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Nos sportives strasbourgeoises : Maïté, judokate de haut-niveau sur le retour

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Parce que Strasbourg regorge de sportives et de sportifs, parce que certains sports ne bénéficient pas d’une médiatisation suffisante et tout simplement parce que raconter des histoires sur le sport me passionne, Pokaa lance une nouvelle série de portraits sur les sportives et sportifs à Strasbourg. Aujourd’hui : entretien avec Maïté, une judokate qui a mis son sport entre parenthèses pour ses études et qui est désormais sur le retour.

Note de l’auteur : Si vous voulez en apprendre davantage sur Tassia, premier portrait de la série, et le kayak-polo, cliquez ici. Pour Ismaël et le taekwondo, cliquez làPour Albano et le tennis, l’article est ici. Pour l’Ultimate avec Gael et Gwen, c’est ici. Enfin, pour les cheerleaders, c’est là que ça se passe.

Une sportive qui est très vite tombée amoureuse du judo

Commençons par le commencement : qui es-tu Maïté ? « Je m’appelle Maïté, j’ai bientôt 21 ans et là je suis en première année de kiné. J’ai été sportive de haut-niveau pendant quatre ans au lycée. J’ai commencé le judo à cinq ans et là j’essaye de revenir après une coupure avec la PACES – première année de médecine, ndlr. »

Si elle a commencé le judo très tôt, cela a quelque chose à voir avec le climat familial : « Mes parents ont toujours voulu que je fasse du sport avec ma sœur donc on a commencé le sport hyper tôt, on était hyperactive. En fait, avant les JO pas longtemps avant que je commence, ma sœur m’a dit « ça t’irait bien le judo » et la rentrée d’après j’ai commencé et c’est vrai que depuis j’ai pas arrêté. Elle avait raison (rires). »

Pourquoi est-ce qu’elle aime autant le judo ? Parce que c’est un sport qui vide, la tête comme les muscles. « On en a discuté avec des amis y a pas longtemps, et moi j’disais que c’est un des seuls sports que j’ai pratiqué où quand t’as fini l’entraînement ou une compet, t’es lessivée. C’est-à-dire que t’as donné tout ce que t’avais, tu t’es clairement battue, parce que c’est des combats, et c’est vrai qu’on ressent pas ça ailleurs. Et ce fait de confronter quelqu’un, le contact, y a peu de sports où c’est aussi marquant que ça. Moi c’est ce qui m’a plu. »

Le judo, qu’est-ce que c’est ?

Maintenant que les présentations sont faites, passons au vif du sujet : le judo en lui-même. Si sans doute bon nombre d’entre vous connaît ce sport, j’ai tout de même demandé à Maïté de vous l’expliquer.

Et, selon elle, qu’est-ce qui fait une bonne judokate ? A première vue, c’est un ensemble de qualités physiques et – surtout – mentales : « Faut avoir confiance en soi et c’est peut-être ce qu’il m’a manqué sur beaucoup de compets. Quand on attaque, faut avoir confiance en ce qu’on fait. Parce que sinon ça passe pas. Faut avoir la rage, on fait un sport de combat, on n’est pas là pour faire des câlins (rires), même si on dit souvent « au judo, vous êtes en pyjama à vous faire des câlins » (rires). Il y a une confrontation en face et il faut avoir envie de faire face ; et quand on craque mentalement, tenir quatre minutes à fond c’est hyper dur, en mettant toujours énormément d’opposition. Faut toujours être avant la personne : être au-dessus, attaquer avant elle, penser avant elle… faut avoir l’envie d’être toujours la meilleure, ne jamais lâcher. »

Vade retro nourriture et eau !

Comme dans beaucoup de sports de combats, la préparation est très importante, avec une composante bien particulière : le régime. Comme me le dit Maïté : « Faut avoir fait un bon régime : ça arrive de louper des compets juste à cause d’un mauvais régime et c’est vraiment dommage. » Et il y a quelques spécificités : « Généralement, les gens combattent dans le poids où ils sont naturellement, mais comme y a des caté – catégories, ndlr –, c’est à peu près quatre kilos au début, ça monte à cinq ou sept kilos de différence entre chaque caté, donc t’as des régimes qui se mettent en place. Moi par exemple, je suis en catégorie des – de 48 kilos pour la semaine prochaine – Maïté avait les championnats de France universitaire, ndlr – c’est pour ça que je suis au régime (rires). Dans la réalité, je fais 50 à 51 kilos. »

Pour anticiper cette variation tout de même importante de son poids, Maïté décide de s’y prendre à l’avance : « Y en a qui arrivent deux semaines avant ils se disent « allez c’est parti » et ils ne mangent plus et ne boivent presque plus. Je trouve pas ça forcément top et du coup je m’y mets trois/quatre semaines à l’avance à diminuer la quantité de nourriture, petit à petit. Bon à la fin il ne reste plus grand-chose (rires). » C’est un défi, qui se prépare en amont et qui demande de la rigueur : « Il faut manger vraiment sainement, enlever tout ce qui est sucre, comme les desserts et l’alcool ; ça on enlève pendant un mois (rires), et après on diminue petit à petit : on mange de plus en plus de légumes, plus de fruits, on enlève tout ce qui est lourd. Là je suis dans dur, à la fin du régime (rires). »

Qu’en est-il de l’eau ? Selon Maïté, la donne est un peu différente : « Alors pour l’eau, c’est vrai qu’au début il y en a beaucoup. Et à un moment donné pour perdre… moi j’arrive facilement à perdre un ou deux kilos jusqu’à 49. Le dernier est assez dur. » Dès lors, il faut puiser dans les réserves : « En général on essaye du coup de puiser sur l’eau à ce moment-là. Les derniers jours on va mettre des combis de sudi, comme un peu des combis de plongées pour transpirer beaucoup. Là on peut un peu boire mais c’est vrai qu’on va commencer à diminuer la quantité d’eau vers la fin. Après, on se pèse, et normalement ça passe (rires). »

Un statut de haut-niveau passé derrière les études

Maïté était une athlète de haut-niveau, avec toute la préparation et la rigueur que cela demande : « Quand j’étais athlète de haut-niveau, on avait 15h d’entraînement par semaine. Une prépa physique le matin, tous les soirs on avait 2h d’entrainement spécifique judo, des séances plus techniques, d’autres plus orientées combat et enfin du sol. » Niveau compétition, elle a principalement combattu au niveau national : « J’ai surtout fait des compets au niveau national. J’étais dans les trente meilleures françaises de ma catégorie. J’ai eu un peu de mal à aller plus loin. J’ai dû manquer de je sais pas (elle réfléchit), peut-être un peu trop de stress à chaque fois. Chaque fois y avait quelque chose qui manquait et sinon j’ai fait des tournois nationaux où des gens d’autres pays pouvaient venir. »

Néanmoins, une grosse montagne s’est dressée devant elle à la fin de ses années de lycée : la PACES. Qui, par sa difficulté, mit un terme au statut de gaut-niveau de Maïté : « Je ne le suis plus, un peu par la force des choses. J’étais quatre ans au lycée, après j’ai fait ma PACES du coup là c’était plus possible de continuer et depuis septembre j’essaye de retourner à la structure d’entraînement sport-études. Y a des entraînements ouverts et j’y vais deux fois par semaine. C’était pas toujours évident au début parce que parfois on a des rushs dans les cours, parfois des stages… Mais j’essaye de m’entraîner le plus possible. »

Se retrouver seule et arrêter…

Lorsque je lui pose la question pour savoir si ça n’a pas été trop difficile d’arrêter le judo, je vois que cela l’a touchée. « C’était hyper dur en fait. Parce qu’il y avait une ambiance qui s’était créée au Pôle, là où je m’entraînais ; dans ma classe, il n’y avait que des sportifs de haut-niveau, donc on était tous aménagés, j’ai fini mon lycée en quatre ans pour ça. On était tous dans le même mouvement, on avait tous les mêmes objectifs et on essayait tous de se monter les uns les autres le plus haut possible. »

L’arrivée en PACES n’a pas été de tout repos, bien au contraire. De l’ambiance de groupe, Maïté est passée à la solitude – et pas celle du Palmashow : « Arrivée en PACES, je me suis retrouvée toute seule. J’avais un an de plus que les autres, j’étais en première année quand mes amis hors du Pôle était en deuxième année. Je me suis retrouvée toute seule et je n’avais plus de sport pour me défouler. » Ce n’est pas comme si elle avait arrêté entièrement le sport : « J’essayais pourtant de m’entraîner de temps en temps, une fois par mois. Autant te dire que la différence avec les 15h par semaine s’est faite sentir (rires). Mais j’en avais besoin, pour vider mon sac et aller un peu mieux. C’est vrai que c’était difficile, j’étais seule et sans le truc qui me motivait avant, c’était dur psychologiquement. » Même sa discipline n’a pas échappé à la règle : « Refaire du judo c’était dur, parce qu’on perdait au fur et à mesure des entraînements, je perdais en condition. Donc à chaque fois que je revenais, c’était encore plus dur que la dernière fois. »

… puis revenir et en baver

Même en me racontant des moments pas toujours joyeux, Maïté ne se sépare jamais de son sourire. Il faut dire que maintenant que l’épreuve de la PACES est terminée et qu’elle est en kiné, Maïté peut à nouveau se consacrer au judo. Et ce même si la reprise n’a pas été de tout repos : « Au début, c’était très frustrant : c’est-à-dire que je me suis dit « ça y est, je suis plus en PACES, je m’y remets ». Et j’ai essayé de faire deux trois entraînements, et j’étais cuite. Forcément, j’avais plus de jus, mon cœur bon… il m’en fallait un nouveau (rires), j’aurais pu tout changer. »

Dès lors, c’était devenu difficile pour Maïté de continuer à aller aux entraînements : « Au début j’ai eu un moment où j’arrivais pas à aller aux entraînements : j’avais envie d’y aller, mais j’y arrivais plus parce que c’était trop dur de voir à quel point j’avais baissé en niveau. Ça faisait presque mal au cœur de refaire le sport dans lequel j’avais quand même un certain niveau. Quand on savait faire des choses, qu’on veut les refaire et que là on n’y arrive plus, c’était hyper frustrant. C’est pas qu’on n’a pas envie, c’est qu’on n’y arrive plus. Donc j’ai vraiment eu des moments difficiles où j’étais à deux doigts de faire d’autres sports. J’aimais toujours le judo, mais je n’avais plus ce plaisir ; j’étais frustrée à chaque fin d’entraînement et ça faisait mal au cœur. »

Heureusement, elle n’a pas lâché prise : « Je me suis remotivée il y a deux trois mois. Je me suis dit qu’il ne fallait pas se laisser démotiver et qu’un entraînement par semaine c’était pas suffisant. » Ça y est, Maïté était repartie : « Comme je savais qu’il y avait des compets qui arrivaient, je me suis dit que c’était le bon moment pour repartir. C’est là où j’ai décidé de reprendre quatre entraînements de judo par semaine. Et on va essayer de continuer là-dessus. » Désormais, les sensations reviennent. Doucement mais sûrement : « Ça revient doucement mais ça revient. Donc c’était le bon choix (rires). »

Une future kiné

Maïté a mis un peu de temps à trouver sa voie – ce qui est somme toute relatif pour une personne de 21ans, ndlr – mais elle a jeté son dévolu sur le métier de kiné. « J’ai eu du mal à trouver un métier qui pouvait me correspondre. Je me suis dit « qu’est-ce que tu aimes dans la vie ? ». J’aime bien prendre contact avec les gens, avoir un métier qui permettait ce contact c’était important pour moi. Je voulais aussi un métier qui bouge, pas derrière un bureau. Et j’aimais bien le côté médical. »

Pourtant, au début, l’héritage familial l’a quelque peu démotivée : « Le problème, c’est que j’avais vu ma sœur et entendu mon père faire PACES et je m’étais dit que ça, ça n’était pas pour moi. Donc bon, autre chose qui pouvait aller dans le médical. » Elle a continué à chercher, et son sport l’a finalement aidée : « En fait, pendant le sport de haut-niveau, je me suis quand même pas mal blessée. J’ai eu plusieurs petits trucs alors j’ai dû voir des kinés et j’ai beaucoup discuté avec eux. J’adorais en fait passer ces moments chez le kiné. Petit à petit, je me suis dit que c’était vraiment ça qui pouvait me correspondre et je me suis lancée là-dedans. Et du coup bah… j’ai fait une PACES (rires). »

Des pâtisseries et des jeux

Si Maïté me parle beaucoup de sa famille, c’est qu’elle y est réellement attachée. Et ils se retrouvent tous autour d’une passion pour les jeux : « On a plein de jeux de société à la maison, on joue à Dixit, on a plein de jeux en fait j’arriverais pas à te dire les noms (rires). On aime bien les Escape Game aussi, parfois on s’en fait un. On était allée en faire un à Bruxelles. A Strasbourg, il y a la Casa de Papel qui me tente bien (rires).  Et on a aussi un jeu de société qui s’appelle Escape Game, c’est vachement bien fait. » Dans une famille de sportifs, il doit forcément y avoir un esprit de compétition, non ? « Là ça va, quand on était petites avec ma sœur, y avait un peu plus d’esprit de compétition mais on est là pour rigoler. Jamais trop de compétitions dans les jeux (rires). »

Pourtant, pour avoir testé l’Escape en famille, je n’approuve pas, trop de forts caractères de merde dans ma famille.  Pour Maïté ? « Cela se passe plutôt biiien. Après c’est vrai qu’il y a des fois quelques trucs… et surtout à la fin de l’Escape on va se dire « t’aurais pas dû faire ça comme ça » et après on se met un peu dessus (rires). Mais seulement cinq minutes et après ça passe. Après, oui ça chauffe un peu, mais mon père est très joueur aussi, il veut gagner, tout comprendre et tout faire. Donc nous on a un peu peur ; en plus dans les Escape faut que ça aille vite mais comme lui veut tout savoir ça fait de petites tensions mais c’est rigolo. »

Et au-delà de cette passion pour les jeux, Maïté a un autre péché mignon : la nourriture et surtout les pâtisseries. Tous les régimes, les restrictions et les contraintes ne lui enlèveront jamais ça : « J’aime beaucoup les pâtisseries (rires). J’adore faire de la pâtisserie, souvent je fais des petits gâteaux, des trucs sympas, depuis toute petite. »

S’inspirer des meilleurs pour revenir au plus haut niveau

Dans son retour à la compétition, un long chemin à parcourir, Maïté peut s’inspirer de ses modèles : « Quand j’étais en structure, les grands venaient : Gévrise Emane, Automne Pavia, quand on les a jamais vues, c’est un idéal à atteindre. Gévrise Emane je l’avais rencontrée sur un stage quand j’étais plus petite, on avait bien discuté. C’est un bon exemple : sur les stages, elle faisait tout à fond, elle en faisait toujours plus que les autres et je trouvais ça beau. Sinon j’ai aussi rencontré Benjamin Darbellet et j’avais beaucoup appris de lui, niveau régimes notamment. Il est en plus super sympa et j’aime bien le voir combattre. »

Gévrise Emane, une championne

Tout cela dans l’optique d’un retour à un certain niveau pour cette année 2019 : « La semaine prochaine – l’interview s’est déroulée le 29 mars, ndlr – j’ai les championnats de France universitaires donc ça c’est le premier objectif. Y a pas mal d’anciens qui sont là et qui étaient très très bons avant, y a des filles qui sortent d’European Cup donc ça va être une compet très intéressante. Et je vais essayer d’aller le plus loin possible, me rapprocher du podium ce serait sympa – elle finira 9ème, ndlr. »

Au-delà de ces championnat, l’envie est de retourner à son niveau d’avant :« Sinon en mai j’ai ma saison sénior qui commence début mai et là pareil, de revenir à mon niveau d’avant ce serait top. Après, faut voir si ça se fait. » Rien que pour l’amour qu’elle porte à son sport et son sourire permanent, moi j’y crois.

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