Ce lundi 18 mars, nos élu(e)s se retrouvent pour un nouveau conseil municipal. Alors que le vote du budget va très probablement représenter une grosse partie des débats, petit focus sur l’investissement que la Ville réalise par quartier cette année. Car si 65,9 millions d’euros sont prévus pour le développement des quartiers, il n’est pas dépensé de la même façon partout.
Le budget de la Ville de Strasbourg n’est pas un sujet qui passionne les foules. Pour ne rien arranger, il donne lieu aux mêmes arguments venant de la majorité et de l’opposition depuis les premiers débats en 2021. Le budget, les Strasbourgeois(es) ne dettent pas ça [jeu de mots d’actualité, ndlr].
4 questions pour comprendre le budget 2021 de la Ville de Strasbourg
Pourtant, aussi technique et aride soit-il, comprendre et savoir où va l’argent de la Ville, qui est également un peu le nôtre, est intéressant. Et pour le budget de 2024, qui passe au vote ce lundi 18 mars, on s’est penché sur l’investissement de Strasbourg dans ses différents quartiers, pour savoir ce qui va bouger dans un futur proche.
Près de 66 millions investis dans 20 quartiers strasbourgeois...
Puisque l’on parle budget, parlons d’abord un peu des chiffres : en 2024, Strasbourg va investir 139,6 millions d’euros. C’est le montant le plus élevé depuis que les écologistes sont arrivé(e)s aux manettes, en cohérence avec leur promesse de 810 millions d’investissements sur tout le mandat.
Un montant qui se divise en plusieurs secteurs, la petite enfance étant la plus grande bénéficiaire, avec 27%, soit 37,6 millions d’euros
Sur ces près de 140 millions d’euros, la Ville en investit directement 65,9 millions dans des projets bénéficiant directement à ses quartiers, soit 47%. Lorsque l’on y jette un coup d’oeil, on voit que Strasbourg ne laisse aucun quartier sans investissement, même si certains sont moins favorisés que d’autres.
Exemple le plus parlant : plus de la moitié de la somme totale investie dans les quartiers est dédiée à quatre d’entre eux, dont deux populaires. Dans l’ordre :
- Koenigshoffen, avec 9 439 023 € : les 2/3 des investissements concernent le nouveau groupe scolaire Jean-Mentelin, auxquels se rajoutent des projets comme la future Maison de services ou le développement de la Porte des Romains.
- Meinau, avec 8 688 792 € : 80% des investissements se regroupent presque au même endroit, pour le nouveau groupe scolaire du quartier et pour les travaux du stade de la Meinau, situé juste à côté.
- Bourse-Krutenau, avec 8 434 693 € : la Manufacture des tabacs et ses abords, les Bains municipaux et sa future Maison du sport santé représentent plus de 60% des investissements.
- On termine avec la partie Wacken de la Robertsau, avec 8 079 117 € : le futur quartier Archipel 2, la réfection du Lieu d’Europe forment une bonne partie des investissements. Si l’on rajoute le million investi dans la Cité de l’Ill, la Robertsau monte même à la deuxième place.
Les 16 autres quartiers se partagent les 47,5% des investissements restants. La Grande-Île, Hautepierre et Neudorf-Musau ont des investissements tournant autour des 4 millions d’euros, tandis que la Gare, l’Orangerie-Conseil des XV, le Port du Rhin et le Neuhof Nord avoisinent les 2,5 millions d’euros et demi chacun.
Pour les « parents pauvres » de cette année 2024, Cronenbourg Nord, l’Elsau, l’Esplanade et la Cité de l’Ill sont au-dessus du million, tandis que Montagne Verte et Poteries reçoivent encore moins. Dans les dernières positions, il y a le sud de Cronenbourg et du Neuhof, avec respectivement 555.358 € et 343.538 €, mais surtout le secteur Tribunal-Contades qui ne reçoit que 100.000 €, pour les travaux du Palais des fêtes.
Pour une mise en contexte de ces chiffres, la logique d’équité territoriale brancardée par la Ville [investir plus dans les quartiers qui ont moins, ndlr] ne semble pas toujours survivre à l’épreuve de l’analyse des sommes investies. Au contraire : les quartiers les moins dotés en investissements restent souvent les quartiers prioritaires (QPV).
En poussant plus loin, d’autres QPV mieux fournis bénéficient surtout d’investissements sur de nouveaux groupes scolaires (Meinau et Koenigshoffen notamment), plus que d’autres projets de quartier, sauf à l’Elsau. Néanmoins, il faut tout de même noter que Strasbourg investit partout, ce qui n’était pas forcément le cas avant.
Zoom sur plusieurs gros projets et leurs coûts
En cette année 2024, la municipalité compte véritablement passer à la vitesse supérieure concernant les gros projets. Après tout, il faut qu’une bonne partie puisse être terminée avant la fin du mandat, en 2026. Petit zoom donc sur plusieurs investissements notables présents dans ce budget 2024 [on aurait pu mentionner Archipel 2, mais on vous en parlait juste ici récemment, ndlr] :
- La Manufacture et ses abords : le projet couve depuis des années et l’ancienne Manufacture des tabacs se remplit de plus en plus d’entreprises et d’étudiant(e)s, avec Kooma comme dernière arrivée. Dans le même temps, ses abords sont entièrement transformés, avec des travaux qui se termineront en août. Nouvelle piste cyclable, grands trottoirs, d’avantage d’arbres et même des bancs dédiés au télétravail : il va y avoir du changement. Montant de ces deux lignes d’investissement ? 3 millions d’euros.
À la Krutenau, les abords de la Manufacture des tabacs bientôt métamorphosés
- La Laiterie et ses abords : pour le quartier de la Gare, le gros des investissements concerne l’agrandissement de la jauge de sa salle de concert. Pour rappel, le projet est de passer d’une capacité de 870 à 1.164 personnes. Dans le même temps, les investissements permettront de réaménager les abords du secteur Laiterie, notamment côté circulation voitures, mais également la mise aux normes du Hall des Chars, qui accueille l’Espace K ainsi que le futur Club, et l’aménagement d’une brasserie. Montant total ? Près d’1.5 million d’euros.
- La rénovation de patrimoine dans la Grande-Île : si aucun des investissements pour ce quartier ne dépasse individuellement le million, l’hypercentre strasbourgeois concentre plusieurs projets de rénovation du patrimoine. Il y a celle du salon des assemblées du Palais Rohan, celle du Cinéma Star, du Cosmos et des ateliers de l’Opéra, et même de l’hôtel de ville, pour 700.000 €. Bref, du patrimoine vieillissant, auquel il faut redonner un bon coup de polish.
- L’imbroglio Foire Saint-Jean à Hautepierre : chaque municipalité a son serpent de mer, celui des écologistes devrait être la Foire Saint-Jean. Prévue pour déménager en bout de course dans la future Plaine festive des Bouchers [dont on ne sait pas si elle arrivera un jour, ndlr], elle devait se poser à Hautepierre en 2024 et 2025. L’investissement de la Ville est à hauteur de 1 million cette année. Sauf que les forain(e)s, à la quasi-unanimité, se sont prononcé(e)s contre cette ultime proposition. Et la seule solution restante est donc une Foire Saint-Jean éclatée sur plusieurs sites. L’affaire n’est pas finie.
- Le sport à l’Esplanade et au Port du Rhin : pour terminer, la municipalité investit également dans le sport, dans deux quartiers différents. D’abord à l’Esplanade pour une Zone de culture urbaine, annoncée depuis 2021 dans nos colonnes, à hauteur cette année de 758.000 €. Ensuite au Port du Rhin, pour la future Plaine sportive, qui accueillera un espace futsal et deux terrains de basket avec gradins, mais aussi un espace sportif pour de la danse ou du tennis de table. Le tout, pour 900.000 €.
En 2024, Strasbourg continue de changer, et la Ville continue d’investir. Une politique volontariste qui devra s’intensifier, et davantage concerner les quartiers prioritaires, pour laisser une marque avant 2026. En attendant, il est toujours intéressant de savoir où sont les priorités d’une municipalité, et la vision qu’elle a de ce à quoi doit ressembler son territoire. Pour d’autres discussions sur la dette, on se retrouve mardi 19 mars pour le nouveau conseil municipal !