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Strasbourg : le fascinant passé portuaire et industriel du quartier Malraux

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Photo de couverture : alsacebook.com

Pour comprendre la présence de ces grandes grues métalliques aux abords de la médiathèque Malraux, il faut, comme souvent, faire un petit bond dans le passé. Aujourd’hui, la presqu’île accueille le centre commercial Rivetoile, les tours Black Swan, des bureaux, des logements ou encore le Shadok. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il fut un temps où l’endroit vibrait au rythme du va-et-vient incessant des bateaux de commerce, et qu’il était l’un des plus gros ports de France. Hé non, le Barco Latino n’est clairement pas le premier bateau à accoster dans le coin !
Le port d’Austerlitz, initialement “Metzgertor Hafen” (port de la Porte des Bouchers) –
© Wikipédia

Strasbourg, ville fluviale

À Strasbourg, l’eau et les activités portuaires ont toujours joué un rôle important dans le développement économique et industriel de la ville. Ce qu’on peut facilement comprendre quand on analyse sa situation géographique, à la croisée du Rhin, de l’Ill et de la Bruche.

Au départ, avant la canalisation du Rhin, les premières installations portuaires sont situées sur l’Ill. La ville vivait néanmoins déjà au rythme du fleuve et, dès le Moyen Âge, les activités portuaires assurent un avantage considérable à la ville de Strasbourg en matière de commerce maritime. Au XIXe siècle, on arrive à la réalisation des canaux du Rhône au Rhin et de la Marne au Rhin, qui ouvre à Strasbourg les portes du marché domestique français. La canalisation du Rhin engage la mutation et le déplacement du port, plus vers le fleuve cette fois.

En 1882, un canal de jonction qui contourne le centre-ville par le sud-est construit par l’administration allemande, pour relier les deux canaux en évitant d’emprunter l’Ill. Vous commencez à saisir ? Afin d’asseoir son développement, la ville investit, dès 1886, dans la construction d’un port moderne, ainsi naquit le Port de la porte des Bouchers, renommé « Port du bassin d’Austerlitz » en 1918. Ce dernier s’ouvre au trafic commercial en 1892, avec une porte d’entrée directe vers le Rhin. Et le Port d’Austerlitz, les amis, il était sur l’actuelle presqu’île Malraux !

>> À lire ou relire : Images d’archives : Il y a 100 ans, les quais de Strasbourg étaient bien différents

Les débuts du port – © Archi Wiki

1892 : Malraux version Peaky Blinders

En 1892, le bassin d’Austerlitz accueille son premier bateau à vapeur, une étape significative qui ancre une bonne fois pour toute le port dans l’ère moderne !  En cette même période, une zone industrielle importante se développe sur place avec des entrepôts, des silos, des grues, du bruit, de la fumée, ambiance Peaky Blinders un peu tu vois. On appelait cet endroit le « môle Seegmuller », en référence à l’entreprise qui exploitait les bâtiments jusqu’au début des années 2000, et que vous pouvez encore voir inscrit sur le haut des bâtiments.

Au début de l’histoire du port, les constructions initiales étaient assez précaires, souvent en bois pour pouvoir être détruites facilement en cas de besoin. Seulement voilà, en 1928 c’est la cata : un incendie détruit une bonne partie des édifices. Le Port Autonome de Strasbourg charge alors l’architecte Gustave Umbdenstock de concevoir trois édifices destinés à l’Armement Seegmuller : un entrepôt commercial flanqué d’une tour abritant des bureaux et logements de service, un silo à céréales, et un bâtiment mixte associant un silo à céréales et un entrepôt commercial.

En 1930 – Sur la gauche, on aperçoit déjà les grues et les bâtiments que l’on connait – © Archi Wiki

*** Petite parenthèse ***

Petite précision numéro 1 : « armement » dans le jargon maritime désigne l’action d’équiper un navire et de le mettre en état de prendre la mer. À ne pas confondre avec « armement naval » qui désigne les armes dont sont équipés les navires de guerre. En plus clair, l’armement d’un bâtiment consiste à le munir de tout ce qui est nécessaire à son genre de navigation; ce terme désigne aussi la totalité des objets dont un navire est muni.

Petite précision numéro 2 : Il faut croire que le talent ne saute pas de générations dans la famille Umbdenstock. Gustave, l’architecte des tours qui sont encore en place aujourd’hui, n’était autre que le grand père de Phil et l’arrière grand-père de Jak Umbdenstock, deux dessinateurs strasbourgeois que l’on connaît bien… Mais cela est une autre histoire, revenons à nos moutons.

*** Fin de la parenthèse ***

En 1931, l’entrée du bassin d’Austerlitz change pour se faire par l’ouest tandis qu’en 1932, les trois édifices de Gustave sortent de terre. Ces bâtiments, que les Strasbourgeois connaissent bien, conçus en briques rouges et soutenus par une ossature en béton armé blanche, sont aujourd’hui des reliques de l’architecture industrielle et moderne des années 1930.

Les années 2000 : le renouveau du quartier Malraux

En septembre 2000, c’est la fin de l’entreprise Seegmuller qui ferme ses portes et laisse le site à l’abandon. C’est alors que commence l’histoire que l’on connaît. La ville de Strasbourg décide de faire du lieu le cœur d’un nouveau quartier, les Fronts de Neudorf, d’importants travaux de réhabilitation commencent alors.

Un des objectifs du projet était de transformer l’endroit en un lieu de référence pour Strasbourg en matière d’animation urbaine et de vie culturelle.

Dans la Tour Seegmuller, c’est la Maison Universitaire Internationale qui a remplacé les anciens silos et qui accueille depuis 2016 des étudiants étrangers et des chercheurs en cycles supérieurs. Les « Dock’s » on été inauguré en 2014, un projet architecturale de taille avec 68 logements, des bureaux, des commerces mais aussi le Shadok, maison du numérique et de la culture, équipement public de la ville de Strasbourg.

Mais la Ville ne se contente pas de réhabiliter, elle construit. Et c’est comme ça que plusieurs nouveaux édifices sont venus compléter les espaces disponibles, du cinéma UGC à la Cité de la Musique et de la Danse, en passant par les Black Swans ou Rivetoile.

À l’origine, l’accès à la presqu’île se faisait par la rue du bassin d’Austerlitz, à l’est. Mais, pour faciliter l’accès au lieu, la Ville a aménagé plusieurs passerelles pour les piétons et cyclistes qui relient le môle au quai Jeanne Helbling et au quai des Alpes, avec ses fameuses marches…

>> À lire ou relire : Pourquoi les marches des ponts de Rivetoile sont-elles si diaboliques ?

© Archi Wiki

Les grues sur le parvis, souvenir de l’ancienne activité portuaire

Attelons-nous ainsi à vous soulager de cette grande interrogation. Ces grandes grues sont des grues Paindavoine : elles étaient en service durant les années où le port d’Austerlitz tournait à plein régime. Elles ont été démontées et restaurées en 2008, et ont depuis repris leur place à l’entrée du bassin d’Austerlitz pour témoigner de l’ancienne activité portuaire du site. On en retrouve aussi une en l’état, au niveau du bassin du commerce au Port du Rhin.

L’entreprise Paindavoine est aujourd’hui un nom oublié mais qui aurait pu être aussi illustre que celui d’Eiffel. C’était une boite spécialisée en constructions métalliques et matériel de levage qui a vu le jour à Lille en 1860 sous le nom « Amédée Paindavoine constructeur » et fabriquait au départ des ponts et des charpentes métalliques. L’entreprise employait environ 700 personnes. Elle réalisa à Lille la partie charpente de la Nouvelle Bourse, de l’immeuble de la Voix du Nord, et le Palais des expositions, entre autres.

© Loïc Fink

Durant ses années d’activité à Strasbourg, la grue pouvait se déplacer le long du quai du bassin d’Austerlitz par un système de rail, et permettait de charger les bateaux. À l’origine, le môle Seegmuller était équipé de grues à vapeur, propriétés du Port et louées aux occupants des entrepôts. À la fin des années 1920, la société Seegmuller était ainsi locataire de quatre grues à vapeur construites entre 1894 et 1898. À la suite des travaux de transformation du bassin d’Austerlitz celles-ci sont réformées et l’entreprise s’équipe de ses propres grues. Ces deux grues à portique qui trônent sur le parvis ont été acquises auprès des établissements Paindavoine de Lille, probablement après la Seconde Guerre mondiale puisqu’elles ne figurent pas sur l’inventaire dressé par les forces d’occupation. Elles restent en service jusqu’à la cessation d’activité consécutive à la liquidation judiciaire de l’Armement Seegmuller en septembre 2000, puis sont cédées au Port Autonome de Strasbourg pour être aujourd’hui… là ou vous savez !

>> À lire ou relire : Presqu’île Malraux : la beauté du béton (IMAGES)

lavieamulhouse.com
Durant les travaux de réhabilitation – © Archi Wiki
Les “Docks” actuels – © Archi Wiki

Sources : Archi Wiki, strasbourg.port.fr, wikipedia.org, strasbourg.eu, lavieb-aile.com, lavieamulhouse.com

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Commentaires (2)

  1. Super article,

    Moi j’aimerai voir des photos ou dessins d’archives comme ceux de ce post, mais à la montagne verte, notamment le long de l’Ill derrière le MAM jusqu’à l’Elsau. Il y avait des guinguettes et des zones de baignade, et je pense qu’on pourrait remettre ça en route car le quartier reste très propice à ça. Donc, si vous avez de la motivation pour faire des recherches (ou me donner des piste de recherches) sur le quartier, un grand merci ! Sinon pas grave.

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