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Jeunes, strasbourgeois(es) et engagé(e)s : à côté de leurs études, ils font vivre les associations

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Strasbourg ne serait pas la même ville sans son importante communauté étudiante. De jeunes adultes qui apprennent, font la fête, galèrent, travaillent… mais qui font aussi vivre les structures associatives locales. On est allé à la rencontre de certain(e)s d’entre eux. Des profils aux parcours variés, mais tous mus par une profonde conviction de l’engagement. Portraits.

Si l’université de Strasbourg recensait à elle seule près de 55.000 inscrit(e)s pour l’année 2022/2023, c’est l’ensemble du coeur de la ville qui bat au rythme des ouvertures de tram à Esplanade ou Observatoire. Lieux où jaillissent des flots ininterrompus de fringants représentants de cette génération Z, prêts à en découdre avec la vie.

Platon, notre gars sûr, disait volontiers que la connaissance est la nourriture de l’âme. Mais que font donc nos étudiant(e)s une fois rassasié(e)s, après s’être bâfré(e)s au cours de longues journées placées sous le signe des néons blafards des amphis strasbourgeois ?

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L’image qu’on a pu s’en faire ces derniers temps à travers nos télés était peu réjouissante… limite déprimante, disons-le. Entre les files au Crous, voire aux banques alimentaires, et les sessions dégourdissement de jambes en manifs pour faire entendre le taux d’épanouissement limité des activités précitées, l’humeur n’était pas à la joie.

Et si la réalité dépassait quelque peu l’optique télévisuelle ? Non sans la nier, bien sûr, mais en l’élargissant. Et si l’on prenait un moment pour s’attarder sur une autre facette de nos étudiant(e)s : celle de l’engagement. Au-delà des ras-le-bol, des coups de blues légitimes etc, on s’est intéressé aux raisons qui poussent certain(e)s à se mettre au service des autres.

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© Coraline Lafon / Pokaa

Enerel et la prévention sexuelle chez AIDES

Elle a 23 ans, est étudiante en troisième année de soins infirmiers et se destine à devenir soignante. Avec son sourire éclatant, Enerel nous reçoit dans les locaux strasbourgeois de l’association AIDES.

Comme souvent dans l’associatif, tout part d’un problème, de ce petit quelque chose qui touche une personne au point qu’elle décide de franchir le pas. Pour Enerel, c’est le constat d’un manque de prévention :

« Il y a une méconnaissance sur la santé sexuelle en général et encore beaucoup de tabous en 2023. Or, le fait de cacher les choses ou de ne pas dire amène fréquemment à prendre plus de risques. »

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© Martin Savail / Pokaa

Un jeudi sur deux, elle passe ses soirées dans une caravane à l’occasion des « maraudes TDS ». En arpentant Strasbourg, elle rencontre des personnes dont le sexe est le métier, constate trop souvent un manque d’accès aux moyens de protection, ou aux informations quant aux dépistages et aux risques.

Ces tournées servent à pallier cette précarité. Alors sans jamais oublier l’une des valeurs cardinales de l’asso, ne jamais juger, Enerel écoute, informe et sensibilise.

Je suis quelqu’un d’assez timide. Le fait de rencontrer des gens, ça me force à travailler sur cet aspect-là. Pour le futur, cette expérience va me servir ! J’aime être au contact des gens.
Enerel, militante chez AIDES
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© Facebook AIDES / Document remis

Cumulant études et engagement associatif, elle adapte ce dernier à ses disponibilités : « Chaque mois, nous avons un planning des actions qui sont proposées et auxquelles on peut s’inscrire. Ça bouge souvent. »

C’est par ce jeu d’équilibriste avec sa réussite étudiante que, lorsqu’elle quitte les cours, Enerel participe aux maraudes, à des temps d’échange ou encore à des permanences de dépistages.

Épanouie grâce à l’autonomie qui est laissée par AIDES aux militant(e)s et à l’aise dans ce qu’elle décrit comme une communauté bienveillante, Enerel entend bien continuer à se former et ne compte pas s’arrêter là : « J’ai l’impression de contribuer à ma façon dans cette grande association, j’apporte quelque chose ».

Suzie et la passion du scoutisme

À tout pile 20 ans, élue au conseil d’administration de son IUT et vouée à un métier dans la protection de la biodiversité, cette étudiante en bachelor biologie-environnement revêt une toute autre casquette le week-end venu. Elle prend alors sous sa responsabilité une vingtaine de gamins surexcités qu’elle emmène en pleine nature.

Vous l’aurez (peut-être) compris, Suzie est scoute, plus précisément cheftaine louveteaux-jeannettes (elle encadre les 7-11 ans).

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© Martin Savail / Pokaa

Lorsqu’on lui demande d’expliquer le scoutisme, le tableau qu’elle dépeint est loin de l’image passéiste et réac’ : « Historiquement, l’idée était de faire vivre aux enfants une vie plus sobre, plus proche de la nature. Aujourd’hui, je dirais que c’est une asso qui a pour but de faire découvrir aux jeunes l’entraide, la vie en communauté, le partage, le dépassement de soi et la débrouille. »

Non-croyante, elle a choisi de voir dans l’aspect religieux du mouvement un vecteur de transmission : « J’ai rencontré des camarades allemands et belges, avec ou sans religion, et j’ai pu remarquer que ces valeurs sont partagées par les scouts du monde entier. Elles sont importantes pour la société de demain. »

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© Suzie Fougerouse / Document remis

Dans cette optique, elle passe beaucoup de temps à préparer ses réunions et les week-ends campés au cours desquels elle plonge les enfants dans un imaginaire : « Il y a une dimension pédagogique, un vrai projet d’épanouissement des jeunes. Le but, c’est que chacun y trouve son compte, sa place, malgré ses différences. »

L’associatif, pour Suzie, ça a démarré tôt. Elle a onze ans lorsque ses parents l’inscrivent chez les scouts sans trop savoir pourquoi. Alors une fois adulte, elle a pris le relai : « Ça s’est fait naturellement, j’avais envie de rendre ce qu’on m’avait donné. C’était un cadre différent de l’école ou de la maison, un endroit avec des gens de tous horizons. »

Aujourd’hui, Suzie avoue placer son engagement associatif sur le même plan que ses études : « Je prépare parfois mes réunions avant même de bosser mes cours ». Et chaque été, bénévolement, elle part deux semaines avec les enfants.

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© Suzie Fougerouse / Document remis

Enthousiaste lorsqu’elle évoque ses actions, Suzie dit s’épanouir lorsqu’elle place le bien-être des enfants au premier plan. Elle compte bien poursuivre un engagement qui lui a déjà apporté beaucoup, sur le plan humain avec des amitiés qui durent, mais aussi dans les compétences travaillées.

J’apprends beaucoup la communication, avec les parents, le reste du groupe, mais aussi à être créative dans les activités que je propose. Par exemple avec l’invention de batailles navales géantes.
Suzie, cheftaine chez les scouts et guides de France

Antoine, l'ex-coach de basket

À 21 ans, Antoine est en deuxième année de master entrainement et optimisation de la performance sportive (STAPS) à l’université de Strasbourg. Pour lui, le bénévolat a pris fin cette année mais son expérience demeure significative. 

L’associatif pour Antoine passe avant tout par le sport… et ça ne date pas d’hier : « J’ai débuté le basket en même temps que l’école, donc à l’âge de trois ans. Puis j’ai commencé à encadrer et arbitrer quand j’étais au collège. »

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© Antoine Jolly / Document remis

C’est finalement au début de ses études universitaires qu’il choisit de sauter le pas. Il se dirige vers un bénévolat à responsabilités en s’engageant en service civique au club Saint-Joseph à Strasbourg (Saint-Jo pour les intimes).

Il prend alors en charge des équipes, dévoué à faire progresser enfants et ados. L’engagement d’Antoine est régulièrement complété par l’organisation de tournois et autres événements. Le coach délaisse alors la balle au profit de la pelle à tartes flambées. Et chaque été, le club se met au vert pour un Basket Camp avec les jeunes licenciés.

Si son objet d’étude est aujourd’hui l’optimisation dans le sport, on fait vite un parallèle avec son expérience, combinant coaching et études. Studieux sur les bancs de la fac, rapide et efficace pour retrouver les terrains de basket : « J’arrivais à m’organiser pour avoir mes soirées tranquilles et aller à mes propres entraînements ou aider mes jeunes. »

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© Bastien Pietronave / Pokaa

Avec le master et la charge de travail grandissante, le jeune homme s’est vu contraint de mettre un terme à son engagement à Saint-Joseph.

Mon engagement associatif m’a aidé dans mon insertion professionnelle et ça m’a aussi permis de me dire que ce métier, il est fait pour moi, que c’est vraiment ce que je veux faire.
Antoine, ex-coach de basket et étudiant dans le domaine sportif
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© Antoine Jolly / Document remis

Aujourd’hui en stage au sein d’une structure qui accompagne des sportifs professionnels, il voit son expérience associative comme un tremplin qui lui a évité un saut dans l’inconnu : « J’avais déjà cette assurance d’entraîner et ce feeling avec ce secteur. Ça m’a permis d’avoir une certaine aisance au niveau de ma posture de coach. »

Celui qui souhaite devenir préparateur physique ou sport scientist troquerait son parcours contre aucun autre.

Clara et la défense des droits étudiants

En troisième année de licence en droits européens, Clara a 20 ans. Elle est élue dans sa fac mais également en charge de la défense des droits à l’AFGES, et est revenue pour nous sur son parcours et ses motivations à s’investir pour les autres.

Tout commence avec la découverte de cet univers, pour celle qui a suivi toute sa scolarité en Allemagne : « Chez moi, toutes ces instances, ces associations, ça n’existait pas du tout. J’ai vraiment découvert ça en arrivant à la fac. » Ainsi, elle observe de loin et reste en retrait au cours de sa première année (chaque chose en son temps), avant de sauter le pas en décidant de s’engager à l’AED et de prendre à sa charge l’insertion professionnelle.

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© Martin Savail / Pokaa

Clara se forme et devient également trusted people. Ce dispositif déployé dans les événements des associations rattachées à l’AFGES a pour but de prévenir les violences sexuelles, sexistes et homophobes en misant sur une présence dissuasive et une possibilité d’intervenir rapidement : « Nos noms sont affichés avec nos têtes et nos numéros de téléphone. En cas de problème, on peut nous appeler, on va être la première personne à agir, la première parole. On participe à la soirée comme tout le monde, sauf qu’on ne boit pas d’alcool et on fait des tours pour vérifier que tout se passe bien. ».

C’est cette expérience qui l’amène à rejoindre l’AFGES. On lui propose de prendre en charge la lutte contre les discriminations et la défense des droits (qui comprend l’encadrement des trusted people). Elle accepte volontiers : « C’est quelque chose qui me touche beaucoup. J’avais envie d’agir. »

Si Clara tente de résumer humblement son parcours par « c’est finalement beaucoup de hasard », on est davantage tenté de le résumer par l’importance des convictions, l’envie de s’investir et un sens de l’organisation réglé comme un coucou suisse.

Pour allier études et bénévolat, Clara ne manque pas de conseils à prodiguer ! Tout d’abord, attendre de connaitre le fonctionnement de la fac pour s’investir : maitriser tout ce casse-tête, c’est déjà un gain de temps énorme.

Autre point primordial, savoir isoler des moments pour chacune de ses activités : un temps précis pour ficher les cours et préparer les TD ; un autre pour l’associatif. Clara identifie également très facilement un piège dans lequel il ne faut jamais tomber : « Je m’interdis totalement de louper des cours. Si des réunions tombent en même temps, je m’interdis d’y aller. »

Et last but not leasts’autoriser à prendre une pause si besoin : « Lorsque j’entre en période de partiels, je coupe. On reste des êtres humains, ça reste du bénévolat. En ce qui concerne décembre et ma période d’examens, je leur ai déjà dit « vous m’oubliez » ».

Comme les autres étudiant(e)s interrogé(e)s, Clara ne regrette pas son engagement : « Ça apporte des connaissances, mais aussi l’envie de défendre certains projets, les mettre en place. » Et comme pour les autres, son engagement prend tout son sens au regard de son projet pro : « J’aimerais évoluer dans un milieu plutôt juridique. Avoir fait de la défense des droits étudiants m’aidera dans ce sens. Je pense que ça m’apportera des choses sans que je n’en ai réellement conscience ».

Si on a envie de se rendre utile, l’engagement est toujours une bonne chose et ce à n’importe quelle échelle. […] On ressentira toujours une satisfaction à la fin, en se disant « j’ai pu aider au moins une ou deux personnes » ou bien « j’ai pu permettre de faire telle ou telle chose ».
Clara, en charge de la défense des droits à l'AFGES

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