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Strasbourg et ses fast-foods : ville la plus junk food de France ?

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Avec l’installation du Five Guys en lieu et place de l’ancien Adidas, en plus de celle de KFC en décembre 2018, on peut avoir l’impression que la ville de Strasbourg cède parfois son centre-ville aux appels des grosses enseignes de fast-food, riches en graisses saturées. En ces temps d’injonction de manger mieux et de faire plus attention, il existe encore et toujours une furieuse dissonance cognitive entre celles et ceux qui ont le loisir de réfléchir à ces questions et les autres qui veulent juste profiter tranquillement de leur repas. Alors, dans ces situations-là, rien ne vaut des chiffres froids, pour poser les choses et de voir si, oui ou non, Strasbourg pourra bientôt prétendre au label de capitale de la malbouffe.




Gras gras mon gras : le problème de la malbouffe

Loin de cet article l’idée de dire ce qu’il faut ou non manger. Nous sommes des adultes et nous faisons nos propres choix. Donner un peu de contexte quant à la réalité de la malbouffe est néanmoins important, puisque celle-ci est la première cause de mortalité dans le monde. Si la France est relativement épargnée, l’Alsace est particulièrement touchée par ces phénomènes, et notamment du côté des enfants. Et eux peuvent encore et même doivent intégrer de nouvelles façons de se nourrir.

Un taux d’obésité et de surpoids qui stagne en France

Selon l’Organisation mondiale de la santé, le surpoids et l’obésité constituent un facteur de risque de morbidité. C’est-à-dire tout un tas de joyeusetés allant des maladies cardio-vasculaires – principalement cardiopathies ischémiques et accidents vasculaires cérébraux – au diabète, en passant par des troubles musculosquelettiques, en particulier l’arthrose, et certains cancers de l’endomètre, du sein, des ovaires, de la prostate, du foie, de la vésicule biliaire, du rein et du colon. Fun, n’est-il pas ?

Les études sur ces sujets de santé publique ne manquent pas en France. La dernière en date a été réalisée en 2016 et témoigne de chiffres assez hauts en termes de surpoids et d’obésité. En effet, 54 % des hommes et 44 % des femmes sont en surpoids ou obèses (c’est-à-dire avec un indice de masse corporelle supérieur ou égal à 25). La prévalence de l’obésité (IMC ≥30) est quant à elle estimée à 17 %, sans distinction entre hommes et femmes.

Une Alsace particulièrement touchée chez les jeunes

Du côté de nos chères têtes blondes, on assiste peu ou prou au même phénomène de stagnation, mais également à un paradoxe : les enfants seraient en meilleure santé physique, malgré des taux de surcharge pondérale inquiétant. En 2017, 18 % des adolescents en classe de troisième sont en surcharge pondérale et 5 % sont obèses. Entre 2009 et 2017, les prévalences de la surcharge pondérale et de l’obésité sont en hausse, en particulier pour les filles (de 17 % en 2009 à 20 % en 2017). Vous retrouverez tous les chiffres dans le tableau ci-dessous.

Parler des phénomènes de surpoids et d’obésité chez les jeunes est important parce qu’il est encore possible de leur apprendre de meilleurs réflexes en termes d’habitudes de nourriture. D’autant plus que ces phénomènes-là sont plus présents en Alsace chez les jeunes que dans le reste de la France.

En effet, selon l’étude de l’Observatoire régional de la santé publiée en mai 2019, 23% des jeunes élèves de 6ème de l’Académie de Strasbourg sont considérés en surpoids ou obèses. Ce qui est au-dessus de la moyenne nationale pour les jeunes (18.7%). Si ce chiffre concerne les élèves de troisième, la différence élevée de pourcentages est tout de même importante. Enfin, selon les données de la ville, pour les années scolaires allant de 2014 à 2017, 14,3 % des enfants strasbourgeois de 5-6 ans étaient en surpoids. Des données qui, comme souvent, masquent toujours des inégalités sociales fortes entre les quartiers de la Ville (de 6,4% à 19% en fonction des quartiers).


Strasbourg est-elle une ville de malbouffe ?

Avant de pousser l’analyse encore plus loin, il convenait d’abord d’apporter une précision essentielle : on parlera ici uniquement de multinationales de fast-food, type McDo, Burger King, Subway ou autre. Ces multinationales sont principalement précurseurs de tendance et ne sont pas les seules responsables de la malbouffe. Néanmoins, comme il n’existe pas de statistiques sur le ratio de Morfal et burgers locaux pour un McDo dans notre chère capitale alsacienne, difficile d’avoir la mesure la plus juste possible du nombre réel de fast-foods à Strasbourg.

Ceci étant précisé, intéressons nous ainsi au nombre de ce type de chaînes de restauration rapide. Mais tout d’abord, analysons un lien de cause à effet qui peut sembler évident, mais qui est tout de même intéressant : celui entre obésité et malbouffe.

Existe-t-il un lien entre obésité et malbouffe ?

A première vue, la question peut sembler quelque peu rhétorique. néanmoins, il est toujours intéressant de se baser également sur des études et non pas juste notre ressenti.

Une récente étude a été menée sur la corrélation entre la présence de restaurants McDonalds et l’obésité au Brésil. Les conclusions étaient qu’il existait une forte corrélation entre la présence de tels restaurants et l’obésité des habitants. Et ce, surtout chez les jeunes enfants, qui restent les premières victimes de l’obésité liée à la malbouffe.

Il y a sept ans, en 2013, une étude d’origine française s’était également intéressée à cette même corrélation. Contrairement à l’étude brésilienne, les résultats de l’étude ne s’étaient pas avancés à déterminer un lien causal entre ces deux paramètres. Néanmoins, il ressortait de cette étude que plus il y a d’enseignes de la chaîne de fast-food, plus la proportion d’obèses augmente. Pour la France, avec 1 442 McDonalds pour 67 millions d’habitants, on se situe dans le haut du panier : en effet, pour chaque million d’habitants, il y a 21 restaurants où tu peux grailler tes nuggis.

Combien de fast-foods y a-t-il à Strasbourg ?

Bien entendu, si Ronald McDonald n’est pas le seul responsable de la malbouffe, les fast-foods en représentent une part importante. Dès lors il convenait également de s’interroger sur le nombre de ce types de restaurants à Strasbourg. Selon l’étude menée par le site Question2sante.com, qui a analysé l’implantation des 16 plus grosses chaînes de restauration rapide de l’Hexagone, Strasbourg est la septième ville française dans le domaine avec 37 fast-foods – à égalité avec Lille et derrière Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nice.

Quand l’on se penche sur le ratio restaurants/habitants, Strasbourg s’en sort plutôt bien. Sur les 32 plus grandes villes françaises, la capitale alsacienne se retrouve en effet à la 17ème place en termes de fast-foods par habitant. Pour être plus précis, pour chaque 1000 Strasbourgeois, il y a 0,1325 chaîne de restauration rapide. Si l’on prend le stade de la Meinau en termes d’échelle (25 000 places), pour chaque match du Racing à domicile, il y aurait ainsi 3,3 chaînes de restauration rapide. D’ailleurs, avec 7 McDo pour ses 279 284 habitants, la capitale alsacienne a un ratio supérieur à celui français (25 McDo pour un million d’habitants).

Si l’on rembobine quelques années en arrière, le site ayant réalisé cinq enquêtes sur le sujet, on se rend compte que le nombre de grosses chaînes de restauration rapide a très peu varié à Strasbourg sur ces dernières années, qui reste toujours en milieu de tableaux concernant le ratio chaînes/habitant. Pour un KFC qui ouvre ses portes, c’est un Subway qui ferme les siennes. Globalement, notre ville reste donc stable en termes d’enseigne de restauration rapide. Même si la tendance globale est tout de même à la baisse en France, puisqu’il y a 28 restaurants en moins, entre 2019 et 2020.

La malbouffe est un phénomène inquiétant, surtout chez les jeunes, moins « armés » pour effectuer des choix rationnels en termes de nourriture. L’Alsace est plus touchée que d’autres régions dans ce domaine, et tout particulièrement dans celui des enfants précaires. C’est un sujet de société particulièrement important, puisque l’on connaît les dangers de la présence de fast-foods dans les villes pour les plus jeunes. On ne peut pas dire que Strasbourg soit la capitale du fast-food. Néanmoins, l’ouverture prochaine de l’enseigne Five Guys rajoute de la malbouffe dans un centre-ville déjà saturé en gras. Peut-être que la ville devrait se pencher sur ce sujet-là, un jour ou l’autre.

Dans le même temps, il ne faut pas ériger le fast-food comme le responsable de tous nos maux alimentaires. En effet, ces multinationales ne sont que des précurseurs de tendance, depuis suivis par tout un nombre de fast-foods locaux. Pour un McDo, combien de kebabs, de burgers locaux ou de pizzas faites maison ? Enfin, il n’est pas bon d’éluder le fait que notre tradition de nourriture et de boisson alsacienne pose également ses problèmes pour notre santé. Mais ça, c’est pour un autre article.

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Commentaires (3)

  1. Vous en avez pas marre de tout le temps critiquer les fast-food strasbourgeois ? vous savez au lieu de dire tout le temps multinationales ci, multinationales çà, il y a des gens derrière ses enseignes et ce sont des locaux aussi, comme pour les kebab pour des restaurants lambda et vous savez la bouffe alsacienne c’est pas la plus saine (désolé pour la rime)

    • Il y a des gens derrière les enseignes de multinationales, certes. Les strasbourgeois arrêteraient-ils de s’habiller et de se nourrir sans multinationales ? Certainement pas, le travail serait donc simplement réparti autrement, il faut arrêter de voir les multinationales comme pourvoyeuses d’emploi, là où en réalité elles n’attendent que l’innovation pour supprimer des emplois (caisses automatiques qui ont remplacé les serveurs au guichet, etc.).
      En plus ces enseignes fuient fiscalement notre pays et ne contribuent pas, contrairement aux enseignes locales, à notre système (hôpitaux, routes, services publics).
      Enfin, ces enseignes cachent des réalités affreuses économiquement : quasi-esclavage a l’autre bout du monde et relâche de produits toxiques dans les rivières pour les enseignes de vêtements, élevage industriel pour les fast-food.
      Sans compter la déchèterie que cela donne au centre : sachets primark autour des poubelles, cartons et plastiques KFC McDo et Burger King laisses à l’abandon un peu partout..
      Mais sinon c’est bien, ils emploient quelques centaines de personnes, qui travailleraient dans des équivalents locaux s’il n’y avait pas de multinationales.

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