Il est partout, dans vos discussions de café et sur vos réseaux sociaux. Et en même temps, il n’est nulle part. Du moins, on ne peut pas le toucher physiquement, ni faire beaucoup de choses avec (pour l’instant ?). Le Bitcoin et les cryptomonnaies ont la côte. Bulle financière, révolution numérique, bon placement ou grosse arnaque ? Les avis divergent. J’ai voulu avoir l’avis de quelques Strasbourgeois sur la question.
NB: Les témoignages ont été recueillis avant dernier crash, le bitcoin est actuellement en train de remonter, vous pouvez trouver le cours en temps réel ici.
Gilles Bernhard – Zikos et investisseur aguerri, notamment en cryptomonnaies
J’investis dans pas mal de choses différentes : placement en bourse, immobilier, crypto… Mon père étant dans le milieu bancaire, c’était naturel pour moi de me plonger un peu là-dedans. Pour moi, c’est une manière de « prévoir pour plus tard ». Je suis assez fan des nouvelles technologies et j’ai pour maxime « d’investir dans ce que je consomme ».
Pour les crypto, c’est plus la technologie en elle-même qui m’a intéressée. J’ai commencé par le Bitcoin, début 2017. Le nom commençait à faire plusieurs fois les headlines de presse. Je me suis lancé après des semaines de recherches en amont. Récemment, j’ai encore diversifié mon portefeuille avec de l’Etherium et du Ripple. J’ai 5 devises différentes et je compte en rajouter quelques-unes encore. Tout est en train d’exploser parce que y’a une grosse hype autour.
J’ai déjà vendu mes crypto pour avoir du gain en dollars. Je m’étais donné un défi de me faire 330$ par jour pendant 30 jours. J’ai fait ça pendant 4/5 jours où j’ai tendu le rythme, mais j’ai arrêté après. Je connais assez bien les mécanismes d’analyses de marché en temps réel. On veut développer un bot de trading pour le bitcoin avec des potes. C’est toujours en projet. Par contre, j’ai rien acheté directement avec du bitcoin. De toute façon, aujourd’hui ça ne vaut pas la peine de les lâcher alors qu’ils prennent de la valeur chaque jour. Ah, si ! Une fois j’ai échangé une pizza à un pote à 3h du matin contre 3€ en bitcoin. Ça fait écho à la célèbre transaction de 2010 (Pizza day, le 22 Mars) où quelqu’un a acheté 2 pizzas contre 10 000 bitcoins (plus de 100 millions aujourd’hui)
L’aspect décentralisé, sans intermédiaire style banque ou gouvernement, qui vérifie tes transactions et qui prend des grosses commissions au passage… ça plaît beaucoup. Ce qui me fait rire quand les gens disent que le bitcoin c’est « virtuel », c’est qu’aujourd’hui, si tout le monde allait retirer son argent de ses comptes bancaires, beaucoup ne pourraient pas le faire ! C’est tout aussi virtuel que le bitcoin. D’ailleurs, les banques en ont peur.
Avec des amis à moi, on est un petit crew à tous avoir un portefeuille diversifié et dès qu’on se voit on en parle, ou sur un chat de groupe sur messenger. Beaucoup disent que c’est une bulle. Je n’ai pas trop peur des hacks en tout cas. Le code est en open-source, s’il y avait vraiment une faille, quelqu’un l’aurait déjà trouvé. La technologie est surveillée. Les livres des comptes sont accessibles et l’information décentralisée. C’est plus « facile » de descendre les serveurs d’une banque que pleins d’ordinateurs en “peer to peer” à travers le monde.
Les plus gros investisseurs en crypto que je connaisse sont tous dans la musique électronique (rires). Il y a peut-être un lien ! Gramatik avait sorti un album qu’on pouvait acheter avec une cryptomonnaie qu’il avait créé pour l’occasion. En même temps, on travaille toute la journée sur des ordinateurs, donc on connaît un peu. Moi, j’investis surtout pour diversifier mon portefeuille mais aussi le kiff de la technologie et l’approche pragmatique : ça prend de la valeur, ça a une application future et je veux faire partie de ce monde.
Arthur Blanc, étudiant à l’EM Strasbourg et surfeur précoce sur la vague du BTC
Je m’intéresse depuis 6 mois aux cryptomonnaies et j’ai commencé à investir il y a 3 mois. J’avais un peu de thune de côté. Des amis sur Stras m’en ont parlé et je me suis lancé en plaçant 200€ : 100€ en Bitcoin, 50 en Litecoin et 50 en Ethereum. C’est les trois monnaies « majeures » qui sont facile à échanger. En cours, on nous a appris qu’il valait mieux diversifier pour réduire les risques. Au final, j’ai bougé mes Litecoins et Ethereums en Bitcoin. En un mois le bitcoin a pris beaucoup de valeur, aujourd’hui je suis à 600. J’ai retiré l’équivalent de 200€, du coup à partir de maintenant c’est que du bénef, vu que j’ai récupéré ma mise de départ. Même si ça crash, je m’en fou. Quand j’ai montré mes gains à des potes, ils se sont chauffés à investir aussi de leur côté. J’en ai convaincu plus d’un. C’est facile en même temps quand tu dis, que t’as rien fait en 1 mois t’as 30€ de bénef avec 50€ d’investissement.
Juste après que j’investisse il y a eu un gros bond. J’ai eu de la chance d’arriver au bon moment. Réussir à voir les tendances avant les autres etc… C’est comme être un mini-tradeur ! J’aimerais bien me lancer dans des monnaies moins connues. Il faut commencer à tout suivre sur twitter, reddit… même 4Chan !
Joël Mercier – Jeune développeur web fan de piécettes virtuelles
Déjà tout jeune, je chopais des pièces dans Mario, donc je pense que l’expérience avec les pièces virtuelles, elle est là… Dans le bitcoin, je me suis lancé il y a un mois, sur les très bons conseils de mon pote Arthur. Je suivais de très loin depuis un an, mais je ne connaissais pas l’intérêt « d’investir » à proprement parler. Arthur m’a montré la plateforme Coinbase. Le processus pour s’inscrire est super simple, ça s’est fait en 5 minutes sur un smartphone. J’ai suivi ma philosophie du « jamais miser plus qu’on est prêt à perdre » et j’ai juste posé 50 balles dedans en Bitcoin. Depuis, je me suis vachement plus intéressé. Je fréquente /r/bitcoin fréquemment, je suis les cours etc…
C’est vrai qu’il y a toute une philosophie derrière de décentralisation de l’utilisation des monnaies etc… Pour l’instant, je ne vais pas m’exprimer sur « est-ce que c’est utile ou même nécessaire » comme solution monétaire, mais je pense que c’est toujours bien d’avoir des alternatives, surtout qui respectent plus la vie privée etc. Pour l’instant, je le vois clairement juste comme un moyen de gagner de l’argent rapidement. Ça ne vaut pas le coup d’acheter quoi que ce soit avec, c’est un fond d’investissement qu’on laisse reposer. A voir jusqu’où est-ce que ça va aller.
Il y a beaucoup de hack sur certaines entreprises etc, il faut juste ne pas laisser son argent sur les plateformes d’échanges. Si jamais y’a un gros crash et qu’on perd tout… je pense qu’il faut être confortable avec cette idée là quand tu commences. Tiens, depuis qu’on parle j’ai gagné 30cents.
D4RK-RAJOU67 – investisseur chelou et anonyme (genre avec une hoodie noir devant un écran dans une pièce sombre, à l’affut des évolutions du marché)
La première fois que j’ai eu l’occasion d’acheter du bitcoin, c’était en 2015 pour aller sur le darknet et me procurer de la drogue. Une des étapes pour acheter de la beuh sur internet c’est de passer par une cryptomonnaie (idéalement intraçable) donc le bitcoin. J’ai pris 50€ que j’ai ensuite dépensé sur un site pour choper 5g de weed d’un gentilhomme sur Prague. C’est arrivé chez moi dans un sachet de mylar. J’ai fait ça pour tester, ce n’est pas le plus pratique, mais les 50€ que j’ai pris en BTC à l’époque auraient valu peut-être 2500€ aujourd’hui.
Depuis dans une conversation début novembre, j’ai appris la hausse exponentielle que le Bitcoin était en train de prendre. Alors j’ai posé 300€ qui sont désormais 775€. Si j’avais investis depuis 2015, même avec les impôts, j’aurais sans doute une vision bien différente. Pour moi, ça mérite d’être utilisé à un moment, je ne vais pas juste le regarder fructifier. L’aspect spéculatif est intéressant, mais beaucoup de gens disent que c’est aussi une bulle qui risque d’éclater. Pour moi, c’est pas soutenable au long terme. Comme au casino, c’est une somme que je suis prêt à perdre, que j’ai déjà doublé. Surtout qu’il y a plein d’autres cryptos bien plus « matures » que le BTC. Les méthodes de minages sont inefficaces, ce n’est pas écolo… Il paraît que toute l’activité Bitcoin consomme autant d’énergie que certains pays développés comme l’Islande, la Serbie … environ 0,15% de la consommation d’énergie mondiale.
Sur Strasbourg, je ne suis pas sûr qu’on puisse faire grand-chose avec des bitcoins, mais sur internet, il y a plein d’options pour qui veut dépenser ses cryptos. Autour de moi, des gens font ça depuis 2010. Ça ne sert à rien de perdre du sommeil sur « qu’est-ce que ça pourrait valoir aujourd’hui », mais c’est intéressant d’y penser. Ce qu’on a pu fumer en 2010 vaut maintenant plus d’une année de salaire… Quoi qu’il en soit, je me verrais bien bosser dans un truc qui utilise des cryptos à l’avenir. C’est le futur.
Ivan – Pro-Gameur de la crypto
J’en ai entendu parler pour la première fois en 2013. A l’époque, comme pour tout le monde j’imagine, c’était la monnaie du darkweb, donc ça ne servait qu’aux gens qui voulaient acheter des armes, des enfants, de la drogue … Pas trop pour moi quoi. Dès l’instant où ça s’est démocratisé et où j’ai vu qu’il y avait de la spéculation et de l’argent à faire, j’ai changé de point de vue. Peut-être aussi de soutenir peut-être les technologies futures.
Un ami m’a dit qu’il a gagné 1500€ en 3 jours. « C’est pas une connerie, c’est légal, c’est safe », qu’il me disait ! Alors j’ai investi ma première centaine d’euro début juin, pour investir progressivement jusqu’à 1000€ aujourd’hui. Depuis, j’ai rencontré d’autres gens sur Strasbourg dans la même situation, et j’ai moi-même incité des gens à investir qui sont devenus fans depuis. Avec des potes, on forme un groupe d’une petite dizaine de personnes autour des cryptos. D’ailleurs là je rentre pour Noël et c’est les premières personnes que je vais revoir ! On a un projet de créer notre propre cryptomonnaie.
Quand j’en ai parlé à mes proches, au début ma mère m’a dit de faire attention (normal, le rôle classique de la maman) et quand elle a vu que ça marchait bien, elle m’a filé 2000€ que j’ai investi pour elle et elle a déjà pas mal de bénéfices ! Je n’ai jamais dépensé mes bitcoins dans l’économie réelle. Si j’avais eu l’occasion, je pense que j’aurais essayé, mais ce n’est pas dans mon optique de retirer l’argent que j’ai eu grâce aux cryptomonnaies.
En plus de la spéculation, l’aspect révolution me plaît aussi. Certaines monnaies risquent de changer nos manières de vivre au jour le jour. Pour moi c’est sûr. La décentralisation aussi c’est très intéressant, c’est l’avenir. Ça ne me dérange pas de ne pas tout comprendre de la technologie aujourd’hui. J’ai envie de m’y intéresser et de tout savoir dessus ! Pourquoi ne pas me mettre au minage par exemple.
Antoine Lévy – Co-président de mouvement Sol, mouvement national des monnaies locales et bénévole au Stück – Parlons peu, parlons sérieux
Je ne m’amuse pas à faire des placements. Le Bitcoin, ça fait depuis 2008 que je m’y intéresse. J’en avais pris quelques-uns à l’époque pour faire des tests, mais je ne me vois pas investir dedans. Ça ne correspond plus à mes valeurs. Au début en 2008, le bitcoin c’était très alternatif. Aujourd’hui il devient ultra-spéculatif avec les pires travers qu’on connaît déjà ! C’est un projet qui cherchait à remettre en cause le système. Là, on a un désastre environnemental et spéculatif, sans valeur humaine… C’est intéressant pour les monnaies locales, comme exemple à ne pas prendre, pour ne pas tomber dans ces travers là, et aussi de voir comment une monnaie alternative arrive à se faire corrompre. Le paradoxe, c’est qu’on dit que le BTC a réussi. Pourtant, le réseau est surchargé. On doit être entre 5 et 20$ la transaction ! La révolution du début c’était aussi de permettre des transactions indépendantes pour un coût quasi-nul… on s’en éloigne dramatiquement.
Au niveau des monnaies locales, on a une veille attentive sur les crypto depuis plusieurs années. Il y a des différences énormes entre les différentes cryptomonnaies. On partage quelques postulats avec certaines d’entre-elles. Le premier : l’ère du monopole monétaire par les états et les banques est bientôt derrière nous. La preuve: les monnaies locales, ça marche. Et les crypto ça marche aussi. La différence? Les communautés sont numériques au lieu d’être locales. Mais dans les deux cas, on se réapproprie la monnaie.
Le Bitcoin en tant que tel n’est pas du tout intéressant pour nous. Écologiquement ce n’est pas terrible, ensuite c’est spéculatif. Un peu comme une pyramide de Ponzi, les premiers arrivant empochent de l’argent que les suivant vont créer en se rattachant au truc. En plus, il y a une quantité limitée de monnaie qui ne correspond pas à la réalité économique. Nous, avec les monnaies locales, l’objectif c’est que l’argent en circulation corresponde au besoin du territoire et à l’économie réelle.
Par contre ce qui nous intéresse, c’est la technologie de la blockchain qui permet de décentraliser la monnaie et donc de permettre à un grand nombre de personnes de se l’approprier sans autorité centrale. Pour le mouvement Sol, la prochaine étape qu’on vise c’est une monnaie nationale numérique. On a une dizaine de projets de monnaies locales partenaires (dont le Stück) qui devraient passer au numérique dès 2018. On a deux plateformes techniques, dont une qui passe par la blockchain. C’est développé par le Léman, une monnaie transfrontalière franco-suisse papier et numérique basée sur l’Ethereum. L’idée serait d’avoir une blockchain sur laquelle différents projets de monnaies, mais aussi de la transition numérique de manière générale, puissent se greffer. On fabrique un réseau décentralisé où on prend en compte les aspects écologiques et non-spéculatif. Le minage (mécanisme de fonctionnement de la blockchain) est fait en interne, on ne dépend pas du marché.
Pour une partie des cryptos, on voit un boom spéculatif. Mais sur le millier de crypto qui existe aujourd’hui, je pense que la majorité vont disparaître. Par contre la technologie continuera de se développer de manière hallucinante, ce qui va participer à l’obsolescence de certains projets. Le boom du bitcoin est aussi lié à un boom de médiatisation. Aujourd’hui, le grand public s’intéresse au sujet, mais il y a encore beaucoup de pédagogie et de sensibilisation à faire derrière.
Disclaimer: cet article a pour but ni de vous inciter à investir, ni à vous en décourager, simplement de vous faire partager des points de vue et de vous divertir. Faites ce que vous voulez de votre argent, ça ne nous regarde pas !
On a vu que l’organisme de formation Stra/Formation acceptait désormais les Bitcoins. Vous savez comment on peut utiliser des cryptomonnaies dans l’économie réelle sur Strasbourg? N’hésitez pas à nous le communiquer.
Partagez-nous vos expériences avec les cryptomonnaies dans les commentaires et continuez le débat !
Salut,
Nous vendons nos bijoux en bitcoin ou autres Altcoin.
Il y a une vitrine sur le site Cryptopia que je dois actualiser tous les 15 jours.
Sinon vous pouvez venir en magasin (physique) et demandez Théo si vous êtes intéressé par un article et le payer en Crypto-monnaies.
Horlogerie Bijouterie -Joaillerie MENGER
67400
Illkirch-Graffenstaden
La cryptolonaie m’intéresse depuis quelques temps mais les barrières à l’entrée sont un peu repoussante, avec des plateformes d’échanges et de porte-monnaie qui connaissent de nombreux bugs et utilisateurs mécontent, sans parler des frais qui ont l’air exorbitan… Tout cela semble pas très safe pour pas mal de monde. Un article sur les meilleures plateformes pour novices ?
Bonjour,
Merci pour l’article !
Le plus difficile à mon niveau (de novice ayant mis un peu d’argent) et de trouver de l’info et des retours d’expérience non intéressés ! Des cercles de discussions existent-ils à Stras autour d’une bière ? Des personnes citées seraient prêtes à échanger sur les crypto et partager leurs connaissances/conseils ?
Bonne journée !