Après 12 années sous le règne du roi Roland, le trône de Strasbourg se libère et les prétendants sortent désormais à visage découvert. Ce 15 et 22 mars, le ou la prochaine(e) Maire de Strasbourg sera élu(e). Un vote qui ne changera pas forcément le monde dans lequel nous vivons, mais qui par contre peut changer le visage de nos rues, de nos nuits et de ce qui rythme notre quotidien. Le résultat de ces élections municipales marquera le début d’une nouvelle histoire pour la ville et ceux qui l’habitent. C’est donc tout naturellement qu’on s’est décidé à vous présenter les candidats à notre belle mairie, pour que vous puissiez y voir plus clair. Aujourd’hui : Clément Soubise, candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) aux élections municipales.
Sa vie et son engagement politique
Clément Soubise a 32 ans et est cheminot à Strasbourg dans un poste d’aiguillage. Il est arrivé à Strasbourg en suivant quelqu’un, à la fois pour les études et le travail. Il réalise des études en sciences sociales après le Bac, tout en travaillant à mi-temps en parallèle. Il passe ses diplômes, et obtient une licence. Par la suite il a travaillé dans différents secteurs, et notamment dans le bâtiment, avant d’aller à la SNCF. S’il ne joue pas sa carrière sur ces élections, il a tout de même décidé de se présenter, dans la continuité des mouvements de grève du 5 décembre – jour du début des grèves contre la réforme des retraites, ndlr.
« C’est une façon de défendre nos intérêts, de faire de la politique à notre échelle, d’imposer la voix des travailleurs dans le paysage politique. Avec les élections municipales qui arrivent, on a l’intention de continuer à faire ça. On veut les investir et y faire irruption, pour porter cette voix dissonante au Conseil municipal. »
La liste qu’il mène, Strasbourg anticapitaliste et révolutionnaire, est soutenue par le NPA. Avec des travailleurs et des travailleuses, en emploi ou pas. Des retraités et beaucoup de jeunes aussi. Mais qui partagent un point commun : « Ils ont tous pris part dans les mobilisations de ces dernières années et qui ont un ras-le-bol des fins de mois difficiles, des loyers qui montent. Qui en ont marre de cette société et qui aimeraient la changer, et qui ont monté cette liste pour le dire. »
Ses actions politiques
Son engagement politique, « au sens noble » comme il aime le dire, remonte à des années. Mais il n’est pas le seul dans ce cas : « Qu’ils le sachent ou non plein de travailleurs font de la politique. » Au niveau de son engagement récent, depuis le 5 décembre, il y a eu se mettre en grève, organiser des Assemblées générales, élire un comité de grève, manifester… En quelque sorte, comme il le précise : « tenter de peser au-delà de nous-mêmes, de convaincre au-delà de nous-mêmes de la justesse de ce que l’on défend et de l’opportunité de nous rejoindre. »
Selon lui, les motivations de cet engagement sont évidentes : l’alternance gauche-droite au niveau national ne fait que dérouler le programme du MEDEF – le Mouvement des entreprises de France est une organisation patronale fondée en 1998, représentant des entreprises françaises, ndlr. Face à cet état de fait qu’il constate, Clément Soubise se bat pour gagner « les conditions d’une vie digne, pour défendre nos intérêts les plus élémentaires. »
« Faire grève ça ne nous amuse pas non plus. les payes à 0 € c’est bien pour personne. mais on y est contraint par des gens qui nous mettent des réformes des retraites et des réformes de l’assurance-chômage. »
Ces engagements se sont par la suite traduits par des actions concrètes. Pendant la dernière grève ils ont fait une opération de péage gratuit. Sur invitation des Gilets Jaunes, ils sont allés à Schwindratzheim. Ils ont levé les barrières et mis en place une caisse de grève pour permettre aux automobilistes, s’ils le souhaitaient, de donner un peu d’argent afin de soutenir notre mouvement. Et selon Clément Soubise “cela a marché du tonnerre.”
« Des tas de secteurs étaient en lutte au départ de la manifestation contre la réforme des retraites et on a eu de bons rapports avec les Gilets jaunes. Ce qui témoigne d’un soutien important qui nous a porté et qui nous a montré que cette grève est soutenue par tous. »
Quelques axes de son programme
Avec deux autres listes défendant les ouvriers et les travailleurs, le POID et la LO, on peut légitimement se poser la question du pourquoi de trois listes différentes. Clément Soubise a un élément de réponse : les huit autres listes sont pour les intérêts des riches et ne comportent pas vraiment de différences entre elles.
« Cela ne choque jamais personne que les dirigeants soient si semblablement acquis aux intérêts du patronat. Cela paraît naturel. Pourtant quand des gens tentent de faire de la politique au service de la classe ouvrière et des travailleurs au sens large, on se demande pourquoi ils se présentent sur des listes différentes. Mais il y a des nuances, le mouvement ouvrier est divers, il réfléchit et n’a pas toujours les mêmes avis sur tout. Du coup, ces trois listes incarnent un peu cette diversité. »
Au niveau des axes principaux de leur programme, Clément Soubise précise en amont : « Nous on fait pas campagne autour de promesses électorales, on fait programme autour d’un programme de lutte. Les choses que l’on dit, on ne prétend pas les obtenir avec un bulletin de vote. Seules nos mobilisations permettront d’obtenir ces choses-là. »
Par la suite, l’une de leurs priorités majeures est le plafonnement des loyers. Sur le constat que ces derniers montent en flèche à Strasbourg, même dans le parc social, et que, dans le même temps, les salaires des travailleurs n’augmentent pas, la liste soutenue par le NPA souhaite y mettre un terme. Ce qui est « tout à fait à la portée d’une municipalité qui aurait les moyens, notamment fiscaux, d’imposer un plafond des loyers. Les promoteurs immobiliers auraient alors du mal à s’opposer à une mairie volontaire sur ce sujet, surtout si elle réussit à organiser les mal-logés en colère. » En outre, ils souhaitent aussi réquisitionner les logements vides. Selon Clément Soubise, il y en a actuellement 11 000, avec lesquels on spécule. Alors que, dans le même temps, des gens dorment dehors. Il précise : « La réquisition, c’est dans les attributions du maire, c’est dans la loi, pourtant personne le fait.”
« Les propriétaires fonciers, les bailleurs et les politiciens, c’est peu ou prou le même monde. Entre notables on n’a pas envie de se fâcher. Et c’est notre démarche : faire irruption dans ce monde et y apporter notre voix. De notre côté, on trouve que les gens qu’on appelle des squatteurs ont raison dans leur démarche. »
Enfin, s’il était élu à la mairie de Strasbourg, Clément Soubise aurait deux priorités : les transports gratuits pour tous et l’écologie. Le premier est un véritable enjeu social et de santé publique: « Il faut rendre les transports gratuits. Pour tout le monde, tout le temps. Pas seulement le dimanche pour aller dépenser de l’argent chez les commerçants, mais le lundi matin quand on en a besoin pour aller au boulot. » Une telle réforme coûterait environ 50 millions, qu’il propose de prendre chez ceux qui sont les véritables pollueurs et qui profitent presque gratuitement des institutions publiques.
En lien avec ce sujet, l’écologie reste un axe phare de la campagne de la liste Strasbourg anticapitaliste et révolutionnaire. Selon lui, on ne peut pas avoir d’écologie s’il n’y a pas un contrôle sur la production. Ils pointent du doigt la responsabilité du patronat.
« Tout le monde propose de planter des arbres, la belle affaire ! Mais si on laisse l’usine Blue Paper déverser quatre tonnes de dioxyde d’azote par an, à quoi ça sert à côté de planter des arbres ? Le problème écologique, sa source elle est dans l’entreprise. Le problème c’est que, dans l’entreprise, il y en a un qui a intérêt de produire plus pour gagner plus, même si c’est en faisant n’importe quoi : c’est le patron et c’est lui qui décide. »
Vous avez désormais fait connaissance avec Clément Soubise. Prochain rendez-vous le 15 mars, pour le premier tour des municipales !