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« Movember » : Robin, Strasbourgeois de 22 ans, raconte son cancer du testicule

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Lorsqu’il avait 20 ans, on a diagnostiqué à Robin un cancer du testicule. Ce n’est pas le plus dangereux, mais c’est l’un des plus tabous et méconnus. Le jeune strasbourgeois a donc décidé d’en parler ouvertement, pour délier les langues et briser le silence face à cette maladie.


Movember, kesako ?

Contraction de “Mo” (moustache en anglais australien) et de « November » (novembre) , Movember est un évènement annuel organisé par la Movember Foundation Charity. L’objectif ? Inciter les hommes à se laisser pousser la moustache durant tout le mois de novembre, afin d’inciter au dialogue autour des maladies dites “masculines.”

La logique est simple : lorsqu’on n’a pas de moustache 11 mois sur 12 et qu’elle apparaît en Novembre, elle est sous le feu des projecteurs, elle interpelle. Votre ami pourrait alors vous demander “Pourquoi cette moustache ?”, ce à quoi vous répondriez, “Ah, tu ne connais pas Movember ? Laisse-moi t’expliquer”. Et voilà, une conversation pleine de bienveillance sur les cancers masculins et la dépression peut se lancer.

L’an passé, dans le cadre de ce mouvement visant à libérer la parole, nous avions abordé le sujet de la dépression masculine. Cette année, nous parlons de cancer. Et qui de mieux placé pour parler du cancer du testicule que Robin, ce jeune homme de 22 ans, aujourd’hui guérit et arborant fièrement sa moustache.

Robin, sa moustache, et la moustache de sa machine. © Document remis par Robin


Un premier pas primordial : aller chez le médecin 

Robin raconte les prémices de la découverte de son cancer et l’importance d’aller consulter rapidement : 

“Fin septembre 2018, j’ai commencé à sentir une gêne au niveau du testicule gauche quand je mettais des pantalons un peu slim. Mais bête comme j’étais, je pensais juste que c’était les pantalons qui étaient trop serrés ! Et par hasard, un soir en prenant ma douche, j’ai passé la main avec un peu plus d’attention à l’endroit de la gêne pour me rendre compte que mon testicule gauche était devenu solide comme un caillou, pas de douleur, juste solide. J’ai un peu flippé sur le moment, mais je me suis dit “ça va passer”. Du coup, ce n’est pas passé. Donc dans ma bêtise j’ai laissé traîner jusqu’à fin Novembre, ça a triplé de volume, c’était toujours aussi dur.” 

Le cancer du testicule a un taux de guérison de plus de 95%, mais reste le plus répandu chez les 15 – 35 ans selon l’Institut National du Cancer. Se faire ausculter le plus rapidement possible est donc primordial. Robin reconnaît d’ailleurs qu’il n’aurait pas dû attendre  :

“Ce qui m’a fait attendre aussi longtemps c’est que je venais de changer d’employeur fin août, et j’avais peur de l’arrêt de travail, parce que mon patron comptait beaucoup sur moi, comme il était seul.” Le côté tabou du cancer a aussi eu son influence dans cette décision tardive. “J’ai fait ce que tout le monde fait, j’ai demandé à Google. Donc j’ai eu toute la liste de ce que ça pouvait être, avec toujours en bas de liste, le pire : ‘le cancer’ ! Je me suis dit ‘mais non pas moi, je ne fume pas, je ne bois pas, je mange à peu près correctement’, donc pas plus de peur que ça ! Alors, j’en ai effectivement parlé à personne parce que oui c’était un peu ‘tabou’ et avant que ça n’empire je me disais toujours “ça va passer”.”

Au bout d’un moment tout de même, la décision d’aller voir son médecin a été prise : “Ce qui m’a fait aller consulter est qu’avec mon métier (conducteur d’engins de travaux publics) je suis dans les secousses toute la journée, et le frottement contre la cuisse a commencé à me faire mal. Donc un soir, en rentrant du travail, je suis allé chez mon médecin traitant qui m’a ausculté. Elle m’a directement envoyé aux urgences, où je suis allé dans la foulée. J’ai vu un interne, mais pas moyen de faire une échographie le soir. Je suis revenu le lendemain, et tout le processus médical qui te laisse complètement dans le doute a commencé.


“J’ai commencé à réaliser que c’était bien réel et qu’on allait me retirer un testicule”

À ce moment du récit de Robin, on se demande naturellement : comment a-t-il réagi à cette nouvelle plutôt angoissante ?

“C’est là que ça devient intéressant !” s’exclame-t-il. “Je suis retourné le lendemain à l’hôpital pour faire plus d’examens, surtout une échographie. Là, le médecin fait une drôle de tête et me dit : “Je ne vais pas vous dire ce que vous avez mais je vais appeler un collègue spécialiste” et il part. Le spécialiste arrive enfin, un urologue, la soixantaine passé, qui m’ausculte lui aussi. Comme un robot sans émotion il me dit : ‘C’est une tumeur, faut la retirer, alors c’est soit cette après-midi ou vous revenez jeudi’. Là j’ai toujours personne qui m’a expliqué ce que j’avais.”

Il continue son récit : “Des internes arrivent, et là, je pose la question : ‘Une tumeur c’est quoi ? un cancer ?’ Il y a eu un blanc un peu trop long de la part des internes et j’ai compris. J’ai commencé à réaliser que c’était bien réel, qu’on allait me retirer un testicule. Sur le moment j’ai eu même pas trois minutes de vide avec une petite larme et après c’était parti, les batteries de tests, un scanner, le passage chez l’anesthésiste. J’avais aucune peur, j’étais serein, contrairement à ma famille et mon entourage qui, je l’ai appris par la suite, ont été complètement détruits quand je leur ai annoncé ce que j’avais et ce qui allait se passer.”


“Ablation du testicule gauche, remplacé par une prothèse en silicone”

Je suis arrivé à 7h30, on m’a opéré à 16h, et la seule personne qui m’a réellement expliqué ce qui allait se passer c’est le chirurgien cinq minutes avant d’entrer dans la salle d’opération“. L’opération s’est bien passée, l’heure du réveil était arrivée : “Je me suis réveillé vers 20h et ils m’ont amené dans ma chambre où j’ai été agréablement surpris par ma famille qui était venue en panique totale.” Il venait donc de subir une ablation du testicule gauche, remplacé par une prothèse en silicone pour l’esthétique, et la cicatrice de 10 cm à l’aine qui va avec”. Le lendemain, à 12h, il était déjà dehors.

S’en suivent alors plusieurs semaines d’attente, du 28 novembre eu 11 janvier, pour que la tumeur soit analysée. Enfin, arrive le rendez-vous avec un oncologue. “Il m’explique que, malheureusement, l’analyse indique que c’était pas une tumeur sympa et qu’il y avait risque de récidive”. À ce moment-là, Robin doit prendre une décision : chimiothérapie, ou non. “Comme je n’avais aucune envie de perdre le deuxième testicule par exemple, j’ai décidé de la faire”.


“Sans chimio c’était 50% de chance de récidive”

“Comme j’allais avoir un traitement lourd j’ai dû me faire implanter un cathéter sous la clavicule droite. Le programme était sur deux mois : une semaine intensive de chimio, une semaine de repos”, raconte-t-il.

À cause de la chimiothérapie, il y avait un risque que Robin devienne stérile : “donc avant d’avoir le feu vert j’ai été obligé d’aller en banque de sperme“. Mais amoureux de son travail, et d’un naturel très positif, il explique : “ce qui m’a le plus dérangé c’est de ne pas pouvoir travailler, parce que j’adore ce que je fais. Puis l’impact sur les gens autour de moi. Sinon rien de plus. J’ai attendu patiemment, je suis quelqu’un de très serein et très calme dans toutes situations, j’ai un stress inexistant et ça aide énormément dans ce genre de situations.”

Pendant ces deux mois de traitement à la clinique de l’Orangerie, il a dû faire face à la perte des cheveux et de la barbe, ce qui a été un peu difficile. J’avais des séances très longues car mon cathéter s’est déplacé sous la peau et avait fait un petit nœud. Les produits qu’ils m’injectaient ne passaient pas bien, donc au lieu de mettre quatre heures, je passais parfois huit heures allongé, sans pouvoir me mettre assis ou même pouvoir manger.”

Il raconte que ses séances de traitement étaient en “open space”. Il se retrouvait donc parfois auprès de gens sympathiques, mais aussi de temps en temps à côté de personnes très négatives, ce qui ne correspondait à sa personnalité et qui rendait les choses plus compliquées à gérer.


“J’ai un peu vécu tout ça comme on traiterait un rhume”

Les infirmier(e)s et son oncologue lui ont avoué qu’il n’avaient “pas l’habitude d’avoir quelqu’un autant en forme au bout de deux mois de traitement”. Robin indique “qu’à part les cheveux et un peu la fatigue en fin de deuxième mois, je n’ai eu aucun effet secondaire remarquable !”. Il met d’ailleurs tout cela sur le dos de sa grande positivité : “Je suis très positif dans tout ce que je fais, et je vois plus loin que le présent, donc j’ai un peu vécu tout ça comme on traiterait un rhume. Même si la chimiothérapie n’est pas une partie de plaisir… “Ça shoot un peu, de manière horrible, on a l’impression d’être gonflé de partout comme j’avais quasiment trois litres de produit par jour en direct dans le cathéter. Le corps réagit alors bizarrement. Mais après une bonne nuit de sommeil je pétais le feu et c’était reparti !”

Cette positivité, son entourage la partageait. “J’ai eu de la chance, j’ai des potes qui ont fait comme si tout était normal. Même si, plus tard, j’ai appris que certains avaient craqué à l’annonce du cancer. Le fait qu’ils n’aient pas été tout le temps triste a beaucoup aidé, on en rigolait même, surtout quand j’étais chauve.”

En fin de chimiothérapie, une suite d’examen permettait de confirmer que tout était éliminé. Robin est maintenant suivi tous les six mois par son oncologue, “et pour l’instant, tout roule !”

On peut se douter qu’une expérience comme le cancer du testicule change une personne. Mais on peut compter sur Robin pour surprendre à nouveau : “Les conséquences, elles sont quasiment toutes positives. J’ai beaucoup changé de ce qu’on m’a dit, et en bien. J’ai pris une confiance en moi assez incroyable alors que de base, je suis plutôt timide. Et j’ai gagné une superbe barbe que je n’avais pas avant !” Il ajoute que “les petits aléas de tous les jours passent très loin au-dessus de moi ! Certes, j’ai des cicatrices et un truc en silicone en moi mais sinon rien de plus !”


“Le fait que ce soit tabou, c’est une bêtise incroyable”

Le cancer du testicule reste malheureusement très tabou. Il devient alors compliqué pour des jeunes hommes d’oser en parler. Robin a un avis très tranché sur la question : “Le fait que ce soit tabou, c’est une bêtise incroyable. Je travaille dans les travaux publics, un domaine composé quasiment que d’hommes. J’essaie d’aborder le sujet parfois, et ils sont choqués quand je prononce le mot “cancer”. Quand je précise “testicule” je les perds complètement, et dans leurs yeux on a l’impression que tu vas mourir demain. Alors que non, il faut juste en parler ! Il y a personne qui nous dit d’aller chez l’oncologue au moins une fois par an. Tu as le droit d’avoir des problèmes, c’est pas parce que t’es un homme qu’il faut toujours faire le fort ! Il poursuit “il faut juste normaliser la chose. Dans les cabinets d’oncologie, il n’y a que des magazines pour femmes. Sur la cinquantaine qu’il y avait dans la salle d’attente il y avait rien pour hommes.”

Robin a toujours arboré une belle moustache, disparu pendant la chimiothérapie, mais devenue bien plus grande qu’avant, depuis son cancer. C’est un peu “sa signature” comme il dit. Alors en découvrant le mouvement Movember, “ça faisait d’une pierre deux coups”. Étant conducteur d’engins en travaux publics, il a même collé une moustache sur l’avant et l’arrière de sa niveleuse.

La masculinité toxique est la véritable ennemie de Movember. Le but de l’opération est de montrer aux hommes qu’être vulnérable n’est pas une faiblesse, et que l’accepter peut sauver des vies. Que ce soit pour le cancer du testicule, de la prostate, ou pour la dépression. “Vous connaissez votre corps mieux que quiconque. Si vous remarquez que quelque chose ne va pas, ne remettez pas le problème à plus tard en espérant qu’il s’en aille. Allez consulter votre médecin pour qu’il l’examine. Le dépistage précoce est un facteur clé pour traiter les gros problèmes.” Pouvons-nous lire sur leur site internet.

Pour ce qui est du cancer des testicules, il est important de se les inspecter de temps en temps. Alors, allez-y messieurs, c’est conseillé par les médecins. Et quand ça ne va pas, s’il vous plaît, parlez-en.

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