Depuis sa création il y a plus de cinq ans, le tiers-lieu installé depuis 2022 derrière la gare n’a cessé de se développer. Grâce à ses multiples projets, sa créativité et son engagement solidaire, l’équipe a su convaincre de nombreux/ses Strasbourgeois(es) de monter à bord du Wagon (Souk). Lancée à vive allure, la petite asso autogérée compte bien poursuivre son expansion et conquérir toujours plus de monde.
Après avoir fait son nid au parc Gruber à Koenigshoffen, le Wagon Souk a définitivement pris son envol depuis son déménagement rue du Rempart, en juin 2022. Un nouvel espace, bien plus vaste, qui a permis au tiers-lieu solidaire de laisser libre cours à ses innombrables activités.
Si Zaï Mo et Hélène restent à la tête de ce projet grandissant, plusieurs nouvelles têtes ont fait leur apparition au fil du temps. Aujourd’hui, le Wagon c’est une dizaine de personnes, avec Botor (cheffe de la cuisine sénégalaise), Salam (cheffe de la cuisine éthiopienne), accompagnées par Embesse, Nordine et Diallo en cuisine, ainsi que Sacha, Roxanne, Chams et Rose qui se relaient au bar.
Il y a aussi Maamar en régie pendant les événements, Arno à la direction artistique, Margo et Josslin à la programmation, Rozenne à la communication, Assair au Cyclo Souk, Mounia aux retouches à la friperie et, enfin, Constantin, qui vient tout juste de rejoindre l’équipe en tant qu’assistant administratif.



Chaque projet qui naît et prend forme rue du Rempart correspond aux valeurs défendues par le lieu depuis sa création : l’interculturalité, la solidarité ou encore les pratiques artistiques. En tant qu’association autogérée, le Wagon Souk incite aussi les Strasbourgeois(es) qui le fréquentent à devenir adhérent(e)s. « Ça permet de recevoir la programmation tous les mois par mail, mais c’est aussi dans une volonté de créer une grosse communauté qui va au-delà de juste fréquenter le lieu » précise Zaï Mo, co-gérant.
Sur place, on retrouve évidemment les projets phares qui ont participé à la popularité du Wagon Souk : la cantine associative, la friperie solidaire, le dispensaire des plantes, le cyclosouk pour se procurer un deux-roues à petit prix, mais aussi le magasin gratuit, à destination des plus démuni(e)s.
À Strasbourg, un magasin 100% gratuit ouvre ses portes aux plus démunis



Une programmation qui part dans tous les sens (et on adore ça)
Il suffit d’y jeter un coup d’œil pour se rendre compte que la programmation est foisonnante, voire débordante. Au point qu’il en devient presque difficile de s’y retrouver ! Tous les jeudis, c’est spécial étudiant(e)s, le mercredi quant à lui est souvent consacré à la danse, le créneau du dimanche soir est réservé aux concerts de groupes locaux, et avant les vacances scolaires, l’équipe invite les familles à une Mini souk party.
En dehors des rendez-vous réguliers, le lieu propose aussi des ateliers et des événements en tous genres : expositions, ventes solidaires, résidences artistiques ou même conventions tattoo. Au Wagon, on y va aussi bien pour danser la kizomba, que pour se faire masser, faire de l’aquarelle ou du sport, réparer son vélo, bruncher, s’initier à l’écriture intuitive, faire du yoga avec son bébé, ou encore de l’upcycling.
Et quand la nuit tombe, l’établissement se transforme à nouveau. Depuis son installation, le tiers-lieu s’est imposé dans le monde de la nuit strasbourgeois comme une véritable option pour les fêtard(e)s.


Là encore, sa programmation éclectique séduit. Psytrance, funk, raï, punk, afrobeat, latino, amapiano, techno, bass music, sans compter les soirées à thème où on termine entièrement recouvert de mousse. La force du Wagon, c’est la diversité impressionnante des publics qu’il parvient à réunir. « On travaille beaucoup la notion d’underground, donc tout ce que la société met à la marge. Depuis le début, on a voulu ramener la culture périphérique au centre, et dire : “Laissez-nous la place en tant que minorité, dans cette domination culturelle, politique et médiatique” » explique Zaï Mo. D’ailleurs, l’établissement collabore régulièrement avec des collectifs locaux de la scène alternative.



La solidarité comme liant
Depuis ses débuts, le lieu est particulièrement tourné vers la solidarité, comme en témoigne sa grille tarifaire inclusive, qui s’adapte au budget de chacun(e) : « Il y a le prix solidaire, le prix de base et celui pour ceux qui peuvent mettre plus et qui récompensent ceux qui en ont le plus besoin. On fait hyper attention à nos tarifs parce que chaque action permet de financer autre chose derrière. C’est vraiment un cercle vertueux où on cherche à trouver l’équilibre entre chaque chose, pour en faire profiter un maximum de gens », explique le co-gérant.
L’équipe a aussi tissé des liens forts avec le monde associatif local et les structures qui luttent contre la précarité, comme Les Compagnons de l’Espoir ou Solidariteam. « La solidarité, c’est notre liant, elle traverse toutes nos actions. Le Wagon Souk, il appartient à Strasbourg, à ses habitants, c’est à vous. »






Une véritable offre de restauration
Derrière les fourneaux de la cantine associative, on retrouve Botor, Salam et leurs commis qui concoctent de savoureux plats du mercredi au dimanche. Thieb, mafé, fricassés, injera, attiéké, alloco, couscous, yassa, pâtisseries orientales, les cheffes de l’établissement ont pris le parti de faire honneur à la diversité de la cuisine africaine. Et tous les dimanches, un plat est mis à l’honneur pour inviter les Strasbourgeois(es) à un voyage culinaire en découvrant une recette emblématique d’un pays.
Au bar aussi, il y a de quoi faire de belles découvertes. Bissap, jus de gingembre, kombucha, jus de litchi ou de maracuja, Redbull à la pastèque, ginger beer, limonades japonaises Ramune, la carte des boissons déborde de vitamines.



Un engagement politique marqué
Convaincu que la vie quotidienne est un terrain politique sur lequel tout le monde peut s’aventurer, le Wagon Souk invite les Strasbourgeois(es) à penser le monde. Depuis avril 2024, l’équipe s’est lancée dans l’organisation d’une série de rencontres et d’échanges autour d’un concept qui lie poésie et politique : « C’est un projet artistique et politique, qui est lié à l’anti-racisme et à la pensée décoloniale. Ce qu’on a voulu faire, c’est créer un espace presque pédagogique, de transmission. En tant que personnes racisées, ça nous permet de nous connecter à notre récit politique et de le transmettre à ceux qui ne le connaissent pas. »
Mais pour Hélène et Zaï Mo, la dimension artistique n’est jamais bien loin et l’aspect poétique de ces événements est essentiel : « On est artistes à la base et on est persuadés que c’est grâce au sensible que les gens se connectent entre eux. »



Parmi les personnalités invitées au cours de ces derniers mois, on retrouve notamment Frank Lao (écrivain et créateur du compte Instagram Décolonisons Nous), la poétesse, musicienne et activiste Moor Mother, l’essayiste et militante Houria Bouteldja, ou encore la journaliste et autrice Louisa Yousfi.


Au moment des élections législatives anticipées qui se sont tenues en juin et juillet dernier, le Wagon Souk s’est aussi identifié comme un lieu de rassemblement citoyen et militant en faveur du Nouveau Front Populaire. Mais Zaï Mo l’assure, l’ambition du tiers-lieu n’est pas de cultiver l’entre-soi en se repliant sur lui-même :
« On ne reste pas dans un modèle non-inclusif, je suis hyper content de voir même des gens qui votent à droite ici. C’est là qu’on doit créer la différence, nous, les gens de gauche, et permettre cette connexion-là. On tend aussi la main à toutes les minorités socio-politiques. C’est une espèce d’oasis dans un monde où on est de plus en plus séparés, étriqués. Un endroit comme celui-là, il faut juste le soutenir, le protéger. C’est rare des lieux comme ça, ça devient presque un espace de résistance. »


Alors, c’est quoi la suite ? Zaï Mo confie que l’équipe aimerait proposer encore plus de choses dans le domaine du social, comme mettre en place une maraude. Mais la principale volonté qui l’anime actuellement, c’est de poursuivre la structuration de l’équipe et d’évoluer vers une coopérative : « Pour nous, c’est une finalité pour que les gens qui ont construit ce projet soient partie prenante. On a commencé avec une équipe composée notamment de personnes sans-papiers et qui sont devenues des salariées, qui maintenant vont peut-être même finir associées, et je suis fière de ça. »
« Plus les temps sont difficiles, plus les temps sont fascisants, plus ça nous donne de la force et nous fait dire que notre présence est importante, et on espère que ce modèle du Wagon Souk pourra être reproduit ailleurs », conclut le créateur du lieu.
Et si on n’a pas de compte sur les réseaux sociaux privés ? Comment s’informer des actualités du Wagon Souk ? C’est pas vraiment inclusif…
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Bonjour, il serait intéressant de vérifier l’éthique du responsable du lieu avant d’employer des termes tel que solidarité. https://www.google.com/amp/s/www.rue89strasbourg.com/wagon-souk-sans-mama-246077/amp