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Du folk et de l’énergie en barre : avec le musicien strasbourgeois Thomas Schoeffler Jr

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Crédit photo de couv : Patrick Principe

La scène locale est décidément surprenante. Thomas Schoeffler Jr, avec son air de prof de techno dévoué, en est un exemple saisissant. Ce musicien à la voix nasillarde, Strasbourgeois d’adoption, est un guitariste au doigté énergique, un mec d’ici, simple et passionné. Il est un spécimen rare dans l’univers de la musique folk, country, blues et bluegrass, surtout en Alsace. Ses compositions, multi-instrumentales, sont des prouesses techniques. Une guitare, un harmonica, un tambourin, des pédales qu’il gère en symbiose…il est son propre orchestre. Nous avons rencontré, toujours à distance, ce personnage tout en douceur qui ne fait rien d’autre que ce qu’il aime : jouer et partager la musique qu’il écrit et qu’il compose, en anglais, avec en filigrane un joli petit accent français parfaitement assumé.

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Crédit photo : Éric Antoine

Un pur musicien alsacien garanti sans OGM

Thomas est un pur produit alsacien, un musicien issu du terreau local. Né au milieu des années 70, il a grandi dans la campagne alsacienne, du côté de Mulhouse. Une enfance bercée par l’ennui qui l’envahissait lorsqu’il restait les fesses posées sur les bancs de l’école. Comme bon nombre de gosses rêveurs il avait ses priorités :

“J’aimais davantage lire des BD que faire mes devoirs, regarder le TOP 50 plutôt que de ranger ma chambre, jouer avec mes copains dans la rue devant chez nous plutôt que de ratisser les feuilles du jardin”

Petit, la musique l’apaise, elle est l’un de ses compagnons les plus assidus. Thomas n’était pas le gros dur de la classe, c’était un timide, un angoissé, il avait peur du noir. Heureusement qu’il pouvait compter sur la musique jouée sur un petit post à K7 qu’il branchait le soir. Ses parents avaient bien une discothèque, mais les sons qui tournaient en boucle lui en touchaient une sans faire bouger l’autre. Thomas voulait autre chose.

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Crédit photo : Vicent Assié

Pour le musicien, les mots ont toujours eu un sens, un écho. Et puis un jour il a fallu étudier, bosser. Il s’est donc formé à un métier tourné vers l’humain : Infirmier. C’était peut-être pour lui un moyen de lutter contre une forme de timidité.

Alors, un Bac L et un diplôme plus tard, il s’est installé à l’hôpital militaire de Metz pour y exercer le métier pour lequel il avait cravaché. Une structure de soin par ci, un hôpital par là : Thomas a pratiqué le métier d’infirmier pendant 15 ans. Puis, oh surprise, il a souhaité devenir intermittent du spectacle. Nous sommes alors en 2013.

Des révélations musicales marquantes, des influences allant de Béruriers Noirs à Led Zeppelin

Thomas, comme beaucoup d’entre nous, s’est gavé de musiques diverses, notamment à travers les médias mainstream. Rolling Stones, Joan Baez, Jean-Jacques Goldman ou Louis Chedid. Puis, entre deux top 10 des meilleurs sons sur MTV, se sont glissés quelques westerns qui mettaient en images un univers “Far West” dans lequel il se reconnaissait.

Surtout, ces films qui tournaient sur tube cathodique, mettaient en musique l’univers extraordinaire du génie Ennio Morricone. Les acteurs de l’époque, les figures marquantes de l’Amérique et de ses grands espaces, étaient entré dans sa vie. Et puis un jour, après avoir balayé la plupart des titres que ses parents passaient en boucle sur le dancefloor, une K7 est apparue, un pote lui avait prêté celle de Led Zeppelin. C’est LA révélation.

“J’ai écouté cette compilation un nombre incalculable de fois, puis j’ai remonté le fil de leur musique et me suis intéressé au blues, au rock, au folk. Alors je me suis trouvé une guitare et puis j’ai essayé de faire comme Jimmy Page.”

Mais étrangement… le son de Stairway to Heaven ne sonnait pas tout à fait comme le maître guitariste de Led Zep. Alors, la volonté de s’approprier une musique Made In Schoeffler, de créer ses propres sons, ses propres riffs (mélodie courte au rythme marqué), s’est emparée de lui. Place à la création brute, à partir de rien. Seulement lui, ses deux pieds et ses deux mains.

“J’ai vite compris que je n’aurais pas la patience de passer des heures à essayer de reproduire des riffs et des solos que d’autres avaient écrit. Alors, assez vite, j’ai voulu écrire mes propres chansons. L’avantage de la guitare, c’est qu’avec peu de technique tu peux déjà exprimer beaucoup de choses.”

Des centaines de cordes cassées, un acharnement qui paye

Thomas s’est donc mis à écrire des balades, des morceaux puissants, souvent tristes, des chansons épiques accompagnées de longs solos d’harmonica. Mais il s’est aussi mis à composer des chansons plus rock, avec de la saturation et des “bottleneck” (tube de verre ou de métal placé sur son doigt pour faire vibrer fortement les cordes) en folie qui filaient dans tous les sens.

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Crédit photo : Vincent Assié

Au fil des années, ses morceaux se sont aiguisés, toujours avec la même trame, du Thomas Schoeffler tout craché. Des musiques pour les laissés-pour-compte, des histoires d’amour qui finissent mal, des “murder ballads” ou autres gospels plaintifs. De la country affirmée sur fond de blues ajouté à une jolie chemise à carreau et d’un joli rocking chair.

Pas pour le cliché, et encore moins pour la postérité. Simplement parce qu‘il aime cet univers et ses attributs. Autant de petits détails qui font de Thomas Schoeffler un OVNI, ou un OMNI pour être plus précis. Thomas incarne en musique, et à l’aide de sa voix, une partie des personnages lointains qu’il a aimés ou imaginés, il les fait vivre en chanson, c’est son exutoire, les planches de son propre théâtre.

“Les personnages de mes chansons essaient de se battre contre la prédétermination, ils essaient d’avancer dans un monde où tout peut sembler avoir été écrit à l’avance contre eux, et où il s’agit de se frayer un chemin pour exister !”

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Crédit photo : Bartosch Salmanski

Un homme orchestre…

Il se met alors à apprivoiser la difficile et très technique formule du “one man band”, (le fait de jouer de plusieurs instruments à la fois). C’est l’artiste texan Scot H Biram qui lui avait soufflé l’idée. C’était sa seconde révélation. Avec le guitariste de Led Zep, Thomas avait trouvé deux mentors desquels il allait s’inspirer tout au long de sa carrière. Et puis le “one man band” implique une gestuelle, une synchronisation, beaucoup de travail, c’était donc un nouveau challenge pour Thomas, et les challenges il aime ça.

Son premier concert ? Il l’a fait sur la scène du bar chez Jeannette et les Cycleux, plus local tu meurs. Mais le premier show, même dans un bar des plus convivial, n’est jamais, JAMAIS facile :

“Je n’en ai pas dormi de toute la semaine à l’idée de jouer seul devant un public. Le concert n’a vraiment pas été bon, mais j’ai tout de suite voulu en faire d’autres et j’ai donc continuer à m’entraîner quotidiennement pour m’améliorer.”

De fil en aiguille, Thomas s’est implanté sur la scène locale, une scène très active à l’époque, notamment pour les petits musiciens. Depuis, bon nombre d’établissements qui donnaient la chance à des projets comme celui de Thomas ont disparu ou ne font plus de concerts… Heureusement certains subsistent encore.

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Crédit photo : Patrick Principe

Les hôpitaux dans le rétro

Thomas participe alors à des tremplins, il est même soutenu par l’association Zone 51 qui a été la première à croire en lui. Un contact en amenant un autre, il s’est retrouvé devant les portes du label Hell Prod, et tout s’est emballé.

Thomas a du investir dans de grandes valises, des valises qui baladeraient tous ses instruments à travers la France et bien plus loin encore… autant de nouveaux terrains de jeu et d’expérimentations musicales. C’était fait, il était devenu un artiste complet et reconnu. Le métier d’infirmier était désormais derrière lui et les routes grandes ouvertes. Son job c’était désormais sa voix, ses instruments, sa blouse resterait désormais définitivement aux vestiaires.

Aujourd’hui Thomas se produit en France mais aussi en Suisse, au Quebec ou en Chine ou il a réalisé une tournée de trois semaines en 2017.

Sa ville c’est désormais Strasbourg, même si Mulhouse reste celle où il a grandit, ou il a tout appris. Elle reste sa ville de cœur.

Quelques concerts sont prévus prochainement dans le coin, mais les dates ne sont évidemment pas encore scellées… Cependant ses trois albums, eux, sont bien figés dans le temps :

  • Daddy’s not going home (2011)
  • Jesus shot me down (2014)
  • The Hunter (2017)

Prochainement, Thomas sortira un nouvel album avec le groupe Les Rusty Rifles, un projet qui s’éloigne de la formule one man band mais soutenu entre autre par le label de Dirty Deep et des Bad Juice.

“Je suis très fier de cet album et j’espère que ceux qui m’ont connu en solo l’apprécieront autant que moi !”

Et comme tout le monde, Thomas est confiné, habituellement il répète à La Laiterie grâce à La Plateforme. Privé de son terrain de jeu, on lui a demandé comment il passait ses journées :

  • Il se passe comment ton confinement ? En musique ?

Jusqu’ici tout va bien.

Je lis beaucoup, je joue de la guitare. J’essaye d’apprendre le finger-picking qui est une technique qui m’a toujours échappé. Je passe beaucoup de temps à faire et refaire les mêmes, ça me donne l’impression de reprendre la guitare depuis le début et c’est plutôt agréable. J’essaye également de faire des exercices pour ne pas trop m’encroûter… Et surtout nous prenons un jour après l’autre. On essaye de ne pas trop faire de projection et de ne pas céder à la panique en regardant trop souvent les réseaux sociaux…

  • Un conseil pour les jeunes musiciens en herbe ?

De s’amuser et d’y aller à fond ! De jouer la musique pour laquelle ils se sentent le plus unique, de ne pas forcément essayer de coller à ce qui est à la mode. Et puis surtout d’aimer la routine de la pratique quotidienne de son instrument ! Personnellement, je peux prendre autant de plaisir à jouer devant 500 personnes que de jouer seul dans mon salon ou dans le local où je répète. Car, finalement, la musique je la joue surtout pour moi-même. Pour m’évader, pour me raconter des histoires, pour faire travailler mon imaginaire… Après tout, je suis juste un p’tit gars de Mulhouse qui s’amuse toujours à se prendre pour un cow-boy !

***

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Un grand merci à Thomas Schoeffler Jr

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