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Strasbourg : rencontre avec 3 passionné(e)s de pole dance, discipline artistique et sportive

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La pole dance, c’est le sport qui monte, qui monte, mais auquel de nombreux clichés peu élogieux collent parfois encore à la peau. Il y a peu, le spectacle de l’artiste Vincent Grobelny dans l’église Saint-Guillaume à Strasbourg avait d’ailleurs défrayé la chronique. Et pourtant, avant d’être assimilé à des pratiques olé-olé, il s’agit avant tout d’un sport de haut niveau, et d’une discipline artistique comme une autre. On a discuté avec des pole danseurs/ses strasbourgeois(es), pour mieux découvrir cette pratique à la fois exigeante, acrobatique et poétique, qui n’a pas manqué de nous mettre des paillettes dans les yeux.

Déjà, la pole dance, c’est quoi exactement ? C’est le fait de danser ou d’effectuer des acrobaties autour d’une barre verticale. Souvent, la première idée qu’on lui associe, c’est celle des strip-teaseurs/ses dans les bars lugubres. La réalité est loin de là : la pole est une discipline à la fois artistique et sportive, qui séduit celles et ceux qui ont une appétence pour la danse, la gymnastique ou le cirque.

Pourquoi ces clichés ? Déjà, les origines de la pole dance se retrouvent dans le cirque itinérant des années 1920. Entre les numéros, les « Hoochie coochie dancers », originaire du Moyen-Orient ou de la société tzigane, se mouvaient sensuellement autour des barres qui soutenaient le chapiteau, pour attirer la foule.

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Dans les années 50, on les retrouve dans les cabarets, au milieu de spectacles burlesques ou d’effeuillage, ce qui leur confère une réputation érotique et sulfureuse. C’est dans les années 90 que la pole dance se constitue comme une discipline sportive à part entière.

Aujourd’hui, il existe autant de genres de pole que de raisons de pratiquer, entre volonté de s’assouplir, développer sa grâce, renouer avec sa féminité et sa sensualité, ou alors se renforcer, se muscler, ou même faire de la compétition, le tout en défiant l’apesanteur. Pour aller plus loin, on a papoté avec trois pole danseurs/ses qui nous racontent leur passion.

Pole dance et image de soi, combo gagnant

Thérèse enseigne depuis quelques années maintenant, tant la souplesse, que des cours de pole plus classiques. Mais sa spécialité, c’est « l’exotic » : des mouvements à la fois sexy et acrobatiques. Elle a un joli petit palmarès grâce à plusieurs compétitions, et fait des chorés envoûtantes dans un univers tantôt sensuel, tantôt délicat. Et pourtant, celle qui met des paillettes dans nos yeux ne s’est pas toujours sentie aussi à l’aise, aussi libre de ses mouvements.

« À la base, je faisais du yoga, de la course, un peu de self-défense… Surtout, je faisais du sport car il fallait en faire. Et j’étais terrorisée juste à l’idée d’être dans un short et une brassière. Le maillot de bain, on en parle même pas. Quand j’ai découvert la pole, tout a valsé : j’ai découvert un sport aussi exigeant que beau. Mon rapport à mon corps a complètement changé, j’ai dépassé mes peurs pour créer, et c’est tellement précieux ! »

Pole dance (37) danse
Thérèse. © Marie Goehner-David / Pokaa

Ces peurs, la plupart des personnes qui franchissent le seuil d’une salle de pole dance les partagent. Déjà, parce que cette discipline se pratique en tenue légère. Et non, ce n’est pas seulement pour faire joli : c’est surtout nécessaire pour tenir sur la barre, car avec des vêtements couvrants, c’est la glissade assurée !

Tester cette discipline demande donc souvent de dépasser les craintes liées à son physique. Alex, qui fait de la pole depuis 10 ans et enseigne depuis quelques années, en a entendu des moments de flippes : « J’ai peur de montrer mon corps », « je vais être ridicule dans une tenue légère »… 

Et elle nous rassure : « L’image qu’on a de nous-même dans notre tête, ce n’est pas celle que les autres ont de nous. La vérité, c’est que personne n’est en train de juger, scanner, observer. Les cours de pole dance, ce sont des moments de bienveillance, pour se dépasser, aller plus loin mais aussi se détendre et renouer (parfois) avec sa féminité. Ce ne sont pas des moments où on est en compétition avec les autres, au contraire : on est dans le partage, l’entraide, le rire ; ce sont des moments privilégiés. »

On parle d’ailleurs beaucoup de moments de sororité, mais la pole n’est pas réservée à la gente féminine, bien au contraire. Galaad a fait des années de danse rock et boogie, avant de tomber sur une vidéo de Peter Holoda, danseur classique qui s’est laissé tenter par la barre verticale. Coup de foudre immédiat !

Il se lance, adhère, fait sa première compétition au bout de huit mois puis donne des cours. « Je n’ai jamais reçu aucune remarque négative. Les hommes qui font de la pole dance, ça se démocratise, ça ne choque plus vraiment. Par contre, enseigner m’a permis de dépasser ma timidité. J’ai appris à mieux communiquer, échanger, tisser des liens avec les élèves, j’ai beaucoup évolué ! » De quoi se dépasser sur de nombreux plans, toujours dans la bienveillance.

Souplesse du spaghetti ou biscotos d’aciers… Il ne faut rien de ça pour pratiquer !

« Il faut être souple », « j’ai pas de passé sportif, c’est mort », « oh j’ai plus l’âge moi » : ces phrases jonchent les discussions sur la pole, et surtout, elles sont loin à des années lumières de la réalité. Rigide comme une règle en métal ? Aussi fort(e) qu’un mollusque échoué ? Certain(e)s ont gagné à la loterie de la nature en ce qui concerne la souplesse de leurs muscles, ligaments ou articulations, d’autres non. Mais c’est comme tout : ça se travaille et ça progresse, peu importe le niveau.

Si vous flippez encore, Alex nous a partagé son histoire. Après avoir démarré la pole il y a 10 ans, une gentille petite maladie auto-immune lui barre la route et contrarie ses projets. « Après 2 ou 3 années de maladie, je pouvais plus rien faire : pas de marche longue, pas de sport… reprendre la pole semblait compromis ! » Mais rien n’est jamais totalement perdu, comme on dit.

« Une fois guérie, j’ai du tout reprendre à zéro. C’était difficile, j’avais la sensation d’avoir perdu tellement de temps, je voyais les progrès des autres alors que j’étais diminuée physiquement. J’ai livré un vrai combat physique et mental pour m’en sortir. Mais je suis là aujourd’hui ! »

Malgré son retour à la case départ, Alex a travaillé dur et aujourd’hui, elle tournoie dans les airs comme jamais. C’est d’ailleurs la beauté de ce sport : les progrès peuvent être très rapides, et au bout de quelques mois, on se surprend à faire des choses qu’on ne pensait jamais être capable de faire. Dur de s’arrêter !

Surtout, il y a tellement de manières différentes de « poler » que chacun(e) y trouve forcément son compte. On peut choisir de travailler plutôt des figures de force, ou alors la souplesse. Galaad : « Contrairement à la plupart des hommes, mon point fort, c’est la souplesse. Alors j’ai travaillé ça, et la force est venue après, ça a poussé tout seul. »

Pas de pression donc. L’avantage de cette discipline, c’est clairement qu’il existe de nombreux genres différents, adaptés aux différentes envies et/ou conditions physiques, qui mêlent tantôt danse, acrobatie, gym, cardio ou encore fitness, pour un entraînement complet.

Par exemple, la contempole allie le « spin » (le fait de tourner) sur la pole aux mouvements de danse moderne, la pole silk se pratique avec un tissu pour varier les figures. Il y a aussi l’exotic, qui comprend des enchaînements à la fois sexy et acrobatiques en talons hauts, le old school est une forme dansée et sexy sans difficulté technique, le floorwork permet de travailler des chorégraphies au sol…

Thérèse résume très bien le tout : « Finalement, c’est avant tout une question de liberté, de l’esprit, du corps, bref de dépassement de soi et de ses limites, plutôt qu’une question de performance. »

Pole dance (4) danse galaad
Galaad. © Marie Goehner-David / Pokaa

Créer, transmettre, émouvoir : la pole dance, c’est un art

On vous le disait plus haut, Thérèse fait de la compétition. Mais la première raison pour laquelle elle en fait, ce ne sont pas les titres ou trophées – même si c’est un plaisir non-négligeable. « Pour moi, la pole dance, c’est une discipline sportive certes, mais avant tout artistique. On crée un univers, on l’exprime, on s’imprègne de ceux des autres. »

La compétition constitue alors parfois l’apogée d’un moment d’expression personnelle : « Présenter une performance, c’est interpréter un numéro travaillé, construit, répété. Mais aussi, c’est se laisser aller à la part d’émotion, d’incertitude qui vient de soi. Ce n’est pas juste un travail millimétré : c’est aussi la connexion avec ce qui vient de nous, à ce moment précis, qu’on ne peut pas contrôler entièrement. Et c’est beau. »

Et c’est aussi l’occasion de nourrir son esprit, inlassablement. « Aller en compétition, c’est finalement un peu comme aller au musée. On découvre les univers des autres, on est surprise, stimulée, épatée, parfois aussi déçue ou interloquée, mais c’est tout le principe de l’art. Ça ne peut pas plaire à tout le monde, mais quand on parvient à toucher quelqu’un, c’est le sommet. »

Galaad, qui a foulé de nombreux podiums et aime définitivement le challenge, s’est souvent retrouvé propulsé au sommet pour les mêmes raisons. « Un numéro, ce n’est pas juste un enchaînement de figures parfaitement apprises et travaillées. C’est une construction, autant physique que mentale. 60 à 70% du travail se passe dans ma tête. Je choisis ma musique, décide de ce que je veux transmettre, des figures que je vais pouvoir faire pour y parvenir, des alternances entre force et souplesse, des liens entre les parties chorégraphiques, des costumes que je vais pouvoir créer, des maquillages que je vais concevoir. C’est un travail global, on crée un monde. »

Loin d’être une forme de danse lascive ou un enchaînement mécanique de figures, la pole dance est un travail sur soi, un mode de transmission, un support de création qui n’a pas fini de faire parler et d’émerveiller. On en redemande !

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