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Au service de la santé des femmes : à Strasbourg, rencontre avec une sage-femme et une doula

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Julie Poupin est sage-femme en milieu hospitalier, Camille Coutan est doula indépendante. Deux professions qui accompagnent les femmes à différents moments de leur vie et pendant leurs accouchements. Les deux amies livrent un regard croisé sur leurs pratiques et leur approche du soin. Entretien.

• Le métier de doula est encore méconnu. En quoi consiste-il ?

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Camille Coutan (CC) : Nous sommes là pour accompagner des individu(e)s d’un point de vue émotionnel, informationnel et logistique à différents moments de la vie. Notamment autour de la périnatalité, de la parentalité, du désir d’avoir des enfants en passant par la grossesse, l’accouchement, le post-partum, le deuil périnatal et l’accouchement. Je parle volontairement d’individu(e)s car je veille à ne pas genrer : nous accompagnons des femmes, mais aussi des pères et des personnes qui se considèrent comme non-binaires.

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Camille Coutan. © Adrien Labit / Pokaa

Nous n’avons aucune compétence médicale : nous sommes là pour donner des temps d’écoute, d’échange, de partage et de réflexion. Au cours d’une grossesse par exemple, on va discuter de tous les changements qui peuvent avoir lieu dans le corps. Lorsque l’on va à un rendez-vous médical, c’est souvent assez court et beaucoup de personnes n’ont souvent pas le temps de poser toutes leurs questions.

Parfois, elles n’osent pas en se disant que leurs interrogations sont stupides. Dans ces cas-là, nous sommes là pour qu’elles puissent les exprimer. Nous pouvons aussi discuter des souhaits autour de l’accouchement, donner quelques exercices de yoga ou de sophrologie pour se préparer. Bref, donner quelques outils.

• Quelles sont les missions d’une sage-femme ?

Julie Poupin (JP) : Une sage-femme est une professionnelle de santé qui va suivre les femmes de la première contraception à la ménopause. Nous sommes les garantes de la physiologie. Lorsque les situations sont pathologiques, nous redirigeons les patientes vers un médecin. Mais nous pouvons prescrire une contraception, faire du suivi de grossesse, donner des cours à la vie affective et sexuelle dans les collèges… Il existe pour nous plein de manières d’exercer : à l’hôpital, en libéral, en PMI [Centre de protection maternelle et infantile, ndlr]

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Julie Poupin. © Adrien Labit / Pokaa

• Est-ce qu’il vous arrive de travailler ensemble pour l’accompagnement des femmes ?

JP : Oui, mais nous n’avons pas le droit de nous associer au sein d’un même cabinet.

CC : Le métier de sage-femme est réglementé, ce qui n’est pas le cas du métier de doula. L’association des doulas de France a cependant édité une charte qui stipule que notre accompagnement est complémentaire à celui des sages-femmes et des médecins. Nous accompagnons les familles qui ont mis en place un suivi médical pendant la grossesse et l’accouchement. Nous pouvons être auprès des femmes pendant le travail et l’accouchement à la condition qu’une sage-femme ou un médecin soit également présent afin d’assurer la surveillance médicale nécessaire. C’est une manière d’éviter les dérives.

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© Adrien Labit / Pokaa

• Comment est-ce que cela se passe à l’hôpital ?

CC : Ce n’est pas toujours facile d’accès, mais au CMCO, à Schiltigheim par exemple, les doulas sont bien acceptées. J’y ai déjà accompagné des accouchements. En général, on se rencontre avant avec une sage-femme ou une gynécologue du CMCO. Ça me permet de me présenter et d’expliquer quel est mon rôle auprès de la famille. Ensuite, on se retrouve à la maternité le jour J. Je suis présente tout au long du travail et de l’accouchement. Lorsque les sages-femmes et gynécologues interviennent, je m’efface pour leur laisser complètement la place. Après, nous pouvons de nouveau faire bulle avec la famille.

JP : J’émets juste un bémol. À l’hôpital, on peut venir accompagnée, mais il faut que cela soit accepté en amont. Il faut demander une autorisation. C’est quelque chose qui est discuté avec une cadre ou une cheffe de service dans le cadre d’un projet de naissance.

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© Adrien Labit / Pokaa

• Qu’est-ce qu’un projet de naissance ?

JP : Il s’agit simplement d’une réflexion des parents quant à la manière dont ils veulent vivre l’accouchement. Il n’y a pas de règles en la matière. Cela peut-être une discussion avec le personnel médical, un document écrit avec des souhaits, des dessins, une lettre… Il y a toujours des imprévus, mais cela nous donne une ligne directrice. Cela peut par exemple être une demande d’accouchement physiologique, sans anesthésie péridurale.

En tant que sage-femme, je trouve ça génial parce que les parents se sont investis dans cette réflexion. Mais parfois, il arrive que les projets soient mal vus par certaines de mes collègues, qui peuvent avoir le sentiment qu’on veut leur apprendre leur métier. Une fois, j’ai simplement reçu un tableau détaillé avec tous les actes médicaux possibles et des croix devant ce qui était accepté ou « non » devant ce qui ne l’était pas. Sans un mot.

Ça n’ouvre pas à la communication alors on s’interroge, on se demande ce qui a pu se passer pour qu’il y ait de telles barrières. Mais cela pose problème lorsque ce qui nous est demandé entre en opposition avec nos recommandations. Quand on nous demande de ne pas mettre d’antibiotiques par exemple. Ou de réanimer le bébé près de la maman si cela doit arriver, alors que l’espace avec les équipements se situe dans la salle d’à côté.

CC : Là, c’est intéressant parce qu’on voit la professionnelle de santé qui a ses protocoles et ses recommandations, qui a été confrontée à des situations qui se sont mal passées et qui cherchent à prendre soin de ses patientes. Moi, je vois aussi l’autre côté des choses. Il m’est arrivé d’échanger avec des couples qui ne veulent pas d’antibiotiques. Cela pose des questions de choix et de droit, car même à l’hôpital, notre corps nous appartient et nous avons le droit de dire non. 

Cette dimension peut-être compliquée à accompagner, car refuser tel ou tel acte peut créer des conséquences très positives. Et en même temps, si l’on veut accoucher en maternité, on ne peut pas être contre le milieu médical. On marche parfois sur une ligne qui est très fine. C’est pour ça qu’en matière d’accompagnement de projets de naissance, je discute beaucoup avec Julie pour savoir ce qu’une sage-femme pourrait avoir envie de lire et comment faire pour que ce soit agréable à recevoir pour le personnel de santé en général.

• Qu’est-ce que peut apporter la présence d’une doula en salle de naissance pour une sage-femme ?

JP : Je vais donner un avis personnel, mais je suis ravie quand il y a une doula en salle d’accouchement. Il y a des gardes à l’hôpital où tu vas au plus rapide, au strict minimum parce que tu veilles sur plusieurs patientes en même temps. Il y a plein de fois où je me dis que j’aurai pu expliquer ce que le bébé était en train de faire, ce qui allait se passer, mais cela demande du temps et je n’en ai pas. Quand il y a une doula, elle va pouvoir expliquer mes choix de prise en charge à la patiente, lui ramener un jus de pomme, une bouillotte… Des choses bêtes, mais qui font partie de ce petit « prendre soin » qui manque parfois.

CC : En salle de naissance, mon rôle est d’accompagner la personne qui accouche dans la gestion de ses douleurs et, en effet, de lui ramener tout ce dont elle peut avoir besoin. De lui faire des massages, si ça lui est utile. Et s’il y a un ou une partenaire, c’est aussi mon rôle de prendre soin de cette personne, car la femme est dans son monde, occupée à gérer ce qui se passe à l’intérieur d’elle. Je peux aussi sortir de la salle pour aller poser des questions aux professionnels de santé. Et à l’inverse, ma présence peut leur éviter de s’adresser directement à la femme en travail, qui désire parfois rester dans sa bulle tout au long de l’accouchement.

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© Adrien Labit / Pokaa

• Comment préparez-vous les femmes à ce moment particulier ?

CC : La première image que l’on a d’une doula, c’est en général celui d’un accompagnement dans la gestion de la douleur dans le cas d’un accouchement sans péridurale. Mais c’est beaucoup plus large que ça. Je pars de la base, j’explique comment se déroule le processus d’accouchement physiologique sans intervention médicale.

Je parle de la manière dont le bébé est positionné dans le ventre, de ce qu’est un placenta, un cordon ombilical, ce qui passe pendant le travail puis à la délivrance, comment les premières tétées d’allaitement créent des contractions utérines qui permettent de refermer les vaisseaux sanguins…  Mais j’explique aussi ce qu’est une césarienne ou une péridurale, parce que cela peut arriver, même si l’on n’en veut pas au départ. Et je donne des exemples de positions qui peuvent aider pour l’accouchement, des points d’acupression qui soulagent la douleur, des massages…

JP : Ça rejoint beaucoup la préparation à la naissance que l’on fait en tant que sage-femmes. Ce n’est pas parce que nous sommes une profession médicale que l’on va forcément médicaliser l’accouchement, au contraire ! Notre but à nous aussi est qu’il soit le plus physiologique possible.

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© Adrien Labit / Pokaa

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