Bienvenue sur le site de Pokaa.fr

Votre navigateur est obsolète.

Merci de le mettre à jour pour voir le site correctement

Mettre à jour

Recherche

Lance une recherche dans les articles ou vidéos parmi l’ensemble des publications de Pokaa.

Publicité

Un lieu de création strasbourgeois alternatif se cache au Neudorf

504 Lectures
Publicité
Publicité

On le craignait très affaibli, il revient plus fort que jamais : dépossédé de l’espace central qu’il louait rue des Couples depuis plus de vingt ans en décembre dernier, l’increvable Syndicat Potentiel s’est installé, dès janvier, dans un nouveau lieu au coeur de Neudorf. L’association d’artistes qui fête ses vingt-six ans cette année a choisi ce quartier en pleine mutation pour faire, elle aussi, sa mue et ainsi donner du sens à son déménagement forcé, suite à la vente de l’immeuble qui l’abritait… Rencontre avec le nouveau Syndicat Potentiel, à travers trois des têtes pensantes de ce lieu de création, d’exposition et surtout d’expérimentation.

Pour porter le nouveau Syndicat Potentiel, un conseil artistique se réunit deux fois par semaine.
  • Porter l’art contemporain hors les murs

L’histoire du Syndicat Potentiel, c’est celle d’une lutte. Au début des années 90, une dizaine d’étudiants des Arts Décoratifs (devenus la HEAR) en troisième et quatrième année et en option art, un cycle alors expérimental axé sur l’enseignement de l’art contemporain, réalisent que rares sont les galeries strasbourgeoises qui en exposent… Un constat difficile à l’aube de leur insertion professionnelle. Jean-Claude Luttmann, l’une des trois têtes du Syndicat Potentiel actuel, par ailleurs artiste et enseignant à la HEAR, rappelle : “Il n’y avait aucun lieu dédié à l’art contemporain dans le centre-ville. Les rares galeries qui en accueillaient ponctuellement le faisaient à la demande de l’association des étudiants… Ce lieu est né d’une nécessité.” Celle de porter l’art contemporain hors les murs de l’école. Et c’est ainsi que naît, en 1992, le Faubourg, l’ancêtre du Syndicat.

L’association Le Faubourg regroupe donc onze jeunes artistes dont la motivation est de compenser la rareté, voire l’absence, des lieux d’exposition d’art contemporain à Strasbourg. Par la création d’un lieu permanent d’exposition, lieu qui sera le pôle d’attache de ses artistes membres, l’association entend participer activement à la diffusion de cet art dans la capitale alsacienne en pratiquant les échanges internationaux. Le lieu s’ouvre sur l’exposition Das Kapital, un manifeste évident du désir d’indépendance qui anime le Faubourg… Souad El Maysour, ancienne adjointe au maire aujourd’hui engagée auprès du Syndicat Potentiel, explique : “Le Faubourg, c’était un projet beaucoup plus politique qu’esthétique… Avec une volonté de durer.” C’était sans compter la malédiction qui touche l’association : sous un an, l’espace qu’elle loue est vendu.

Entre espace de travail et d’exposition, l’accueil du nouveau Syndicat Potentiel.
  • Deux fois vendus mais pas rendus

Jean-François Mugnier, coordinateur de l’association depuis 1998, connaît bien cette partie de l’histoire qui a précédé son arrivée, et qui fait écho à un autre déménagement de l’association, celui-là plus récent : “Ouais, ils ont pu faire trois expositions avant que le lieu qu’ils louaient soit vendu, c’est vraiment pas de bol même si l’association a gagné 80.000€ en procès.” Une somme importante pour l’organisation débutante qui emménage dès 1993 à l’adresse qui sera la sienne pendant vingt-cinq ans, le 13 rue des Couples.

Sous un an, suite à un appel adressé à la DRAC et à la municipalité par Sarkis, artiste et enseignant à la HEAR qui y a fait entrer l’art contemporain avec ses confrères Jean-Marie Krauth et Claude Rossignol, le nouveau lieu culturel commence à recevoir des aides publiques. Très vite, Le Faubourg parvient à accueillir jusqu’à dix expositions par an, avec une ouverture importante sur l’international, et en 1996 l’association crée un café associatif et un contrat aidé à mi-temps, remplacé par la suite par l’emploi jeune pérennisé de Jeff, en même temps que les subventions augmentent légèrement : “On reste le budget culturel le plus faible de Strasbourg et par faible on peut dire minuscule très franchement.”

Images d’archives communiquées par le Syndicat Potentiel

Budget minuscule ou pas, Le Faubourg fait feu de tout bois jusque dans les années 2000, au début desquelles le projet est redéfini, et renommé, suite au départ de ses membres fondateurs. Le Syndicat Potentiel est né et porte avec lui l’envie de sa nouvelle équipe de prendre en compte des dimensions plus larges de la question artistique, comme le rôle social ou encore politique à jouer par l’art contemporain ; pendant près de quinze ans, ses membres travaillent à son évolution en multipliant les partenariats intelligents et en composant un conseil artistique… Mais en mai 2016, la malédiction frappe encore : le 13 rue des Couples est lui aussi vendu, et le Syndicat a un an de sursis.

Dès l’annonce de la nouvelle le coordinateur Jean-François Mugnier mobilise un grand nombre de strasbourgeois via une pétition à succès, et sollicite la municipalité. Certains élus font acte de présence, expliquent circonspects les trois membres du Syndicat Potentiel soudainement peu bavards… “Ils nous ont proposé une place à la Manufacture. C’était une absurdité économique au regard du loyer.” L’équipe comprend qu’elle ne peut compter que sur elle-même et presqu’un an plus tard, le jour de la fin du bail, elle parvient à trouver les futurs acheteurs en ligne et à passer un accord : le Syndicat a jusqu’à la fin de l’année pour déménager. C’est ce qu’il fait en décembre 2017, dans un local débusqué sur Le Bon Coin, dans un quartier populaire qui exige une nouvelle façon de programmer. Souad El Maysour résume : “Ça a été une occasion finalement très positive.”

Au premier niveau du nouvel espace du Syndicat Potentiel, une grande salle de rencontre.
  • Une deuxième naissance pour le Syndicat Potentiel

Sans transition ou presque, le Syndicat Potentiel se retrouve au centre d’une population plutôt que d’une ville… Dans ce nouveau contexte populaire se pose logiquement la question à un milliard, celle qui occupe toutes les organisations culturelles du monde, à savoir : comment démocratiser l’art ? Fidèle à son projet, le Syndicat maintient qu’il faut penser l’art dans un contexte social et politique : “Si l’art n’atteint pas les populations, c’est parce qu’il est pensé en objet de communication, d’animation. Or, la culture est avant tout un objet de médiation !” À partir de ce constat, le Conseil du Syndicat met la question de la collaboration au centre de sa réflexion et choisit de travailler avec les habitants du quartier pour activer son nouvel espace avant de l’offrir aux autres : “Pour savoir comment créer du lien avec les locaux, on a choisi de leur donner la parole. Ils nous ont raconté comment ils voyaient notre espace et comment ils vivaient leur quartier ; ils ont été notre première expo.” Faire du spectateur un co-créateur, un bon exercice démocratique…

La répartition du nouvel espace du Syndicat Potentiel
  • L’espoir, autant que le besoin, de nouveaux financements

Néanmoins, la question de la survie du Syndicat Potentiel se pose encore. En cause, malgré un accord de départ intéressant et le maintien d’une subvention de base, des travaux coûteux dans un local au loyer deux fois plus élevé que le précédent… “L’aide qu’on touche couvre tout juste un salaire. On a besoin de plus pour dépasser le fonctionnel et s’inscrire dans la durée.” Dans le but d’obtenir de nouveaux financements, l’organisation a obtenu plusieurs rendez-vous, notamment avec la municipalité et le conseil régional. “On espère que les soutiens affichés se concrétiseront financièrement…” Avenue de Colmar, les membres du Syndicat Potentiel rêvent de pouvoir accueillir plusieurs artistes sur l’année et leur permettre d’expérimenter des projets sans objectif commercial, tout en les payant décemment ; un objectif délicat pour l’ancienne mais modeste structure indépendante, fatalement en marge des lieux culturels plus consensuels : “On ne répond pas aux attentes et c’est une forme de résistance ! On reste le lieu le plus prisé des jeunes diplômés : il y a un vrai parallèle entre leurs réflexions sur l’état de l’art contemporain et les nôtres. Alors bien sûr, c’est toujours inquiétant la précarité. Mais on reste confiants parce qu’on n’a jamais été aussi construits.”

Image d’archives communiquée par le Syndicat Potentiel

Toi aussi, soutiens le Syndicat en lui rendant visite dans son nouvel écrin (deux fois plus coûteux mais aussi deux fois plus grand que le précédent !), par exemple, à l’occasion de la programmation vidéo “Jeune création 68ème” qui s’y déroule ce weekend.

Les événements organisés par le Syndicat sont généralement gratuits pour t’en garantir l’accès d’où que tu viennes, mais tu t’en doutes, la gratuité a toujours un coût. N’hésite donc pas à faire un don à l’occasion.


Le Syndicat Potentiel
syndicatpotentiel.free.fr ; facebook.com/syndicatpotentiel
109 Avenue de Colmar, 67100 Strasbourg
Du lundi au vendredi de 15:00 à 18:00 (ou selon l’événement en cours)

Ça pourrait vous intéresser

+ d'articles "Strasbourg"

À la une

Un lieu de création strasbourgeois alternatif se cache au Neudorf

Aucun commentaire pour l'instant!

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Répondre

En réponse à :

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Illustrations prolonger la lecture

Prolongez votre lecture autour de ce sujet

Tous les articles “Strasbourg”
Contactez-nous

Contactez-nous

C’est par ici !