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Nos sportives strasbourgeoises : Stéphanie, championne du monde de boxe anglaise

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Parce que Strasbourg regorge de sportives et de sportifs, parce que certains sports ne bénéficient pas d’une médiatisation suffisante et tout simplement parce que raconter des histoires sur le sport me passionne, Pokaa lance une nouvelle série de portraits sur les sportives et sportifs à Strasbourg. Aujourd’hui : entretien avec Stéphanie, une championne du monde de boxe anglaise, fan de bons restos et qui souhaite qu’on parle davantage de sa discipline.

Note de l’auteur : Si vous voulez en apprendre davantage sur Tassia, premier portrait de la série, et le kayak-polo, cliquez ici. Pour Ismaël et le taekwondo, cliquez làPour Albano et le tennis, l’article est ici. Pour l’Ultimate avec Gael et Gwen, c’est ici. Les cheerleaders, c’est là que ça se passe. Et pour finir, Maïté et le judo, c’est par là.

Note de l’auteur 2 : Merci à Stéphanie Ducastel pour les photos.

La boxe anglaise professionnelle, qu’est-ce que c’est ?

Avant de vous faire découvrir Stéphanie Ducastel, je lui ai demandé de me présenter son sport : la boxe anglaise professionnelle.

Par ailleurs, quelles sont les différences entre un combat amateur et un combat professionnel ? « En fait c’est quasiment pas le même sport. La boxe amateur ça va quasiment être un jeu de touches où faut toucher plus que l’autre. Y a que trois rounds, on porte des casques et on a des gros gants. C’est vraiment sur la rapidité, la vivacité et la touche, la touche, la touche. Alors qu’en professionnel, le juge, s’il est impartial (rires), va plutôt regarder l’efficacité du coup, l’attitude du boxeur, s’il est dans l’engagement ou pas. Moi quand je boxe maintenant, c’est en dix rounds de deux minutes, on a de tout petits gants et dessous on a des bandages durs. Et on a pas de protections, à part le protège-dent. On recherche le KO, clairement. »

Une championne du monde au palmarès fourni

Maintenant que les présentations sont faites avec le sport, passons à Stéphanie. Qui es-tu ? « J’ai 39 ans et, pour parler que des titres les plus importants, je suis championne du monde de boxe anglaise professionnelle, j’ai gagné deux fois un titre monde, j’ai fait match nul contre la numéro une au mois de juillet dernier. Sinon je suis aussi championne d’Europe professionnelle, championne de France professionnelle, championne de France amateur et j’ai une quinzaine de titres de championne de France dans différentes disciplines de boxe pieds/poings, sports de combats ou même combats libres. » Un fort beau palmarès dans de nombreuses disciplines.

Il faut dire que la boxe anglaise n’était pourtant pas son premier choix, mais de grosses blessures l’y ont orientée : « J’ai beaucoup fait de pieds/poings, mais je me suis blessée à deux reprises au genou. J’ai eu les ligaments croisés pétés à gauche et à droite. Du coup c’est vrai que, par ce fait là, je me suis mis à la boxe anglaise. » En outre, et on y reviendra plus tard au fil de la discussion, mais la boxe anglaise est davantage médiatisée, et donc structurée : « C’est quand même un sport qui est beaucoup plus médiatisé, professionnel, structuré, bon, parmi les nombreuses fédérations, et c’est vrai que c’est très technique. »

Cet aspect technique lui plaît fortement dans la boxe anglaise, un aspect qu’elle trouve supérieur dans son sport : « C’est un sport beaucoup plus technique, je trouve, c’est mon avis, que la boxe pieds/poings. Et donc ouais, je me suis orientée depuis quelques années vers la boxe anglaise. Je suis passée pro en 2010. C’était plus adapté à mon style de vie comme j’avais déjà deux enfants. Alors partir en stage équipe de France, partir pour les competes c’était plus adapté, j’avais envie de rester avec mes enfants. Le fait d’être professionnelle me permet de les quitter moins longtemps. »

« Un truc dingue, une adrénaline que j’ai jamais trouvé dans aucun autre sport » : les raisons d’une histoire d’amour qui a commencé tard

Cette histoire d’amour dure depuis longtemps maintenant, mais elle a commencé assez tard : « J’ai commencé à 16 ans. C’est relativement tard, mais bon, aujourd’hui j’en ai 39 donc ça fait quand même 23 ans que j’en fait. » Rassurez-vous néanmoins, Stéphanie n’était pas débutante : « Après j’ai un passé de sportives : avant j’ai fait tous les sports possibles et inimaginables (sourires) et il s’avère que la boxe m’a tout de suite parlé, c’est un sport qui est très prenant, en tout cas pour moi. Et voilà, pour l’instant, j’ai jamais lâché (sourires). »

Justement, qu’est-ce qu’il l’a faite rester dans la boxe ? Si Stéphanie ne l’explique pas, elle a tout de même choisi ce sport alors qu’elle avait tout fait avant… ou presque : « Bah… y avait quelque chose en fait, j’ai pas su le définir tout de suite, mais quelque chose qui a fait que je suis resté, parce que, comme dit, j’ai fait huit ans de natation, de la gym, de la GRS – gymnastique rythmique et sportive, ndlr – du tennis, de l’équitation… En fait j’ai tout fait sauf les sports de balle, où je suis vraiment pas douée (rires). »

Ce choix a sans doute eu un rapport avec l’adrénaline :« En fait, à la boxe y a toute suite une bonne grosse dose d’adrénaline ; je me suis bien débrouillée, sans doute aussi par mon passé de sportive : j’ai été très souple, j’ai capté ce que l’on attendait de moi et André Panza, mon entraîneur, m’a envoyé sur un combat au bout de deux mois de pratique. » A ce moment-là, c’est comme si quelque chose s’était débloqué pour Stéphanie : « Là y a eu un truc dingue quoi : une adrénaline que j’ai jamais trouvé dans aucun autre sport et en même temps c’est très fort, c’est un truc qu’on a en nous le fait de se battre ou de se défendre. Là c’était du concret et ça m’a tout de suite parlé. En plus j’ai vite réussi dans les competes, et c’est tout ça qui m’a fait rester. »

Une préparation physique basée sur un régime à chaque fois plus difficile à tenir

Vous commencez à le savoir si vous lisez mes portraits sur les sportifs qui font des sports de combat, dans la préparation aux compétitions, le premier combat est celui contre le poids : « Le premier combat, effectivement, c’est le poids. C’est vrai qu’en vieillissant, pour moi, à chaque fois après chaque régime, je reprends un kilo par rapport à mon poids de base (rires) et ça devient de plus en plus difficile de maigrir. C’est vraiment le premier combat à faire. Il faut allier le régime à ma vie de tous les jours. »

Il faut dire que contrairement à tous ceux que j’ai interviewés précédemment, Stéphanie a une contrainte dans son emploi du temps : ses enfants. « Je suis maman de trois enfants, j’ai une famille à nourrir et c’est un peu difficile de faire manger tout le monde et à côté les regarder manger et de se faire une salade le soir. »

Il ne faut donc pas rigoler avec un régime qui devient plus difficile à chaque fois que l’on en refait un : « Ouais, le régime est vraiment sec parce que j’ai du mal à perdre, maintenant c’est cinq/six kilos à perdre, voire 7/8, avant chaque combat. Et sinon deux mois avant, avec André, on démarre la prépa : on augmente la fréquence des entraînements, par contre la durée de chaque entraînement est plus courte, on regarde des vidéos de mon adversaire et en fonction du type de combattante que je vais rencontrer, on se prépare là-dessus. »

« Une confiance réciproque » : la relation entre une boxeuse et son entraîneur

Justement, encore plus que dans les autres sports de combat et d’opposition, l’entraîneur joue un rôle fondamental. C’est pourquoi la relation qui lie le coach à sa boxeuse se doit d’être irréprochable : « Avant tout c’est une relation de confiance réciproque : le boxeur doit faire confiance à son entraîneur, dans les techniques et tactiques qu’il enseigne, dans la validation des adversaires, dans les choix stratégiques à opérer pendant un combat. De son côté, le coach doit avoir confiance en son boxeur, sur sa capacité à appliquer les consignes, sur ses capacités physiques et mentales. »

Ce n’est pas toujours facile de trouver le juste milieu, surtout dans l’adrénaline et le feu du combat : « La relation est complexe, pendant un combat, le boxeur doit être autonome, prendre des décisions rapidement mais en même temps être un peu le personnage de jeu vidéo du coach dans le coin. Quand André me lance une consigne, je l’applique dans la seconde sinon c’est trop tard, la physionomie du match a déjà changé. »

Dès lors, il faut se préparer en amont. Et l’entraîneur de Stéphanie a une approche bien à lui « Mon entraîneur est très basé sur la stratégie ; bien plus sur la qualité que sur la quantité. On analyse beaucoup la boxe de l’autre et on essaye d’adapter un système qu’on pense qu’il va fonctionner sur l’adversaire. C’est une dizaine d’entraînements par semaine. »

Être boxeuse professionnelle : un statut très précaire

Stéphanie était considérée comme une athlète de haut-niveau, mais c’était avant qu’elle ne passe professionnelle. Ce qui change pas mal de choses et Stéphanie va droit au but, avec un bon crochet du droit : « Alors c’est un peu le sujet qui fâche. C’est vrai que quand j’étais sur la liste d’athlètes de haut-niveau, je percevais une petite subvention annuelle. Mais c’est vrai que là, le fait que je sois professionnelle, déjà y a pas de subventions, sans doute parce que la boxe féminine n’est pas assez médiatisée et n’intéresse pas grand monde… enfin en tous les cas pas en France. »

Comment est-elle rémunérée alors ? « Par les combats que je fais, c’est une bourse prévue à l’avance, et voilà. Après faut essayer de trouver des sponsors pour gagner de l’argent pour pouvoir organiser : quand on avait organisé à Strasbourg deux championnats du monde WBC/WBA – World Boxing Council et World Boxing Association, ndlr – ça coûte très très cher et on fait appel à des dons, des mécènes. »

Dans cet environnement financier précaire qu’est la boxe féminine, Stéphanie peut compter sur son partenaire : « Mon chéri, qui est dans l’industrie, est mon principal sponsor. Sans lui, je pense qu’on arriverait pas à organiser de grosses competes comme ça. C’est un peu dommage, mais faut aussi avoir des moyens financiers pour organiser des championnats. » Et tout le monde ne peut pas en dire autant : « Je pense qu’il y a plein de filles qui ont de super capacités mais qui peuvent pas les exploiter parce qu’elles ont pas les gens qui les suivent derrière. Pour moi ça l’a pas été, avec mon chéri et aussi la Panza Gym, qui m’a toujours soutenue. »

Pourtant, quand je lui ai demandée si elle vivait de son sport, la réponse ne s’est pas faite attendre : « Alors pas du tout, je suis prof d’EPS à mi-temps. Ce qui me permet de compenser un petit peu parce que si je devais vivre de mon sport, il faudrait assurer les combats et en faire trois/quatre par an, ce qui est risqué. Moi en général, j’en fais deux. » Un changement drastique du nombre de combat de quand elle était encore en amateur : « Là j’en faisais trente l’année. Mais un combat professionnel, ça n’a rien à voir. »

Une médiatisation oscillant entre le minable et le ridicule

Qui dit équilibre financier précaire sous-entend presque toujours médiatisation à revoir. Là encore, ça ne manque pas. Et on peut compter sur Stéphanie pour qu’elle ne retienne pas ses coups : « Minable. Bah, pff, inexistante quoi. C’est catastrophique, y a pas de médiatisation. Alors si, on entend parler de celle qui a gagné les JO – Estelle Mossely, à Rio en 2016, ndlr –, et encore on entend parler d’elle parce qu’elle a gagné les JO mais aussi parce que c’est la femme de Tony Yoka – autre médaillé d’or olympique en 2016, ndlr.

Néanmoins, ce n’est qu’une goutte d’eau dans un océan sportif. Déjà que les sportifs sont plus médiatisés que les sportives, la boxe est de toute manière peu médiatique. Et c’est là tout le problème. Même la presse régionale, censée mettre en avant ses sportives, manque bien trop souvent le coup : « Ça fait très marketing de parler d’un couple de boxeurs. Mais hum (elle réfléchit) c’est pas médiatisé. J’veux dire, quand je gagne un championnat du monde, j’ai un petit encart dans les DNA et on n’en parle plus. Bon, je le fais pas pour la médiatisation, je le fais parce que j’adore ce sport. Mais d’autres en pâtissent : on manque de moyens à cause de ça. »

Sportive toujours, amatrice de bonne chère évidemment

Si elle n’a pas beaucoup de temps libre, Stéphanie ne perd pas le nord : sport un jour, sport toujours. « Je fais beaucoup de snow et de wakeboard. Après j’avoue que ; franchement, du temps libre je n’en ai pas beaucoup actuellement. Entre mon boulot, ma vie de famille et la boxe j’ai peu de temps libre. Comme j’ai les vacances scolaires, on va à Châtel en Haute-Savoie en montagne. J’aime bien aussi le VTT… bah en fait j’fais du sport quoi (rires). C’est vrai qu’il n’y a pas de place pour grand-chose d’autre. »

Néanmoins, Stéphanie a une autre grande passion dans la vie : la nourriture. Et comme pas mal de passions, elle s’apprécie mieux à deux : « Ah bah alors en fait, avec mon chéri, tous les mardis midi, on se réserve ce créneau-là et chacun son tour on s’invite à manger dans un resto que l’on connaît pas. Et bah du coup, on fait ça depuis une petite année et du coup on découvre plein de nouveaux restos. Ce midi, on s’est fait plaisir, on s’est fait un gastro : la Casserole. C’était super franchement. Mais sinon, ouais, pour manger la liste est beaucoup trop longue (rires). J’adore la Vignette à la Robertsau, le lieu est sympa. Après pour boire un verre… nous on habite Truchtersheim donc on va très souvent à la Fuga, c’est un peu notre cantine là-bas. Comme je fais tellement de régimes que j’ai un rapport à la bouffe qui n’est pas normal (rires). Quand je suis pas au régime, j’aime bien les bonnes choses ouais. »

« Il ne faut pas avoir peur de pousser les portes d’une salle de boxe »/« C’est un jeu, pas une bagarre » : Vaincre les clichés qui planent encore sur la boxe féminine pour donner envie aux jeunes filles

Quand je lui demande quelles sont les qualités qui font une bonne boxeuse, les yeux de Stéphanie s’allument et le débit s’accélère, surtout pour contrer les clichés et idées reçues : « Il en faut beaucoup. De la lucidité, de l’anticipation et après les qualités physiques. La vitesse est primordiale, comme le coup d’œil et évidemment l’explosivité et le cardio. Mais contrairement à l’image que Mr. et Mme. Tout le monde peut avoir, il faut aussi beaucoup d’intelligence. Je compare toujours la boxe à un jeu d’échecs : on va essayer de provoquer pour attendre une réponse et contrer cette réponse-là. C’est un jeu très stratégique, enfin moi c’est la boxe que j’aime. Un jeu, pas une bagarre. »

Dans cette optique, Stéphanie veut surtout encourager les jeunes filles à pousser les portes d’une salle de boxe, loin des clichés : « Je suis sûre qu’il y a plein de filles qui aimeraient en faire mais qui n’osent pas. Je vois le rapport des gens avec ce sport et il est faussé par l’image qu’ont pu véhiculer des films comme Rocky. C’est vrai, ça fait vachement de tort à la boxe parce qu’on s’imagine que c’est que de violence et du sang alors que pas du tout. La boxe c’est vraiment complet, et encore plus pour les femmes. »

En outre, la boxe peut être un bon moyen de gagner confiance en soi, à la fois mentalement et physiquement : « Ça va lui donner une vraie confiance en elle, parce qu’elle va apprendre à se battre, si on l’emmerde dans la rue. Et après ça développe des qualités physiques, et même pour son corps, j’veux dire ça forme aussi un beau corps. Ça muscle, ça fait maigrir… et puis niveau sportif c’est vraiment un sport complet. Moi je rivalise avec tous les mecs de la salle ; du coup, on se pose plus de questions sur la différence hommes-femmes. »

Pour conclure, selon Stéphanie, il faut juste ne plus avoir peur : « Faut pas avoir peur de pousser les portes d’une salle de boxe. Pas n’importe laquelle, la Panza Gym est excellente par exemple puisqu’elle a été précurseur de l’ouverture de la boxe aux femmes. Le public devient de plus en plus hétérogène et on voit des femmes passer du cardio-boxe – taper dans un sac, ndlr – à la boxe en elle-même, parce qu’elles ont envie de se confronter et de savoir ce qu’elles valent. Ça libère des barrières que l’on se met, intellectuellement. » Alors osez !

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