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Strasboudoir : invitation à la luxure pour #ResterChezSoi, mais surtout sous la couette

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Aussi joueuse que les héroïnes qui naissent sous son stylo, la très Strasbourgeoise Charlie use de jeux de mots et d’exquises esquisses de bouts de peau, pour nous dévoiler une sexualité assumée et amusée. Découverte d’un compte décomplexé sur fond de Cathédrale et de nu intégral : Strasboudoir. Une invitation à la luxure pour #ResterChezSoi, mais surtout sous la couette.

Parler sexe, sous couverture

Derrière le coquin Strasboudoir, ses coups de crayon, coups de génie, et coups de reins, on retrouve Charlie, 28 ans. Une grande curieuse, touche-à-tout au boulot bien respectable sur lequel on laissera planer le mystère pour garder son identité cachée : « c’est un peu délicat d’avoir ce genre d’occupations, ça risque d’être mal interprété, parce que malheureusement même en 2020, la sexualité reste taboue ».

[Un anonymat qui lui va bien. Qui la protège dans une moindre mesure…. Puisqu’il ne freine malheureusement pas les ardeurs de certains de ses lecteurs, hardeurs d’une heure, mais surtout harceleurs, qui lui envoient des dicks-pics non sollicitées.]

Pas professionnelle – « en témoigne ma mauvaise maîtrise des proportions », s’amuse-t-elle –, elle m’explique avoir commencé le dessin toute jeune. Comme l’écriture : elle « écrivai[t] des “livres”, avec des séries. Les aventures sur plusieurs tomes de personnages complètement fictifs ». « Disons que maintenant mes héroïnes ont grandi et ont d’autres occupations [rires] ».

Mais sa pratique, elle ne la voit pas « comme un métier ou comme une obligation » : « Je dessine plutôt quand ça me pique, sans m’imposer de rigueur. D’ailleurs je pense que la rigueur est l’ennemie de la créativité ».

Son compte Instagram ? « Quelque chose de spontané ». Une idée qui lui est venue en quelques jours, probablement influencée par d’autres de la même trempe [elle me cite Petites Luxures]. « J’ai toujours aimé jouer avec les mots, les étaler, les transformer… J’écris énormément, tout comme je parle d’ailleurs. Je remplis des carnets entiers. »

Strasbourg, ses amours

Et comment parler du compte de Charlie sans parler de Strasbourg ? Ayant grandi à une centaine de kilomètres de là, elle a toujours su qu’elle y vivrait : « dès que j’ai pu prendre mon baluchon et venir m’installer ici, je l’ai fait. […] J’y ai vraiment trouvé ma place, celle que je n’avais jamais trouvée ailleurs, et que j’avais cherchée toute mon adolescence. J’ai un rapport fusionnel avec la ville ; j’ai déjà tenté de partir mais je reviens à chaque fois au pas de course ! ».

A cette ville qu’elle habite depuis presque 9 ans, maintenant, et dont elle a eu le temps de « poncer [l]es rues, [l]es bars, [l]es musées », elle « voulai[t] rendre hommage quoiqu’il en soit ». « Peut-être aussi parce que c’est ici que j’ai vécu quelques belles histoires qui ont laissé des traces dans mon imaginaire amoureux et érotique ».

Elle emprunte alors à la ville son nom, pour ce compte, mais également ses paysages. Dans les recoins de ses illustrations, on y retrouve par ici, quelques colombages, et par là, une Alsacienne sans corsage. Sans oublier la Cathédrale. Môman. Évidemment.

Et au-dessus, l’ombre planante du génial Tomi Ungerer. Au-delà de leur passion commune pour Strasbourg et sa Cathédrale qu’il a, lui aussi détournée, et de ses livres pour enfants, on le sait un peu moins, mais l’artiste s’est essayé à plus de grivoiserie. En témoigne sa jolie collec’ de dessins érotiques, visible dans le sous-sol du musée qui lui est dédié. Lieu que la jeune Charlie, alors encore étudiante en Histoire de l’Art et gardienne à ses heures perdues, a bien connu.

Confessions intimes

Et puis dans Strasboudoir, il y a « boudoir ». A cette évocation, on sent, sous nos mains, la douceur d’un canapé velours ; on imagine une peau nue qui se devine dans une ambiance tamisée ; et nous vient alors, comme susurrée aux oreilles, une invitation à la luxure et aux plaisirs cachés…

Le boudoir, historiquement, fut créé pour les femmes. En marge de la société des hommes, qui s’exprimaient en place publique, cette pièce servait aux femmes de la bourgeoisie à se retrouver, à se confier entre elles, seules, ou avec des… invités. Puis Sade – et sa Philosophie dans le boudoir – est passé par là, et avec, cette petite pièce de tous les secrets est devenue le lieu de tous les plaisirs et désirs.

Pour Charlie, « obsédée par les pin-ups, le burlesque et tout l’univers qui s’y rattache », ado, puis « littéralement passionnée [par] la littérature du XIXème siècle », son boudoir à elle renvoie à « la notion d’un espace secret », où elle peut « partager les petits secrets de notre intimité ». Ce qu’elle s’applique à faire, sur son compte.
Âmes sensibles ? S’abstenir. Femmes sensuelles ? Avec plaisir.

« Mais c’est toi sur les dessins ? C’est qui le mec ? »

Parce que parlons-en, des petites indiscrétions que l’on peut retrouver sur son compte. Inspirée « surtout et beaucoup [par sa] vie personnelle », elle glane çà et là, des petites confidences faites « entre potes le soir autour d’une bonne bouteille de vin », ou issues de sa propre expérience. Le jeu de ses proches ? Déceler ce qui relève de la fiction ou du vécu. Curieux, voire « scandalisés » au départ, certains lui envoient désormais des encouragements.

Elle garde pourtant encore le mystère, et continue de s’imprégner de son environnement, de ses lectures dont on repère quelques hommages (Le Rouge et le Noir, L’Ecume des Jours, Dante), et « des émotions des gens qui [l’]entourent » pour alimenter ses petites chroniques érotiques. Laissant libre court à son imagination, s’amusant avec les mots comme avec les fantasmes qu’elle dessine et nous partage. « Une illumination et soudainement je vais me jeter sur mes feutres et je vais passer plusieurs heures dans mon monde […] à essayer de matérialiser ce qu’il y a dans ma tête, recommencer, effacer, jeter… Des fois ça ne prend que quelques heures, des fois, un ou deux jours ».

Plaisir féminin et pouvoir bien en main

En parcourant le compte de Charlie, il me saute aux yeux dans son travail que les femmes y occupent une place prépondérante. Que les objets de ses dessins sont avant tout des sujets actifs. Qu’elles semblent prendre leur sexualité, et le sexe – sans mauvais jeu de mots – bien en main. Et que les hommes – bien qu’il y en ait « un nombre incroyable » qui la suit, à son grand bonheur –, se font plutôt discrets dans ses scénettes érotiques. Comme les personnages secondaires d’histoires dont ils ne seraient plus les héros.

« AH MERCI DE L’AVOIR REMARQUE ! » m’écrit-elle, enthousiaste. En plus d’aimer représenter les femmes pour l’intérêt qu’elle porte au corps féminin, avec « [son] feutre qui glisse et se promène sur la feuille » pour dessiner « toutes ces vagues, ces rondeurs, cette poésie », Charlie est surtout profondément féministe. Que cela soit dans ses dessins, dans les textes qui les accompagnent, ou dans sa démarche.

Elle me confesse se faire pourtant occasionnellement accuser du contraire, par des personnes qui ne saisissent pas l’angle choisi. Celui de renverser la vapeur, depuis qu’elle a pris conscience des rapports de force qu’il existait dans l’imaginaire collectif, dans les bouquins qu’elle a lus, les films vus, concernant la sexualité hétéro, et les stéréotypes associés aux genres (hommes virils et séducteurs versus femmes faibles et soumises au désir masculin). En parallèle, elle s’est interrogée, renseignée, sur les « difficultés que rencontrent les gens aujourd’hui face à l’invasion du porno dans nos vies », et son impact dans la sexualité des ados, et des mecs.

Elle s’explique :

« Alors non, ce n’est pas parce que je pense que les hommes devraient avoir une place secondaire dans notre société et n’être que des instruments de notre sexualité mais c’est parce que, concrètement autour de nous, on met toujours le plaisir masculin en avant. […] Moi j’ai envie d’inverser ce rapport ou plutôt de l’équilibrer. Pour une fois j’ai envie que les femmes soient mises en avant, qu’on se demande comment elles vivent leur sexualité, avec leurs goûts tous différents, leurs pratiques. Je veux juste qu’elles trouvent leur place dans tout ça. […]

Nul besoin non plus de s’adonner à des pratiques qui ne nous correspondent pas et de crier à en assourdir tout le quartier. Aujourd’hui, j’ai la chance d’être dans une société où on parle du plaisir féminin, où on cherche à le comprendre, à l’exprimer et malgré tous les stéréotypes qu’on nous balance en pleine tête, j’ai l’impression que de plus en plus de gens apprennent à s’aimer comme ils sont et j’adore ça. On arrive aussi de plus en plus à parler de sexualité ouvertement, entre hommes et femmes. »

Héroïnes entreprenantes, coquines voire lubriques, les femmes que dessine Charlie choisissent leur sexualité, la maîtrisent. « Penser à soi, penser avec l’autre mais ne pas subir ». Belle conclusion.
Le tout, avec humour, décalage, et un coup de crayon qui ne s’embarrasse pas des règles, pour mieux les bousculer.
A lire et découvrir, pour toujours plus de plaisir


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Crédits illustrations : Strasboudoir / Charlie

>>Fanny SORIANO<<

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