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Angoisses et idées noires : faire face à la déprime du confinement

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Insomnie, perte d’envie, inquiétude… Nombre de Strasbourgeois.es ne sont pas dans leur assiette. S’il s’agit d’une simple déprime passagère pour beaucoup, les professionnels appellent à la vigilance pour les plus fragiles. Entre cellules d’écoute et astuces pour voir la vie du bon côté, Pokaa part à la recherche de solutions pour sortir de cette mauvaise passe.

« Depuis une semaine, je dors mal, je me réveille toutes les deux heures. J’ai peu de motivation, pour tout. » Alors que le confinement vient d’être prolongé, le moral d’Erwann* n’est pas vraiment au beau fixe. Rester à la maison, ne plus travailler, ne plus se rendre dans son club de sport… Les activités qui structuraient, en partie, son quotidien sont à l’arrêt.

« Je passe d’hyperactif au boulot, au chômage partiel » raconte le Strasbourgeois, commercial dans l’agroalimentaire. « Mon travail ne reprendra pas avant début juin, je me sens inutile ». Un sentiment auquel vient s’ajouter la crainte du futur : « Je pense à la reprise, aux problèmes qui vont surgir. Ce que j’ai pu bâtir va être fortement impacté, les codes de la grande distribution seront à revoir… », constate-t-il, dépassé.


Une déprime passagère

Ce mal-être, Erwann est loin d’être le seul à le ressentir. Les jours passent et progressivement, l’impression d’avoir le moral en berne s’installe. À la recherche d’un peu de réconfort, certains Strasbourgeois racontent, sur les réseaux sociaux, leur états d’âme, se disant « usé », « démoralisé », avouant « craquer » ou encore être à la recherche d’idées pour «  se remonter le moral en cas de coup de mou ».

Rien d’alarmant pourtant selon Émilie Pohl, psychologue à Strasbourg : « Ce n’est pas anormal d’éprouver des difficultés ou un malaise pendant cette période. Il faut s’adapter, ce n’est pas toujours facile parce que c’est imposé et assez brutal. »

« Le tout est de savoir jusqu’où c’est acceptable pour soi, poursuit la psychologue. La déprime est passagère, elle n’est pas ancrée. On arrive encore à faire des choses, contrairement à la dépression où on n’a plus envie de rien, on ne prend plus du tout de plaisir. Si après le confinement ce sentiment de malaise continue, qu’on ne sort pas de chez nous, alors là, c’est qu’il faudra se faire accompagner et rapidement. »

© Mathilde Piaud

La crise sanitaire que nous traversons a bouleversé nos activités et avec elle, l’équilibre de vie que chacun s’efforce de bâtir puis de maintenir. C’est notamment le cas pour Marie*, 30 ans. « J’ai un sentiment de flou total quant à l’avenir. Je travaille avec des acteurs du secteur culturel qui sont aujourd’hui en situation critique et face auxquels je me sens impuissante », confit-elle, culpabilisant également de percevoir son salaire tandis qu’elle se sait moins productive : « Je me sens comme un imposteur. »

Puis ce sont ses veilles angoisses qui la rattrapent : « Je pense aussi que mon anxiété est liée aux problématiques écologiques. Ça m’inquiétait déjà avant, mais avec le confinement ça s’est amplifié, j’ai plus le temps d’y réfléchir et de me renseigner.»


Une cellule d’écoute téléphonique

Que l’on souffre de déprime passagère ou plus profonde, d’inquiétudes ou de simples questionnements, une cellule d’écoute a été mise en place pour tous les Bas-Rhinois.

« Après avoir créé CoviPsy67 pour les soignants, on s’est demandé ce qu’il en serait pour la population générale. C’est ainsi qu’est né CoviEcoute67. Depuis, une centaine d’appels ont déjà été reçus », raconte Dr Dominique Mastelli, l’un des responsables du dispositif. Porté par les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, le dispositif est animé par le centre Psychotrauma Alsace-Nord et le Conseil Local en Santé Mentale de L’Eurométropole de Strasbourg, présidé par le Dr Alexandre Feltz.

CoviEcoute67, ce sont près d’une centaine de volontaires qui se relaient pour vous écouter au 03 88 11 62 20, de 10 à 22h du lundi au vendredi et de 10h à 12h le week-end. « Il s’agit d’une écoute active. Les écoutants sont aussi là pour apaiser, répondre aux interrogations, aux craintes sur la maladie et le confinement. Ils peuvent apporter des réponses et orienter vers des services de proximité et si besoin vers des psychologues et des psychiatres », détaille Dr Dominique Mastelli.

« Ce dont on se rend compte, c’est que les gens sont stressés ou incommodés. Mais le confinement et le Covid ne créent pas de psycho-traumatisme », rassure le psychiatre, soulignant toutefois que la situation peut être plus néfaste pour les personnes déjà en difficulté auparavant : « Des situations qui avant, avaient trouvé leur équilibre se retrouvent déstabilisées. Le confinement peut se rajouter sur une pathologie psychologique antérieure ou une difficulté sociale, matérielle, une promiscuité. Un appel peut cacher une problématique de violence, d’alcoolisme, de problèmes toxicomaniaques, de problèmes sociaux ou de précarité. Ces personnes, il faut les écouter, mais aussi les orienter vers des solutions. ».

Et pour ceux inquiets pour l’un de leur proche, Émilie Pohl suggère : «  On ne pourra jamais forcer quelqu’un à appeler, mais on peut rendre la chose moins tabou en disant « oh il y a untel qui a appelé » ou « tiens, j’ai vu un article sur le sujet », pour faire entendre qu’on comprend que ça ne va pas ».


Garder le rythme et mieux s’informer

Outre le fait de parler de son mal-être, certains comportements peuvent aider à se sentir mieux au quotidien.Selon Émilie Pohl, il faut avant tout garder un rythme. « Si le corps ne va pas bien, la tête va aller très mal. Il faut essayer de garder une heure de lever et de coucher plus ou moins habituelle, prendre soin de soi, continuer à se laver et avoir éventuellement une activité physique ou en tout cas éviter de rester assis dans son canapé. »

« Prendre soin de soi, c’est aussi se détendre, prendre le temps, poursuit la psychologue. Se maquiller si on aime ça, se remettre aux jeux vidéo ou tester de nouvelles activités». Tout étant question d’équilibre, attention à ne pas « multiplier les activités et les projets qu’on ne pourra pas tenir après le confinement, provoquant ensuite un sentiment d’échec », met en garde la professionnelle. Non, tu ne pourras probablement pas, en deux mois, apprendre le Russe, la guitare et lire l’intégralité de l’œuvre de Proust. Et ce n’est pas grave.

© Mathilde Piaud

Autre conseil : s’informer correctement. « Ce qui veut dire bien, mais pas trop. Se limiter par exemple à 30 minutes par jour et éviter les informations qui tournent en boucle », précise Émilie Pohl. Un constat partagé par Dr Dominique Mastelli : « Notre premier ennemi est la désinformation et la masse d’informations dans laquelle nos concitoyens sont plongés. Ils entendent et voient des choses tellement contradictoires, qu’ils ont l’impression d’être perdus. Il y a une saturation d’informations. Or quelque chose qui n’est pas voué à causer un psycho-traumatisme peut le devenir parce qu’il est répété, remâché, un nombre trop important de fois. »

Prudence également avec la consommation de substances en tout genre. « Quand on est anxieux, on peut avoir tendance à prendre plus de médicaments, boire plus, fumer plus de cannabis, ce qui en réalité renforce les symptômes, explique Émilie Pohl. Les apéro visio c’est super, mais il faut éviter d’en faire tous les soirs de la semaine. » Ou avec du jus de pomme.

Pour garder le moral, la psychologue préconise en revanche de maintenir le lien social : « Même si on discute sur les réseaux sociaux, c’est bien de parler avec quelqu’un au téléphone ». Pour Dr Dominique Mastelli, le tout est d’être unis face à cette situation extraordinaire : «  face à une crise, soit on se fragmente, on se met les uns contre les autres et on se replie, ce qui peut créer des pathologies. Soit on est unis, on crée un esprit de corps, et cela nous protège ».

Enfin, « il faut essayer de rester positif » conclue Émilie Pohl, « voir ce qui est beau autour de nous, être pieds nus dans l’herbe ou prendre le soleil à la fenêtre, on n’apprécie plus ces petites choses. Là, nous avons le temps, nous n’avons pas besoin d’être productifs. » Et surtout, faîtes simplement de votre mieux : on a tous le droit de ne pas aller bien de temps en temps et il ne faut pas se sentir coupable de ça. Prenez soin de vous et bientôt, ça ira mieux <3


Numéros et liens utiles

CoviEcoute67 : 03 88 11 62 20

Plateforme nationale, ouverte 24h/24 et 7j/7 : 0 800 130 000

Site du gouvernement

Site du ministère des Solidarités et de la Santé

Site de Santé publique France

Pour les adolescents et jeunes jusqu’à 25 ans, les ambassadeurs de La Maison des Adolescents de Strasbourg sont à votre écoute, également sur Instagram : maison_des_ados_strasbourg


*le prénom a été modifié

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