Dernière moutarderie d’Alsace et seule entreprise à transformer les racines de raifort, Alélor occupe une place de cœur dans les cuisines alsaciennes. Créée en 1873, la société s’est diversifiée au cours de sa longue histoire et se tourne aujourd’hui vers l’avenir. Retour sur une aventure qui ne manque pas de saveurs.
Moutarde, raifort, bien sûr. Mais aussi, mayonnaise, sauces, pickles et cornichons. Si la liste des produits proposés par la maison Alélor s’est étoffée ces dernières années, c’est tout simplement parce que la société sait mêler tradition culinaire et innovation.
Aujourd’hui, Alélor, c’est 1 500 tonnes de moutarde produites chaque année, un raifort d’Alsace râpé dont la recette n’a pas changé depuis six décennies, et, depuis 2021, des mayonnaises et toute une gamme de sauces nées du savoir-faire de l’entreprise alsacienne.
Un siècle et demi d’histoire
L’aventure commence en 1873 à Lingolsheim. Cette année-là, Jean Stumpf crée une fabrique de moutarde et l’installe rue du Maréchal-Foch sous le nom de Moutarderie alsacienne Stumpf frères. Bien des années plus tard, en 1939, la marque prend le nom de Alélor, contraction des régions Alsace et Lorraine. Quatre générations de Stumpf se succéderont à la tête de l’entreprise avant qu’elle ne soit rachetée par la Coop Alsace au début des années 1980.
Au milieu des années 1950, alors que les Stumpf fabriquent de la moutarde à Lingolsheim, une autre société voit le jour à Mietesheim : Raifalsa. Cette dernière se spécialise dans la transformation et la préparation du raifort dont la culture se développe dans le village. Il faut attendre 2006 pour que les destins des deux sociétés alsaciennes se croisent, quand Raifalsa fusionne avec Alélor. La production déménage alors à Mietesheim et les produits sont commercialisés sous le nom Alélor.
Aujourd’hui, la société emploie 20 salarié(e)s dans son usine du nord de l’Alsace et dispose notamment de plusieurs boutiques aux quatre coins de la région, dont une à Strasbourg !
De nouveaux produits
Dernière évolution de la marque, le lancement à partir de 2021 d’une gamme de mayonnaises et de sauces : burger, aïoli, béarnaise, harissa, etc. Quand on maitrise à la perfection les préparations traditionnelles alsaciennes, après tout, pourquoi ne pas s’essayer à celles des autres régions ? « Tout a commencé par la mayonnaise, explique Cédric Gassmann, responsable marketing et communication chez Alélor. Nous voulions une mayonnaise comme à la maison, avec un goût qui nous plaisait. Une fois qu’on avait développé une mayo, le reste est allé de soi. »
Pour développer sa première mayo, Alélor a fait preuve d’une rigueur toute alsacienne. Pas moins de 18 mois de recherche et d’essais lui ont été nécessaires pour la mettre au point. « La mayo et la moutarde, ce sont vraiment deux métiers différents, poursuit Cédric Gassmann. Pour faire de la mayonnaise, c’est de la chimie, cela prend du temps pour trouver la recette parfaite. »
Valoriser les filières agricoles locales
Si le raifort est un des condiments emblématiques des tables alsaciennes, sa culture est menacée de disparition. Aujourd’hui, seule une quinzaine d’agriculteurs/rices cultivent encore la racine. Sans eux, la vie des Alsacien(ne)s manquerait sérieusement de piquant.
Alélor est partenaire de la coopérative Alsaraifort qui regroupe ces derniers/ères planteurs/ses. Surtout, le fabricant de condiments essaye de convaincre de nouveaux/lles exploitant(e)s de se lancer. « C’est un pan vivant du patrimoine gastronomique alsacien que l’on veut défendre », détaille Alain Trautmann, président d’Alélor depuis 2009.
La culture de la moutarde avait, elle, totalement disparu d’Alsace au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En 2006, sous l’impulsion d’Alain Trautmann et de la Chambre d’agriculture, elle renait. Aujourd’hui, la filière alsacienne compte une trentaine d’agriculteurs/rices exploitant 185 hectares. Elle permet à Alélor de produire ses moutardes avec des graines issues à 100% de l’agriculture française !
Pour ses différents produits, Alélor privilégie les fournisseurs/ses locaux/les, ou originaires de France. La moutarde à la bière est ainsi fabriquée avec de la Meteor et les cornichons ne font pas le tour du monde avant d’arriver sur nos étagères. Ils viennent de France, d’Alsace et d’Allemagne – au plus proche de l’usine.
Des produits traditionnels bien dans leur époque
À l’écoute des envies des consommateurs/rices, Alélor développe une gamme bio et tend à supprimer les additifs non essentiels de tous ses produits. L’écoconception devient la norme pour le développement des produits, et l’entreprise supprime également les suremballages. En effet, 95% des produits sont ainsi emballés dans des contenants en verre ou en aluminium entièrement recyclables sans cartons supplémentaires. L’entreprise travaille aussi sur ses process logistiques pour réduire sa consommation de carton.
La petite entreprise alsacienne ne connait pas la crise, au contraire. Depuis 2020, les ventes ont augmenté de 70%, passant d’un million d’unités vendues, tous produits confondus, à 1 700 000. Ces deux dernières années, la marque s’est aussi faite une place dans les rayons de 700 nouveaux points de vente en dehors du Grand Est.
Forte de ces succès, la société prépare l’avenir. En mars commencera le chantier d’agrandissement de l’usine de Mietesheim. « Aujourd’hui, nous sommes à l’étroit, explique Alain Trautmann. Nous voulons poursuivre le développement de la marque et développer la production des sauces. » Et dès le mois d’avril, les Alsacien(ne)s verront arriver de nouvelles sauces Alélor en magasin !
