Je suis né à Mulhouse en 1902, mort à Los Angeles en 1981. J’ai réalisé un péplum primé par 11 0scars, le légendaire Ben-Hur. Je suis le réalisateur ayant eu le plus de nominations aux Oscars dans la catégorie « Meilleur réalisateur », 12 au total (un record !). J’ai contribué à faire découvrir au monde Audrey Hepburn et Barbra Streisand. Je suis ? Je suis ? William Wyler !
Alors oui… William Wyler est né à Mulhouse en 1902, ce qui signifie qu’il est né Allemand. Et son père est d’origine suisse. Alors pourquoi diable Pokaa écrirait à son sujet ?
Parce qu’il se revendique alsacien, qu’il a vécu toute sa jeunesse en Alsace, et que son histoire mériterait un biopic digne de ceux sur Michael Jordan, Oppenheimer ou Taylor Swift. On vous raconte.
Souvenirs d’Alsace
William Wyler l’a dit lui-même lors d’une interview accordée dans le cadre du Festival de Cannes en 1957 : « Je suis né et élevé à Mulhouse en Alsace ». Cette interview, tournée dans le cadre de la sortie de son film « La loi du seigneur » (primé de la Palme d’or) est disponible en intégralité sur le site de l’INA.
Pour nos ami/es mulhousien/nes et les petit/es curieux/ses, il a habité la rue de Zurich à Mulhouse et son père était le tenancier d’une mercerie rue du Sauvage. Sa mère, Mélanie, née allemande, n’est autre que la cousine du créateur de la société Universal Pictures.
William Wyler quitte l’Alsace pour les États-Unis à 19 ans. Pourtant, l’un de ses souvenirs les plus marquants à Mulhouse, dont il parle dans ces images d’archive, a eu lieu quand il avait 43 ans. Il était alors Lieutenant Colonel dans l’aviation américaine, entre 1942 et 1945, et dès la libération de Mulhouse, il s’est « arrangé avec [son] général pour avoir la permission de visiter Mulhouse ». Son dernier passage en Alsace daterait ensuite de septembre 1979, 2 ans avant sa mort.
Sa vie, son oeuvre
D’abord embauché par son oncle à New York au service publicité d’Universal, il commence le cinéma au plus bas de l’échelle à Los Angeles en 1922, en tant qu’assistant des assistants-réalisateurs. Petit à petit, il se fait un nom et se retrouve autorisé à réaliser ses propres films, à 23 ans, ce qui fait de lui le plus jeune réalisateur du moment.
Il commence par réaliser des westerns, puis réalise son premier long-métrage « non-western » en 1928, avec Anybody Here Seen Kelly ?, un film muet qui aurait aujourd’hui complètement disparu des archives d’Universal.
Les films réalisés commencent à s’accumuler et c’est en 1942, avant de s’engager pour l’US Air Force, qu’il obtient son premier Oscar pour le film Mrs Miniver.
La suite est une véritable success story à l’américaine l’alsacienne : il réalisera en tout 46 longs-métrages dans sa carrière, ces derniers obtiendront 41 Oscars, 36 des acteurs qu’il aura dirigé seront nominés pour un Oscar et 14 en gagneront un.
Impossible de parler de William Wyler sans évoquer son iconique Ben-Hur (1959). LE film aux 11 Oscars, dans les 12 catégories principales, avec un budget colossal de 15 millions de dollars, ce qui en fait le film le plus coûteux de l’histoire au moment de sa sortie. Ce film est entré dans la postérité grâce à tout ça, mais aussi parce qu’il s’agit d’un succès planétaire avec ses 90 millions de dollars au box-office (archive de tournage de l’INA).
4 folles anecdotes sur William Wyler
William Wyler a vécu une vie extraordinaire, ponctuée par des moments fous qui ont entretenu sa légende. On a sélectionné pour vous les meilleures anecdotes à propos du réalisateur mulhousien :
Steven Spielberg himself a dit de lui dans une interview pour le Herald Times en 2018 : « Je ne serai jamais un aussi bon réalisateur que William Wyler, mais être éclectique comme il l’était – c’est ce que j’ai toujours voulu. »
Audrey Hepburn, véritable icône du cinéma hollywoodien des années 50 et 60, a obtenu son premier grand rôle grâce à William Wyler, et son premier Oscar de meilleure actrice au passage.
On le surnommait « Monsieur 40-prises Wyler », Charlton Heston (Judah Ben-Hur dans Ben-Hur) disait : « Il tournait jusqu’à ce qu’il soit convaincu que ni lui ni vous ne puissiez faire mieux. Travailler avec lui revenait à faire le boulot aux bains turcs. Vous n’étiez pas loin de vous noyer… mais vous en sortiez en sentant la rose. »
Ben-Hur encore, avec des chiffres fous. Selon cet article du Point, 10 000 figurants ont tourné dans le film, 40 000 tonnes de sables blanc ont été acheminées sur le lieu de tournage ainsi que 4 statues de 30 mètres de haut. William Wyler évoquait les difficultés de tournage dans cette interview au JT de 20h archivée par l’INA.
Bref, William Wyler, un alsacien comme on les aime !