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Portraits d’oiseaux de nuit : Clémentine, bartender et fournisseuse d’énergie positive au FAT

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Bartenders, DJ, serveurs, cuisiniers, plongeurs, physio, pompiers, danseurs…ils se réveillent quand vous sortez du boulot, rejoindre cette incroyable machine qu’est la nuit, et quand vient l’aube ils rejoignent leurs lits. Ils enfilent leurs tabliers, leurs uniformes, quand vous boutonnez vos chemises et fermez vos escarpins, ils sont les acteurs de vos gueules de bois de demain.

Cette semaine, j’ai rencontré Clémentine. Cette Strasbourgeoise de 24 ans pleine de bonnes vibes a fait du FAT son royaume depuis pas moins de trois ans.  Rapide, efficace, souriante et professionnelle, elle est une figure désormais incontournable de la nuit strasbourgeoise. Je suis allé à sa rencontre, parler de son métier, de sa vision de la nuit, de chatons et de bonnes manières !

Salut Clem, peux tu nous raconter quel a été ton parcours après le lycée ? 

A la base je voulais faire archi. J’étais partie faire un IUT génie civil à la Rochelle, déjà là d’ailleurs je commençais un peu à bosser au bar dans le cadre de mon bureau d’étudiants. Puis en cours d’année, la formation ne me convenait plus, du coup je suis revenue à Strasbourg. Le temps de trouver une autre formation j’ai commencé à bosser dans les bars et à force, j’ai commencé à réaliser que c’était ça qui me plaisait.

Comment tu t’es retrouvée à travailler dans la nuit la première fois ? C’était où  ?

La toute première fois, c’était dans le cadre du BDE à la Rochelle, on avait accès à un bar juste pour nous quand on organisait des soirées, du coup on commençait déjà à servir les gens, nos potes en fait, c’était plutôt facile. Quand je suis revenue en Alsace, j’ai bossé en service de jour à Illkirch, au Vin’ill Café. Comme je n’avais qu’un mi temps là bas, j’ai trouvé un boulot au Barco Latino pour compléter. Je faisais la journée au Vin’ill Café, et le soir au Barco, un peu comme si je faisais une saison, j’ai fait ça jusqu’en septembre.

Tu peux nous dire en quoi consiste ton métier concrètement ?

Nous, on fait pas de mixologie comme c’est le cas de Jules que tu as déjà interviewé. On sait faire de très bons cocktails, mais on a pas la prétention d’inventer des choses, bien que l’on fasse quelques créations de temps en temps. Sinon pour le reste, il s’agit de l’accueil de la clientèle, du relationnel, et puis les basiques du travail en bar, la préparation des boissons, l’encaissement, le rangement et le ménage. Depuis peu, je suis aussi chargée de temps en temps de mettre la musique en bas. C’est pas un exercice facile, c’est un métier d’être DJ et d’ambiancer les gens, mais c’est super intéressant.

Pour ceux qui ne connaissent pas, tu peux nous parler un peu du Fat ?

Le Fat, c’est un bar principalement hip-hop même si on passe aussi un peu de soul et funk. Ça fait 7 ans que ça existe, et c’est un des rares bar de Strasbourg qui est ouvert 7 jour sur 7 jusqu’à 4h. Le seul jour ou on est fermé c’est le premier janvier parce qu’on est en gueule de bois. On a un super public d’habitués, beaucoup de gens de la restauration, on sert les copains, c’est vraiment agréable. Le week-end, c’est encore un autre public, on rencontre plein de gens, l’ambiance est différente à chaque fois.

Il y a peu, le nom du bar est passé de Fat Black Pussy Cat à Fat, pourquoi ? 

Il y a un an, il y a eu des travaux suite à un problème d’isolation phonique, les patrons ont aussi refait la déco, et comme tout le monde appelait le bar le FAT, c’était un  moyen de marquer le changement et affirmer sa nouvelle identité.

Pour la petite anecdote, le Fat Black Pussy Cat, c’est aussi un bar de danseuses black à New York. On a déjà eu quelques américains qui nous écrivaient en message privé pour demander des photos de « pussy », mon patron leurs répondait en leur envoyant des photos de chatons. 

Je t’ai déjà vu à l’œuvre, tu as un sacré débit, le rythme est hyper speed et ne te laisse que peu de répit, comment tu gères ça ? C’est quoi tes tips pour rester efficace ?

Je pense que c’est la formation Rob (Patron du Fat, du Phono et du Café de la Biennale). Je pense qu’il nous laisse pas vraiment le choix d’être efficace. Mon premier soir, j’étais direct lâchée dans le grand bain, un samedi au bar du bas.  Alors bien sûr on fait des erreurs au début, mais à force, dans le rush, on apprend à développer les bons réflexes, à optimiser le temps, pas faire de trajets inutiles. Il faut être rentable, les gens ne doivent pas trop attendre, il faut maintenir la cadence et le côté festif, toujours avec le sourire, même quand on en a pas envie, c’est notre métier. J’adore quand ça envoie, quand j’enchaîne les commandes à toutes vitesse, quand tu maîtrises le truc c’est comme une drogue, tu débites à fond, il y plein d’adrénaline, c’est super agréable.

Qu’est ce qui te plaît dans le travail de nuit ?

J’ai commencé à bosser là dedans parce que c’était aussi un moyen de me cadrer dans la vie que je menais, ça ma permis d’avoir une sorte de rigueur. Vu que j’aimais bien vivre la nuit, c’était un moyen de me dire « ok, si t’aimes vivre la nuit, ne fais pas rien, travaille ». Et c’est ça aussi qui m’a attirée ici, c’est un super établissement et en même temps il y a ce coté festif auquel je tiens. Je pense que je suis une amoureuse de la nuit, juste le fait de sortir, d’avoir la ville pour soi. Après, à force de vivre tout le temps la nuit, quand on se retrouve en ville un samedi après midi on ne supporte plus les gens. Et c’est pas bon en vrai, je fais ce métier pour être en contact avec les gens à la base, je ne peux pas commencer à les fuir. Il faut veiller à ne pas se couper du monde aussi. La nuit, tous les gens sont désinhibés, il y a un côté plus léger, plus libéré, mais il faut faire attention, ce n’est pas toujours la réalité de la vie, même c’est si agréable.

Qu’est ce qu’il ne faut jamais dire à un barman ? Quelles sont les mauvaises manières des clients qui t’irritent ? 


Quand ils exigent des verres gratuits, alors que de base on le fait assez naturellement quand il y a lieu d’être, c’est assez agaçant. Le genre « c’est mon anniversaire, tu m’offres quoi ? » bin là quand tu me laisses pas trop le choix tu me gâches un peu l’envie de t’offrir un truc. Sinon, ce sont plein de petites choses, les bonnes manières de base, la politesse, on ne siffle pas un serveur, on ne claque pas de doigts non plus, ce sont des rudimentaires. Après il faut pas oublier que les clients sont parfois éméchés, ça arrive d’oublier la politesse, mais je ne me prive pas de leur rappeler quand c’est nécessaire. Des fois on joue un peu le rôle de maîtresse d’école. Ce qui est agaçant aussi, c’est quand on nous demande plus d’alcool dans les verres avant même d’avoir goûté, et qu’après avoir goûté on vient nous demander plus de soft parce que c’est trop fort…on connaît notre métier, faites nous confiance.

Quand on fait ton boulot, on est toujours en contact avec l’alcool et la fête, comment on fait pour gérer les excès et pas se laisser avaler par les démons de la nuit ?

Je pense qu’il faut se donner ses propres limites. Parfois ce sont les patrons qui les fixent, mais si ce n’est pas le cas c’est à nous de le faire. Si un client nous offre un shot, rien ne nous empêche de lui expliquer qu’on a pas envie de boire ce soir la, de trinquer avec un shot de soft. Quand on bosse, on est pas entrain de faire la fête, il faut veiller à pas passer les limites, on est obligé de se mettre nos propres règles. Quand je sens que je fais un peu trop la fête, je me remets des limites, je fais des pauses sans alcool pendant la semaine et je relâche un peu le samedi. C’est pas toujours facile de dire non à des clients qui veulent partager un moment festif ou boire un coup avec toi, mais on apprend à le faire.

C’est quoi ton bar préféré ? Ici ou ailleurs, tu peux nous en parler un peu, nous dire ce que tu aimes la bas ? 

Ah mais pour moi, mon bar préféré sera toujours le Mudd. J’avais bossé un an là bas en extra, c’était vraiment super. Le patron m’avait proposé d’y bosser un soir où j’avais laissé un pourboire, il m’avait demandé de laisser un numéro, et j’ai fait un essai peu de temps après. Sans être passé au Mudd je n’aurais peut être pas bossé au Fat, ça s’est fait au bouche à oreille. Je pense que le Mudd aura marqué beaucoup de Strasbourgeois pour ceux qui y sont passées. Ça va nous manquer ce genre d’endroit, de salle indépendante multiculturelle, avec des dj set de techno qui s’enchaînaient après des concerts de métal, c’était incroyable comme ambiance, qu’est ce qu’on rigolait là bas.

Tu penses quoi de la nuit à Strasbourg et de son ambiance aujourd’hui ?

J’ai un peu peur que la nuit à Strasbourg aille vers une standardisation. De plus en plus, il y a de grands groupes qui s’imposent et qui proposent certes de belles choses, mais qui tout de même tendent vers des d’établissements où on perd un peu le côté humain, cette relation de proximité. J’ai peur qu’à terme, ça étouffe des petits lieux indépendants, authentiques, qui peuvent être des vrais bols d’air pour certains clients strasbourgeois.  C’est dans ce genre de lieu qu’on se retrouve à rencontrer des gens, à découvrir de nouveau produits car chacun à sa carte bien à lui avec son identité. Desfois, ça m’angoisse un peu, je trouve qu’il faut aussi soutenir les petits, un MUDD par exemple, peut être qu’on le reverra plus. Et les banques risquent de suivre de moins en moins les petits projets pour ne pas prendre de risques, privilégiant les projets de plus gros groupes avec plus de moyens et de garanties.

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