On est d’accord, lorsqu’on se balade dans les vignes, on a peu de chances de croiser un Orque ou de se faire poursuivre par un Nazgûl. Pourtant, lorsque l’on regarde bien, notre région a plus d’un point commun avec le chef d’œuvre de Tolkien. Ouvrez grand les yeux, laissez marcher votre imagination, et plongez dans le monde fantastique des Hobbits, assaisonné au Maggi, bien sûr.
C’est l’été. Partout, on lit des recommandations, des idées voyages et autres bons plans. Faute de partir à Pattaya (autant éviter l’avion), ou dans le sud de la France (le Perrier à 8€50, non merci), on vous propose ici de partir dans un autre monde… sans quitter l’Alsace. Direction la Terre du Milieu à la rencontre des Elfes, Hobbits et autres Orques !
Le Haut-Koenigsbourg, un château qui a inspiré les films cultes
Si au premier abord, il n’est pas évident de faire un lien entre le plus célèbre des châteaux d’Alsace et la plus épique des sagas, il s’agit pourtant simplement d’une rencontre. Un coup de foudre, pourrait-on même oser.
C’est à la fin des années soixante-dix, tandis qu’il étudie aux Arts Déco de Strasbourg, que John Howe tombe sous le charme du château.
Devenu plus tard illustrateur, il planche sur la nouvelle édition du Seigneur des Anneaux. Et c’est là que le géant surplombant la plaine d’Alsace (depuis plus de 900 ans, quand même !) devient alors une source d’inspiration majeure dans la réalisation des illustration de Minas Tirith.
Quelques temps plus tard, le même John Howe, est devenu directeur artistique. Il travaille alors pour une série de films portés par un certain Peter Jackson. Là encore, il intègre le Haut-Koenigsbourg au projet en y mêlant mobilier (un fauteuil ancien, visible lors du serment de la Communauté de l’Anneau), détails architecturaux (toujours sur Minas Tirith) et ambiance propre au lieu.
Le Haut-Koenigsbourg inspire tout autant qu’il intrigue et John Howe n’est pas le seul artiste à être tombé sous son charme. S’il serait une tâche bien difficile de tous les citer ici, on ne peut faire l’impasse sur une autre légende cinématographique.
Après une visite de la forteresse alsacienne, Hayao Miyazaki s’en inspire pour créer ce qui deviendra le très célèbre Château Ambulant.
L’Anneau de pouvoir, une origine rhénane ?
On vous en parlait dans un précédent article, la légende de l’Or du Rhin, qui a traversé les siècles et a bercé l’imaginaire de la région, n’est pas étrangère à Tolkien. D’origine très ancienne, le mythe raconte qu’un trésor inestimable serait caché au fond du Rhin.
Les siècles ayant passé, l’histoire de ce trésor se transforme en épopée héroïque, implique héros, créatures mystique et surtout un anneau. Magique et longtemps en possession d’un peuple de nains, il attire toutes les convoitises.
Au XIXe siècle, Richard Wagner, compositeur allemand à succès, en tire une tétralogie (quatre opéras, quoi). Si l’histoire de l’Anneau du Rhin contient de nombreuses similitudes avec le Seigneur des Anneaux, il y a un léger détail qui vient tout gâcher, et pas des moindres.
Il se trouve que Siegfried, personnage majeur de ladite tétralogie, devient au XXe siècle une figure héroïque particulièrement emblématique de la propagande nazie. Ça la fout mal : Tolkien se défendra toujours de s’être inspiré de l’œuvre de Wagner.
Des maisons de Hobbits à deux heures de Strasbourg
S’imprégner complètement de l’univers fantastique de la Terre du Milieu, c’est ce que propose le parc Bol d’Air Aventure, à la Bresse. Alors on n’est pas totalement en Alsace, mais sur ce coup-là, on ne va pas chipoter : ça reste à moins de deux heures de Strasbourg.
Certes, s’imprégner de la Terre du Milieu, c’est bien ; mais dormir dans le feu du Mordor, ça ne fait rêver personne. C’est certainement pour cette raison que Bol d’Air a fait le choix somme toute judicieux de proposer un hébergement inspiré des petites maisons cossues habitées par les Hobbits dans la célèbre saga.
Qui n’a jamais eu envie de se plonger dans l’ambiance chaleureuse de la Comté, de fermer la légendaire porte ronde à la nuit tombée et de vivre les formidables fêtes du peuple aux gros pieds ?
Pour le dernier point, on ne peut rien garantir, mais une chose est sure : un séjour dans ces maisons permettra à beaucoup de fans inconditionnels de réaliser enfin ce rêve d’enfant !
J’ai dormi dans une maison de Hobbit à 89 kilomètres de Strasbourg
Prenez garde, dans le sud de l’Alsace, un œil vous observe
On part tout au sud de la région, sur les hauteurs de Thann ! Au XIIIe siècle, le comte de Ferrette construit le château d’Engelbourg. Son but ? Surveiller la vallée de la Thur, et récolter une taxe de passage (business is business).
En 1673, Louis XIV décide de faire démolir le bâtiment. À l’époque, on n’a pas encore Miley Cyrus et encore moins sa redoutable boule de démolition, donc forcément, le résultat n’est pas nickel. Les choses se déroulent de façon un poil plus aléatoire.
La tour principale se fend en deux, et une partie se retrouve par terre, sur le côté.
La ruine laisse alors apparaitre un aspect circulaire assez singulier qui, bien vite, attire l’attention. Perché sur les hauteurs de Thann, un œil aux dimensions impressionnantes semble observer la vallée.
Et l’histoire ne serait pas complète sans qu’un petit surnom ne soit attribué à l’objet. Les habitants de la vallée le désigne « L’œil de la sorcière ». Inquiétant ? Un peu. Mais toujours moins que l’œil de Sauron, même si lorsqu’on est tout en bas, on y pense un petit peu.
Prisé des randonneurs, l’Œil de la sorcière est accessible en moins de trente minutes depuis Thann.
Une grotte peuplée de nains
On reste tout au sud de l’Alsace. Au village de Ferrette, dans le Sundgau, il se murmure qu’une grotte serait habitée par une peuplade de nains.
Ce qui se raconte, c’est que les nains étaient autrefois pleinement intégrés à la population locale avec laquelle ils cohabitaient en harmonie. Soignants appliqués, fêtards et bons vivants, les nains étaient vraiment les bons potes à avoir.
Bien sûr, comme dans chaque conte, il y a un moment où intervient une tuile ! Les longues robes constamment portées par les nains, cachant leurs pieds, ont attisé la curiosité des habitants. Hobbits aux pieds surdimensionnés ? Il fallait être fixé.
Des jeunes filles bien curieuses découvrirent un beau jour que les traces laissés par les nains étaient similaires à des pattes de chèvres. Visiblement le gag ultime de l’époque, puisque à cette vue, elles ne purent plus s’empêcher de rire.
Vexés comme des poux, les nains rentrèrent donc dans leur grotte pour ne plus jamais se montrer.
Aujourd’hui, de nombreux randonneurs curieux viennent marcher vers la grotte pour s’imprégner de la légende. On vous avait d’ailleurs fait un article détaillé, à découvrir par ici :
Le sujet est vaste et passionnant ! Pour creuser un peu plus, on vous conseille sans réserve de visionner la série “À la recherche du Hobbit”.
Série documentaire captivante découpée en cinq épisodes, elle suit John Howe en quête des origines du Seigneur des Anneaux. Produite par deux frères strasbourgeois à la tête de la société Cérigo Films, elle est disponible sur Amazon Prime.
