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À Bischheim, des habitants s’unissent pour éviter qu’un promoteur détruise des jardins familiaux

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Strasbourg, et l’Eurométropole avec elle, a beaucoup construit lors du dernier mandat. Une tripotée d’immeubles sortis de terre qui sont venus densifier la ville dans des proportions parfois ubuesques par rapport aux réalités climatiques. Mais, alors que notre ville souhaite changer cette façon de voir l’urbanisme, d’autres villes continuent de construire sur des terrains verts, parfois même occupés par des jardins familiaux. C’est le cas de Bischheim, à côté de Schiltigheim, où la mairie a décidé de mettre en vente des parcelles de terrains pour un nouveau projet immobilier rue de l’Aigle. De nombreux habitants ont commencé à s’opposer à cette décision, allant même jusqu’à mettre en place une pétition. On fait le point.

Un projet pas très écologique

Cette pétition est une initiative personnelle d’Olivier Galleano, habitant de Bischheim, et de quelques autres riverains. Joint par téléphone, il nous explique pourquoi ils ont lancé une pétition : « C’est une initiative personnelle qu’on a fait avec quelques riverains suite à une future mise en vente de deux parcelles de terrain, l’une en friche et l’autre qui appartient à la mairie avec des jardins familiaux, rue de l’Aigle. » Ces deux parcelles de terrain plus une maison à côté font désormais l’objet d’un projet immobilier de Promogim, afin de construire 98 logements.

Olivier Galleano ne comprend pas trop la logique derrière ce projet : « Nous on trouve que ça va faire un truc énorme, super dense. D’un point de vue écologique, ça n’a pas de sens. On détruit des espaces verts utilisés pour faire de la pure habitation, ils vont pas chercher à faire du joli. Il y a aussi des petits hérissons qui se baladent, y a de la vie et en ville ça devrait être valorisé. Ensuite, Promogim n’est pas connu pour faire des trucs de qualité, avec des normes environnementales fortes. »

En effet, si l’on se balade aux alentours de la rue de l’Aigle, on remarque vite que ce ne sont pas les logements qui manquent, et que ces parcelles de terrain représentent même les derniers espaces verts de cette zone. En outre, construire sur des jardins familiaux, en plus du non-sens écologique, piétine quelque peu l’histoire ouvrière de ces espaces, qui permettent aux personnes de cultiver leurs propres fruits et légumes, tout en construisant du lien social, lors du retour des beaux jours.

© Nicolas Kaspar/Pokaa


Rajouter de la densité à la densité

Il en ressort donc un projet qui n’a pas l’écologie en tête de gondole, et qui ressemble juste à n’importe quel immeuble, rajoutant de la densité à une zone qui n’avait pas besoin de plus. Ce que confirme Olivier Galleano : « À Bischheim, on a déjà énormément de logements sociaux. D’un point de vue urbanistique, il y a le PLU – plan local d’urbanisme, ndlr – qui oblige les municipalités à faire des logements, et à Bischheim on est déjà bien au taquet niveau densité. Les projets n’arrêtent pas de sortir de terre et sont toujours super denses. »

En outre, selon Olivier Galleano, il semblerait même que le projet en lui-même ne soit pas très cohérent et agréable à vivre pour les futurs occupants : « En moyenne, on devrait se retrouver avec 60m2 par appartement, ce n’est même pas destiné à accueillir des familles, donc il y aura des turnovers. En plus, telles que sont placées les barres, ce n’est peut-être pas des appartements traversants, soit des projets où la lumière passe pour une meilleure qualité de vie. » En somme, on construit ici du logement pour du logement.

En plus de cela, se rajoutent par la suite les problématiques que la construction de nouveaux logements apporte. En d’autres mots, en plus de la densité du bâti, il y a la densité de population : « Toutes ces personnes-là, qui vont arriver, elles ont probablement des voitures, cela génère des soucis de stationnement. Ces personnes-là peuvent aussi avoir des enfants, et aujourd’hui les écoles de la zone ne sont pas adaptées à recevoir plus de monde. Il n’y a déjà pas assez de places dans les cantines, alors avec ces 98 nouveaux logements… Tout ce genre de choses génèrent des soucis. »

La problématique n’est même pas de construire des logements, selon Olivier Galleano. Juste de le faire de manière logique, cohérente et intelligente : « On comprend bien qu’il faille faire de nouveaux logements, c’est comme ça. Mais il ne faut pas le faire n’importe comment et là c’est une bonne occasion d’avoir des exigences, la mairie peut bien se décider à en poser. Y a des histoires de plans d’aménagement du sol, et sur cette parcelle il n’y en a pas, donc pour poser des exigences c’est plus compliqué. » 


Des promesses électorales pour l’instant non tenues
 

La déception envers la mairie est grande pour Olivier Galleano et les riverains de Bischheim, tout particulièrement parce qu’ils estiment que pour le moment, les promesses électorales ne sont pas tenues, de la part du maire de Bischheim Jean-Louis Hoerlé : « On est beaucoup à avoir penser à ses promesses dans ses tracts, soit un peu de concertation avec les citoyens. En ce moment c’est compliqué. Pourtant, ils ont un adjoint qui est là pour ça – Emmanuel Abela, ndlr -, et il y a même une adjointe responsable du développement durable – Nadia Mohib-Mischler, ndlr. Le maire a bien martelé qu’il entendait les contraintes écologiques mais il est là en totale contradiction. Concrètement, on n’est pas du tout sur du développement durable. On ne veut pas un pseudo nouveau écoquartier, mais un projet qui soit plus sobre pour l’environnement, le cadre de vie dans lequel on évolue. »

Dès lors, pour montrer leur opposition et faire entendre leur voix, ils ont monté une pétition, que vous pouvez retrouver en suivant ce lien. Mais ils veulent aller plus loin, en montrant que si la mairie ne s’empare pas du sujet de la concertation citoyenne, ils le feront eux-mêmes : « Pour avoir discuté avec beaucoup de riverains, ça interroge concernant les façons de faireJe pense que c’est important de rappeler au maire qu’il y a des gens qui ne sont pas contents. » Et ils auront bientôt l’opportunité de le faire, puisque ce projet immobilier doit être soumis à un vote : « Il y a un vote qui devrait avoir lieu au conseil municipal bientôt, on aimerait montrer notre concertation pour dire que c’est pas possible. »

Ce projet de construire presque 100 logements sur des parcelles de terrain qui ne sont pas immenses est un nouvel exemple de la prolifération des logements dans l’Eurométropole, qui va littéralement à contre-courant de toutes les réalités climatiques. Bischheim est déjà une commune très dense en termes de logements et le raisonnement derrière ce nouveau projet échappe à toute logique, si ce n’est celle d’ordre économique. Alors on espère que, une fois de plus, les citoyens vont pouvoir se saisir entièrement de la question et pourront garder vivants et bien verts les jardins familiaux de la commune !


>> Pour signer la pétition, c’est par ici <<

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Commentaires (6)

  1. Alors qu’on devrait saisir l’occasion d’envisager l’immobilier urbain sous un angle plus vert, plus concerté, moins dense, ce projet me semble être tout l’inverse…

  2. Merci pour cet article. Je fais partie des riverains consternés.
    Car on ne vous a peut-être pas mentionné le projet de route qui va traverser le parc de la résidence adjacente afin de laisser sortir toutes les voitures vers l’avenue Mendes France.
    Ce sont des visions de l’urbanisme tellement aberrantes… qui ne vont profiter à personne dans la population sinon une poignée de promoteurs.
    Qu’est ce qui les rend tellement puissants qu’on ne puisse dire non? Est ce impossible d’ imaginer la ville du futur autrement?
    C’est assez écœurant.

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