Installé à Strasbourg, au cœur du Neudorf, L’Atelier de Jojo propose aux amoureux/ses de Citroën 2CV d’entretenir et de restaurer leur voiture. Un garage un peu particulier, où la mécanique se mêle à la passion.
« Celle-ci, c’est une 2CV de 1988, elle a été pas mal bricolée », explique Jean-Christophe Dartoy, pendant le tour du propriétaire. « Dans les années 1990, on coupait les ailes, on modifiait l’allure de la voiture, c’était la mode. Ça lui donnait un petit côté Mad Max, détaille le carrossier. Mais attention, ce n’est pas au goût de tout le monde. »
Comme pour ponctuer sa phrase, il traverse l’atelier et nous désigne une autre voiture, aux lignes plus classiques. « Là, on a un modèle de 86, dans un état exceptionnel ! Elle a 30 000 km au compteur, tout est d’origine et elle n’a jamais été bricolée. »

Depuis 10 ans, Jean-Christophe, aka Jojo, propose aux amoureux/ses des deudeuches (surnom donné au 2CV) de prendre soin de leur voiture. « Ici, on fait tout ce qui est entretien de 2CV et les dérivés Citroën. Ça va de la petite mécanique à la vidange jusqu’à la restauration complète de la voiture. »
Comme souvent, l’histoire commence par une rencontre. Pour Jean-Christophe, c’était en 2004, presque par hasard. « Au garage où je travaillais à l’époque, une personne vendait une Citroën Acadiane, je l’ai achetée et j’ai commencé à la bricoler un peu. J’ai trouvé ça super sympa, la forme, la temporalité de cette voiture, tout cela m’a plu. »

Une voiture iconique
Produite pendant quatre décennies, la 2CV est la voiture française « populaire » par excellence. Cinq millions d’exemplaires sont sortis des usines Citroën entre 1949 et 1990. Elle a marqué de nombreuses générations.
« Quand les gens m’amènent leur 2CV, ils commencent par me parler du rapport sentimental qu’ils ont avec cette voiture. Ils me racontent des anecdotes, le grand-père qui les emmenait à la pêche dans sa 2CV ou les départs en vacances à cinq dans la voiture. »

La 2CV marque par sa simplicité. Rustique et peu ostentatoire, elle se conduit aussi facilement qu’elle consomme peu de carburant. « Par contre, ça ne freine pas dur, on va dire qu’il faut anticiper. »
Côté confort, l’essentiel est là, mais pas plus. « Il faut quand même savoir qu’il n’y a du chauffage que quand vous roulez. L’hiver en Alsace, il vaut mieux avoir un plaid. » Si Jean-Christophe ne recommande pas d’aller sur l’autoroute en deudeuche, les modèles les plus récents offrent tout de même des performances honorables « avec le vent dans le dos », explique-t-il en rigolant.


Pour le carrossier, c’est une voiture increvable et facile à réparer. « Vous pouvez faire le tour du monde avec, vous n’aurez jamais de problème. Partout dans le monde, il y a des passionnés qui peuvent vous dépanner une pièce. Un bout de ficelle, une clé de onze, un tournevis plat et c’est bon, vous repartez ! »
Si l’aventure en 2CV vous tente, Jojo recommande tout de même de consulter un(e) professionnel(le) avant d’acheter, pour ne pas avoir de mauvaises surprises. « Il y a beaucoup de gens qui les ont réparées eux-mêmes, et ce n’est pas toujours très bien fait. »

Des quatre roues aux deux roues
En 10 ans, Jean-Christophe Dartoy estime que 300 2CV sont passées par son garage. Pourtant, le passionné n’en possède pas lui-même. « J’aimerais bien en avoir une, mais je vis en ville et ce n’est pas évident, il faut tout de suite avoir un garage. Comme je n’ai pas les moyens d’avoir des voitures de collection, je collectionne les vieux vélos. »
Là aussi, c’est une rencontre due au hasard. « Ce sont mes collègues qui étaient passionnés, j’ai commencé à en bricoler un pour voir et je suis tombé amoureux. Le premier, c’était en 2016 et depuis je n’ai pas arrêté. »

Pour les deux roues, Jojo jette son dévolu sur les vélos français des années 50 en général, de marque Peugeot en particulier. « Il faut dire qu’on a fait parmi les meilleurs ! »
Une partie de sa collection est exposée dans l’atelier, un Ruche de 1950 côtoie un Bertin des années 1980 et un Peugeot de 1956. Sa plus belle pièce, « le Graal » du collectionneur de vélos : « un Nicolas Barra de 1940. C’était un constructeur qui faisait des vélos en aluminium. À l’époque, c’était une prouesse folle. Ils sont très difficiles à trouver. »

Jean-Christophe estime avoir restauré une vingtaine de vélos. « J’ai encore de quoi m’occuper », explique-t-il en désignant du doigt la trentaine d’autres suspendus aux murs au-dessus des 2CV. « On dit que les collectionneurs commencent par les voitures, puis les motos et enfin les vélos, c’est l’aboutissement ! » Avant de poursuivre, « c’est le plaisir de bosser sur des pièces d’histoire ».
Un petit atelier sympa dans un autre monde : celui des carambars, des mistral gagnants et de la joyeuse jeunesse des 30 glorieuses qui se retrouvait aux boums, aux pick-nicks ou aux parties de pêche le dimanche…. en deudeuche. Moi même j’en ai eu 2, puis 2 Meharis rustiques et increvables ui m’ont emmené à travers toute l’Europe sans problème. On savait, et on prenait le temps de bien vivre. Ahh cher passé tendre et glorieux !