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Au Neudorf, l’arrivée prochaine du stationnement payant ravive les débats

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Le 1er juin prochain, le stationnement deviendra payant au Neudorf. Une nouvelle qui fait clairement débat au sein du quartier, concentrant colère, inquiétude, mais également compréhension. On est allé à la rencontre de Neudorfois(es), habitant(e)s et commerçant(e)s, pour prendre la température de ce quartier pas comme les autres, qui forme une sorte de village de 50.000 habitant(e)s au sein de Strasbourg.

Le stationnement à Neudorf, sujet inflammable. Depuis que la municipalité a annoncé, en mars 2023, vouloir rendre le stationnement payant dans le quartier, de nombreuses voix se sont élevées contre cette décision.

Pour rappel : 6.500 places deviendront payantes en zone verte, avec également des places violettes, route du Polygone. Et depuis que l’on sait que la mesure rentrera en vigueur le 1er juin prochain, les protestations ont redoublé.

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Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil à notre appel à témoignages, publié sur le groupe Facebook du quartier : 111 commentaires et des débats (très) nourris. Et, contrairement à la tendance générale du débat sur la place publique, les échanges ont été nuancés, montrant un Neudorf aux multiples visages.

Ce sont en tout 12 Neudorfois(es) qui ont témoigné pour cet article, avec 6 plutôt favorables et 6 autres défavorables à la mesure. Par la suite, plusieurs commerçant(e)s ont également évoqué leurs craintes et inquiétudes. Enfin, interrogée sur certains points précis, la Ville a répondu par la voix de Pierre Ozenne, adjoint aux voiries et à l’espace public.

stationnement neudorf
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Les arguments pour : décision positive à long terme, libérer l'espace public et la fin d'une inégalité entre le Neudorf et d'autres quartiers

Parce que c’est parfois important d’avoir la positive attitude, commençons par les Neudorfois(es) plutôt favorables à cette mesure. Tous les témoignages s’accordent sur la nécessité de libérer l’espace public pour le rendre à tout le monde. Pour Hubert* : « Le vrai problème ne réside pas dans le manque de places de stationnement, mais dans le fait qu’il y a simplement trop de voitures. » 

Pour Éléa* : « Dégager les voitures – il ne s’agit ni plus ni moins de ça à travers cette mesure de stationnement payant – c’est faire la part belle aux autres modes de déplacement. »

L'automobile occupe beaucoup trop de place dans nos villes.
Mélodie*, habitante du Neudorf

Pour Lisa, « cette mesure est essentielle pour que l’on puisse désencombrer le quartier de toutes ces voitures ; il y en a partout et, surtout sur les trottoirs ». Elle évoque ensuite la difficulté de circuler avec les poussettes, mais aussi pour les personnes à mobilité réduite ou les vélos. Éléa*, elle, dénonce « des situations ubuesques où il faut marcher sur la route car les trottoirs sont remplis de voitures sur toute la longueur et des deux côtés de la chaussée ».

Autre problématique : le stationnement anarchique dans les rues selon Mélodie*, qui cite les exemples de la rue de la Grossau, celle du Héron et des Perdreaux. Elle espère que « le stationnement payant viendra avec une matérialisation claire au sol des emplacements de parking et une verbalisation des automobilistes garés en-dehors de ces emplacements. »

Reste à savoir si ce sera appliqué, car selon Antoine : « Si ça ne règle pas ce problème, ça risque même de l’empirer : il n’y a pas d’amende pour stationnement gênant possible par Streeteo, c’est la police municipale qui doit s’en charger. »

La formulation trompeuse de « le stationnement devient payant » dissimule la réalité selon laquelle la Ville cesse simplement de l'offrir gratuitement. Ce n’est pas une « punition », c’est la fin d’un privilège.
Hubert*, habitant du Neudorf

Le deuxième argument concerne la fin d’une inégalité de traitement entre le Neudorf et les autres quartiers de Strasbourg. Pour Antoine : « Je vois pas vraiment les raisons pour que des gens, qui viennent d’en dehors de Strasbourg, se garent au Neudorf pour ensuite aller ailleurs. » Pour Lisa, dans les quartiers avec stationnement payant, « les rues sont plus équilibrées, plus de place a été donnée aux cyclistes et aux piétons. Les commerces se portent à merveille ».

Mais c’est surtout Hubert* qui développe : « Ce qui est réellement anormal dans cette situation, ce n’est pas la transition vers un stationnement payant, mais le fait que celui-ci ait été gratuit pendant tant d’années. Les locataires payent un loyer pour leur logement, les restaurateurs pour leur terrasse, ou les commerçants pour leur emplacement au marché, alors pourquoi les automobilistes devraient-ils bénéficier gratuitement d’un espace public coûteux en entretien ? »

Sur toute les questions liées au trafic automobile, les restrictions vont forcément générer une opposition : les gens qui y perdent, y perdent de façon très concrète. Les gains sont plus diffus, c’est super mais on s’en rend pas compte tout de suite.
Antoine, habitant du Neudorf

Enfin, les Neudorfois(es) favorables à la mesure évoquent également les bénéfices à long terme de ce genre de mesure. Pour Antoine : « Si on fait baisser le trafic, on baisse la pollution et on baisse le nombre de morts qui y sont liés. »  Seul problème, les effets directs sont à court terme pour les habitant(e)s : « Beaucoup de gens veulent être entendus de façon individuelle. »

Pour Éléa*, la mesure coule néanmoins de source, malgré sa contrainte : « Bien que le stationnement payant au Neudorf soit discutable et coercitif, en l’absence de prise de conscience collective, il faut malheureusement toucher au portefeuille des citoyens pour avoir des résultats rapides. » Mais pour cela, il vaut mieux être incitatif selon Antoine, qui trouve « maladroite » l’augmentation du prix des transports en commun décidée en même temps : « Le but ne doit pas être de dire à tout le monde de ne plus avoir de voiture, mais de moins l’utiliser ».

stationnement neudorf
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Les arguments contre : problématiques économiques, pas d'alternatives satisfaisantes et toujours des problèmes pour stationner

Côtés avis défavorables, plusieurs reviennent dans la bouche des Neudorfois(es) interrogé(e)s. Déjà, plusieurs d’entre eux/elles contestent le fait qu’il y ait des problèmes de stationnement au Neudorf, n’en rencontrant pas au quotidien.

Mais naturellement, le premier véritable grief est économique : avec un forfait de 15 à 40€ /mois, le stationnement payant pèse lourd dans certains budgets, allant jusqu’à 480€ /an ou de 720 à 1.080€ /an si on utilise un parking en ouvrage.

La voiture c’est notre outil de travail, on est obligé d’en avoir une pour travailler. Au Neudorf, c’est un avantage qui se transforme en double peine.
Camille, habitante du Neudorf

Pour Nadine*, « cette mesure semble fragilisante pour nos économies ». Elle et son conjoint sont contractuels de la fonction publique et cette dépense de 40€ /mois est pénalisante pour leur budget. De son côté, Anne* s’attend à ce que « le stationnement payant au Neudorf entraîne inévitablement des difficultés financières pour beaucoup, ainsi qu’une une baisse de fréquentation des petits commerces et restaurants. Tout va se compliquer ».

Pour Violaine*, « instaurer un stationnement payant à des tarifs plus abordables et baisser les tarifs de la CTS auraient été compréhensibles, surtout dans un contexte inflationniste où toutes les factures augmentent ».

Enfin, bien que favorable, Mélodie* pense aux Neudorfois(es) avec deux voitures, qui n’auront pas le droit à un deuxième abonnement résident. C’est le cas notamment de Camille, obligée avec son conjoint d’avoir deux voitures pour leur métier : « Cette mesure va nous pénaliser, et nous coûter énormément d’argent. »

Cette mesure donne la sensation d'une mairie mettant la charrue avant les bœufs, une mesure drastique sans alternative viable.
Nadine*, habitante du Neudorf

Deuxième problème : le manque d’alternatives proposées par la municipalité sur l’offre de transports en commun et de parking en plein Neudorf, alors même qu’ils et elles ne seraient pas opposé(e)s à changer leurs habitudes. Pour Nadine* : « Si les transports en commun représentaient une option viable en termes de temps de trajet et de tarif des abonnements, nous serions tout à fait disposés à nous séparer de notre véhicule. » Pour son conjoint, qui travaille à Obernai, le choix a été vite fait entre 1h de trajet en voiture aller-retour ou 3h de transports en commun.

Même souci pour Camille : « L’offre de transport en commun n’est pas adaptée. » Et alors que la municipalité suggère de se garer au parking Rivetoile, Danube Bleu ou à Auchan Illkirch, Anne n’est pas d’accord : « Les jeunes actifs ont des contraintes horaires et n’ont pas le temps de faire mumuse à aller au parking-relais puis prendre le tram… » Enfin, pour Élisabeth* : « C’est scandaleux, car le parking en silo censé permettre le stationnement au Neudorf verra le jours vers 2026 ou même après. Il aurait peut-être fallu attendre. » On reviendra sur cet argument de la municipalité plus tard.

stationnement neudorf
© Nicolas Kaspar / Pokaa
Payer 40€ /mois pour le stationnement c’est le futur des centres-villes, mais le souci c'est que payer 40€ alors qu’on a du mal à trouver des places c’est assez scandaleux.
Denys, habitant du Neudorf

Dernier problème : s’il faudra désormais s’acquitter du stationnement résident, celui-ci ne donne pas accès à une place dédiée. Pour le dire autrement : payer oui, mais pour se garer où ? Surtout que les soucis pour trouver une place existent déjà selon Denys : « Se prendre la tête pour se garer, si c’est gratuit, c’est pas grave, mais quand ça ne sera plus le cas ça sera différent. »

Élisabeth* dénonce quant à elle le nouveau marquage au sol effectué par la municipalité : « Des places sont supprimées, car le nouveau marquage restreint le nombre de places dans les rues. Le forfait résident ne permettra même pas de se garer partout dans le quartier ! » Interrogé sur ce point, Pierre Ozenne s’inscrit en faux : « Partout où on a pu tracer, on le fait. Le delta est faible entre le stationnement et le stationnement gênant. Il y aura donc bien les 6.500 places, même plus. »

stationnement neudorf
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Les commerçant(e)s vent debout (et surtout inquiets/ètes) contre la mesure

Enfin, les Neudorfois(es) sont inquiets/ètes de l’avenir des commerçant(e)s du quartier. Éléa* craint notamment « les conséquences économiques sur les commerçants du Neudorf. Lors de chaque changement de règlement de stationnement, ce sont les plus impactés ». Ils et elles font face à plusieurs problèmes.

Premièrement, les problématiques concernant le code NAF, ou APE (activité principale exercée). Pour faire simple, les commerçant(e)s ont tous un code permettant d’identifier leur entreprise. Par rapport à ce code, la municipalité propose plusieurs forfaits pour les professionnel(le)s… mais toutes les professions n’y sont pas représentées. Et celles laissées sur le carreau risquent de payer plein pot.

Une situation « intenable » pour Michel, de la boutique Télévision et technique : « Je pensais pouvoir bénéficier du Forfait Mobile Pro, déjà hors de prix par rapport à ce que propose Schiltigheim [abonnement à 23€ par mois pour quatre véhicules, ndlr] : un fleuriste vend des fleurs, livre des fleurs, a le bon code NAF. Je livre des télévisions, je vends des télévisions, pas moi. C’est le même métier, on change de produit… »

Mais il n’est pas éligible : s’il doit payer le stationnement en entier, aux alentours de 16.000 € par an, il ferme.

livraison camion
© Hugo Favre-Napoli / Pokaa

Un « système élitiste avec le code NAF comme ticket d’or » selon Elyas du salon de coiffure Eat Colorist. Pour Maurizio, de l’épicerie Fratelli Marmi, cela devrait être plus simple : « Tu achètes un véhicule pro, tu as un forfait pro. »

Sur le code NAF, Pierre Ozenne se veut néanmoins très clair : « Non, il n’y aura pas de forfait pro pour tout le monde. » L’adjoint poursuit : « On est prêt à étoffer les codes NAF, on continue d’étudier au cas par cas. S’il y a des évolutions dans leur activité, les commerçants peuvent également faire évoluer les codes NAF secondaires et à ce moment-là, on prend en compte ces nouveaux éléments. » Pour les commerçant(e)s, la liste des codes est disponible ici !

Ceux qui viennent dans mon épicerie pour de grosses commandes, je ne les vois pas faire pied, tram et parking-relais juste pour venir chez moi.
Maurizio, gérant de l'épicerie Fratelli Marmi

Alors quelles solutions ? Si les commerçant(e)s interrogé(e)s ne sont pas opposé(e)s au stationnement payant, qu’ils et elles savaient inévitables, ils et elles mettent également en avant le peu de solutions proposées par la municipalité. Pour Elyas : « Si on veut que les personnes arrêtent de prendre leur véhicule, il faut une offre de transports qui soit raccord avec leur cahier des charges. Et là c’est pas le cas. » Pour Marie-Élisabeth, du café-coworking Les Compotes : « Vous venez nous imposer un nouveau système mais à côté y a pas de vraies solutions proposées à proximité. »

Maurizio critique également la solution du parking en ouvrage actuellement proposée, pas satisfaisante, et l’absence de projet de parking au Neudorf, même dans les prochaines années : « On nous dit Rivetoile, mais à pied jusque dans mon commerce c’est 15 min. En bonne intelligence, il aurait fallu stopper la réforme, en attendant que les alternatives crédibles soient trouvées. » Même chose pour Michel, qui déclare perdre une heure par jour s’il gare sa voiture à Rivetoile ou au Danube.

Sur cette question, Pierre Ozenne concède que « changer les habitudes ça interpelle », l’élu se veut offensif : « Rivetoile, on peut dire ce qu’on veut, mais ce n’est pas très éloigné d’une grande partie de la population du Neudorf ». Niveau solutions futures, il réitère le fait que le futur parking Simonis se fera, et annonce qu’un nouveau parking-relais est à l’étude, dans le secteur de la Kibitzenau.

piscine kibitzenau extérieur
Futur parking-relais près de la piscine ? © Nicolas Kaspar / Pokaa
Ou tu payes ou tu pars, notre choix il est là.
Elyas, gérant du salon de coiffure Eat Colorist

Dans une atmosphère forcément électrique, les commerçant(e)s interrogé(e)s ont aussi eu des doléances par rapport à la municipalité. Pour Michel : « Ces réunions de concertation n’en avaient que le nom, on nous a imposé la décision. » Même son de cloche chez Marie-Élisabeth : « On n’a pas du tout été mis dans la boucle d’une décision qui nous implique directement. »

Elyas développe : « Au départ, on nous a dit que c’était un lieu d’échanges, on arrive, on fait face à un powerpoint qui nous dit “c’est ça que vous allez payer”. Ce n’est pas une discussion, c’est juste : voilà les tarifs. » Pierre Ozenne indique de son côté rester très attentif au Neudorf, « ville en elle-même » qui va être un « observatoire de la mesure et qui va permettre de regarder les effets un an après, et s’ajuster au fur et à mesure. » 

Si la modernisation de la ville passe par le fait de créer des centres commerciaux où on se gare gratuitement avec des grands magasins franchisés…
Maurizio, gérant de l'épicerie Fratteli Marmi

Enfin, les commerçant(e)s sont surtout préoccupé(e)s pour l’avenir. Selon Michel : « On ne sait pas où on va, et une entreprise, elle a besoin de se projeter, on ne vit pas au jour le jour. »

Un avenir à court terme qui pourrait menacer l’esprit du Neudorf, selon Elyas : « On va finir par perdre la diversité du Neudorf avec le temps. » Pour Maurizio : « On espère un impact minimum ; mais on entend quand même des réflexions sur déménager, bosser ailleurs. J’ai déjà vu des commerçants mettre leurs locaux sur Le Bon Coin. »

immersion quartier neudorf pokaa14
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Un quartier qui a vu de nombreux indépendants s’y installer selon Marie-Élisabeth : « Ce qui nous a plu c’est la mixité, de proposer quelque chose d’accessible à tous. On essaye d’apporter une vie de quartier. » Maurizio poursuit : « À la Ville, on nous dit : “Ah ça fait plaisir de voir de jeunes entrepreneurs, il y en a de moins en moins”. Mais ce genre de décisions, ça ne motive pas. »

Mobilisé(e)s pour obtenir des avancées, Esther et Matthieu, gérant(e)s de l’épicerie Oma Augusta, ont notamment fait parvenir un courrier signé par 63 acteurs/trices économiques et sociaux/ales du quartier, et que Pokaa a pu consulter. En attendant l’association de commerçant(e)s du quartier sera reçue par Jeanne Barseghian le 6 mars prochain. Le sujet du stationnement payant n’a pas fini d’animer le Neudorf avant le 1er juin…

*Les prénoms ont été modifiés

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Commentaires (1)

  1. Il faut malheureusement en arriver à une solution autoritaire pour discipliner les automobilistes. Dans ma rue, le stationnement alternatif n’est pas respecté depuis 30 ans que j’y habite. Les trottoirs sont impraticables, et les abaissements de trottoirs parfois encombrés avec les risques que cela génère pour l’accès des services publics (pompiers, ambulances etc.). De plus, de nombreuses personnes ont des garages – et souvent plusieurs voitures par foyers – mais préfèrent se garer dans la rue. Le vrai scandale est que nos dirigeants écologistes n’envisagent toujours pas, comme cela se fait ailleurs, la gratuité des transports en commun. Alors qu’ils souhaitent un transfert vers ce mode de transports, voilà qu’ils en acceptent l’augmentation des tarifs dans des proportions ahurissantes. On ne comprends rien à leur logique, en admettnt qu’il y en ait une.

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