Schiltigheim : derrière un nom qui n’est pas toujours facile à prononcer pour certain(e)s, se cache tout un tas de trésors historiques, de bonnes vieilles traditions alsaciennes, ainsi qu’une bonne dose d’innovation et de nature. Bref, on a décidé de voir ce qui se cache derrière ce bout de banlieue strasbourgeoise, souvent méconnu. Suivez le guide !
Désignée troisième commune du Bas-Rhin, avec ses 32.000 habitant(e)s, le territoire de Schiltigheim démarre juste de l’autre côté de la place de Haguenau. Cette commune s’étend au nord de Strasbourg : d’un côté jusqu’à l’étang de la Ballastière, au-dessus de la Robertsau, de l’autre jusqu’à la frontière avec Cronenbourg.
D’ailleurs, s’aventurer dans ces contrées est l’occasion de réviser (en douceur, ou pas) son alsacien, puisque Schiltigheim (Schilick pour les intimes) est également bordée par Oberhausbergen, Mittelhausbergen, Niederhausbergen, Bischheim et Hœnheim. C’est bon, vous pouvez reprendre votre souffle.
Entre tradition brassicole et modernité, notamment grâce à l’Espace européen de l’entreprise, Schiltigheim c’est à la fois l’innovation, l’avenir, mais aussi une histoire, longue de plus d’un millénaire. D’ailleurs, cette dernière débute avec le guerrier Sciltung, au neuvième siècle.
C’est autour de son château, dont il reste aujourd’hui le parc, que s’installe un hameau puis la chapelle Böthebür. Ce qui fait de ce bon vieux Sciltung le premier habitant de Schiltigheim, qui fusionne à partir de 1683 avec le village voisin d’Adelshoffen.
8h – Quel est ce train orange ?
Pour se rendre à Schiltigheim depuis Strasbourg, plusieurs options : bien évidemment le tram, le bus, mais aussi quelques minutes de voiture. Les mobilités douces ont la part belle, mais au bord de l’autoroute A4, au niveau de l’échangeur Schiltigheim-Bischheim, se cache une (pas si) petite surprise qui vaut le détour.
En effet, une énorme locomotive orange trône juste avant la sortie, plantée de manière incongrue dans le paysage. Ceci n’est pas la conséquence d’un accident ou d’un étrange hasard : cette motrice orange fait directement écho au gigantesque technicentre de Bischheim, qui réalisait des essais pour des turbotrains à grande vitesse dans les années 70… avant que les trains électriques ne reviennent sur le devant de la scène.
Le train orange au bord de l’A4 fête ses 50 ans. Mais qu’est ce qu’il fait là ?
Le turbotrain ne sera jamais mis en circulation, bien qu’il soit le vaillant ancêtre du TGV que nous connaissons actuellement. Et pour lui rendre hommage, il a atterri sur la bretelle qui mène d’un côté au technicentre de Bischheim, et de l’autre à la salle des fêtes, ou encore à la piscine. D’ailleurs, en parlant de piscine…
9h - Petite brasse matinale
Schiltigheim a son propre centre nautique (9 rue de Turenne) : comme bien des communes, nous direz-vous. Oui, mais non : peu peuvent se targuer d’accueillir une piscine olympique ! Ici, il y a de quoi ravir les fans de crawl ou de nage papillon, avec un bassin long de 50 mètres, surmonté d’un plongeoir de 10 mètres, et des gradins parmi les plus grands de France, pouvant accueillir 2.200 personnes.
D’ailleurs, la piscine a accueilli les championnats d’Europe de natation en 1987, ainsi que les championnats de France de natation en 2011 et 2017… Et même l’émission Splash, le grand plongeon en 2013 (oui oui). Bref, pour s’offrir des sensations fortes ou se muscler le dos comme des pros, on fonce.
En parlant de brasse, à Schiltigheim on ne se contente pas de remuer l’eau. On y brasse aussi un peu, beaucoup, passionnément la bière. Après un exercice matinal revigorant, il est donc temps de passer aux choses sérieuses.
8 piscines à connaître autour de Strasbourg pour se rafraîchir les pieds
10h - Rendez-vous dans la cité des brasseurs
De part et d’autre de l’hôtel de ville s’étend la route de Bischwiller, l’une des artères principales de la ville, également surnommée « route des Brasseries ». Et pour cause : les brasseries Fischer, Adelschoffen, Perle, de la Patrie (Schützenberger) et celle de l’Espérance y ont posé leurs valises entre les 18e et 19e siècles.
Schutzenberger, histoire d’un empire de la bière en Alsace
Pourquoi Schiltigheim ? Pour avoir plus d’espace et mieux brasser, pardi ! Ce qui a fait de la ville l’un des bassins brassicoles les plus réputés de France, dont l’âge d’or a pris fin avec l’arrivée du géant Heineken en 1972, engloutissant les autres structures au passage.
Aujourd’hui, c’est la dernière brasserie issue de cette époque qui est encore debout, tandis que les autres sont en friche, voire évaporées. Et la série noire continue, puisqu’elle a annoncé la fermeture de ses portes d’ici 2026. Mais pas de panique.
Au bout de la route, nichée dans la Villa Weber (85 route de Bischwiller), se tient la petite brasserie artisanale Storig. Cette dernière produit des bières selon les traditions de la région, avec une touche d’innovation dont elle seule a le secret.
À l’entrée de la brasserie Storig, on tombe également nez à nez avec la Brasserie Michel Debus, restaurant façon Bierstub et Stammtisch, pour déguster des tartes flambées, de la cuisine traditionnelle ou des viandes qui fondent dans la bouche. En été, on peut même profiter de l’immense Biergarten pour rincer tout ça au soleil, avec une bonne bibine.
12h – L’heure de manger, de l’Alsace au bout du monde
Pour manger à l’alsacienne, outre la Brasserie Michel Debus, les options sont nombreuses à Schilick. À l’entrée de la ville, nichée contre la brasserie Fischer se terre la petite Fischerstub (5 route de Bischwiller) de tradition, dans laquelle on déguste charcuterie, tartes flambées et plats du terroir. Autre option dans le même registre, S’kastele (5 place de la Liberté) propose des fleischnecke (roulés à la viande) ou des mehlknepfle (des gros spaetzele quoi) à tomber.
Pour voyager un peu, direction l’immanquable Boucanier (1 place de la Liberté), pour des tartes flambées mais aussi des pâtes, des pizzas et de nombreuses autres spécialités italiennes.
Pour partir encore plus loin, Chez Irina (5 rue du Barrage) propose de merveilleuses spécialités géorgiennes. Et pour carrément changer de continent, Hibiki (6 rue de la Mairie) saura ravir les palais des amateurs/trices de cuisine japonaise, grâce à des plats authentiques assortis d’excellents sakés.
13h – L’heure d’une balade digestive (presque) royale
Pour digérer tranquille, une petite balade au parc du Château s’impose. Oui, celui même qui a vécu les première heures schilickoises. Le château qui le surplombait a été détruit en 1676, mais ces terres idylliques abritent néanmoins un autre monument de renom : la Villa Wenger-Valentin.
Baptisée avec les noms de ses premiers/ères propriétaires (un banquier et son épouse), elle a été construite en 1882 par Albert Brion et Gottfried Julius Berninger, célèbre duo d’architectes strasbourgeois. Réalisée dans un charmant style néo-Renaissance, elle abrite aujourd’hui la Maison des associations.
Le parc des Oiseaux, au sud-ouest de la ville, saura combler toutes les envies entre ses aires de jeux, son jardin des senteurs, sa prairie fleurie et ses agrès sportifs. Et si vous êtes d’humeur fleur bleue, Schiltigheim compte également une roseraie de 30 ares, avec plus de 4.000 rosiers de 390 variétés différentes, agrémentée de cascades, étangs à poissons et assises ombragées.
Enfin, le spot détente immanquable des Schilickois(es) en été n’est autre que la Ballastière (chemin de la Souffel). Située à l’orée de la ville et rejoignant Bischheim et Hœnheim, l’ancienne gravière fait le bonheur de celles et ceux en quête de fraîcheur, d’activités aquatiques ou même de randonnée, puisque la nature y est préservée. Dépaysement garanti.
5 spots de baignade pour se rafraîchir à quelques kilomètres de Strasbourg
14h – Et la pause culture ?
À Bruxelles, le Pixel Museum est le premier à valoriser le patrimoine du jeu vidéo, avec des objets qui ont façonné son histoire, mais aussi ceux qui ne vont pas tarder à la révolutionner. Le rapport avec Schiltigheim ? Ce projet innovant a vu le jour, et a existé dans ses contrées de 2017 à 2020, avant de migrer chez nos ami(e)s belges.
Schiltigheim : le Pixel Museum ferme définitivement ses portes
Pour se consoler, on peut toujours aller faire un tour à la médiathèque Frida-Kahlo qui est flambant neuve (7 place de l’Église), et profiter des 2.500 m2 dédiés à la culture mais aussi à la détente de nos cerveaux.
15h - L'Espace européen de l’entreprise, « l’autre Schiltigheim »
À l’ouest de Schiltigheim on peut trouver L’Espace européen de l’entreprise, véritable ville dans la ville, surnommée « E3 ». Ici se rassemblent des entreprises (600 environ), nationales comme internationales, tournées vers les nouvelles technologies et les services.
Le site est assorti d’un campus sur lequel se trouvent l’IUT Pasteur, l’École européenne de chimie polymères et matériaux ou encore le CNRS, et se veut être à la fois un lieu d’innovation et de vie. Ainsi, restaurants, hôtels, médecins, crèches et petits commerces se sont fait leur place dans ce quartier d’avenir.
16h - L’heure du goûter (et bientôt celle de l’apéro)
Chez Benoît (48 rue Principale) est une petite cantine connue pour ses délicieux brunchs, ses soupes maisons et ses focaccias. Mais c’est également une adresse imparable pour emporter un goûter : cakes, cookies, tartes ou autres joyeusetés sauront mettre des paillettes dans vos estomacs.
Pour vos envies de douceurs, de sacro-sainte bibine au coeur de ces terres de brassage, ou de produits du marché, les Halles du Scilt (15b rue Principale – nommées d’après le doux nom du guerrier Sciltung) sont une adresse incontournable.
Cet espace de 700 m2 entièrement rénové accueille tant des commerces que des initiatives culturelles, ce qui en fait un lieu hybride. Au rez-de-chaussée, on peut acheter son poisson, son fromage ou ses légumes, ainsi que se poser pour déguster un café.
À l’étage, on peut poursuivre notre petite pause et profiter des expositions qui habillent les murs. Ou alors, s’ambiancer dans les divers événements et festivals, gastronomiques, artistiques ou un peu des deux, qui font vibrer le lieu à diverses occasions.
17h – Des petites emplettes, pour encore un peu déambuler
Pour faire des petits cadeaux locaux, rendez-vous à l’Atelier de Thomas (48 rue Principale). Ici, des petits trésors faits main rendent hommage au territoire alsacien.
Et pour l’option seconde main, Emmaüs a ouvert une librairie solidaire (55 route de Bischwiller) en 2020, pour le plus grand plaisir des littéraires en tout genre.
Emmaüs ouvre une boutique solidaire à Schiltigheim ❤️
19h - Plusieurs adresses et un dîner gastronomique
Chez Ö Classic (3 rue du Soleil), on ne rigole pas avec les sandwiches, burgers et tacos. Encore moins avec leur qualité : du pain maison aux viandes sélectionnées avec soin, l’institution redore l’image du fast-food.
Toujours pour de la cuisine raffinée, mais avec des mets français et un budget pas trop serré, on peut se diriger vers L’Imaginaire (42 rue Principale). Ambiance feutrée, véranda, cuisine de saison et plus de 400 références de vin à la carte : de quoi ne plus savoir où donner de la tête.
Les Plaisirs gourmands (35 route du Général-de-Gaulle), c’est l’institution gastronomique étoilée de Schilick, qui a fait son petit bout de chemin jusque dans le Michelin. Géré par Charlotte et Guillaume Scheer, cet espace cosy et raffiné saura faire bondir les papilles, avec ses saveurs minutieusement travaillées.
20h - Et pour sortir le soir ?
Ici, on ne manque pas d’occasions de s’offrir un petit bain de culture ou des spectacles à gogo. La saison culturelle de la ville est organisée entre la Briqueterie (avenue de la 2e-Division-Blindée), le Cheval Blanc (qui se trouve aussi être LA winstub à ne manquer – 25 rue Principale) et le Brassin (38 rue de Vendenheim), qui présentent une cinquantaine de spectacles entre septembre et juin.
Sans oublier l’école des Arts (9 rue des Pompiers), qui accueille toute l’année 800 élèves en danse, théâtre et musique. Pas de quoi s’ennuyer… Et ce n’est pas fini ! Quelques événements immanquables jalônnent la saison culturelle.
Tout d’abord, les rencontres annuelles Schilick on carnet (ça y est on salive), qui consistent en trois jours de rencontres et d’ateliers, autour de l’illustration et du livre jeunesse. De quoi ravir celles et ceux qui apprécient manier le pinceau, ou juste se délecter des talents locaux/ales chaque mois de novembre.
Au début de l’année, Schiltigheim accueille également la Revue Scoute, qui anime une pièce autour de l’actualité récente, en mettant en scène des personnages locaux comme des célébrités nationales, le tout entre sketches et chansons parodiques.
On n’oublie pas le printemps du Flamenco, qui aura lieu cette année durant trois jours au mois de mai. Au programme, spectacles de danse, chants, musique, bref, mélomanes, passionné(e)s ou curieux/ses y trouveront leur bonheur.
On nous dit dans l’oreillette qu’on a oublié le plus important : la fête de la bière ! Rendez-vous en juillet pour la 42ème édition du festival brassicole le plus important d’Alsace, pour quatre jours avec des dégustations, une grande fête et des découvertes.
On espère que ce petit tour vous aura convaincu de visiter ce bout de banlieue strasbourgeoise, bourré de charme et de lieux vibrants. On a qu’une hâte : y remettre vite les pieds !
À quelle heure tu te fais racketter ? Schilik, c’est la zone
Attention, les brasseuses du vrac ont malheureusement fermé définitivement…
Merci pour ce retour ! L’article a été mis à jour 🙂
Toutes les informations sur la brasserie storig sont fausses (histoire, date, etc…)
Chez Benoît c’est un super petit restaurant ouvert le midi, on ne peut pas y prendre un goûter car c’est fermé à 14h30… mais les desserts sont délicieux et on peut les emporter pour un goûter à la maison!