Dans moins de trois mois, le marché de Noël fait son grand retour. Un moment qui, comme la période estivale, ramène énormément de touristes à Strasbourg, jusqu’à frustrer certains locaux, peu contents de se voir déposséder de leur ville pendant plusieurs semaines. Pourtant, le tourisme a de nombreux avantages, que ce soit pour le territoire, mais également pour celles et ceux qui y vivent. Et à Strasbourg, le secteur a la volonté d’évoluer, pour mieux s’adapter aux habitant(e)s.
Cet été, encore une fois, une horde de touristes de tous horizons a envahi Strasbourg, pour prendre le petit train ou visiter la Grande-Île. Cette affluence peut s’avérer pénible pour certains Strasbourgeois(es), qui se sentent dépossédé(e)s de leur ville plusieurs fois par an.
Malgré tout, le tourisme possède des retombées économiques importantes pour le territoire et ses habitant(e)s. Et avec la refonte de l’Office du Tourisme prévue pour la fin de l’année, une toute nouvelle stratégie touristique se met en place à Strasbourg.
Des retombées économiques importantes pour le territoire et les habitant(e)s
Le tourisme représente une activité majeure pour un territoire, que ce soit pour son rayonnement économique, ou son rayonnement tout court. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les chiffres de l’Observatoire Régional du Tourisme datant de janvier 2020, commandité par l’Eurométropole, afin de déterminer les retombées économiques du tourisme sur le territoire.
Premièrement, en moyenne, 4 millions de touristes viennent par an sur le territoire, pour une moyenne de 7,5 millions de nuitées. Sur l’année 2022 en revanche, seulement 2,7 millions de nuitées ont été effectuées dans l’Eurométropole. Des chiffres en baisse par rapport à 2019, qui concernent également les visites de la cathédrale (2 millions contre 2,49 millions), des musées (576 000 contre 672 147) ou encore les promenades en bateau (650 091 contre 785 000).
Néanmoins, après la crise covid qui a fortement inquiété et impacté le monde du tourisme, le fait que les chiffres reviennent progressivement vers ceux de 2019 est une bonne nouvelle. Et pour une raison simple : le tourisme représente 14 000 emplois occupés par des habitants du territoire, soit 5,8% des emplois de l’Eurométropole.
Sur le territoire, nos touristes ont dépensé en 2019 près de 500 millions d’euros toutes taxes comprises, que ce soit dans les hôtels, restaurants, les cafés, les bars, les commerces et les sites de loisir. Une activité touristique qui a permis à tout un écosystème strasbourgeoises de générer un chiffre d’affaires de près de 750 millions d’euros hors taxe cette année-là. Le tourisme, ça brasse, et on ne parle pas de natation.
D’ailleurs, le secteur rapporte également aux collectivités locales, grâce aux différentes recettes fiscales, comme la taxe foncière, à hauteur de 15 millions d’euros. Celles-ci sont ensuite réinvesties dans le développement touristique, mais également dans la construction des routes et des espaces verts du territoire, des secteurs qui bénéficient aux habitant(e)s.
Une nouvelle stratégie touristique
Mais le tourisme ne doit pas seulement être compris comme une activité aux retombées purement économiques. C’est également un moyen de s’interroger sur son territoire, sur sa préservation, et sur la façon de mieux intégrer les habitant(e)s à son rayonnement.
Pour cela, l’Eurométropole de Strasbourg a actualisé sa stratégie touristique avec 32 actions et 5 objectifs, dont deux majeurs : la “pérennisation du cœur urbain” et “l’intégration des habitants à la politique touristique”.
Pour le premier, c’est plutôt simple : au centre-ville, la circulation est très compliquée pendant les périodes de grandes affluences touristiques – au marché de Noël comme pendant l’été. Une cohabitation conflictuelle entre piétons, cyclistes, voitures et petits trains, mais également entre habitant(e)s et touristes, qui demande un travail important de gestion des flux. Car, on ne le sait que trop bien, il ne faut jamais croiser les flux. Exemple concret de cette stratégie : à Strasbourg, les cars de tourisme n’ont plus le droit de pénétrer sur la Grande-Île.
Une réflexion est également en cours pour étendre la zone touristique ; en gros, sortir du Strasbourg de carte postale. Pour cela, il faudrait que les hébergements touristiques ne soient plus tous concentrés sur la Grande-Île, et valoriser un autre visage de Strasbourg, celui des quartiers Tribunal, Neustadt, Krutenau et presqu’île Malraux.
Enfin, le covid ayant amené une clientèle plus locale et européenne, il y a une vraie volonté d’emmener les touristes hors de Strasbourg, à la découverte de toute l’Eurométropole, qui regorge d’endroits où s’évader.
Le second objectif consiste à associer les habitant(e)s au développement de la politique touristique. L’idée générale, c’est que nous nous sentions désormais « touristes dans notre propre ville », sans avoir l’impression d’être en décalage avec les activités proposées.
Avec l’instauration d’une conciergerie solidaire place de la Cathédrale, d’un système de garde de chien ou encore d’un lieu d’accueil pour les enfants, l’idée de l’Eurométropole est simple : simplifier le plus possible nos vies quotidiennes pendant les grosses périodes touristiques.
Enfin, et sans doute le plus important : l’objectif est de mieux et davantage intégrer les Strasbourgeois(es) aux décisions liées au tourisme, afin qu’ils et elles puissent donner leur avis et créer une dynamique touristique à Strasbourg qui leur ressemble. Dans ce cadre, la future réorganisation de l’Office de Tourisme pourrait amener une représentation d’associations d’habitant(e)s, que ce soit dans l’Office de Tourisme ou une autre instance.
En toile de fond : la perspective d’un Office du Tourisme flambant neuf
Au-dessus de toutes ces stratégies touristiques plane finalement un changement d’ampleur : l’arrivée prochaine d’un nouvel organisme autour du tourisme à Strasbourg. Fusion entre l’Office de Tourisme de Strasbourg et du Strasbourg Convention Bureau, axé autour du tourisme d’affaires, il devrait voir le jour au plus tard en 2024.
Cette réorganisation permettra de ne plus s’adresser uniquement aux touristes, mais aux visiteurs d’un jour et à tout type de visiteurs en général. Elle permettra également de diversifier l’offre de services proposés avec un bureau d’accueil unique. À terme, celui-ci devrait prendre ses quartiers dans l’ancien bâtiment de la Poste place Cathédrale, horizon fin du mandat en 2026.
