Désamour démocratique, quelles solutions ? Comment pallier au système parfois jugé trop vertical de la « démocratie représentative » dans lequel on vit, qui ne donne peut-être pas assez la parole ou le pouvoir d’action à ses citoyens ? Consultations, listes citoyennes, référendums et votes en ligne fleurissent de toute part. A Strasbourg aussi, notamment dans le cadre d’un “budget participatif”, on fait des petits pas vers plus de “démocratie locale”. Après plusieurs étapes dont un vote numérique ouvert aux habitants, 31 “projets citoyens” lauréats devraient être mis en place, financés par la Ville.
Que ce soit au niveau des pétitions en ligne, des expérimentations démocratiques dans certaines communes ou encore sur des sujets nationaux avec les référendums (comme sur Notre-Dame des Landes, le RIC demandé par les Gilets Jaunes ou encore le RIP, référendum d’initiative partagée, contre la privatisation des aéroports de Paris sur lequel vous pouvez tenter de voter en ce moment même), la volonté de démocratie participative semble forte chez les Français ces derniers temps. Et chez nous aussi, à Strasbourg. Au programme, rien de révolutionnaire, mais une série de beaux projets pour embellir ou améliorer le fonctionnement de la ville, comme un nouveau skatepark, de la végétalisation urbaine, ou encore des cendriers de rue.
A Strasbourg, la Ville fait quelques pas dans le direction de la démocratie locale participative avec un « pacte pour la démocratie » qui a abouti sur un « budget participatif ». Le 27 juin, 31 projets « citoyens » qui seront financés par 1 millions d’euros de la collectivité ont été présentés au public. Ce sont les heureux élus d’un long processus sur plusieurs mois. D’abord, en novembre dernier, les citoyens montaient et proposaient des projets sur une plateforme numérique. Ensuite, ces projets sont passés au crible des services de la Ville pour évaluer leur “faisabilité juridique, technique et financière”. En avril, les habitants étaient invités à voter pour soutenir jusqu’à 5 projets par personne, validés en amont par la Ville.
Dans l’idée, ce budget d’un million d’euros est redistribué en fonction des quartiers dans une optique équitable, avec en moyenne 100 000€ par quartier en fonction du nombre d’habitants. Enfin, les résultats sont tombés en Mai. Ils sont disponibles dans leur totalité sur le site de la Ville. Le projet le plus populaire (potentiellement grâce à une forme de “lobbying citoyen” d’un groupe ou d’une communauté très motivée) atteint les 1339 votes numériques. Le moins plébiscité des projets élus a recueilli… 10 votes selon le site de la Ville.
En voici une sélection réduite (certains projets se ressemblant fortement, mais sur différents lieux) :
- Un nouveau skatepark (lieu à définir, entre Place de la Bourse, Jardin des Deux Rives ou Bassin Vauban)
- Réhabilitation du parc de la Place d’Haguenau
- Des jardins partagés, végétalisation des rues, installations de vergers
- Du mobilier urbain incitant à la propreté, comme des cendriers
- Rénovation et réhabilitation d’une tour des Ponts Couverts
- Rénovation de l’Horloge Ungerer
- Un espace de détente et de vie, place de la Gare
- Un suivi de la qualité de l’air quartier gare avec des capteurs
- Améliorer la place des femmes dans les terrains de foot de la ville
- Hôtels à insectes et nichoirs pour oiseaux
- Remise à niveau d’un terrain de foot dans le quartier Conseil des XV
- L’éclairage d’un passage près des écoles quartier Conseil des XV
- Amélioration de la place Arnold (déco, illuminations…)
- Vélo-bus scolaires : “transport actif sans émission de CO2”
- Embellissement et sécurisation de différentes rues comme l’avenue Mitterrand
- Un accueil avec fauteuils et sièges dans le hall de la piscine d’Hautepierre
- Un lieu de pratique musicale à Koenigshoffen
- Borne de distribution d’histoire courtes, des cabanes à livres
- Aménagement du cours d’eau du Mulbach
- Installation d’une copie de stèle romaine pour mettre en valeur le passé historique de Strasbourg
Pour voir le reste et les détails de ces projets lauréats du budget participatif, quartier par quartier et avec le budget alloué par projet, c’est par ici.
214 projets déposés, plus de 80 retenus et 31 élus
Ces nouvelles formes de vie civique ont forcément leurs propres failles et leurs propres problématiques. Exemple de reproches : « Seuls les retraités ont le temps de s’y intéresser et de voter ! » ; ou encore : « On ne nous demande pas notre avis sur les choses qui comptent ! », a-t-on pu lire sur les réseaux sociaux. La Ville et son adjointe au maire responsable de ce projet, Chantal Cutajar, expliquent que c’est “une première expérimentation” et que les prochaines éditions seront plus ambitieuses. Une édition 2020 devrait voir le jour.
Lors du lancement initial du budget participatif fin 2018, l’adjointe nous déclarait : “Je crois qu’on arrive un peu au bout de la démocratie représentative. Les citoyens ne comprennent plus qu’on ne les consulte pas entre les élections. Il y a une demande très forte de co-construction.”
Et vous, qu’en pensez-vous de cette nouvelle démarche ? Et surtout, de quel œil voyez-vous ces nouveaux projets qui risquent de pousser un peu partout dans les mois/années qui viennent?
Rien de bien transcendant dans ce qui est retenu mais ça a le mérite d’exister.
Ayant moi-même proposé un projet (en gros un nouveau fablab ouvert à tous avec une gamme d’outils plus larges, plus utiles avec un coût moins important), qui a été balayé d’un revers de main au profit d’un vélo-bus scolaire entre autres, alors qu’on devrait, à mon humble avis, investir d’avantage dans des projets promouvant le développement des compétences (artistiques, scientifiques, sportives, etc) propres de tout à chacun par des infrastructures dédiées, même si l’amélioration urbaine de la ville reste quelque chose d’important malgré que l’ambition de certains projets retenus m’échappe encore.