rapproché de ses amis avec qui elle faisait régulièrement des apéros-visio : “On avait tous plus de temps à se consacrer. Je les surkiffe, et j’ai apprécié nos échanges vrais, même si virtuels”. Les avantages et les possibilités découverts pendant la période de confinement, auxquels elle a prit goût, l’encourage donc à retarder et éviter les sorties le plus possible.

Kitty nous explique aussi à quel point le confinement lui a fait prendre conscience qu’il était nécessaire qu’elle se chouchoute : “Avant le confinement, j’étais épuisée physiquement par mon mode de vie et épuisée moralement par mon boulot. Pendant cette période, j’ai réappris à prendre soin de moi. “ Pour elle, l’isolement est donc devenu une bonne excuse pour s’écouter davantage et gagner en sérénité.

La peur de sortir et la crainte de s’exposer au virus

Évidemment tous marqués par cette période singulière, rares sont ceux qui mettent un pied dehors sans garder à l’esprit cette menace qui plane toujours au-dessus de nos têtes. C’est en tout cas ce que ressent Kitty : “Je suis asthmatique. Et j’ai peur de me retrouver sous respirateur”. Propos rejoint par Claire, qui souffre également de problèmes de santé : “Je redoute surtout la souffrance de la maladie et du gros potentiel de séquelles si ça dégénère. J’essaye aussi de préserver mes proches en leur évitant de trop s’inquiéter pour moi”. Elle prend donc le moins de risque possible et évite de sortir.

Thibault*, étudiant de 25 ans, craint également une contagion. Malgré le fait qu’il n’apprécie pas particulièrement de rester seul chez lui, il s’y résout avec difficulté : “Cette période reste compliquée pour moi. J’ai toujours l’impression d’être en prison, mais la peur du virus est encore trop présente. Il éprouve également de la colère face aux personnes qui ne respectent pas assez scrupuleusement les règles selon lui : “Porter un masque au moins au supermarché, je trouve ça normal. Mais il faut voir comment certains le portent. En dessous du menton, ou en laissant sortir le nez. On dirait qu’ils défient les règles exprès et montrent qu’ils n’ont pas peur, alors qu’ils ne font que de se mettre eux et les autres en danger !”

© Facebook du Ministère de la Santé

Un sentiment d’insécurité qui plane dans les lieux publics

J’ai été atteinte du virus, sous une forme plutôt légère, nous raconte Stéphanie, 32 ans. Aujourd’hui, je ne suis plus contagieuse mais ça force à réfléchir. Les gens ne se rendent pas compte, ce n’est pas à prendre à la légère. On n’a pas assez de recul pour connaître toutes les répercussions que ça risque d’avoir. Pour moi, nous sommes encore trop insouciants. Stéphanie a préféré changé de médecin traitant afin d’éviter le centre-ville, tout comme pour le supermarché, où elle essaie de se rendre le moins souvent possible, pour faire ses courses alimentaires : “Je ne vais plus dans les grands supermarchés, ou dans ceux qui ne m’inspirent pas confiance, où j’ai l’impression que les normes d’hygiène et de sécurité sont prises à la légère.”

“Pour moi, retirer l’obligation du port du masque en centre-ville est une erreur, raconte la jeune femme. C’est de l’inconscience. Pourquoi sommes-nous obligés d’en porter dans les supermarchés et pas en ville, là où souvent, on se croise à bien moins d’un mètre ?!”. Ainsi, Stéphanie continue à porter son masque lorsqu’elle est contrainte de sortir et qu’elle risque de croiser d’autres personnes : “Pour ma santé, mais aussi par respect pour les personnes que je risque de rencontrer.”

© Samuel Campion / Pokaa

Parmi les différentes personnes interrogés, la plupart restent chez elles car elles s’y sentent en sécurité et qu’elles en ont la possibilité grâce au télé-travail. Le déconfinement n’est pas perçu comme une liberté retrouvée, mais bien comme une transition qui se fera progressivement. “Il est important que nous respections les gestes de sécurité et d’hygiène. Pour nous, pour les autres, car plus on le fera, plus vite on pourra sortir de cet entre-deux. Pensons aussi à tous nos commerçants (restaurateurs, bars, etc.) qui comptent sur notre respect des consignes afin de pouvoir rouvrir au plus vite !” conclut Stéphanie.

Parce que oui, même masqués, nous avons tous hâte de pouvoir retrouver cette douce insouciance de siroter une bière en terrasse.

*Le prénom a été modifié.


Photo de couverture © Mathilde Cybulski

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