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Pétrole et nature, richesse et HLM : immersion dans le quartier contrasté de la Robertsau

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Ces temps de confinement nous permettent de nous poser un peu plus. De prendre davantage le temps de réfléchir et de se poser des questions. Et peut-être que certains d’entre vous réfléchissent à Strasbourg, notre belle ville, qui a de beaux secrets à nous faire découvrir, au détour de ses quartiers. Pour vous la faire connaître encore davantage et vous faire un peu voyager durant cette période compliquée, voici une série sur différents quartiers strasbourgeois : aujourd’hui, partons au vert, toujours avec notre attestation, dans le quartier de la Robertsau !

Pour redécouvrir la Petite France, le quartier Gare ou encore le quartier de la montagne verte, cliquez sur le nom des quartiers !

Une origine qui en dit beaucoup sur le quartier d’aujourd’hui

Pour comprendre très vite de quel type de quartier l’on parle lorsqu’on s’intéresse à la Robertsau, intéressons-nous simplement à l’étymologie du nom. En allemand, Robertsau se dit Ruprechtsau (en éternuant dans votre coude). Si l’on pianote ces quelques lettres dans notre ami Google Traduction on obtient… rien du tout. En fait, le nom est composé de Ruprecht, un nom germanique proche de notre Robert français, et de aue, qui signifie « prairie », « pâturage » et/ou « rivière ». On pourrait donc traduire grossièrement la Robertsau par « la prairie de Robert ».

Ce Robert et sa prairie, figurez-vous qu’ils ont réellement existé ! C’est l’histoire d’un chevalier qui s’appelait Robert Bock et qui fit construire un château dans les environs au 13ème siècle. Pas de bol pour les passionnés d’histoire, on ne retrouve aucun vestige du château de nos jours. Néanmoins, ce ne sont pas les monuments de renom qui manquent, comme le château de Pourtalès, dont on parlera plus loin, ou encore la ferme Bussière.

L’eau et la nature, les deux piliers de la Robertsau. © Nicolas Kaspar/Pokaa

Un quartier verdoyant qui s’urbanise progressivement

Dès l’examen de son nom, on comprend que la Robertsau est donc entourée d’eau et pleine de vert. Le quartier se développe d’abord par la venue de pêcheurs, de dragueurs de gravier – drague c’est le nom d’un type de bateau, pas de ta propension à séduire au temps du Covid -, de constructeurs de bateaux et de paysans. Avec autour de lui l’Ill, le canal de la Marne au Rhin et le Rhin. Niveau ressources, l’agriculture de l’époque s’intéresse beaucoup au crottin de cheval près des casernes et se spécialise dans le maraîchage.

Pourtant, quand on pense à la Robertsau aujourd’hui, on pense davantage « bourgeois » que « crottin ». Et effectivement, le caractère charmant et bucolique de l’endroit rempli de vert, combiné à une situation peu reluisante dans le Strasbourg du 18ème siècle, fait que les nobles se font la même réflexion que les Parisiens au temps du Covid et partent se mettre au vert. Le quartier est alors peu urbanisé, parce que les fréquentes inondations rendent difficile l’implantation de bâtiments plus substantiels.

Tout cela change au 19ème siècle. Le hasard fait quand même bien les choses : les inondations deviennent moins fréquentes, grâce à l’endiguement du Rhin, en même temps que la période de la Révolution industrielle ! Ni une ni deux, la Robertsau s’urbanise. Une fabrique de bougies et la Papeterie de la Robertsau, qui remplace un moulin sur le Muhlwasser en 1872 et utilise l’énergie hydraulique, s’installent. Le maraîchage devient le secteur économique majeur du quartier et le tissu urbain change progressivement. Désormais, le bâti urbain côtoie les maisons traditionnelles à colombages, que l’on retrouve encore aujourd’hui.

La Rob’ : un quartier résidentiel riche et prestigieux

Lorsque l’on se prend à flâner dans la Robertsau, on retrouve ce mélange des origines évoqué plus haut. On se laisse facilement happer par le côté bucolique de l’endroit, à tel point que l’on se croirait complètement isolé de Strasbourg. Après une dizaine de minutes occupées à vaquer dans le quartier pour observer le paysage, on remarque une chose : difficile de trouver une habitation, traditionnelle ou plus récente, qui ne possède pas sa petite touche de couleur. On va de parc en parc, de jardin en jardin et l’atmosphère y est plaisante, dépaysante même, alors que la Robertsau ne se trouve qu’à une vingtaine de minutes du centre de Strasbourg, à vélo comme en tram.

Pour ne rien gâcher, le quartier ne manque pas de prestige. Si l’on peut chipoter de leur place exacte – une partie dans le quartier du Wacken, une autre à la Robertsau – impossible de ne pas mentionner les institutions européennes lorsque l’on parle de la Rob’. Sa partie sud est en effet intégrée au quartier européen, fleuron institutionnel de notre ville. On y trouve donc le Palais des droits de l’homme, la Pharmacopée européenne et l’Agora du Conseil de l’Europe. On peut y ajouter le Parlement européen et le Conseil de l’Europe.

Ce prestige européen couplé au caractère historique et bucolique du quartier sont autant de raisons expliquant le pouvoir d’attrait fort que possède la Robertsau. Le quartier garde encore, dans la tête des Strasbourgeois, une image aisée, avec des personnes à forts revenus qui viennent s’y mettre au vert. Seule la Cité de l’Ill, construite à la fin des années 50, avec sa tour Schwab reconnaissable entre mille, abrite des populations aux revenus moins aisés.

La tour Schwab en arrière-plan. © Nicolas Kaspar/Pokaa

Un Port aux pétroles qui pose question

Néanmoins, le quartier a tendance à perdre quelque peu de sa superbe ces dernières années, malgré une accessibilité en tram renforcée. Cela n’a rien à voir avec la verdure qui l’entoure ou le désamour de l’Union européenne. Davantage avec une question d’odeur. En 1924 débutent en effet les travaux du Port aux pétroles. Ils finissent en 1927 et si le Port aux pétroles se retrouve bombardé lors de la Seconde Guerre mondiale, il est agrandi en 1960. Il en résulte un endroit considérable où sont regroupées sept sites classés type Seveso, dont on vous parlait déjà ici pour les risques que de tels sites font courir sur tout un quartier.

À seulement quelques encablures de la magnifique église orthodoxe, ce Port aux pétroles fait (re)sentir aux habitants de la Robertsau un fort sentiment d’inconfort. Nombreux sont ceux – dont mes parents – qui n’ont plus voulu vivre dans le quartier à cause des odeurs et des risques liés à ce port. Les jardins aux alentours ne peuvent pas être arrosés pour cause de nappe phréatique trop polluée et la Rob’ a même le droit à son propre incinérateur de déchets dangereux. Quelle chance. Évidemment, lorsque l’on se promène là-bas, le flânerie n’est pas recommandée. C’est dur, froid et pas franchement poétique. En même temps, difficile de rendre romantiques les hydrocarbures dans nos narines.

Du vert, une forêt et un château

Terminons néanmoins sur le point positif de cette grande balade dans la Robertsau, avec ce qui est objectivement la plus grande qualité du quartier : sa verdure. Considérée comme le « jardin de Strasbourg », la Rob’ recèle de nombreux trésors pour ceux qui sont en recherche de plus de vert dans leur vie. On vous avait déjà parlé de celle qui borde les maisons et les lignes de tram. Mais, l’espace d’un instant, laissez-vous aller au sein du parc de Pourtalès et dans la forêt de la Robertsau.

Le premier s’obtient en s’enfonçant quelque peu dans la Robertsau, délaissant les habitations pour un décor qui n’est pas sans rappeler la campagne alsacienne. C’est tout vert, les pistes cyclables y sont légions et l’on se prend à observer le calme des environs. Là encore, difficile de se dire qu’on est à Strasbourg. On se retrouve dans le parc de Pourtalès, à l’aspect sauvage, peu entretenu dans le bon sens du terme, laissant la place à la nature pour se développer comme il se doit.

© Nicolas Kaspar/Pokaa

Si le parc est connu pour la tragédie de 2001, où un platane déraciné tua 13 personnes et en blessa 97 autres, c’est surtout là où se trouve le très beau château de Pourtalès, théâtre de nombreuses représentations en plein air et détenteur d’une histoire qui mériterait un autre article. On se laisse porter par l’immensité des lieux, l’aspect calme d’une après-midi d’automne où les couleurs des feuilles donnent un aspect poétique et doux à l’ensemble. Après un bon bol d’air frais, on s’enfonce encore un peu plus dans les bois, jusqu’à atteindre la forêt de la Robertsau.

© Nicolas Kaspar/Pokaa

Cette dernière est classée depuis le 27 juillet dernier comme réserve naturelle nationale, comme on vous l’expliquait ici. Elle devient en cela la 10ème réserve naturelle d’Alsace et fait désormais partie des 30% de surface terrestre protégée en France. Elle attend maintenant son gestionnaire et la ville de Strasbourg s’est naturellement portée candidate.

Lorsque l’on s’y promène par bon temps, on peut respirer l’air frais des arbres qui nous abritent du soleil et apprécier les différents jeux de lumière qui s’y déroulent une fois le soleil un peu plus bas. Lorsqu’on s’y promène par temps de pluie, il y règne presque une atmosphère mystique, où des créatures magiques sortiraient des fourrées. Vraiment, visiter la forêt de la Robertsau lorsqu’il pleut et avec de la musique contemplative dans les oreilles, c’est une expérience à ne pas rater !

On repart avec l’esprit plus léger de ce petit détour par le quartier de la Robertsau. Malgré le Port aux pétroles qui gâche le paysage, la Rob’ donne un vrai shoot d’oxygène dans nos existences de plus en plus exiguës. Un quartier où se bousculent l’ancien et le nouveau et où à n’importe quel coin de rue, vous pourrez croiser de la verdure. Une adresse à garder en tête le jour où l’on pourra à nouveau tous ressortir.

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