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Strasbourg : des knacks ou un sort

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Sous l’obscurité de mon drap, une tablette illumine discrètement le plafond de ma chambre. L’Étrange Noël de Mr Jack passe en boucle, le son diffusé dans le casque piqué à mon grand-frère. Tim Burton est mon mentor. Je connais les dialogues par cœur. A l’école, quand la maîtresse m’a demandé ce que je voulais faire plus tard, je lui ai répondu le plus simplement du monde : être Jack Skellington, le maître de l’épouvante. Ça a valu une convocation à mes parents et plusieurs rendez-vous avec un monsieur qui voulait vérifier que je ne dessine pas de soleils noirs ou d’arbres avec des racines qui s’enfoncent très loin dans le sol.

Le 31 octobre, je serai Jack, moi aussi, que les grands le veuillent ou non.

Le roi des citrouilles, squelette sans trompette, brillant dans l’obscurité de la Petite France. J’attends ce jour depuis des mois. Halloween. Le noël orangé que je prépare minutieusement dans le plus grand secret. Strasbourg, ville du crime. La, la, la. This is Halloween.

Je me cache dans vos escaliers, au détour d’un restaurant blindé de touristes. Choucroute maléfique aux langues de crapauds au Kammerzell. Baeckeoffe aux yeux de mygales. Des bonbons ou un sort. Chevelure de serpents vénéneux. Chauve-souris transperçant les nuages. Le parquet craque sous vos lits. Les monstres aux yeux globuleux attendent le moment ou un doigt de pied dépassera d’une couverture pour le croquer comme une knack ensanglantée. Je les entends gémir comme des pigeons à trois têtes attendant une becquée de viscères. Entre les moutons de poussière, une paire de chaussettes ou un exemplaire décoloré de Fuide glacial, ils grattent les matelas et chuchotent les sacrilèges du Fasciculi Admirandorum Naturae de F. W. Schmuck. Les animaux fantômes sortent du grimoire.

Strasbourg devient un cabinet de curiosités où les créatures difformes s’animent.

Veaux à deux têtes, résultat de manipulations génétiques. Chats lamboides. Emily Dickinson erre, place de l’Homme de fer et hurle sa folie à la lune tremblante : « Je meurs! Je meurs dans la nuit ! Quelqu’un apporterait-il la lumière que je puisse voir quelle route prendre dans l’immortelle neige? ».

Édouard fait étinceler ses lames d’argent contre la pierre froide de la Cathédrale. Les gargouilles déploient leurs ailes et survolent le stade de la Meinau. Ils plongent telles des mouettes-zombies sur un banc de joueurs tétanisés. Les sportifs tentent de prendre la fuite en crampons et rampent afin de se diriger vers le vestiaire. Une armée sombre se déploie. Des centaines de Grands Hamsters d’Alsace siamois aux yeux fluorescents sortent des enfers. Le maillot de Dimitri Liénard est en pièces. Il est totalement nu, un trou énorme au niveau du torse laissant apparaître sa colonne vertébrale fracassée à plusieurs endroits. Ses boyaux volent dans les tribunes. Une masse noire lui arrache la peau, le déchiquette et le vide de sa chair et de son sang. Sur la pelouse verdoyante, des intestins, des cœurs, et des foies gisent encore chauds.

Les corps s’entassent comme des Mikados sur la place Rouget de l’Isle. Aux armes citoyens. Les organismes démembrés sont empalés sur la grille du palais Rohan par dizaines, une odeur putride en émane déjà. Les grues de la Presqu’île Malraux s’effondrent dans un tintamarre assourdissant éclatant les baies vitrées de la bibliothèque du même nom. Halloween. This is Halloween.

Les enfants hurlent en sortant de l’UGC poursuivis par un vers de terre géant et gluant.

Au Conseil municipal, Roland Ries s’apprête à prendre la parole et est stoppé net, décapité par Freddy Kruger. Les écologistes ont eu le temps de prendre la fuite par une sortie de secours. Un tram déraille à la station Porte de l’hôpital. Le chauffeur hurle de douleur, les yeux picorés par des cigognes mutantes.

Une sirène raisonne dans toute la ville. Le pire est à venir. Des millions de blattes envahissent la centrale nucléaire de Fessenheim qui n’est plus contrôlable. Une suite d’échecs techniques et de chaos dans le réacteur 1 entraîne un ruissellement et touche des armoires électriques endommageant l’un des systèmes de sécurité du réacteur. Un brouillard vert hautement radioactif se dirige vers Strasbourg.

Le drap se lève soudainement. Une créature sur deux pattes au brushing impeccable, me fixe, les sourcils froncés.

« Allez au lit. Éteins la tablette. Demain tu as un contrôle de maths ».

La réalité est bien plus terrifiante.


Mr Zag

Mr Zag a une voisine, un chat, des collègues, un job, il aime Lynch, Radiohead et Winshluss. Mr Zag a un Pinocchio tatoué sur le bras, quelques gribouilles en islandais, il ouvre les yeux et décrit le monde avec une vision bien à lui.

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