“Langstross Grand Rue” énoncé avec une grosse voix grave, “Gallia” prononcé avec une voix enfantine fluette : voilà maintenant près d’une vingtaine d’années que des voix familières accompagnent les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois dans leurs trajets quotidiens. Certains ont leur petit préféré, d’autres ont du mal les supporter, mais elles font sans aucun doute partie du paysage urbain strasbourgeois. Mais d’où viennent ces voix qui prennent la parole à chaque arrêt de tram et qui appartiennent-elles ?
C’est la Ville de Strasbourg qui est à l’initiative du projet, à l’occasion de l’installation de la 2e ligne de tram, dès l’année 2000. C’est donc par l’intermédiaire d’une commande publique, que le musicien Rodolphe Burger est sollicité, afin de réaliser une œuvre sonore à faire retentir dans les trams strasbourgeois. Colmarien d’origine, le compositeur, guitariste et chanteur et fondateur du groupe Kat Onoma monte donc le projet des voix du tram, intitulé “Vox populi”.
Une ode à la diversité strasbourgeoise
Rodolphe Burger lance donc un appel à la participation citoyenne, pour trouver les voix qui rythmeront plus tard nos déplacements au sein de la ville. Pour chaque station, il compose également lui-même un petit thème sonore afin d’annoncer le prochain arrêt. Chacune dispose donc d’une sorte de jingle musical unique qui lui confère une certaine identité.
Pas moins d’une centaine de personnes ont été enregistrées et leurs voix traitées par le compositeur. Une priorité : mettre en avant la diversité à Strasbourg. Voilà pourquoi les profils sélectionnés sont très hétéroclites. On peut entendre différentes prononciations aux accents russes ou bien anglais. Ou encore des voix avec un ancrage plus local avec une touche d’accent alsacien. Diverses tranches d’âge sont aussi représentées : la plus jeune participante ayant 4 ans et demi et le plus âgé 82 ans. Enfin, certaines appartiennent à des citoyens strasbourgeois anonymes, alors que d’autres sont celles de célébrités de la région comme Roger Siffer, Jean-Luc Nancy, Simone Morgenthaler, ou encore Huguette Dreikaus.
Excellent article, des années à me poser la question sans jamais chercher.
À noter que l’idée d’attribuer une mélodie unique à chaque station est originaire du Japon, notamment à Tokyo où on les appellent les Hassha Melody.