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Un an de Covid à Strasbourg : quels ont été les effets de la pandémie sur notre économie ?

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Il y a un peu moins d’un an, Strasbourg et la France entière plongeaient dans le confinement. Une situation inédite, qui mettait la presque totalité du pays à l’arrêt. On devait rester chez nous, se déplacer que sur le bon vouloir d’une attestation, alors que les hôpitaux s’engorgeaient progressivement. Mais cette pandémie a également eu des effets économiques majeurs, que ce soit pour les entreprises, les salariés, les intérimaires, les étudiants… bref, une grande partie de la population. Alors que l’on se rapproche du premier anniversaire du confinement, opérons un petit retour sur les effets économiques de la crise. Tout en se projetant  vers l’après.

 

Le contexte national

Avant de s’intéresser à l’Alsace et à Strasbourg, revenons sur les effets qu’a eu la crise du Covid en 2020 sur les entreprises, et notamment pendant et après le confinement. Une crise qui a fait perdre beaucoup, mais qui a également forcé à créer différemment.

Des entreprises en difficulté en 2020

Peu de surprises dans le premier constat des effets de la crise sur les entreprises : ces dernières ont été grandement en difficulté lors de l’année écoulée. Cela commence naturellement avec le premier confinement : selon l’Insee, au printemps 2020, 34 % des sociétés ont suspendu leur activité. Dans le même temps, 19 % des sociétés ont alterné des périodes d’ouverture et de fermeture, faisant le yo-yo au gré des décisions du gouvernement, qui s’est souvent perdu dans des débats sans fin sur ce qui était essentiel et ce qui ne l’était pas.

À ce sujet, la durée de fermeture moyenne des entreprises françaises s’est élevée à 57 jours. Soit, pour celles et ceux qui s’en rappellent, la durée du premier confinement. Néanmoins, pour les établissements recevant du public, cette durée de fermeture a été prolongée à 78 jours pour la restaurationles bars et restaurants ont rouvert le 2 juin à Strasbourg, ndlr – et presque 100 jours pour le domaine des arts. Une fois l’été passé, tout est presque revenu à la normale, puisque seul 1 % des entreprises n’avaient pas rouvert. Des sociétés qui, là encore, sont principalement dans la restauration (20 % des sociétés encore fermées), le commerce de détail (14 %), l’hébergement (13 %) et les travaux de construction spécialisés (11 %).

© Samuel Compion / Pokaa


Un “effet Covid” qui n’a pas touché uniformément tous les secteurs d’activité

Rien qu’en observant ces chiffres, on se rend déjà compte que si la crise a affecté l’ensemble des entreprises françaises, certains secteurs d’activité s’en sont moins bien tirés que les autres. Toujours selon l’Insee, les secteurs les plus touchés ont été ceux qui ont été frappés par une mesure d’ordre administratif, à savoir des interdictions ou restrictions d’accueil du public, parce qu’il fallait gérer des contacts avec les clients. Dès lors, on retrouve bien évidemment la restauration (87 % des sociétés à l’arrêt, au moins temporairement), l’hébergement (68 %), les services à la personne (56 %) ou les activités culturelles et récréatives (56 %).

De son côté, le commerce de détail, dans son ensemble, a été moins affecté (35 %), même si de nombreux magasins ont dû aussi fermer temporairement. Les interruptions ont été plus rares dans l’industrie (26 %) et les transports (19 %), mais pas dans la construction (52 %), qui a dû revoir son organisation pour mettre en place les gestes barrières. Par ailleurs, en parlant de la construction, cette dernière est bien repartie, selon le dernier rapport de la CCI Alsace Eurométropole sur la situation du commerce en Alsace, puisqu’elle arrive à un point de quasi-rattrapage de son activité fin 2020.

Néanmoins, il n’est guère étonnant d’observer que la majorité des entreprises a déclaré une baisse de leur activité. L’Insee explique que, lors du confinement, plus de quatre sociétés sur cinq estiment avoir subi une baisse de leur activité, comprise entre 10 et 50 % par rapport à la même période en 2019 pour un tiers des sociétés, et supérieure à 50 % pour un autre tiers. Là encore, l’hébergement et les activités culturelles ont le plus souffert, avec une perte d’activité de plus de 50 % pour plus de 7 sociétés sur 10), de même que la restauration (6 sociétés sur 10 dans ce cas).

© Insee


Les aides et le chômage partiel qui soulagent les entreprises

De nombreuses entreprises ont été durement impactées par la crise, mais, pour reprendre la formule d’Emmanuel Macron, avec une nouvelle concordance des temps : « L’État a payé ». En effet, le gouvernement a mis en place diverses aides aux entreprises, comme le chômage partiel, le prêt garanti par l’État (PGE), un moratoire des échéances sociales ou fiscales ou encore le fonds de solidarité pour les micro-entrepreneurs, dont on parlera un peu plus loin. De leur côté, les organismes publics ou privés ont également été encouragés à reporter les échéances des loyers et des factures d’énergie (eau, gaz, électricité) ou à rééchelonner les dettes.

Sans surprise, toujours selon l’Insee, la quasi-totalité des entreprises a fait appel à au moins un de ces dispositifs d’aide (84 %). Lors du premier confinement, c’est le chômage partiel qui a eu le plus la cote, puisque 70 % des entreprises ont utilisé ce dispositif. A été également très demandé, le report des échéances sociales (53 % des sociétés), notamment Urssaf, et le PGE (41 %). Sans surprise, les domaines de la restauration, le commerce, l’hébergement ou encore le culturel ont été ceux qui ont le plus demandé d’aides de l’État.

© Insee


Des Françaises et Français (auto)entrepreneurs

Mais alors que les entreprises étaient fortement touchées par le confinement, les Françaises et les Français se sont sentis pousser des ailes entrepreneuriales. Toujours selon l’Insee, ce sont en effet près de 850.000 entreprises qui ont été créées l’an passé en France, soit presque 35.000 de plus qu’en 2019. Dans cette hausse, ce sont principalement les micro-entreprises individuelles qui se démarquent, avec une hausse de 9 % par rapport à l’an dernier. Les activités de transports et d’entreposage, soit les livreurs VTC ou coursiers, sont les plus représentées dans les nouvelles entreprises créées, avec également le commerce et les activités immobilières.

Le profil du jeune entrepreneur dynamique n’est d’ailleurs pas tout à fait erroné, puisque l’âge moyen de la création d’entreprises en 2020 est de 36 ans. Et là-dedans, quatre créateurs sur dix sont en fait des créatrices. Un esprit d’entreprendre qui signifie une volonté d’avoir un peu plus d’argent à côté de son emploi principal, mais qui ne masque néanmoins pas l’inhérente précarité quant au statut de micro-entrepreneur.

>> On a rencontré 5 Strasbourgeois incités par la crise à monter leur propre entreprise

© Caroline Alonso / Pokaa


La situation en Alsace

Après ces quelques perspectives nationales, il est temps de s’intéresser à l’Alsace, à Strasbourg et à l’Eurométropole. Elles n’ont pas échappé à la crise qui a touché tout un pays dans la globalité de son économie, mais il est tout de même intéressant de dresser un portrait chiffré des conséquences du Covid sur l’activité et les emplois de notre région.

Le commerce est le plus touché des secteurs économiques

Selon le dernier rapport de la CCI Alsace Eurométropole sur la situation du commerce en Alsace, qui s’appuie sur les témoignages de 1390 entreprises alsaciennes – tous secteurs d’activités – dont 600 commerçants provenant de six villes alsaciennes, dont Strasbourg, le chiffre d’affaires des commerces alsaciens au second semestre 2020 a baissé de 67 % – un chiffre symbolique. C’est moins qu’au premier confinement, où la baisse était de 77 %, mais cela reste 12 points de plus que la moyenne des autres secteurs. Des chiffres qui montrent que malgré l’été et la relance, l’activité a été insuffisante pour rattraper le retard. Par ailleurs, le même constat peut être dressé par rapport au mois de décembre 2020 : 57% des commerces ont enregistré une baisse de la fréquentation physique en décembre 2020 par rapport à 2019, ce qui amène un chiffre d’affaires en retrait pour 48 % des commerçants par rapport à décembre 2019. Seul 28% des commerçants ont eu un chiffre d’affaires stable sur la période.

Tout cela amène à un fort sentiment de fragilité concernant la situation des entreprises. En effet, 56 % des 600 commerçants interrogés considèrent que leur situation est fragile, contre 40% des dirigeants toutes activités confondues. Il n’est donc pas étonnant que 82 % des commerces ont sollicité une aide financière durant la crise étendue de 2020, ni qu’il représente une bonne partie des aides allouées. Par exemple, pour le Fonds de solidarité Alsace, à hauteur de 288,77 millions d’euros, le secteur du commerce représente 24 % du montant total, soit 56,5 millions d’euros. Et sur les 3200,8 millions d’euros prévus par le PGE en Alsace, le commerce  a contracté des prêts qui ont atteint en tout 865,9 millions d’euros, soit 27 % du total. Le reste des chiffres peut être trouvés dans le tableau ci-dessous.

© CCI Alsace Eurométropole – Document remis


Un marché de l’emploi en berne sur l’année, particulièrement dans l’intérim

La crise a non seulement bouleversé les entreprises, mais elle a aussi eu un impact humain conséquent, sur le marché du travail. Pour exemple, selon les chiffres de la Direccte Grand Est au deuxième trimestre 2020, avec 451 478 emplois en tout, le Bas-Rhin a perdu 2 646 emplois salariés, soit une baisse de 0,6 % proche du niveau régional (-0,7 %). Sur un an, le Bas-Rhin affiche une baisse de l’emploi salarié de 2,0 %, recul moins important qu’au niveau régional (-2,7 %). On se trouve donc dans une situation qui, à défaut d’être positive, n’est pas catastrophique.

Dans ce repli du marché de l’emploi, un type d’emploi sort du lot : l’intérim. Si au deuxième trimestre, l’intérim a regagné des couleurs en créant 2 846 emplois au 2e trimestre 2020 (+28,9 %), cela ne doit pas faire oublier la forte chute du 1er trimestre. En effet, le secteur a perdu pas moins de 7 642 emplois dans cette période, soit une perte totale de 5 133 emplois sur les deux premiers trimestres de 2020, plus de la moitié de la diminution de l’emploi départemental. Néanmoins, en fin d’année, les chiffres remontent petit à petit, comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous.

© Direccte Grand Est


Un chômage qui augmente

Dans le même temps, de manière assez logique, le chômage a également fortement augmenté dans le Bas-Rhin en 2020. En effet, selon les chiffres de la Direccte Grand Est, au quatrième trimestre 2020, dans le Bas-Rhin, le nombre de demandeurs d’emploi tenus de rechercher un emploi et sans activité (catégorie A) s’établit en moyenne sur le trimestre à 57 830. Une baisse de 2,0 % sur un trimestre (soit –1 180 personnes) mais une progression totale de 10,8 % sur un an, largement au-dessus de la moyenne régionale, qui est de 7,6 % sur la même période. Une progression qui porte fortement le sceau de la crise du Covid, puisque lorsque l’on regarde le graphique disponible ci-dessous, on se rend compte que la forte hausse s’est réalisée au milieu de l’année 2020.

Au niveau de la composition sociale de ces demandeurs d’emplois, on remarque que ce sont les hommes qui se sont davantage inscrits à Pôle Emploi en 2020, avec une hausse de 12,3 % contre 9,4 % pour les femmes. Pour ces dernières, ce sont celles de moins de 25 ans qui représentent le plus grand nombre de demandeuses d’emploi. Tandis que pour les hommes, ce sont ceux entre 25 et 49 ans.

© Mathilde Piaud


Les perspectives d’avenir

Un marché de l’emploi qui se replie, des demandeurs d’emploi en hausse et une situation précaire pour le monde du travail, tout ce panorama s’avère naturellement pessimiste, faisant état d’une année 2020 extrêmement difficile à tous points de vue. Il n’empêche qu’il faut se projeter désormais vers 2021. La crise n’a pas apporté que des problèmes, elle a aussi permis de développer de nouvelles opportunités.

Un développement massif de l’offre numérique pour les commerces alsaciens

On en parlait dans cet article concernant les gens qui ont fait le choix de quitter la ville pour s’installer à la campagne : la crise du Covid a fait se développer, souvent contrainte et forcée, l’offre numérique des entreprises, avec notamment la prise de pouvoir du télétravail. En plus de cela, on a rapidement remarqué une différence qui se creusait entre les entreprises et commerces bénéficiant déjà d’un capital numérique important, qui ont su réagir bien plus vite à la crise que d’autres qui n’en étaient pas encore là. Une fracture numérique aux effets majeurs puisque, selon la CCI, la présence en ligne booste la fréquentation en magasin (+ 20 à 40% quand le magasin dispose d’une présence en ligne, quelle qu’elle soit). 

Dès lors, il n’est pas étonnant qu’après des débuts compliqués, la majorité des commerces alsaciens s’y soient mis. Selon les chiffres récoltés par la CCI, début 2020, 1/3 des commerçants ne proposaient pas de  services de livraison à domicile, de click and collect, de vente en ligne, ou encore de vente via les réseaux sociaux. Désormais, fin 2020, ils ne sont plus d’1/4 dans cette situation. Dans le même temps, le nombre de commerçants doté d’un site marchand est passé de 12% avant la crise à 38% fin 2020 (et devrait dépasser les 50% en 2021 selon les premières prévisions). En outre, avant la crise, 60% des commerçants étaient totalement absents de la vente en ligne (pas de site propre, pas de présence sur une place de marché, pas de vente via les réseaux sociaux). Ils ne sont désormais plus que 56% dans cette situation fin 2020, et ne devraient plus être que 44% en 2021 si les projets qu’ils envisagent sont réalisés. Enfin, la présence sur les réseaux sociaux est également accrue : si 5% des commerçants étaient présents sur les réseaux sociaux début 2020, ils sont désormais 21 %.

Cette hausse de l’investissement dans le numérique de la part des commerces a notamment été rendu possible grâce à des aides de la part de Strasbourg et de la Région Grand Est, comme on vous en parlait ici et . Des aides qui ont toute leur importance, lorsque l’on sait que la présence sur le web a un réel impact et l’investissement en argent et en temps qu’il faut y consacrer est rapidement rentabilisé. Dès lors, on se dit que 2021, malgré les conditions difficiles que va encore nous imposer la crise, se passera mieux pour les commerces.

© CCI Alsace Eurométropole – Document remis

>> Le Click & Collect : une question de survie pour les petits commerçants strasbourgeois


Des perspectives d’activité pour 2021 entre pessimisme et résilience

Malgré ces évolutions positives dans leur offre numérique, les commerçants ne regardent pas l’avenir avec un grand optimisme : toujours selon la CCI, 35% des commerçants pensent que la situation va évoluer de manière défavorable pour leur activité au premier semestre 2021, contre 31% sur l’ensemble des activités. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cela. D’un côté, le développement du télétravail signifie moins de déplacements vers les villes. De l’autre, sans restaurants, bars ou salles de sport, il est plus difficile de s’accorder des moments de détentes, propices à flâner dans les boutiques.

Pourtant, malgré ce pessimisme pour la reprise rapide de l’activité, seulement 22% des commerçants estiment que la poursuite de leur activité pourrait être mise en danger en 2021, contre 25 % pour l’ensemble des activités. On a donc des commerçants peu confiants en l’avenir pour une amélioration rapide de leur activité, mais qui ne semblent pas redouter une situation qui deviendrait trop difficile. Il y a donc tout de même des motifs d’espoir.

À quelques jours de l’anniversaire du premier confinement, le panorama économique de l’année écoulée à Strasbourg et aux alentours n’est pas bon, et ce n’est pas une surprise. Commerces tenus à bout de bras par les aides, chute libre de l’intérim, hausse du chômage, tout cela sont autant d’indicateurs qui ne présagent pas de lendemains qui chantent. Néanmoins, cette année a aussi permis à de nombreux commerces de se doter d’une vraie offre numérique, ce qui va leur permettre d’envisager plus sereinement les années à venir. Alors, malgré toutes les difficultés qu’ont endurées nos travailleurs et nos commerçants, on ne peut qu’espérer que dans un an, les choses se soient améliorées.

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