Plus que jamais avant l’été, nous nous retrouvons face à certaines injonctions concernant notre corps. Il faut avoir un certain âge, un certain corps, on court après une silhouette, une façon de manger, un mode de vie. On se lance alors des défis plus ou moins faisables, plus ou moins motivants, plus ou moins respectueux de nos besoins et de nos envies. Évidemment, il est nécessaire d’adopter un mode de vie sain et de ne pas nuire à notre santé. Mais si au fond, cet été, notre nouveau défi c’était simplement de s’accepter ? C’est en tout cas le challenge que se sont lancées certaines Alsaciennes afin de pouvoir, enfin, savourer un été en bikini sans complexe et se réconcilier avec leur corps qui a rarement envie de se restreindre à manger une choucroute sans lard, sans bière, sans vin, et sans sauce !
Ras-le-bol des complexes !
Marine nous explique qu’elle a toujours été plus ou moins ronde. C’est après une récente prise de poids qu’elle a décidé d’en finir avec ses complexes et d’enfin accepter son corps : “J’ai envie d’enfin assumer mes rondeurs, d’oser porter des habits différents, que je n’aurais jamais porté avant”. Elle a également l’intention de briser les clichés : “Ce n’est pas parce que j’ai des formes que je ne suis pas sportive. Je fais en moyenne 10 kilomètres par jour à vélo, je bouge”. La jeune femme de 27 ans, technicienne en support logiciel pour les laboratoires, s’est ainsi lancée le défi de s’inscrire à Miss ronde Alsace 2020, afin de s’ouvrir aux autres et d’apprendre à aimer ses formes.
C’est ce même défi que se sont lancées Laurence, Maria et bien d’autres. Elles ont toutes la même envie : accepter ce corps et apprendre à l’aimer. “J’ai subi une sleeve qui m’a fait perdre cinquante kilos. J’aimerais apprendre à ré-apprivoiser mon nouveau corps et à m’aimer”, nous explique Maria, hôtesse de caisse de 45 ans.
S’ouvrir aux autres et prendre confiance en soi
Laurence est la candidate la plus expérimentée. À 58 ans, elle participe à Miss ronde Alsace pour la seconde fois déjà : “Participer au concours, c’est aussi faire tout un travail d’acceptation. Nous avons des défis à relever afin d’apprendre à aller vers les autres, à avoir confiance en nous”. Et c’est un sacré challenge qui attend les candidates puisque lors du concours, elles devront défiler en maillot, mais aussi en sous-vêtements devant les membres du jury et un public d’environ 300 personnes. C’est un véritable travail sur soi qu’elles sont encouragées à faire : “C’est la partie que nous redoutons le plus, et en même temps, lorsqu’on la fait, c’est celle durant laquelle je me suis le plus éclatée, nous explique la doyenne du concours. C’est le défi le plus compliqué, mais aussi celui qui procure la plus grande fierté”.
Afin d’encourager les candidates à avoir plus confiance en elles et à prendre davantage l’initiative d’aller à la rencontre des inconnu.e.s, Sophie, organisatrice du concours et gérante de l’agence Magnificient Beauties, leur lance différents défis : “Nous avons demandé aux participantes de contacter différents médias et de vendre des tickets de tombola, entre autres. Le but étant qu’elles apprennent à parler d’elle de façon positive ce qui est un exercice très compliqué. Il y a différentes étapes, et nous nous y prenons plusieurs mois avant le concours. C’est un véritable coaching que nous leur proposons, afin qu’elles puissent apprendre à s’aimer.”
Lutter contre la grossophobie*
*désigne l’ensemble des actes, paroles et comportements négatifs dirigés contre des personnes en surcharge pondérale (ndlr)
“Lorsque j’ai présenté le projet de Miss ronde Alsace, personne n’y croyait, nous livre Sophie. J’ai dû faire face à des personnes qui nous ont refusé leur lieu de réception car pour eux, nous faisions l’éloge des gros, et les établissements ne voulaient pas être associés à des personnes en surpoids”. Ainsi, Sophie nous rappelle que le concours est effectivement un encouragement à accepter ses rondeurs, mais il n’est en aucun cas une invitation à mettre sa santé en danger : “Parmi nos participantes, nous accueillons également des personnes ayant subit des chirurgies bariatriques (consistant à modifier la façon dont les aliments sont absorbés par le corps. Englobe différents types d’opérations, ndlr). Les filles sont libres de faire ce qu’elles veulent. Nous les encourageons à s’aimer quoi qu’il arrive. Par la suite, libre à elles de décider si elles veulent maigrir ou pas, l’essentiel étant qu’elles soient bien dans leur peau.”
“De 17 à 58 ans, le point commun que nous avons toutes est que nous souffrons du regard des autres, explique Laurence. Lorsque nous marchons dans la rue, on nous scrute, lorsqu’on mange au restaurant on juge nos assiettes, on se sent dénigrée sans cesse”. Un regard accusateur lancé par des passant.e.s, des inconnu.e.s dans les lieux publics qui amène souvent à l’envie de se cacher. “On porte des vêtements trop amples, de couleurs plutôt neutres pour passer inaperçu” nous livre la doyenne. C’est donc pour sortir de cette zone de confort qu’elles relèvent ce défi. “J’ai envie de porter des vêtements que je n’oserais jamais essayer en temps normal, raconte Marine. J’ai envie de m’aimer, une fois pour toute !”
Sortir plus fort
“Que vous gagnez l’écharpe ou pas, vous sortirez toutes vainqueur de cette aventure“. Ce sont les premiers mots que Sonia Kohler, gagnante de Miss ronde Alsace 2019 adresse aux participantes de cette année. L’esthéticienne de 39 ans n’était pourtant pas destinée à remporter la précieuse écharpe : “Au début, je me disait que c’était impossible, qu’il n’y avait pas moyen que je participe ! C’est pas à 38 ans que tu fais un concours de beauté”. C’est avec le soutien précieux de son mari qu’elle se lance enfin : “Ce qui me faisait le plus peur c’était le défilé en sous-vêtements, j’ai même fait un malaise !”. Mais avec les encouragements et la bienveillance de l’équipe, elle a pu prendre son courage à deux mains et fouler le podium en petite tenue.
“Au-delà de la confiance en moi que j’ai acquise tout au long du coaching, j’ai également appris à me foutre du regard des autres. Et à partir du moment où on s’accepte, le regard des gens change”. La jeune femme a également vécu une aventure humaine, riche en rencontres et en émotions “Ça crée des liens. J’ai rencontré des personnes formidables avec lesquelles je suis toujours en contact aujourd’hui”. Ainsi, dès qu’elle est en sortie officielle, elle tente de s’entourer des autres participantes élues par le jury, avec qui elle s’entend à merveille.
Laurence raconte également l’apprentissage qu’elle a fait de sa participation au concours :“Je suis sortie plus forte de l’aventure. Si je participe à nouveau, c‘est pour renforcer ce que j’y ai appris. Aujourd’hui, je m’assume telle que je suis, ronde et pulpeuse. Lorsque je me sens jugée par des gens, au lieu de baisser la tête, ce que j’aurais fait avant, je leur adresse mon plus beau sourire et leur lance un “bonjour” chaleureux. Nous ne sommes pas que des corps, il n’y a pas que la beauté externe. J’ai aussi appris à assumer mon fort caractère. Je suis comme ça, c’est ma beauté intérieure aussi”.
Une à une, apprêtées et vêtues de robes toutes plus somptueuses les unes que les autres, les candidates se prêtent au jeu de l’objectif. Quelques photos et vidéos plus tard, c’est tout sourire, des étoiles plein les yeux et plus unies que jamais que chacune repart chez elle, en attendant impatiemment le prochain shooting, le prochain coaching, la prochaine occasion qu’elles auront de se retrouver afin de préparer le grand événement du défilé. Envie de choper vos places afin de voir ces 17 femmes magnifiques fouler le podium le 31 octobre prochain à la salle des fêtes de Vogelsheim ? Elles seront prochainement disponibles via la billeterie en ligne. En attendant, prenez soin de vous et surtout, aimez vous comme vous êtes <3