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Cecifoot : à Schiltigheim, il existe une équipe de foot pour déficients visuels

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Récupérer un ballon dans les pieds de l’adversaire, courir vers le but, viser, marquer. Cela ressemble à du football. Mais les joueurs et joueuses entraînés par Rémi Garranger au SC Schiltigheim, ont un talent supplémentaire : ils jouent sans pouvoir s’aider de leurs yeux. À leurs côtés, nous avons suivi un entraînement de cecifoot, un handisport inspiré du football et adapté aux personnes en situation de handicap visuel.  


Vous avez une minute de retard, vous allez faire dix burpees”. Sur le terrain de l’Urban soccer, où s’entraîne cet après-midi l’équipe de cecifoot du FC Schilthigheim, les joueurs s’exécutent. Sur le gazon synthétique, les footballeurs enchaînent les échauffements : talons-fesses, montée de genoux et petits pas. Mais à l’effort physique, vient s’ajouter une difficulté : tous sont plongés dans le noir. 

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Le cecifoot, c’est la pratique du football pour personnes déficientes visuelles se jouant à cinq contre cinq. Il existe deux catégories : l’une pour les joueurs malvoyants, qui utilisent ce qu’il leur reste de capacité visuelle pour jouer, à l’aide d’un ballon plus voyant et sonore (B2-B3) et l’autre, pour les joueurs non voyants ou très mal-voyants (B1). C’est à cette deuxième catégorie qu’appartient l’équipe entraînée par Rémi ce jour-là. Pour garantir une équité totale, tous les joueurs portent sur les yeux un masque noir. Des barrières latérales délimitent le terrain de 20 x 40 m et facilitent l’orientation des joueurs. Ces derniers sont aussi orientés à l’oral par des guides voyants (selon la zone de jeu où ils se trouvent) et un ballon sonore. 

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Esprit d’équipe

Après l’échauffement, place à la pratique. Dans leurs maillots verts, les joueurs et joueuse (l’équipe compte en effet une femme) tentent de se rapprocher du but, guidés pas les indications des gardiens : “sept mètres, six mètres” clament ces derniers à l’approche des buts. Les contacts sont nombreux entre les joueurs, pour qui, le toucher remplace, en partie, la vue.

Afin d’éviter les collisions, les joueurs doivent signaler en permanence leur présence par la voix. “Voy, voy” peut-on entendre émaner du terrain à tout moment. “Ça demande beaucoup de concentration : il faut écouter le ballon, les guides, s’orienter et on doit parler tout le temps pour se signaler”, reconnaît Cyprien, membre de l’équipe depuis sa création en 2015. Le trentenaire, standardiste dans un hôpital, a longtemps attendu l’arrivée de la discipline dans la région. “Je regrette que ce soit arrivé aussi tard, j’avais 27 ans, j’aurais aimé pouvoir en faire avant.” Après 15 ans de pratique de judo, il s’épanouit aujourd’hui grâce à ce sport collectif. 

En effet, plus que jamais, l’esprit d’équipe est la fondation même de la pratique. Entre eux, les joueurs s’entraident et s’encouragent. Avant même d’entrer sur le terrain, l’équipe arrive en file indienne, la main de chacun sur l’épaule du coéquipier de devant, afin d’éviter les embûches depuis le vestiaire. “Ici on prône l’autonomie”, sourit Rémi, leur entraîneur. L’autonomie mais aussi l’entraide. Pas question de se débrouiller chacun de son côté pour arriver jusque-là. Et une fois sur la pelouse synthétique, l’esprit reste le même. 

© Mathilde Piaud pour Pokaa


De l’incapacité à la capacité

C’est bien ça !”, crie Chérubin depuis derrière les filets, alors qu’il entend l’un de ses coéquipiers tenter un tir. Le joueur vient de Metz, chaque semaine, pour s’entraîner. “J’ai commencé en Côte d’Ivoire. C’est un sport universel. Ce sont les mêmes règles mais pas le même climat”, rigole-t-il sur la touche. “ A Schiltigheim, c’est la seule équipe dans le Grand Est, c’est un camarade qui m’en avait parlé, c’est comme ça que j’ai rejoint l’équipe”, détaille Chérubin.

Dans l’un des buts, Rémi donne de la voix pour prodiguer ses conseils. “Plus au centre ! Plus à gauche !”. C’est lui qui est à l’origine de cette équipe. “Je faisais un master en STAPS – Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportive , spécialisé dans l’activité physique adaptée. Mon stage de fin d’étude auprès de la ligue de football d’Alsace consistait à créer cette équipe. Je me suis entouré et avec Julien Chaussec on est partis de zéro : il a fallu trouver des joueurs et un club qui nous accueille.”, se souvient Rémi. C’est finalement au Sporting Club de Schiltigheim que l’équipe a trouvé sa place. Depuis, Rémi ne l’a plus quittée et est aujourd’hui encore son entraîneur bénévole. “Ils sont motivés et attachants”, reconnaît-il, une pointe d’admiration dans la voix. 

Afin de partager son expérience, l’équipe organise parfois des opérations de sensibilisation, faisant tester sa discipline à différents publics. “Ce qui est intéressant c’est qu’il y a une bascule qui s’opère. Lorsque l’on voit une personne déficiente visuelle dans la rue, on voit son incapacité, ce qu’elle a de moins. Une fois sur le terrain on voit au contraire sa capacité, ce qu’elle sait faire de plus que les autres”, constate Rémi.

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Un projet d’équipe féminine

Pendant tout ce premier week-end de novembre, l’équipe participe à un stage de préparation pour les prochains matchs du championnat où se rencontrent neuf équipes (huit Françaises et une Belge). Afin de limiter les déplacements, les matchs sont regroupés au cours de quelques week-ends, dont le premier aura lieu le 20 novembre à Schiltigheim. 

Alors sur le terrain, les joueurs reprennent leurs marques, après de longs mois sans compétition en raison de la crise sanitaire. Et parmi ceux impatients de renouer avec le championnat, il y a Mireille. “On n’a pas de compétition depuis à peu près deux ans, ça va faire  du bien de rencontrer d’autres joueurs, parce que là, on ne joue qu’entre nous”, témoigne la seule femme de l’équipe.

© Mathilde Piaud pour Pokaa

Mireille a découvert la discipline dans l’école spécialisée où elle était scolarisée, parmi d’autres sports adaptés. Il n’existe, aujourd’hui, pas d’équipe féminine, alors Mireille partage le terrain des hommes. “Ça va, ils sont cools”, sourit la jeune femme, accordeuse de piano et cheffe de chœur dans une chorale. Pourtant  le SC Schiltigheim aimerait aujourd’hui créer une section féminine de cecifoot. “On a déjà des joueuses mais on cherche une entraîneuse”, déplore Mirieille. En attendant, pas de traitement de faveur et c’est avec détermination qu’elle tente de récupérer le ballon des pieds de ses coéquipiers. Et si l’équipe féminine n’a pas encore vu le jour, une académie cecifoot, pour des joueurs de 7 à 16 ans, a récemment ouvert au club.

Après une heure et demie d’entraînement, les visages transpirants semblent fatigués mais satisfaits. Un dernier exercice attend pourtant l’équipe : séance de pénalty obligatoire pour tout le monde. Dans les buts, Rémi donne des repères aux joueurs “poteau gauche, poteau droit”, présente-t-il en tapant sur le métal froid des cages. Un dernier but pour la route. Avant de rejoindre, en file indienne, la porte des vestiaires. 

© Mathilde Piaud pour Pokaa

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