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Covid-19 : quels impacts sur le milieu de la nuit et de la restauration à Strasbourg ?

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Le 14 mars dernier, lors d’un samedi soir presque comme les autres, le Premier ministre Édouard Philippe ordonnait la fermeture imminente de tous les lieux recevant du public et non indispensables à la vie du pays. Restaurants, bars et établissements de nuit ont ainsi immédiatement dû fermer leurs portes, 4 h après l’allocution, et jusqu’à nouvel ordre. Le lundi suivant, la France apprend qu’elle est en guerre : l’ennemi est invisible, il s’appelle Coronavirus.

À Strasbourg, ce sont 1600 bars et restaurants qui ont dû encaisser le choc : des kebabs aux tables gastro en passant par les PMU. Pour les petits indépendants sans trésorerie, la nouvelle a un goût de chute dans le vide… Comment survire sans activité, lorsque l’on est déjà en flux tendu toute l’année et qu’on peine à payer le loyer de son exploitation ? Pour les établissements plus importants, il s’agit de milliers de salariés sans activités, et d’une perte considérable des matières premières. Certains ont fait le choix de les offrir à leur salariés, d’autres de les revendre, mais le manque à gagner représentait dans tous les cas des sommes considérables.

S’ils ont le droit de pratiquer la livraison à domicile et la vente à emporter, nombre de restaurants ne peuvent pas recourir pas à cette possibilité, en l’absence de personnel ou de matériel nécessaire (de masques par exemple). Quant aux bars, on voit mal comment cela pourrait être envisageable.

Distribution des matières premières du restaurant La Corde à Linge
© La Corde à Linge

Ce que le gouvernement a mis en place

Qu’il s’agisse des bars ou des restaurants, le dispositif de soutien proposé aux établissements reste le même. D’un côté, pour les indépendants et petites entreprises ayant subi au moins 50% de baisse de chiffre d’affaires par rapport à mars et avril, l’État prévoit une indemnisation d’un montant plafonné à 1.500 euros, par le biais du fonds de solidarité. Les plus en difficulté peuvent prétendre à un soutien supplémentaire, à hauteur de 2 000 €. Le 8 avril, Bruno Lemaire indiquait par ailleurs que pour les entreprises menacées de faillite, l’État pourrait décider “d’augmenter ce plafond à 5.000 euros, pour pouvoir intégrer le montant des loyers”. Aussi, des annulations des charges fiscales et sociales, plutôt que des reports, pourraient être envisagées pour les entreprises au bord de l’asphyxie.

D’un autre côté, pour les établissements et restaurateurs qui embauchent du personnel, il s’agit d’éviter les licenciements résultant de la baisse d’activité causée par le contexte actuel : c’est l’entrée en jeu du chômage partiel. L’allocation versée par l’État est proportionnelle à la rémunération des salariés placés en activité partielle, dans la limite de 4,5 fois le Smic. Elle s’établit à 84 % du salaire net avec un plancher calculé sur la base de 8,03 € par heure, et 35 h par semaine. Oui mais voilà, dans le milieu de la restauration, rares sont ceux qui travaillent 35 h par semaine.

Relire notre article complet sur les aides prévues pour les entreprises, les salariés, les étudiants etc. pendant la crise du Covid-19 >>

© Pokaa

Du côté de Strasbourg

Sur le terrain, la réalité est quelque peu différente. Entre flou juridique, absence d’informations et incompréhensions, les indépendants strasbourgeois se heurtent à des difficultés certaines. Geoffrey, co-gérant du Café des sports explique :

“En tant qu’entrepreneurs, on comprend l’intérêt d’une telle décision d’un point de vue sanitaire, mais c’est tout de même extrêmement violent. C’était un peu un flou artistique lors de l’annonce de la fermeture, on a dû prendre le temps de digérer, de s’organiser. On a appelé nos comptables, puis on a entamé les démarches pour que nos salariés puissent bénéficier du chômage partiel. D’un point de vue strictement financier, derrière ces annonces, on ramène finalement l’entreprise à un espèce de centre de profit avec juste des chiffres. Sauf que dans la réalité, dans les petites entreprises comme la nôtre, on a des relations avec notre personnel, il y a un facteur humain qui rentre en compte. Certains ont des familles, il ne s’agit pas de dire “on vous paie le moins possible”, il y a une sorte de responsabilité qui nous tombe dessus et qu’il faut assumer. Concernant le chômage partiel, nous sommes toujours en attente du remboursement de l’État pour la seconde moitié de mars.”

Si l’affect et le facteur humain existent bel et bien dans l’équation, le vrai danger pour les petits établissements est bien sûr financier. Si Geoffrey relativise sur sa situation, il craint le pire pour certains de ses confrères :

“En ce qui nous concerne, on a la chance d’avoir un établissement qui fonctionne, d’avoir de l’expérience dans la gestion et d’avoir en quelque sorte le bagage qui permet de gérer ce genre de crise. On s’en relèvera, mais tout le monde ne peut pas en dire autant et il est sûr que des établissements vont avoir beaucoup de mal à passer le cap si des solutions ne sont pas proposées“.

Et c’est là que plane pour beaucoup la réelle menace. Pour espérer pouvoir s’en sortir et éviter le crash, il faut pouvoir emprunter. Et pour les petits établissements qui peinent à joindre les deux bouts toute l’année, ou pire, qui sont déjà endettés, on imagine mal les banques accorder un crédit à risque dans un pareil contexte.

“Selon la santé financière de l’établissement, il va y avoir des modèles de reprises économiques différents. Il peut y avoir tellement de paramètres qui te mettent dans la la merde, il suffit que tu aies acheté une affaire juste avant, que tu aies commencé des travaux ou que tu aies fait des investissements pour l’été qui ne seront pas possibles à mettre en place… Certains retours à la réalité vont être compliqués“, me confiait un gérant de bar strasbourgeois.

© Stéphane Metz

Pour Ilona, directrice de la brasserie des 12 Apôtres, la priorité était aussi de mettre tout le monde à l’abri : “L’équipe avait été surexposée juste avant l’annonce du confinement, c’était plutôt un soulagement par rapport à ça, de ne pas être obligée de leur demander encore et encore de tirer sur la corde. Après, le revers de la médaille, c’est un chiffre d’affaire à zéro. Et là, il y a une réelle impuissance. On ne peut en aucun cas intervenir, on subit. À ce niveau, on essaie juste de garder le moral, de donner des nouvelles à nos clients via les réseaux et de suivre les démarches pour assurer un revenu à nos salariés.”

Et les assureurs là dedans ?

Dans le contexte actuel, beaucoup ont eu le réflexe compréhensible de se tourner vers leurs assurances, mais sont tombés là aussi, face à un mur. En effet, les assurances refusent de couvrir les pertes d’exploitation générées par la pandémie. Plusieurs collectifs et syndicats des restaurateurs et établissements de nuit, tirent la sonnette d’alarme et ont entamé des négociations avec le gouvernement et les compagnies d’assurances.

Denis Talledec, directeur de fédération au sein de Culture Bar-Bars (collectif représentant les cafés et lieux festifs à programmation culturelle), confiait cette semaine à Trax Magazine : « Les économies des cafés-concerts et bars culturels étaient déjà très précaires avant la crise. Souvent tenus par des jeunes issus des milieux artistiques ou des scènes musicales locales, ces lieux ne bénéficient pas de la trésorerie nécessaire pour faire face à l’arrêt de leur activité ». Et ce, malgré les garanties apportées par l’État auprès des banques. « L’État se porte désormais caution des prêts par l’intermédiaire du fonds de solidarité, mais les bars et clubs sont toujours considérés comme des clients à risque par les établissement bancaires et l’obtention de prêts demeure très compliquée ».

Par ailleurs, l’État propose un report des taxes, des charges et des factures. Mais cela ne fait que retarder le handicap financier des établissements. Sans prise de mesures concrètes, le collectif Culture Bar-Bars estime que 30 à 40 pour cent des bars et clubs pourraient être menacés de disparition à l’issue de la crise sanitaire.

© Samuel Compion

De son côté, Franck Meunier, gérant du groupe strasbourgeois FHB, tire lui aussi la sonnette d’alarme :

“C’est une situation inédite pour tout le monde. Je vois passer beaucoup d’articles tous les jours, sur les allègements de charges, les aides… C’est un peu le brouillard, on attend des infos concrètes avec une certaine impatience. On nous parle beaucoup de reports, mais c’est pas le tout de reporter, un moment il va falloir rembourser. Au niveau des assurances, on entend tout et son contraire, les assurances ne jouent pas leur jeu. Selon elles, c’est une perte d’exploitation due à la pandémie, et les pandémies ne sont pas prises en charge. Soit ! Ce que j’ai du mal à entendre, c’est qu’on nous ait demandé, à 20h, de fermer nos établissements pour minuit. La perte des matières premières est considérable. Pour les établissements de nuit, la bière va arriver à péremption. Personne ne veut rien entendre à ce niveau, mais pour autant c’est encore des coûts supplémentaires à amortir. Même si en France, nous avons plus d’aides que dans certains pays, il n’empêche que mis bout à bout, il existe encore beaucoup des choses à charge pour les entreprises, et cela va être un réel handicap pour beaucoup d’entre elles.”

Si aucune date claire n’a encore été annoncée pour la réouverture, les professionnels s’interrogent déjà sur l’attitude du public une fois les bars, les clubs et les restaurants ouverts : viendra-t-il massivement profiter de sa liberté de mouvement retrouvée et des beaux jours ou les évitera-t-il par crainte d’une contamination ? Pour l’heure, nous devons nous efforcer de faire preuve de solidarité, d’entraide et de bienveillance, car c’est aussi ça être Strasbourgeois !

Merci à Ilona, Geoffray, Bao, Camille et Franck Meunier pour leurs témoignages et le temps accordé !

© Aeden Place

Toujours dans un élan de bon coeur, et parce que nos bars et nos restau préférés n’ont jamais eu autant besoin de nous, voici 5 plateformes pour leur venir en aide pendant cette période :

> Hemblem Sauve ton resto

HEMBLEM et LePotCommun ont lancé une plateforme solidaire afin de venir en aide aux restaurateurs, hôteliers et également les professionnels du secteur des loisirs. Les clients peuvent réserver, sous forme de bons d’achat, des repas, nuitées ou des expériences dans leurs enseignes préférées et les utiliser dès la réouverture des établissements. Double solidarité : 1 bon d’achat = 1€ reversé aux hôpitaux !

> J’aime mon Bistrot

J’aime mon bistrot est un fond solidaire où chacun peut contribuer librement afin de montrer son soutien aux établissements CHR. Les fonds récoltés peuvent être utilisés immédiatement par les patrons ou plus tard s’ils le souhaitent.

> Quarent’AIME

MyBeezBox a lancé #quarantAIME pour soutenir les restaurants, le tourisme et le personnel soignant en mettant en place des bons cadeaux pour un dîner, un massage ou un week-end.
#quarantAIME soutient également “Tous unis contre le virus” né de l’alliance entre la Fondation de France, l’AP-HP et l’Institut Pasteur, qui lutte au quotidien pour nous protéger et trouver des solutions efficaces pour venir à bout de ce virus, avec 5 % des ventes reversées !

> Pango

Pango est un système de financement solidaire qui résulte d’une question des clients “Vais-je pouvoir retourner dans mon restaurant préféré ?”. C’est pourquoi ils ont mis en place des coupons à utiliser dès la réouverture du restaurant !

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