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Fabriquer son masque de protection soi-même : une bonne solution ?

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Depuis le début de la pandémie du Covid-19, de nombreux établissements médicaux et personnels soignants alertent sur le manque de masques pour exercer leur activité en toute sécurité. Dès le 17 mars, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye reconnaissait des “difficultés logistiques” dans la fourniture de masques. Si le ministre de la Santé confirmait, il y a quelques jours, la commande de près d’un milliard de masques à la Chine et une réorientation de notre industrie textile et du papier vers la confection de ces protections, en attendant, la pénurie impacte de nombreux secteurs d’activités. Voilà pourquoi de nombreuses initiatives fleurissent sur les réseaux, invitant ceux qui le souhaitent à confectionner eux-mêmes des masques en tissu. Mais ces protections de fortune sont-elles réellement efficaces ?

FFP2, masque chirurgical, inutile, ou bien utile, mais seulement pour les soignants : en pleine pandémie du Covid-19, les discours sont parfois peu intelligibles. À force d’entendre tout et son contraire, on a du mal à s’y retrouver. Pour ceux qui ne font pas partie du personnel médical, les termes employés pour décrire ces dispositifs de protection sont rarement familiers, mais ils recouvrent une réalité plutôt simple à comprendre. Depuis le début de la crise sanitaire, deux types de masques sont cités. Le masque FFP2 et le masque chirurgical : deux types de masques, pour deux protections différentes. 

  • Le FFP2, pour se protéger soi-même

Le FFP2 est un masque dit de “protection individuelle”, il dispose d’un système de filtration positionné sur le dessus du masque. Il est destiné à protéger celui qui le porte de l’inhalation de gouttelettes et de particules en suspension en l’air au sein desquelles se niche le virus. Il est donc réservé aux personnes qui sont directement exposées aux personnes infectées et donc au virus, c’est-à-dire, le personnel soignant. Le masque FFP2 est particulièrement difficile à porter, car celui-ci est inconfortable, nécessite une inspiration particulièrement forte, et doit être porté d’une manière très précise.

Masque type FFP2
  • Le masque chirurgical, pour protéger les autres

Le masque chirurgical quant à lui, protège l’environnement.Concrètement, il empêche de contaminer les personnes autour de soi. Il ne filtre pas l’air, mais empêche la propagation dans l’environnement des particules de salives potentiellement contaminées par le virus.

Masque type chirurgical


Efficacité des masques en tissu : des avis partagés

Sur les plateaux de télévision, les membres du gouvernement et plusieurs professionnels du milieu médical ne cessent de rappeler que le masque chirurgical n’a d’utilité que pour les personnes malades, infectées par le Covid-19. Il ne sert donc à rien que l’ensemble de la population porte un masque pour protéger son entourage d’un virus dont il n’est pas porteur. Néanmoins, le Covid-19 possède une caractéristique à ne pas négliger, qui le rend particulièrement difficile à repérer. Comme le déclarait le ministre de la Santé Olivier Véran au cours d’une interview sur BFM TV : “80% des gens ne font pas ou peu de symptômes, donc c’est un virus asymptomatique ou bénin chez l’immense majorité des Français.” Des chiffres appuyés par un rapport de l’OMS.

On peut donc être porteur, sans ressentir aucun symptôme et ainsi contaminer sans s’en douter d’autres personnes. D’où l’importance de respecter les gestes barrières, qui sont, encore une fois, indispensables pour limiter la propagation du virus. Mais porter un masque est-il utile ? Entre communication politique et imprécisions, difficile d’obtenir une réponse claire.

Le gouvernement ne reconnaît que les dispositifs médicaux certifiés, et la plupart des professionnels invités par les médias déconseillent le port de masques en tissu. Ces derniers rappellent que ces masques de fortune n’ont rien à voir avec un masque chirurgical et qu’ils ne sauraient en aucun cas le remplacer. Ils mettent en doute leur efficacité ou pire, les jugent dangereux, dans le cas où le porteur se sentirait protéger par ce dispositif et prêterait ainsi moins attention au respect des gestes barrières. Une illusion qui produirait alors l’effet inverse de celui recherché. 


Une efficacité faible, mais efficacité quand même

Pourtant, si l’ensemble des acteurs du monde médical s’accordent sur le fait qu’un masque en tissu ne peut pas avoir la même efficacité qu’un vrai masque chirurgical, de nombreux professionnels prennent la parole et jugent qu’à défaut d’avoir mieux, ces protections valent mieux que rien, notamment face à la pénurie de masques que connaît le pays. Une étude menée en 2013 par des scientifiques britanniques a notamment comparé des masques chirurgicaux à des masques en tissus. Résultat ? Au cours des tests, le masque chirurgical s’est avéré 3 fois plus efficace. Mais les auteurs concluent, que si le masque en tissu ne doit être considéré qu’en dernier recours, il est toujours mieux d’en porter que pas du tout.

Pour certains, l’unique fait de réduire le touché “main-bouche” lorsque l’on porte un masque, est bénéfique pour limiter la transmission. Pour d’autres, le masque en tissu peut réduire la propagation des microgouttelettes (au sein desquelles trouve le virus Covid-19) émises par le porteur lorsqu’il parle, tousse ou encore éternue mais seulement, grâce aux propriétés de matières bien précises.

Car attention, un masque confectionné avec un tissu choisi au hasard, en coton par exemple, est inefficace et pour une bonne raison : la largeur de son maillage. Autrement dit, plus les mailles de tissu seront serrées, moins celles-ci laisseront passer de microscopiques gouttelettes. L’objectif est évidemment de s’approcher le plus de la matière développée pour les masques chirurgicaux classiques. Et les tissus que nous avons l’habitude de porter et d’utiliser, en sont très loin. Donc fabriquer des masques soi-même oui, mais sous certaines conditions. Dans le cas contraire, ils risquent de passer d’une efficacité déjà faible, à nulle.


Quelles recommandations suivre pour en fabriquer ?

Lorsqu’on parle de masques à fabriquer chez soi, on parle bien de tenter de reproduire, les caractéristiques et les qualités du masque chirurgical afin d’éviter de contaminer son environnement dans le cas où l’on serait infecté par le Covid-19. Les autres types de masques (FFP2), permettant de protéger le porteur, ont une technologie bien précise qu’il n’est pas possible de reproduire soi-même. Dans tous les cas, il ne s’agit en aucun cas de dispositif médical et leur efficacité n’est pas comparable.

Pour la fabrication d’un masque un tant soit peu efficace, on peut se reporter à plusieurs publications de professionnels du textile ou bien du médical. S’il rappelle qu’il ne recommande pas la confection de masques maison, le laboratoire de Physique et Mécanique Textiles de l’université de Haute-Alsace a cependant partagé un document sur lequel figure quelques recommandations à respecter. Il conseille de constituer le masque en trois couches. La couche extérieure doit être hydrophobe, autrement dit, imperméable. Quant à la couche du milieu, elle doit “être constituée de fibres très fines et de pores petits pour arrêter au mieux la molécule biologique qui aura traversé la première couche.

Ensuite, pour des tutoriels plus précis, on peut se référer à trois modèles. 


-> Le masque du CHU de Grenoble avec filtre en molleton fin ou polaire fine

Le tutoriel proposé par le CHU de Grenoble prévoit un masque composé de deux couches de tissus en coton qui constitueront les parois extérieures du masque ainsi qu’une couche de molleton qui sera elle, disposée entre les deux couches et fera office de filtre. L’ensemble est ensuite tenu à l’aide d’un élastique qui permettra de fixer le masque derrière les oreilles. Si le matériau employé pour la couche du milieu ne possède pas de qualités filtrantes comme le molleton ou bien la polaire qui sont conseillés dans ce guide, aucune efficacité n’est garantie. Retrouvez le tuto du CHU de Grennoble ici.

© CHU de Grenoble


-> Le masque d’une ingénieure textile avec des lingettes dépoussiérantes

Bérangère, “ingénieure textile le jour et blogueuse couture la nuit” comme elle aime à se décrire, a choisi de prodiguer ses conseils à travers son œil d’experte du tissu. Pour elle aussi, le masque doit être doublé afin d’y insérer une troisième épaisseur au milieu qui aura un effet filtrant. Néanmoins, elle précise que l’épaisseur du filtre n’est en aucun cas gage d’efficacité : “ Si vous avez déjà eu entre les mains un vrai masque chirurgical, essayez de vous rappeler l’épaisseur de ce dernier. C’est assez fin. Si vous souhaitez faire des masques confortables (que vous ne retirerez pas au bout de 3 minutes car vous serez gêné pour respirer) , oubliez dès aujourd’hui la ouatine, le polaire, l’éponge, la feutrine, le minky, le PUL.” Voilà pourquoi, la jeune femme explique qu’un mouchoir en papier, du papier toilette (les deux sans parfum) ou encore un filtre à café peuvent fonctionner. Mais ce sont avant tout les lingettes dépoussiérantes antistatique 100% polyester (mais attention encore une fois sans aucun parfum !) qu’elle estime les plus efficaces : Le fait est que la technologie de fabrication des lingettes dépoussiérantes antistatiques et la même que les tissus constituants les fameux masques 3 plis !Elle ajoute que le polyester va permettre d’attraper tout ce qui va passer près du filtre car celui-ci s’électrise rapidement. Pour accéder à son article de vulgarisation et découvrir son tuto, c’est par ici.


-> Le masque pour les non-couturiers

Le professeur Daniel Garin est médecin du travail chez ARTELIA-MT2i, professeur agrégé du Val de Grâce et ancien médecin du Service de Santé des Armées et expert en risque biologique et infectieux. Dans une vidéo publiée sur YouTube par le laboratoire TIMC lab, une unité de Recherche du CNRS, il explique comment confectionner un masque soi-même à l’aide d’une simple serviette en papier ou d’un essuie-tout, avec une agrafeuse et des élastiques. Il conseille de plier la serviette en accordéon et explique que cet écran va absorber les gouttelettes et ainsi éviter la contamination de son environnement. Les matières choisies vont permettre d’avoir un masque “tout à fait étanche”, qu’il faudra cependant changer “à partir du moment où il deviendra un petit peu humide”, puisqu’il s’agit d’un masque à usage unique. 


Pour qu’il soit efficace, le port du masque s’accompagne de gestes indispensables !

Au moment de la confection : 

Il est indispensable de se laver les mains avant de toucher les matériaux qui vont composer son masque et de débuter la confection. Il faut aussi choisir une surface propre sur laquelle travailler.

Au moment du porté : 

Il faut faire attention à bien le positionner. Il doit être correctement ajusté sur le visage, bien collé sur le nez et sous le menton sans qu’il y ait d’espace. Une fois positionné, il ne faut plus le toucher avec les mains, plus jamais ! 

Il doit être porté durant une courte durée par exemple 1 à 2 heures le temps de faire ses courses. Et il faut le changer lorsqu’il devient humide. Bien évidemment, l’ensemble des gestes barrières doivent tout autant être respectés même pendant le port du masque !

Au moment de l’enlever : 

Avant toute chose, il est nécessaire de se laver les mains avant de vouloir enlever son masque. Ensuite, il faut ôter le masque via les élastiques ou les rubans sans toucher la partie avant en tissu, puis le déposer dans un sachet plastique. Fermer le sachet plastique et le jeter s’il s’agit d’un masque en serviette ou papier à usage unique. S’il s’agit d’un masque en tissu, il faut retirer le filtre situé dans la doublure et le jeter de la même manière. Pour le reste du masque en tissu qu’il faut également nettoyer, il est possible de le passer à la machine en cycle classique, à 40 degrés par exemple. Il ne doit pas être réutilisé avec un nouveau filtre avant d’avoir été lavé. Après avoir jeté le masque ou le filtre, il est important de se laver à nouveau les mains, au savon de préférence, ou bien avec une solution hydroalcoolique.


Un groupe pour coordonner la confection de masques en tissu à Strasbourg

De nombreux groupes se sont réunis autour de la confection de masques sur tout le territoire français. À Strasbourg, l’action citoyenne la plus importante est celle coordonnée par le groupe Mask Up.

Capture d’écran du groupe Facebook Mask Up

Sophie est à l’initiative des groupes et de la page Mask Up (anciennement Mask Attack). L’ancienne journaliste est révoltée par le manque de masques chez le personnel soignant et remarque dès les premiers jours du confinement que des patrons de masques circulent dans les groupes de couture qu’elle fréquente. Elle finit par en confectionner elle-même pour se protéger. Face aux nombreuses sollicitations de son entourage, elle décide alors de créer le groupe Mask Up et lance une grande action solidaire de confection de masques à destinations des personnes exposées au Covid-19. Aujourd’hui, Sophie a été rejoint par Théo, Elina et Romain :On s’est rendus compte qu’on faisait la même chose, qu’on avait le même objectif. Théo avait les contacts, Elina et Romain avaient les moyens techniques et on partage les mêmes valeurs de solidarité et de gratuité.

Composé de plus de 300 membres, le groupe permet de réunir les couturiers.ères, les entreprises et les organismes et personnes en demande de protection durant cette crise sanitaire du Covid-19. L’EHPAD de l’Orangerie, le Nouvel Hôpital Civil de Strasbourg, des laboratoires d’analyse médicale, la clinique Saint-Anne de la Robertsau ou bien de simples particuliers commerçants ou caissiers, ils sont nombreux à être approvisionnés par les volontaires présents sur le groupe.

Informée du fait que des particuliers et entreprises locales produisent actuellement des masques en tissu en Alsace, l’Agence Régionale de Santé du Grand Est (ARS) explique que les dispositifs confectionnés par les entreprises locales ont été validés par la Direction Générale de l’Armement et garantissent ainsi un niveau minimum de filtration. Elle estime que dans ces conditions :Ces masques peuvent constituer un premier niveau de protection pour les personnes non-soignantes.Sous certaines conditions encore une fois, et contraintes de fabrication, l’utilité des masques en tissu semble être reconnue. Bien évidemment, l’ARS, ainsi que le Centre d’appui pour la Prévention des infections associées aux soins du Grand Est (CPIAS) :ne recommandent pas l’utilisation de masques en tissus pour les soignants aux contacts des patients.


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