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Strasbourg sans tabou : rencontre avec Flora, ancienne vendeuse de culottes usagées

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Vous avez peut-être déjà vu dans votre vie un article intitulé « Elle vend un string pour 10 000 € ». Mais est-ce que vendre ses culottes usagées c’est vraiment rentable ? J’ai rencontré Flora*, une Strasbourgeoise de 25 ans, qui a accepté de me raconter son aventure autour de la revente de sous-vêtements pour enfin répondre à cette question : sommes-nous à un slip de la richesse sans le savoir ?

« Mais Adèle, pourquoi tu nous parles de sous-vêtements pas propres ? » L’inflation c’est rude pour tout le monde, et quand je discutais avec mes potes de comment se faire un peu de sous, le sujet de la revente de sous-vêtements usagés est (vraiment) rapidement arrivé sur la table. 

Parfois, on a lu un article sur un site hyper fiable genre ragotsputaclics.com. Parfois, on a vu des influenceurs/ses en parler pour promouvoir leur OnlyFans. Parfois, on a même été ciblé(e)s par des publicités nous proposant de nous inscrire sur des sites de revente.

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vendre culottes usagées
© Myusedpantystore / Capture d'écran

Et sur internet, tout le monde est dithyrambique : c’est facile, rapide, et tu te fais plein de sous. Punaise, si on me l’avait dit avant, je ne me serais pas embêtée à monter le Love Shop (Dé)boutonné•e•s et j’aurais pris l’autoroute en dentelle vers la richesse. Bordel…

« Moi je l’ai fait pendant quelque temps », nous a dit la petite voix de Flora* au milieu du bar.
« MAIS NAN ? », a répondu la grosse voix d’Adèle en lâchant son monaco.

Mais avant de rentrer dans cette interview (super intéressante, promis), parlons de la vente de culottes usagées ! 

vendre culottes usagées
© Panty place / Capture d'écran

Le travail du sexe, c’est pas un job comme un autre

Je traîne un peu partout dans le domaine de l’érotisme depuis bientôt 4 ans, et depuis peu je partage mes expériences avec vous, ici, sur Pokaa – par exemple dans un club libertin, disponible juste en-dessous. C’est pour ça que c’est super important pour moi de vous rappeler (et ce peu importe le contenu de l’interview de Flora*) que le travail du sexe (TDS) n’est PAS anodin… Même si c’est souvent présenté comme « facile et sans danger » par certaines plateformes. 

Cet article n’est pas là pour vous vendre le TDS mais pour vous donner un peu de perspective sur le sujet. Se lancer dans le TDS, c’est prendre des risques légaux (pour vous et vos proches), des risques physiques et psychologiques mais aussi, possiblement, avoir son nom lié à ce domaine le reste de votre vie. Donc, si c’est la route que vous souhaitez prendre : informez-vous beaucoup, protégez-vous tout autant mais surtout prenez le temps de bien bien réfléchir avant. 

Faites-moi confiance, ma tête et mes aventures dénudées sont partout sur internet et ça a des conséquences. Donc se faire des sous avec ses fesses c’est okay, mais seulement si on a bien réfléchi avec sa tête avant. 🙂 

Les culottes sales : c’est un kink !

Un kink c’est une pratique qui est considérée comme « non conventionnelle ». Par exemple :

  • tu aimes qu’on t’attache pendant le sexe
  • tu ne prends ton pied que sur du Michel Sardou 
  • tu aimes particulièrement qu’on te caresse avec une tranche de pain de mie

Bref, il n’y a pas de limites créatives aux kinks (sauf celles qui sont morales et légales) et si certains sont assez connus et acceptés, d’autres sont plus farfelus et surtout subissent plus de jugement comme… aimer renifler des culottes sales (vous voyez où je veux en venir ?). C’est tout à fait okay de se dire « ah, ce n’est pas ma came du tout », de trouver ça chelou ou dégueu. En revanche, c’est pas okay du tout de se permettre de porter un jugement à haute voix. Ça s’appelle le kink-shaming et c’est à chier pour plusieurs raisons : 

  • en règle générale, se moquer de quelque chose qui rend une personne heureuse c’est quand même pas chouette, alors c’est pareil pour le sexe
  • on ne jette pas la pierre alors que tout le monde a un petit tas de cailloux dans son propre jardin

Alors, respirez un bon coup (dans un slip si ça vous chante) et bonne interview !

Adele dans un vacuum cube
Adèle dans un vacuum cube en latex (partager avec vous pour le fun). © Adèle Roy / Pokaa

• Hello Flora*, parlons culottes ! Explique-moi un peu : tu fais ça parce que ton tiroir à sous-vêtements débordait ?

Pas du tout [elle rigole, ndlr]. Alors déjà, je ne suis plus en activité mais j’ai fait ça pendant quelques mois. J’ai commencé parce que j’avais envie d’arrondir mes fins de mois mais surtout parce que j’étais curieuse : moi aussi j’avais envie de voir si c’était aussi simple que ça.

Je spoile un peu la suite, mais : non. Et puis ça me semblait facile, rapide, je pouvais faire ça sur mon temps libre.

Après, ça prend tout de même un peu de temps à gérer ! Et puis ensuite, des changements dans ma vie perso ont fait que j’avais plus vraiment le temps et la tête à ça. Je faisais aussi ça plus par choix que par nécessité (ce qui est souvent le cas, j’ai de la chance de pouvoir choisir). Donc au moment où ça a commencé à me saouler, j’ai arrêté.

• C’est quoi cette histoire de vente de culotte sur internet, il y a un onglet planqué sur Vinted ?

Alors ça se fait un peu mais je te déconseille ! Il vaut mieux s’inscrire sur des sites spécialisés comme culottees.eu, Panty Place ou encore Panty.com sur lesquels j’étais moi-même. On peut surtout y trouver des culottes et des chaussettes.

Niveau orga, si tu veux la version courte : tu les portes et après tu les envoies par la Poste et t’as les sous.

Capture d’écran du site Panty.com pour la revente de sous-vêtements usagés
© Panty.com / Capture d'écran

• Et du coup la version longue ?

Ben ce qui intéresse les clients [Flora* utilise le masculin parce que ses clients n’étaient que des mecs, ndlr] plus que la culotte en elle-même, c’est le fantasme derrière en fait. Il faut discuter avec eux, leur donner envie, leur raconter quand tu as porté le sous-vêtement… Tu as aussi plein de gens qui vont venir te parler, mais sans avoir envie d’acheter, donc tu perds aussi du temps là-dessus.

• En fait, vendre ses culottes c’est un job social ?

Ouai presque… C’est vrai qu’avec tout le porno en gratuit je me demandais pourquoi les gens allaient payer et ben c’est pour ça : pour le côté « humain ». Et la grande majorité est vraiment gentille, ces hommes ont surtout envie d’avoir une relation avec des personnes réelles. Après faut se rappeler pourquoi on est là, donc ça reste cru, faut être bien accrochée parce que tu peux avoir des demandes trash.

© Panty.com / Capture d’écran
© Panty.com / Capture d'écran

• Alors j’ai du mal à me rendre compte, quoi par exemple ?

Alors le trash, je le garde pour moi, mais la base c’est une culotte portée pendant 2/3 jours. Après, tu as plein d’autres demandes. Que tu la portes super longtemps, que tu fasses du sport avec, que tu la mettes pendant tes règles. Tu as aussi des personnes qui te demandent des vidéos ou des photos de toi, où tu te masturbes pendant que tu portes la culotte.

Tu peux mettre en ligne des articles genre « culotte en dentelle jaune », ou d'autres trucs que les gens peuvent acheter, mais la plupart du temps les demandes sont personnalisées.
Flora*, ancienne vendeuse de sous-vêtements usagés

• Tu as beaucoup de demandes de vidéos/photos ?

Presque à chaque fois ! Et moi, je n’avais pas prévu ça, du coup, j’ai dû improviser des shootings dans mon appart. Les photos étaient super moches mais les clients étaient contents donc ça va [elle rigole, ndlr].

• Okay, parlons organisation : comment ça se passe sur le terrain ?

Tu peux mettre en ligne des articles genre « culotte en dentelle jaune », ou d’autres trucs que les gens peuvent acheter, mais la plupart du temps les demandes sont personnalisées donc le premier contact se fait par message. Après tu discutes, parfois tu passes sur d’autres plateformes, genre Snapchat, qui est super utilisée pour ça et puis on te paie via PayPal et tu envoies le sous-vêtement.

Snapchat
© Webp / Photo d'illustration

• Genre dans une enveloppe, comme ça ? Mais tu avais leur adresse du coup ?

Ben oui par La Poste, mais tu mets ça au minimum dans une pochette plastique bien fermée, parfois sous-vide. Et oui, tu as dans certains cas leur nom et adresse, parfois ils ont des boites aux lettres dédiées, ou tu fais livrer ça en relais colis. Après, évidemment tu gardes l’anonymat des clients quoi.

• Et toi, tu restes anonyme ?

Si tu penses à tout, oui ! Mais il ne faut pas oublier d’enlever ton numéro sur Snap, sinon ça mélange tes potes et tes clients par exemple. Faut aussi se créer un PayPal fait exprès et avoir un faux nom. 

Mais bon, si tu as des tatouages, si tu montres ta tête… tu as toujours un risque d’être reconnue. Donc il faut être prêt(e) à cette éventualité, parce que le risque zéro n’existe pas.

vendre culottes usagées
© Myusedpantystore / Capture d'écran

• C’est pour ça que tu as arrêté ?

Pas vraiment non. C’est surtout que ça me prenait trop de temps. C’est comme quand tu discutes avec 10 personnes sur Tinder : t’es toujours en train d’avoir une conversation. Et puis là ils paient donc ils s’attendent à ce que tu sois dispo, là tout de suite. Ma vie a un peu bougé et ça devenait trop stressant, trop de charge mentale, j’avais envie de faire autre chose. 

Les prix c’est plus 10-20€ la culotte.
Flora*, ancienne vendeuse de sous-vêtements usagés

• Et alors : est-ce que tu es devenue riche ?

Hahahahaha, non. Faut payer le site, acheter des culottes… donc tu as quand même des petits frais. Et puis, quand tu vois que X ou Y de OnlyFans a vendu un string 200€ ou plus, c’est parce qu’elle est connue. Sinon, les prix c’est plus 10-20€ la culotte. Si tu fais ça à côté d’une vie et d’un job plus traditionnel, c’est clairement pas aussi rentable que si tu es dans le X ou autre.

Strasbourg sans tabou : rencontre avec Flora, ancienne vendeuse de culottes usagées
© Marina Ryazantseva - Pexels / Photo d'illustration

• Tu penses réessayer un jour ?

Peut-être. C’était marrant à faire quand même. Mais pas de suite, parce que là j’ai une vie bien remplie et que pour gagner des sous mon taff rapporte plus.

Merci à Flora* pour toutes ces infos 😉

*Le prénom a été modifié 

Écrit par :
Fondatrice du Love Shop (Dé)boutonné•e•s, j'ai plus de sextoys que de cure-dents. Comme j'ai déjà la tête dans les produits décadents, je mets les mains dans la luxure pour vous raconter des aventures qui donnent chaud. Et tout ça par conscience professionnelle. Evidemment. @adeleduloveshop // @deboutonnees_stras
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