Après 12 années sous le règne du roi Roland, le trône de Strasbourg se libère et les prétendants sortent désormais à visage découvert. Ce 15 et 22 mars, le ou la prochaine(e) Maire de Strasbourg sera élu(e). Un vote qui ne changera pas forcément le monde dans lequel nous vivons, mais qui par contre peut changer le visage de nos rues, de nos nuits et de ce qui rythme notre quotidien. Le résultat de ces élections municipales marquera le début d’une nouvelle histoire pour la ville et ceux qui l’habitent. C’est donc tout naturellement qu’on s’est décidé à vous présenter les candidats à notre belle mairie, pour que vous puissiez y voir plus clair. Aujourd’hui : Mathieu Le Tallec, candidat du parti ouvrier indépendant démocratique (POID).
Sa vie et son engagement politique
Après des études de droit et de science politique, Mathieu Le Tallec quitte sa Bretagne natale pour s’installer à Strasbourg en 2008, à la suite de sa réussite aux concours de la fonction publique. Depuis, il travaille en tant qu’agent du ministère du Travail à la Direccte Grand-Est.
Le candidat de 37 ans n’en est pas à sa première campagne puisqu’il s’est présenté aux trois dernières élections à Strasbourg. On a donc déjà eu l’occasion de le découvrir aux élections municipales de 2014, aux cantonales de 2015 et ainsi qu’aux législatives de 2017.
Il rejoint le POID dès sa fondation en 2015. Mais son engagement est bien plus ancien. En effet, le POID est né d’une scission au sein du POI qui était lui-même auparavant le Parti des Travailleurs jusqu’au début des années 2000. À l’époque, c’est donc auprès du Parti des Travailleurs que le militant s’engage, après avoir pris le temps d’analyser toutes les options sur l’échiquier politique : “Je me suis intéressé aux organisations politiques existantes, et j’ai mis un certain temps à trouver celle qui me convenait. Ce qui motive son engagement politique, c’est “l’état du monde dans lequel on vit. Car à un moment donné, on prend conscience que les choses ne sont pas comme elles devraient l’être. Donc on se demande comment faire pour changer les choses.”
Mais s’il a choisi d’adhérer au POID, c’est avant tout parce qu’il se sent en accord avec les valeurs qui y sont mises en avant :
“C’est un parti qui se situe du côté de la classe des travailleurs et qui défend leurs intérêts quels qu’ils soient, travailleurs avec ou sans emploi, travailleurs français ou immigrés. C’est un parti à la fois internationaliste, pour le Socialisme, pour la République et la Démocratie et dans ce cadre-là plus précisément, pour la rupture avec les institutions existantes, donc celles de la Ve République et celles de l’Union Européenne.”
Ses actions politiques
Au cours des deux dernières années, Mathieu Le Tallec s’est confronté à l’exercice du porte-à-porte, en allant notamment à la rencontre de locataires de logements sociaux, dans le quartier de la Krutenau. Il se souvient : “On s’était battu contre le déconventionnement des logements HLM. Philippe Bies avait décidé de déconventionner 128 logements. Donc on a fait du porte-à-porte avec une pétition et on avait rencontré les locataires. Et au bout du compte, Philippe Bies avait retiré son projet.” Le candidat et ses partenaires avaient donc finalement obtenu gain de cause.
Militant au quotidien, le candidat essaie aussi de se rendre autant que son activité professionnelle lui permet sur les marchés strasbourgeois. Une présence, qui lui permet d’aller à la rencontre de la population, de discuter des problèmes auxquels celle-ci doit faire face, mais aussi d’inviter ceux qui le souhaitent à se battre contre la politique de la municipalité.
S’il reconnaît en toute objectivité qu’il y a peu de chance que la liste remporte la majorité des suffrages, il est selon lui nécessaire que la voix du POID soit portée dans le cadre de ces élections municipales : “Nous, on ne se situe pas sur le terrain de la lutte pour des places. Je suis assez réaliste, je ne serai pas le futur maire de Strasbourg. Ceci étant, nous pensons, mes colistiers et moi-même, qu’il faut qu’une liste qui exprime ce qu’on a à dire existe.”
Quelques axes de son programme
Sur la liste portée par le POID, on trouve aux côtés de Mathieu Le Tallec beaucoup de jeunes, d’étudiants, de travailleurs précaires, des chômeurs, des retraités et une quinzaine d’adhérents au POID. C’est “avant tout une liste populaire” qui dresse le constat suivant :
“La population ne veut plus de la politique de Macron. Et on ne peut pas en même temps combattre la politique de Macron en national et la laisser s’appliquer au niveau local. On porte donc cette liste car le rôle d’un Conseil municipal, ce n’est pas de relayer la politique de Macron mais de mener une politique au service des habitants et des travailleurs de la ville.”
Avec un nom aussi évocateur que “Strasbourg 100% service public”, on s’attend évidemment à ce que les propositions soient tournées vers la prise en charge de la municipalité d’un maximum de services. Le candidat propose pour commencer l’annulation de toutes les augmentations de tarifs liés aux services publics comme la CTS, les cantines scolaires, ou encore les loyers des logements sociaux. “De façon générale, on veut la re-municipalisation de ce qui a été privatisé, comme le stationnement par exemple.” ajoute Mathieu Le Tallec, qui se place dans une démarche qu’il juge diamétralement opposée à la municipalité sortante : “Leur politique, c’est de faire de Strasbourg une vitrine. Une vitrine touristique avec le Marché de Noël, la capitale de l’Union européenne, la capitale du vélo, la capitale de tout et n’importe quoi. Alors qu’en même temps, on sait qu’on est dans la troisième ville la plus inégalitaire de France. Il y a vraiment deux pôles de population.”. Voilà pourquoi il estime que l’arrêté anti-mendicité signé par Roland Ries en avril 2019 a pour objectif de “reléguer les pauvres, les SDF en dehors du centre-ville” dans le seul but encore une fois de favoriser le tourisme.
Dans les mesures proposées, on trouve également le rétablissement de l’interdiction du travail le dimanche dans les commerces : “On sait que cela touche en plus majoritairement les femmes, qui sont nombreuses à être salariées précaires dans le commerce.” Au sujet de l’environnement, Mathieu Le Tallec entend développer une politique de transports publics gratuits et facilement accessibles. Notamment pour offrir aux conducteurs de véhicules diesel d’autres solutions afin qu’ils puissent venir travailler à Strasbourg et ainsi ne pas être taxés davantage. Enfin, il prévoit d’apporter une attention particulière à l’usine d’incinération, estimant qu’un “vrai contrôle public” est nécessaire, si l’on souhaite garantir à la population une certaine qualité de service.
“On n’a pas un programme détaillé de cinquante pages sur tout ce que ferait le Conseil municipal. Mais des axes sur les besoins urgents de la population et comment y répondre. Avec des conseillers municipaux qui défendent concrètement les intérêts des Strasbourgeois et des classes populaires.”
Vous avez désormais fait connaissance avec Mathieu Le Tallec. Pour découvrir le prochain candidat, rendez-vous ce mercredi 4 mars !
Caroline Alonso Alvarez et Nicolas Kaspar