L’Alsace-Moselle a une histoire particulière. D’abord français, ce territoire devient allemand en 1870, avant de redevenir français au lendemain de la Première Guerre mondiale. Entre-temps, il repasse encore une fois sous pavillon allemand avant de retrouver l’Hexagone, en 1945. Un destin et un sort particulier pour des milliers de personnes, obligées de s’adapter à chaque fois. À 45 minutes de Strasbourg, le Mémorial Alsace-Moselle raconte leurs histoires et leurs vies, au sein de 17 salles immersives, pour ne pas oublier.
Surplombant la vallée de la Bruche, le musée du Mémorial Alsace-Moselle a ouvert ses portes en 2005. Et son implantation n’est pas due au hasard : Schirmeck est au carrefour des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin, de la Moselle et des Vosges. De plus, le Mémorial se trouve symboliquement en vis-à-vis direct avec l’ancien camp de concentration du Natzweiler-Struthof.
Une fois la voiture garée sur le parking, direction l’entrée du musée. Et là, première surprise : le lieu est accessible après un long cheminement voulu par les architectes comme un temps d’introspection, afin d’appréhender au mieux l’histoire locale. Puis, direction l’intérieur, après avoir contemplé le panorama.
Dès la première salle, l’ambiance est pesante. Nous sommes accueillis dans la galerie des portraits : ceux de 154 Alsacien(ne)s et Mosellan(e)s ayant vécu entre 1870 et 1940, et leurs histoires sont racontées grâce à de nombreux documents issus d’archives.
1939 : le destin de l'Alsace et de la Moselle bascule à nouveau
Officiellement, la Seconde Guerre mondiale débute le 1ᵉʳ septembre 1939, lorsque les troupes allemandes envahissent la Pologne. Dès ce jour, l’ordre d’évacuer les habitant(e)s des communes frontalières d’Alsace-Moselle est ordonné. Plusieurs centaines de milliers de personnes sont contraintes à l’exode. La prochaine salle du musée présente cette période, à l’aide d’une réplique d’un train d’époque.
Le lendemain, le 2 septembre, la mobilisation générale est décrétée, la France entre en guerre. Dans ce lieu, les bruits de foule, de trains et l’ambiance d’une gare nous plongent dans le passé. On pénètre dans un wagon.
De l’autre côté, on débarque et nous voilà immergés dans un bunker de la Ligne Maginot. Nouvelle salle thématique donc, avec plusieurs films nous racontant l’histoire de cette dernière.
Si l’armistice du 22 juin 1940 reste muet sur le sort réservé à l’Alsace-Moselle, la réalité du terrain est tout autre : l’Allemagne rétablit la frontière de 1871 et invite les personnes évacuées à rentrer chez elles.
L’administration allemande s’attaque ensuite, dès l’été 1940, à éradiquer les traces de présence française dans la zone, poussant une nouvelle fois les gens à s’adapter. La salle parle d’elle-même.
La suite de la visite se poursuit dans un bâtiment administratif allemand. Il ne reste plus rien de la France. L’Alsace et la Moselle sont mises au pas et nazifiées. C’est tout un territoire qui est contraint d’entrer dans le moule.
1942 : la répression s'amplifie
Jusqu’en 1941, la répression reste modérée en Alsace-Moselle et un temps d’adaptation est accordé. Ce n’est qu’à partir de 1942 que l’internement et la déportation dans les camps s’amplifient, après que des filières d’évasion soient découvertes. Une des raisons principales : le refus du service militaire et les premiers mouvements actifs de résistance.
Nous arrivons ensuite dans une salle impressionnante : celle d’un champ de bataille. Ambiance sombre, bruits d’avions, de balles, de sirènes et d’explosion : tout y est. Le sol est sens dessus dessous, il y a des gravats, un char embourbé. C’est l’une des plus impressionnantes salles du musée.
Après la bataille de Stalingrad en 1943, Joseph Goebbels déclare la guerre totale. Toutes les ressources matérielles et humaines sont mobilisées. La répression est impitoyable. Pour s’être opposé(e)s aux nazis, près de 6 400 Alsacien(ne)s et Mosellan(e)s sont déporté(e)s dans les camps de concentration. Environ 40% ne reviendront jamais.
1944 : la libération et la construction européenne
Le 23 novembre 1944, Strasbourg est libérée, et le 8 mai 1945 marque le jour de la capitulation allemande. En Alsace-Moselle, cette libération s’accompagne d’une épuration spontanée : lynchages, femmes tondues et règlements de comptes marquent cette période.
De plus, il ne faut pas l’oublier, occupées et annexées, l’Alsace et la Moselle ont payé un lourd tribut pendant cette guerre : environ 130 000 personnes avaient été incorporées de force (les Malgré-nous), et plus de 30 000 sont mortes, d’autres sont portées disparues.
Dès lors, dans le musée, l’ambiance, qui jusqu’à là était pesante, change complètement. La musique est joyeuse et les couleurs sont vives : on rentre dans l’ère européenne.
La suite, inaugurée en 2017, présente la construction de l’Union européenne : de ses débuts (avec Robert Schuman) au futur à inventer aujourd’hui, en passant par la guerre froide et les institutions européennes. Elle invite à réfléchir à l’Europe de demain en se questionnant sur les nouveaux défis.
En fin de parcours, le musée propose régulièrement des expositions temporaires. Au moment de notre visite, et à l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024, on a eu l’occasion d’en trouver une sur le sport en Alsace-Moselle entre 1940 et 1945, et c’est sur cette salle que notre visite se termine.
Établissement
Mémorial Alsace-Moselle
Quoi ?
MuséeQuand ?
12 Oct. 2024où ?
Allée du Souvenir Français, 67130 SchirmeckPlus d'infos ?
- Ouvert tous les jours, de 9h30 à 18h
- La visite dure environ 2h
- 13€ par adulte, 10€ par enfant de 8 à 18 ans, gratuit pour les moins de 8 ans
- Le site internet du musée
