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Hip-hop, bar de nuit et viande maturée : on a discuté avec « Rob », couteau suisse des nuits strasbourgeoises

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Personnage emblématique pour n’importe quel oiseau de nuit qui se respecte “Rob” fait parti de ces inépuisables entrepreneurs indépendants à qui on doit la dynamique noctambule de la capitale européenne. On est allé à sa rencontre pour qu’il nous parle de ses motivations, de ce qui l’anime et de comment il s’est fait sa place.


Pour qu’on te repère un peu dans le paysage strasbourgeois,  peux tu présenter en quelques mots ainsi que tes différents établissements ?

Je m’appelle Rob, en tout cas je suis connu comme ça, Alexandre de mon vrai nom. Je suis propriétaire du Diable Bleu, du Phonographe et du Fat à l’heure actuelle. La bonne nouvelle c’est qu’aujourd’hui je suis censé acquérir le Maquis, le café vélo entre le Café Bâle et le Mito sur la Place d’Austerlitz. Actuellement je m’occupe aussi du bar éphémère de la Biennale.

C’est quoi ton histoire avec Strasbourg ? 

Je suis né à la Clinique Adassa, je ne peux pas être plus d’ici, j’y ai toujours vécu, j’ai voyagé mais j’ai jamais pensé à m’installer ailleurs, et puis c’est plaisant comme ville, je m’y sens bien.

Tu peux nous parler de ton parcours post lycée ? 

J’ai obtenu un baccalauréat en Génie Civil, j’ai enchainé par une tentative de BTS en économie de la construction, une tentative de DEUG en histoire de l’art et archéologie, et surtout une forte tentative de travail dans les bars depuis 1999.

Comment a commencée ta carrière d’oiseau de nuit ?

Ça a toujours été naturel, c’est venu comme une évidence. J’ai toujours aimé faire la teuf, me marrer, boire et manger. Tu t’en rends pas compte que c’est la nuit ta vocation quand t’es môme, parce qu’on t’explique jamais vraiment que tu peux faire ça, que ça peut devenir un vrai boulot…quand j’ai saisi ça, les choses se sont faites tout seules. Mon premier vrai boulot en bar était à la Lanterne, ça a duré un peu plus de cinq ans. 

Tu peux nous parler un peu de ta première affaire ? 

C’était le Phonographe, en 2009. Au bout d’un moment je pense que c’est logique, quand tu travailles et que t’es pas trop mauvais dans un truc, il faut que ça soit rentable, au moins pour mes vieux jours. Je ne te cache pas que le métier de barman a peu d’avenir en matière de troisième âge, les opportunités sont pas terribles, donc il faut penser à l’avenir, tout simplement.

C’était quoi le projet ? Tu avais un concept en tête ? 

Non. Tu sais, j’ai pas un rond depuis le début, pas une cacahuète, du coup je me suis débrouillé. J’ai de très bons amis qui m’ont aidé sur le démarrage et qui m’ont prêté la somme requise pour avoir l’apport à la banque. C’est grâce à eux que j’ai trouvé le local du Phono, le Mosquito à l’époque, mais avant je t’avoue que j’ai dû taper à quelques portes. Te dire que j’avais un concept , c’est pas vrai, mon concept c’était d’ouvrir un truc. Même quand j’avais les clés du Phono en mains, j’avais encore aucune idée de ce que j’allais en faire. La déco du bar a été faite par Julien Voarick, il fallait quelque chose de pas coûteux, avec de la récup, mais qui ait un peu de gueule. C’est plutôt réussi pour moi, il y a mon identité dans cet établissement, c’est mon bonheur et mon malheur à la fois.

C’était quoi le climat de la nuit à Strasbourg quand tu as ouvert à l’époque ?

Il y avait beaucoup moins d’établissements, en tant que client tu avais moins le choix, et moins le luxe de te permettre de choisir. Aujourd’hui c’est vrai qu’on a une offre qui est dingue, d’ailleurs tant mieux, ça fait de la concurrence, et la concurrence ça énerve un peu tout le monde, c’est ce qu’il faut. Puis, même les couleurs musicales et les styles étaient assez tranchés, c’était soit rock, soit électro, et moi il me semble que j’étais le premier bar hip-hop, mais je dis peut être une bêtise. 

Aujourd’hui, c’est plus fluide, tu changes d’ambiance facilement en une rue, puis même, chaque bar fait ce qu’il veut tant que ça excite les gens, moi ça m’arrive de mettre du Brassens si ça me chante, si c’est le moment d’en passer. 

Tu as ouvert les autres établissements dans la foulée ? 

Le second a été le Diable Bleu que j’ai récupéré et que j’ai monté en restaurant. C’est une propriété de Meteor d’ailleurs, il faut le savoir, et du coup comme c’est une location gérance c’était assez facile d’y rentrer. 

L’aspect restauration c’est de toi ?

Yes, j’ai toujours aimé manger et toujours aimé la viande. Le principe du steakhouse, effectivement existe depuis toujours, mais le petit point en plus c’est la viande maturée. Alors c’est pareil, je suis loins d’en être l’inventeur, ça existait déjà dans des restaurants depuis des décennies, mais il n’y avait rien dans le coin, ou alors c’était assez grossier. Avec Patrick, le gérant, on a fait les recherches de races à viande, de la salers à la camarguaise en passant par la Galice…on a de la viande qui vient de partout, mais uniquement des races à viande. La recherche à été un peu compliquée, mais on y est arrivé. 

Le Fat est arrivé un peu après, là on cherchait le principe du club de nuit. J’avais Nico qui bossait avec moi, on a trouvé le local, c’était le bar Fusion à l’époque, on est tombé dessus et on a lancé le truc. On a tout refait récemment ! Dire que c’était juste pour un coup de frais serait mentir, on  a eu des gros problèmes d’acoustique dus à un dégât des eaux, mais du coup ça nous  a permis de remettre un coup de propre. D’ailleurs je vais même te dire, je trouve qu’il est trop propre, il va falloir qu’on le salisse un petit peu, on a quelques plans pour la déco encore mais comme pour tout, ça coute pas mal d’argent, alors on avance doucement . 

Comment on fait pour réussir en indé ? C’est quoi les erreurs à ne pas faire ? 

J’en sais rien moi, j’ai pas la formule et je pense que c’est différent pour chacun. Par exemple, il y a des patrons qui arrivent à fonctionner sans bosser dans leurs rads, et tant mieux, moi j’y arrive pas, l’ai jamais fait. Je ne critique pas mes hommes, je trouve mes troupes hyper volontaires, vivantes et dynamiques et je ne regrette personne, mais ça n’enlève rien au fait qu’il faut que je sois au coeur du truc. 

C’est quoi la chose dont tu es le plus fier ?

Le Phono. Je vais pas te dire que ça a plié l’histoire, aujourd’hui encore je peux me casser la gueule, mais c’est le pied à l’étrier, c’est le lancement de tout.  

Aujourd’hui, comment sont rythmées tes journées ?  C’est quoi tes missions du quotidien ?

Alors, pour parler de la période actuelle, j’étais très concentré sur le bar éphémère de la Biennale. J’avais vraiment la volonté de m’engager, de tenter des trucs, des gros concerts et des choses plus conséquentes, et forcément il faut faire des économies de partout, donc j’étais très présent. En l’occurrence, comme il est question d’ouvrir le Maquis très prochainement, je vais devoir me concentrer sur le Phono intensivement, par ce que j’ai un de mes employés ici qui va devenir mon associé, et qui va reprendre avec moi le petit nouveau. Donc si tu veux je fais trois- quatre gros soirs de service, et le reste du temps je suis au bureau, je répare les conneries, il y a toujours un truc à faire, pas le temps de s’ennuyer.

Tu gères le café de la biennale depuis quelques mois, ça c’est fait comment  ?

C’est Yasmina, la commissaire en charge de la Biennale d’art contemporain qui m’a demandé si ça m’intéressait de monter ce projet avec elle, évidemment j’ai dit oui, et on s’est lancé un peu comme on pouvait, pour elle aussi c’était le premier projet du genre, et pour moi le premier bar éphémère que je gérais. On s’attaquait à un lieu qui n’a pas vocation à être un bar, il fallait tout mettre aux normes et penser à tous les détails dans un temps très limité. La Biennale d’art contemporain est finie, mais je continue le Café toujours en association avec elle par ce qu’elle reste présente, même si elle n’était en charge que de l’expo sur le papier, on a toujours cherché à créer du lien. Certains artistes sont venus présenter et expliquer une partie de leurs oeuvres au café.

Il n’y a pas vraiment de partie prenante de la ville même si elle est un soutien évident, elle nous accorde la licence, elle essaie de faire un peu de promo à son niveau. Mais c’est Bouygues et La Poste qui sont les partenaires principaux et qui nous permettent d’utiliser le lieu. 

NDLR : Le lendemain de notre entrevue, Rob apprenait avec déception (partagée) qu’il n’avait pas le feu vert pour prolonger le Café de la Biennale, la dernière soirée aura malheureusement ainsi lieu ce samedi. 

Si tu fais le bilan aujourd’hui, qu’est ce que tu retiendras de cet épisode ? 

Il y a plein de trucs que j’aurais voulu faire en plus, faire jouer des artistes qui étaient en tournée à ce moment là mais qu’on a ratés pour des raison X ou Y, il y a des choses à refaire et à revoir, mais une satisfaction tout de même, on a tenté des trucs, on a eu des bons moments et des concerts cool, des petits artistes qui on fait un carton alors qu’on ne s’y attendait pas. On a eu de belles surprises. 

A quoi est voué le bâtiment de la Biennale ?

A prendre avec des pincettes encore une fois, je ne suis pas tenant du projet, mais il me semble qu’il y aura une brasserie, un bureau de Poste qui restera dedans, un coworking et une espèce de maison de retraite, puis des logements. 

C’est quoi ta politique de recrutement et de formation ? Quel mode de management tu prônes ? 

J’ai travaillé 10 ans de ma vie comme employé, je sais ce que représente un effort. J’ai encore appris le magnifique potentiel du boulot de balayeur quand je me suis tapé la cour de la Biennale la première fois, t’en apprends tous les jours, tu te rends compte que les boulots de cons ne le sont pas, parce que c’est bien casse couilles en fait. J’essaie d’être cool et juste avec les gens qui bossent pour moi. J’essaie de former, de donner ma façon de penser, de soutenir. Pas mal de gens sont partis de chez moi pour monter leur boîte, je sais pas si ça a été une impulsion, mais en tout cas certains me disent que je n’y suis pas pour rien. J’essaie d’être juste correct en fait, « ne fais pas a autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse », c’est dans la bible ça je crois. 

Ton bar et ton restaurant préféré à Strasbourg ou ailleurs ? Tu peux nous en parler ?

Non, j’ai pas ! J’ai des amis, j’aime bien ce qu’il font, ,au bistrot chez Antoine à côté par exemple, l’Eveil des sens et l’Absinthe aussi.. C’est compliqué, il y en a tellement, Strasbourg déborde de super bars et restaurants, chacun y va de sa petite touche, de sa petite patte, même si certains galèrent, ils tentent le truc, ils prennent des risques et il essaient quand même.

Avec la fermeture du Rafiot et du Mudd, il y a un public electro à prendre ? Tu y penses ou tu t’en bats les steaks ? 

C’est pas que je m’en bats les steaks, mais je sais pas si je saurais le faire, et je ne veux pas faire un truc dans lequel je ne suis pas bon. Déjà, ça me fait chier pour le Mudd, dans la même rue, avoir deux endroits complémentaires comme ça qui faisaient vivre la rue, avec le côté concert du Mudd  c’était vraiment cool. Mais le manque sera vite comblé, si ce n’est pas déjà fait par le Kalt. Mais moi je ne me prétendrais jamais à la hauteur de ce que je ne sais pas faire.

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