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L’illustratrice strasbourgeoise Bluejeanne revisite le folklore alsacien

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Pour sa première exposition de la saison, l’illustratrice-tatoueuse originaire d’une petite bourgade haut-rhinoise a choisi d’explorer ses racines. Légendes, contes et traditions, la strasbourgeoise célèbre l’Alsace à travers ses récits les plus farfelus, poétiques ou obscures dans un Écrin (la galerie) drapé de bleu bienveillant et d’or conquérant. Une démarche en forme d’acceptation pour cette artiste engagée, qui semble passer d’un art-guérison à un art-transmission. Rencontre.

D’aussi loin qu’elle se souvienne, Pauline a toujours dessiné. Comme tous les enfants, à la différence qu’elle n’a jamais arrêté. “Je crois vraiment que c’est aussi simple que ça.” À 31 ans, cette grande enfant du Val d’Argent venue à Strasbourg pour des études d’art, puis de psychologie et finalement d’éducatrice spécialisée en droit des femmes (son travail pendant 10 ans) raconte son parcours entre travail artistique et travail social — les deux faces d’une même pièce pour cette illustratrice militante ; symbolique animale, féminins pluriels et réappropriation corporelle, plongée dans son cheminement du dessin au tatouage et toujours, tou-jours, au côté des femmes : “S’il y a une chose à mettre en avant, c’est ça. C’est ce qui donne du sens à mon quotidien.”

Photo : Eva Jehlen
  • Illustration, nom féminin :

Dans sa biographie sur sa page Facebook, Bluejeanne (Pauline Muntaner de son vrai nom) se présente comme une illustratrice obsédée par la symbolique animale et les codes féminins, par l’instinct versus la contrainte. Des questionnements qui ne datent pas d’hier, explique-t-elle : “L’animalité, c’est sûrement relié à mon enfance à la campagne. J’ai grandi dans la montagne, j’ai un rapport très fort au dehors, à la nature.” Quant au féminin, c’est vraiment toute une histoire. “C’est une thématique qui revient systématiquement parce que c’est un questionnement permanent pour moi. Comment être une femme ? Et pourquoi ? Et qui je suis, qui je veux être, qu’est-ce que représente mon corps ?” Et pour en saisir toute l’importance, il faut remonter un peu dans le temps…

“Je pense que ça vient pour beaucoup de ma famille.” D’un côté, son père, issu d’une culture hispanique “très patriarcale” dans la famille duquel le prénom en plus du nom se lègue de père en fils sur plusieurs générations : “Manque de bol, ma mère lui a donné trois filles ! Mon père est donc parti faire un garçon ailleurs.” De l’autre côté, sa mère, issue d’un milieu paysan, qui cumule deux emplois pour élever ses trois filles en solo à une époque où le divorce n’est pas banal. “Elle nous a montré qu’on était capables, nous aussi.” Si dans la famille de son père Pauline se sent limitée par son identité de femme, auprès de sa mère elle est libre de tout explorer, y compris le monde de l’art : “Certains week-ends, on faisait les marchés d’art : ma mère peignait des maisons alsaciennes sur bois et elle les y vendait. L’art, c’était sa respiration. C’était la liberté !” Sans surprise, Pauline ne supportera pas son passage en école d’art, trop contraignante ; ni son incursion en faculté de psychologie, trop contre-intuitive. Sa liberté, elle la trouvera dans les foyers pour femmes.

  • Du dessin au tatouage, du travail social… Au travail social :

À 19 ans, et alors qu’elle n’était pas venue à Strasbourg pour ça, elle entame un parcours d’éducatrice spécialisée en droit des femmes. Pendant dix ans, Pauline travaillera dans des foyers locaux au côté de femmes victimes de violence ; une orientation en adéquation avec ses valeurs féministes de toujours et qui nourrit positivement le dessin auquel elle continue de se consacrer, mais le soir : “Pendant plusieurs années, ça marchait bien, la journée dans le social, le soir dans l’art. J’étais vraiment passionnée par mon métier.” Et puis il y a un an et demi, Pauline commence à saturer. En cause : des conditions de travail difficiles, l’envie de se recentrer sur elle, et puis, sa rencontre avec le dermographe.

Car Pauline est aussi passionnée par le tatouage. “J’en fais au henné depuis mes 13 ans. Je tatouais dans les campings, les mariages… Je le faisais aussi avec les femmes victimes de violence pour qu’elles se réapproprient leur corps.” Une préoccupation que Pauline partage personnellement, elle qui s’est orientée vers cette pratique pour s’émanciper et s’appartenir davantage. Aussi, lorsqu’elle passe du henné au dermographe il y a “quatre ou cinq ans” et qu’elle voit le pouvoir libérateur de l’acte être décuplé par son aspect permanent, elle flippe. “J’ai ressenti beaucoup d’excitation mais aussi un peu de peur parce que j’ai compris que ça pouvait remettre en cause ma carrière dans le social ! [rires]” Trop tard, la porte est ouverte. L’éducatrice spécialisée passe d’abord à temps partiel, puis l’illustratrice-tatoueuse à temps complet.

Pour autant, la première continue à alimenter le travail de la seconde : dans son shop de Schiltigheim, Bluejeanne n’accueille qu’une femme par jour. Ici, on ne passe pas, on se pose. On se raconte, on rit, on pleure. On se rencontre, soi et une soeur. Et on ressort plus forte, et surtout plus soi : “Je veux cette place de tatoueuse engagée qui accueille la parole des femmes et qui les accompagne, avec un outil, dans leur volonté de se réapproprier leur identité.”

  • Une exposition en forme de transmission :

À la galerie associative L’Écrin, la petite soeur de la Boutique de créateurs elle aussi engagée dans la promotion des artistes locaux, Bluejeanne assume pleinement son désir récent de transmission plutôt que de guérison : “Peut-être parce que je grandis, j’ai eu un déclic. J’ai réalisé l’importance des racines et j’ai commencé à me demander ce que j’ai envie de laisser.” Sur les quatre murs du petit lieu culturel, l’artiste met son grain de sel sur la culture alsacienne qui l’a accompagnée dans sa construction entre légendes écrites à même le mur et illustrations gravées dans le cuir. “Et pour la première fois je ne veux pas que cette exposition s’arrête. D’habitude, j’ai tellement bossé que j’en ai un peu marre. Mais pas cette fois. Je n’ai ressenti aucune pénibilité.” Le produit d’un esprit apaisé et d’une femme libérée.


Pour vous approprier l’Alsace :
Légendes d’hier, gravures d’aujourd’hui (suivez l’événement ici)
Jusqu’au 29 septembre à L’Écrin (rue Sainte Madeleine)

***

Retrouvez Bluejeanne, illustratrice-tatoueuse, sur :
Facebook : facebook/bluejeanne ; Instagram : instagram/bluejeanneillus
Comptez 90 à 500€ pour une oeuvre exposée, 80 à 250€ pour un tatouage.

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