Début 2023, la commune limitrophe de Strasbourg a fait les gros titres : élue meilleure ville de France où s’installer en famille, selon Le Parisien, Illkirch-Graffenstaden, de son nom complet, semble être un compromis idéal entre l’agitation urbaine et le calme banlieusard. On est allé y faire un tour pour découvrir ses petites rues de charme, ses grands espaces verts, ses adresses gourmandes et son centre-ville chargé d’histoire, le tout à quelques minutes de Strasbourg en tram. On vous raconte !
Illkirch, ça veut dire « l’église de l’Ill », petit fleuve bien connu des Strasbourgeois(es). Plantée sur ce dernier, la commune voit le jour en l’an 720 environ, à l’époque des Francs. Ce petit îlot de douceur, qui compte aujourd’hui 27.000 habitant(e)s, est plus vieux que ce sacré Charlemagne !
Non loin de là, plus au sud, mais 500 bonnes années plus tard, le village de pêcheurs/euses Graffenstaden pointe le bout de son nez… Lui aussi sur les berges de l’Ill. Et en 1790, juste après la Révolution, pouf ! ça fait des chocapic. Entre Strasbourg, Ostwald, Eschau et Geispolsheim se trouve désormais Illkirch-Graffenstaden.
Deux mots, 21 lettres et au moins autant de bonnes raisons d’y mettre les pieds. Surtout qu’aujourd’hui, le tram dessert plusieurs points stratégiques depuis Strasbourg, du Baggersee au nord, en passant par le campus d’Illkirch jusqu’au centre-ville. Trop facile !
Et puis, l’emplacement géographique est plutôt enviable. Proche de la capitale européenne, mais aussi au bord des routes de campagne, on a accès à toutes les commodités modernes (et notamment aux parkings relais) et en même temps, à de nombreux coins de nature. Bref, on passé une journée sur place, histoire de voir de plus près ce que la meilleure ville de France (pour les familles – mais ce n’est qu’un détail) a dans le ventre. C’est parti !
8h – Petit déjeuner à La Belle choc’, pour un démarrage cacaoté
La journée démarre au pied de l’arrêt de tram Cours-de-l’Illiade, en plein cœur d’Illkirch. Avant d’entamer une petite balade au calme, on se pose à La Belle choc’ (189 route de Lyon), adresse prisée des féru(e)s de chocolat, mais pas que.
En hiver, rien de tel qu’un bon thé chaud, lové(e) dans les fauteuils moelleux du café pendant que la ville s’éveille. Et quand le soleil pointe le bout de son nez, la petite terrasse est de sortie. Au menu pour les lève-tôt, des formules petit-déj et des petits pains chauds. Et pour les marmottes, il reste l’option du repas avec une bonne part de pizza ou quiche maison !
9h – Explorer le centre, mélange des genres et des temps
En sortant du salon de thé, on se retrouve propulsé dans le petit centre illkirchois, en plein milieu de la route de Lyon qui traverse toute la ville. Devant nous s’étend le cours de l’Illiade, sur lequel se tient le marché tous les mercredis et samedis matins. Juste à côté, il y a la grande place du Forum-de-l’Ill, où se déroule des manifestations toute l’année, entre expositions d’artistes, brocantes et marché de Noël.
En été, c’est sur cette place que les habitant(e)s viennent passer du bon temps, manger une glace et se rafraîchir dans les fontaines. Non loin de là se trouve les bâtiments de l’hôtel de ville (181 route de Lyon).
Un premier bâtiment de style néo-classique donne le ton, augmenté d’une extension contemporaine légère et en grande partie vitrée… Il y a aussi une étrange coque en inox perforée, signée par le cabinet d’architecture Renato-Filippini. Igloo, navette spatiale, coussin… cet espace d’accueil original pour la mairie titille l’imagination débordante des illkirchois(es) !
Le dernier point immanquable du centre est l’église Saint-Symphorien (8 place de la Mairie), bâtie entre 1863 et 1865 pour offrir un nouveau lieu de culte à la population croissante d’Illkirch. Dans ses tours de style néo-roman, elle abrite d’ailleurs des invité(e)s de marque, deux faucons pèlerins répondant aux doux noms de Lucky et Valentine, dont il est possible de suivre les aventures en ligne.
En direct d’Illkirch : entrez dans l’intimité d’un couple de faucons alsaciens
10h – Sur les traces de François-Joseph de Klinglin, petit farceur alsacien
À moins de dix minutes à pied du centre se trouve un drôle de monument historique. À côté du collège du Parc, dont il abrite l’administration, un grand bâtiment de style régence s’impose. Il s’agit-là, au bord de la route de Lyon, de l’unique reste du château du dénommé François-Joseph de Klinglin, bâti il y a trois siècles de cela.
Seigneur d’Illkirch et de Graffenstaden – qui n’avaient pas encore fusionné, le gentilhomme est aussi prêteur royal. Pour faire simple, il représente le roi dans l’ancienne ville impériale de Strasbourg. Et il en profite pour se faire bâtir en 1735 un château digne de ce nom dans les contrées illkirchoises, par l’architecte de la ville de Strasbourg Jean-Pierre Plug.
Les jardins sont luxuriants, nappés de fleurs et d’orangers, assortis de statues grecques et d’une fontaine. Et le petit malin de Klinglin ne s’arrête pas là. À coups de pots-de-vin et de tours de passe-passe, il plume les Alsacien(ne)s qui financent ses banquets, ses hôtels, ses autres châteaux et tous ses excès.
Les illkirchois(es) se rebellent, et le seigneur finit sa vie en prison, après avoir tyrannisé la population pendant près de 20 ans. Le château est détruit lors de la Révolution, et il n’en reste aujourd’hui plus que le bâtiment de l’orangerie et ses parcs libres d’accès (106 route de Lyon), entièrement refaits dans un style contemporain.
11h – Révolution industrielle ! La SACM met Illkirch sur les rails
On poursuit l’histoire illkirchoise avec un autre gros morceau de son patrimoine. En 1872, l’usine de locomotives SACM (Société alsacienne de constructions mécaniques) voit le jour, et deviendra un des emblèmes de la ville, qui connaît un essor industriel grâce à elle.
Surnommée « Unsri Fabrik », elle permet à Illkirch de prospérer. Elle emploie une bonne partie des habitant(e)s et voit défiler des centaines d’illkirchois(es) en un siècle, avant d’être mise à l’arrêt en 1971. Aujourd’hui encore, on en trouve des traces partout dans le centre-ville !
Si plusieurs constructions ont été démolies, comme la cheminée du château d’eau en 2009, d’autres façades ont été conservées, notamment celles qui abritent le centre commercial Centr’ill.
D’autres constructions ont été totalement réhabilitées, comme l’ancienne centrale électrique. Aujourd’hui devenue La Villa (rue Krafft), une maison d’enseignement des arts, on y pratique la musique, la danse, le dessin, le cirque et toute une palette d’autres activités. La visite de ce bâtiment entre passé et présent vaut le coup d’œil !
12h – Le Parc d’innovation, à la pointe de la modernité
Sous ses airs calmes, Illkirch cache quelques surprises de taille… dont un technopole à rayonnement mondial, rien que ça ! On parle ici du Parc d’innovation, situé à côté de l’arrêt de tram Campus-d’Illkirch. Biotechnologie, numérique, environnement, domaine spatial, télécommunication, santé : autant de compétences qui fleurissent dans la banlieue strasbourgeoise.
Au cœur de ces 170 hectares de modernité, on retrouve la faculté de pharmacie, l’école d’ingénieurs Télécom physique, l’école supérieure de biotechnologie, l’IUT Robert-Schuman pour se former en chimie, en communication, en informatique ou encore en génie civil, et même l’International space university, qui forme les futurs talents du domaine de l’espace ! Et information insolite, c’est aussi dans cette établissement que la statue de Félicette, première chatte astronaute de l’histoire, est installée.
Qu’il s’agisse de mettre au point des technologies révolutionnaires, d’innover en matière de santé ou d’environnement, ou même de toucher les étoiles, les universités et la recherche scientifique côtoient des entreprises innovantes qui font le monde de demain. Pas mal non ?
13h – Pause déjeuner, ambiance cosy et bons petits plats
Après toutes ces pérégrinations, il est l’heure de reprendre des forces. On pense immédiatement au restaurant Le Bouchon et l’assiette (132 route de Lyon), petit écrin de douceur et de raffinement. Ambiance sobre et cosy, plats de saison préparés selon les humeurs du chef et ses trouvailles au marché, on en redemande !
Si vous êtes plutôt d’humeur pâtes fraîches et pizzas maison, on vous conseille La Table de l’Ill (10A allée François-Mitterrand), juste un peu plus loin. L’occasion de déguster une cuisine savoureuse et simple, avant de repartir pour un tour.
14h – L’heure de la balade digestive, entre forêts et plans d’eau
On vous le disait, un des grands avantages d’Illkirch, c’est d’être proche de la ville mais également d’avoir la nature à deux pas. Les options sont nombreuses, entre forêts, plans d’eau ou grandes pistes cyclables. Pour se dégourdir les pattes, direction la réserve naturelle nationale du massif forestier de Strasbourg-Neuhof / Illkirch-Graffenstaden (les noms à rallonge, spécialité locale !)
Ce petit bout de nature préservée ne compte pas moins de quatre cours d’eau, quelques mares et prairies, ce qui en fait un petit paradis de la biodiversité. Depuis Illkirch, rendez-vous au Parc d’innovation (parking du Chêne-Rebmann) pour accéder à ce coin de verdure.
Pour les fanas du guidon, la piste cyclable le long du canal du Rhône-au-Rhin est une option détente de qualité. Depuis Strasbourg, elle trace sont chemin jusqu’à Illkirch, puis Eschau, Plobsheim, Erstein et Friesenheim. La piste est idéale pour pédaler en famille ou entre potes, au fil des péniches et à l’ombre des platanes : on valide !
Enfin, été comme hiver, le plan d’eau du Baggersee (derrière le centre commercial du même nom) et le lac Achard (chemin des Ondines) accueillent les promeneurs/euses, les sportifs/ives d’un jour ou de toujours, les avides de baignade et bien d’autres. Lecture dans le gazon, barbecue, bronzette sur les plages, châteaux de sable ou plongeons, chacun(e) trouve son compte dans ces spots dépaysants.
15h – Faire les boutiques à Illkirch, adresses gourmandes et concepts originaux
Pour faire quelques achats bien de chez nous, Illkirch regorge de belles adresses. Côté gourmand, le choix est vaste : la Bièrerie (1 rue des Orfèvres) propose plus de 800 bières artisanales, et pas que !
Pour organiser un bon gueuleton, rendez-vous Chez David, boucher et traiteur qui sait ravir les palais. Juste à côté se trouve L’épicurienne, épicerie spécialisée dans le fromage… tenue par sa femme ! Deux adresse accolées, complémentaires et surtout savoureuses (215 route de Lyon). Pour des petites douceurs, on n’oublie pas la célèbre chocolaterie Michel (rue de Gunsbach) qui fait vibrer nos papilles avec ses recettes originales.
On n’oublie pas non plus le célèbre fleuriste Kammerer, institution illkirchoise et maître de la composition florale (211 route de Lyon).
Un peu plus loin, le concept store S’Bretzel (96 route de Lyon) met en vitrine le travail des créateurs/rices alsacien(ne)s. Prêt-à-porter, illustrations, douceurs locales et décorations made in Strasbourg rendent hommage aux manneles, bretzels, mais aussi à Môman.
Enfin, la boutique solidaire de Bric, de broc et de cœur est une petite pépite nichée près du centre (8 place du Général-de-Gaulle). Gérée par l’association Lien du bien, elle revend des vêtements, jouets, objets et autres trésors généreusement donnés par les illkirchois(es), au profit d’associations qui agissent contre la précarité. Circuit vertueux et équipe aux petits soins : on accourt !
16h – Lever le pied : un goûter bien mérité
C’est l’heure de la pause ! Première option, la boulangerie Gantzer (167 route de Lyon) pour un goûter à emporter. Ici, on trouve de tout : plats traiteurs de saison, produits locaux, fromages, charcuteries, pâtisseries et autres douceurs qui sauront ravir les papilles les plus exigeantes. À tester d’urgence !
Deuxième option, L’Art du café dans le Centr’ill (10 allée François-Mitterrand). À midi, c’est cuisine française, burgers et plats savoureux. Pour le goûter, on s’entiche des tartes maison, des cafés proposés en plusieurs variétés, ou d’un bon chocolat chaud. Et quand l’heure de l’apéro arrive, c’est parti pour les planchettes, bruschettas, bières et cocktails en terrasse !
17h - La pistes des forts (non, on ne parle pas de vos biscotos)
Le fort Uhrich (route du Fort-Uhrich) a été construit par les Prussiens entre 1873 et 1877, alors que l’Alsace était annexée. L’objectif de cette construction était de pouvoir supporter un siège militaire, grâce à une centaine de salles pouvant accueillir 700 hommes (ça en fait du monde) !
Durant la belle saison, le jardin du fort ouvre ses portes, et il est possible de faire une balade oxygénante autour des douves et des remparts. Moment d’histoire, moment au vert, moment hors du temps : familles, curieux/ses ou passionné(e)s y trouvent leur bonheur.
Le fort Uhrich est loin d’être tout seul autour de Strasbourg, et a même une ribambelle de copains. Il a été bâti en même temps que 18 autres forts, dans le but de faire une ceinture autour de la ville. Tout cela pour que Strasbourg, alors capitale d’Alsace-Lorraine de l’Empire allemand, prospère sans la crainte d’une attaque immédiate.
Pour les visiter tout en profitant du grand air, il suffit d’attraper sa bicyclette et rejoindre la Piste des forts (non, pas besoin d’avoir des gros mollets pour l’emprunter). Cette boucle totalise 89 kilomètres entre nature, cours d’eau, monuments historiques, qu’on peut parcourir par portions selon ses envies. L’idéal pour une sortie dépaysante !
19h - Pour le dîner, bonnes adresses et plats traditionnels
Pour se régaler après cette journée trépidante, on se rend à La Tankstell (81 avenue de Strasbourg). Adresse chaleureuse, fidèle à l’esprit winstub, assortie d’une terrasse à petits lampions bucoliques en été, c’est une institution illkirchoise. On vient ici pour déguster de délicieux plats du coin, de la tarte flambée au waedele en passant par le steak tartare, dans une ambiance familiale.
La Tankstell : l’historique Winstub d’Illkirch vient de rouvrir ses portes !
Autre adresse presque légendaire à Illkirch, L’Estaminet à l’agneau, qui est devenu Les Bocaux de l’agneau en 2023 (183 route de Lyon), pour s’adapter aux aléas économiques. Et la nouvelle formule fait son bout de chemin : les plats dans l’esprit bistronomiques sont servis exclusivement dans des bocaux, à déguster sur place ou à emporter.
De quoi dévorer des mets raffinés en toute simplicité. Et pour les envies nocturnes subites ou les festivités imprévues, un distributeur de plats a été installé sur le côté du restaurant, accessible 24/24h et 7/7j !
20h - Vous reprendrez bien des paillettes dans les yeux ?
Pour sortir le soir à Illkirch, il suffit de regarder du côté de la salle de spectacle L’illiade (11 allée François-Mitterrand) juste à côté du cours d’eau du même nom ! Et oui, on vous le confirme, les jeux de mots en « ill » pleuvent par ici.
La structure est tout particulièrement connue pour son festival d’accordéon Le Printemps des bretelles, qui a lieu chaque année au mois de mars. Des accordéonistes du monde entier viennent montrer leurs talents, entre morceaux classiques et reprises pop, pour faire danser petit(e)s et grand(e)s.
Et toute l’année, ce sont des pièces de théâtre, ballets, concerts ou spectacles d’humour qui défilent, pour découvrir des artistes locaux/les, mais aussi voir quelques grands noms. Grand Corps Malade, Anne Roumanoff, Kyan Khojandi, Manu Payet et bien d’autres sont passé(e)s par là ! Pour voir la programmation, c’est par ici.
Ce vivier artistique, sans oublier La Villa non loin, se trouve au cœur de la vie culturelle d’Illkirch, en parallèle des animations festives qui ponctuent l’année. En été, le parvis et les rues adjacentes prennent vie la nuit, entre braderies, fête foraine, pique-niques, guinguettes et autres festivités.
Sans oublier le premier week-end de juillet, durant lequel les illkirchois(es) ne manquent jamais de célébrer les Fêtes de l’Ill. Au programme : barbecues, spectacles en plein air, animations dansantes et feux d’artifices pour achever ces soirées festives de manière idyllique.
On espère vous avoir donné envie d’explorer cette petite commune de caractère, et pleine d’histoire(s). Nous, on est sous le charme !
Très belle et juste description de notre belle ville où il fait bon vivre. Merci
Très belle description de cette agréable ville
2 petites remarques : vous ne parlez pas du parc du Girlenhirch et des installations sportives rugby foot golf basket etc…..
Et au niveau des plans d’eau vous ne parlez pas du beau plan d’eau du Fort Uhrich que malheureusement la ville veut recouvrir de panneaux photovoltaïques