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racing club de strasbourg

Coup de gueule à Strasbourg : maman, ils sont en train de tuer mon Racing

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Après une nouvelle défaite catastrophique face à Brest (3-0) ce samedi 24 février, le Racing continue doucement de glisser vers des eaux très troubles au classement, occupant la 13e place à 3 points du barragiste. Plus grave encore, cette quatrième défaite de suite a rendu visible la fracture entre le club et ses supporters/trices, avec le départ d’une partie du Kop, 30 minutes avant la fin. Maman, ils sont en train de tuer l’âme du Racing…

Il est encore possible que le Racing batte Lyon mardi 27 février en Coupe de France et se qualifie en demi-finale. Malgré les performances oscillant entre médiocres et abyssales ces derniers temps, la vérité d’un match n’est jamais celle du lendemain. Et pourquoi ne pas croire à un exploit, alors que les Lyonnais sont sur un nuage, et les Strasbourgeois au fond de l’océan ? C’est aussi ça, la beauté du sport. Mais pour profiter de la beauté du sport, il faut d’abord le respecter.

Et une victoire n’enlèverait absolument pas l’amertume ressentie à la fin du match contre Brest. Car au-delà de la défaite 3-0 et de l’absence d’envie, de rébellion et d’âme d’une équipe qui refait à nouveau son très jeune âge, c’est le désamour rampant entre les supporters/trices et le Racing qui inquiète. Car de désamour à défiance, puis de défiance à abandon, il n’y a qu’un pas. Un pas qu’une bonne partie du Kop a désormais franchi.

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© Nicolas Kaspar / Pokaa

Un retour quatre mois en arrière

Avant de parler des supporters/trices, parlons jeu. C’est simple : on a l’impression d’être revenu quatre mois en arrière, après une double défaite automnale, déjà, à la Meinau face à Lens et à Nantes. À l’époque, les choix de Patrick Vieira posaient question, les joueurs semblaient perdus sur le terrain, toute l’équipe était apathique et le projet sportif plus que flou. On était le 6 octobre 2023.

On est le 26 février 2024. Défaite 3-0 contre Brest, et les mêmes constats : les choix de Patrick Vieira posent à nouveau question [Mwanga en 10 et Gameiro sur l’aile… pourquoi ?, ndlr], même s’il n’est pas aidé par un effectif déplumé après le mercato d’hiver.

Les joueurs sont complètement cuits et ne semblent pas capable de se battre et de relever la tête. Sans parler du projet, qui s’éloigne petit à petit de la réalité sportive et aspire le restant d’âme du Racing. Si des améliorations sont bien arrivées en décembre, le parallèle fait mal.

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© Nicolas Kaspar / Pokaa

Car après une série de huit matchs sans perdre, le Racing se trouve actuellement sur six matchs sans victoire en Ligue 1 en 2024, et même sur quatre défaites consécutives. C’est simple : seul Metz fait pire sur la même période. Les défaites « encourageantes » face à Paris et à Lens n’ont fait qu’entretenir une spirale négative, qui s’est accélérée face à Lorient et à Brest.

Pour ne rien arranger, la défense prend l’eau sans un Matz Sels dont on remarque bien l’influence à Strasbourg [trois matchs consécutifs avec trois buts encaissés, ndlr] et la Coupe de France a permis de respirer, mais a également pioché dans les réserves d’un effectif à peine taillé pour tenir une saison entière, et sponsorisé par Mr Bricolage. Résultat des courses ? Le Racing coule doucement mais sûrement vers les bas-fonds de la Ligue 1, à la 13e place à 3 points du barragiste. Et une bière pour le projet !

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Un match à vite oublier. © Nicolas Kaspar / Pokaa

Le Kop qui s’en va : la Meinau perd une partie de son âme

Pour ne rien arranger, pas sûr que le club puisse encore compter longtemps sur ses supporters/trices. Car c’est l’image de la soirée : on joue la 60e minute, le Brestois Mahdi Camara vient de marquer son troisième but du match sur un pénalty absolument lunaire, qui ne fera pas honneur à l’arbitrage français. Qu’importe au fond, vu ce que le Racing proposait depuis le début de la rencontre, cette mauvaise décision n’a sans doute pas changé le cours du match.

En revanche, elle a fait basculer la soirée : le Kop arrête progressivement de chanter et se met à retirer toutes les banderoles de leur tribune. Une séquence inédite depuis le passage en ouest. Quelques minutes plus tard, une bonne partie des supporters/trices désertent carrément l’allée centrale, laissant seulement une phrase, qui tourne en boucle depuis des mois : « Quel est le projet ? »

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Un vide. © Nicolas Kaspar / Pokaa

Que la Meinau siffle le niveau de jeu de l’équipe, ou même les joueurs, cela n’étonnera personne. Mais le départ des UB (Ultra boys 90) et d’autres supporters/trices garant(e)s de la ferveur du stade, c’est autre chose. Il fallait voir comment l’antre strasbourgeoise sonnait creuse, dans un silence de cathédrale ponctué seulement de « olé » moqueurs lorsque les Brestois se faisaient des passes. Ça fait mal au coeur.

Le signe que, sans ses supporters/trices et juste garnie de spectateurs/trices passifs/ves et critiques, le Racing n’est pas un club différent ; c’est juste une entreprise parmi d’autres. Le Racing est blessé. Verdict ? Fracture de l’âme et entorse de l’identité.

Pour ne rien arranger, des embrouilles ont éclaté à divers endroits dans une Meinau chauffée à blanc par la frustration et la colère. L’atmosphère, vantée à raison comme saine et bonne enfant depuis la renaissance du club, pourrait sérieusement dégénérer sur les prochains matchs. C’est déjà arrivé, et notamment sous pavillon américain. Attention à la rencontre contre Monaco le 10 mars, qui pourrait rapidement devenir inflammable.

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Une Meinau vidée de ses supporters/trices. Et de son âme ? © Nicolas Kaspar / Pokaa

Des réactions insuffisantes, et un silence tout en haut

Ce départ de la partie centrale du Kop est si inhabituelle, que Patrick Vieira a reconnu son existence au micro de Canal+ après la rencontre : « Le public avait raison de siffler, le public avait raison de quitter le stade, parce que la performance n’était pas à la hauteur. » D’ordinaire, le coach avait plutôt l’habitude de feindre de ne pas voir ce genre de manifestations.

Il s’est néanmoins rattrapé en conférence de presse d’après-match, tenant un discours très différent : il a dénoncé « une atmosphère assez pesante dès le début du match » [alors que le Kop poussait depuis le début, ndlr] et a invité les supporters/trices « à ne pas se tromper de combat » et « à ne pas remettre tout en cause ». Le combat pour garder l’âme du Racing ne serait-il donc pas celui à mener ? N’est-ce pas possible de mener deux combats à la fois ?

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Le Kop cite Vieira, qui déclarera « n'avoir pas vu la banderole » pendant le match. © Nicolas Kaspar / Pokaa

Signe d’une communication à vue, dans un navire sans direction fonçant vers l’iceberg et dont le capitaine ne s’exprime plus. Marc Keller est, en effet, bien silencieux dans les médias depuis son interview à PrimeVideo justifiant le départ de Matz Sels, le dernier jour du mercato.

Lui et BlueCo sont les premiers responsables, et logiquement, les premiers à rendre des comptes, ou au moins des explications, même version langue de bois. Mais silence radio, une nouvelle fois. Alors que le navire a fini de tanguer, et commence désormais doucement à couler.

Personne ne prend ses responsabilités sur le mercato raté ou sur la mauvaise passe actuelle, tout le monde semble se cacher. Pire encore, il y a comme un sentiment d’indolence dans les réactions du club face à cette situation, et notamment de Patrick Vieira. Le coach martèle que : « C’est pas le moment de tirer la sonnette d’alarme. » Mais si on ne la tire pas après un match catastrophique comme celui-ci, alors que la zone rouge se rapproche, quel sera le bon moment ?

Surtout qu’on le sait, la nature a horreur du vide, et il faut forcément le remplir par quelque chose. Aujourd’hui, le dégoût et l’indifférence ont pris la place autrefois occupée par la ferveur et la passion. Le départ des supporters/trices historiques n’en est que le plus éloquent des exemples.

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© Nicolas Kaspar / Pokaa

Les mêmes inquiétudes, les mêmes critiques, la même absence de réponse. On a l’impression de prêcher dans le désert depuis des mois, comme si l’on était dans le Jour sans fin. On a également l’impression qu’on nous vole nos émotions et notre envie. Un peu plus encore chaque jour, Strasbourg va droit dans le mur. Un mur de moins en moins bleu.

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