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Papa n’aime pas le hip-hop : avec Asfar Shamsi, l’artiste strasbourgeoise qu’on va voir monter

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Asfar Shamsi, 25 ans, se distingue dans le paysage du hip-hop national par son style espiègle, peuplé de bidules polymorphes et multicolores. Celle qui dit avoir découvert le rap tardivement, livre à son public des morceaux introspectifs sincères, tout en pudeur. Nous avons passé un coup de bigo à cette artiste qui a gratté ses premiers textes sur les bancs d’un lycée strasbourgeois, pour mieux appréhender sa personnalité.

Une voix qui ne ment pas, beaucoup d’authenticité, et une innocence sans filtres ; Asfar est unique, singulière, et tranchante, comme les titres de ses morceaux : Février, Coquillage, Gaspillage

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Asfar Shamsi
© Coraline Benetti / Document remis

Ses textes, oscillant entre poésie et mélancolie, sont nuancés par des clips oniriques tout en couleurs, laissant planer une atmosphère aigre-douce qui reste dans la peau. Autodidacte, elle travaille en solitaire, écrit, peaufine ses textes, teste les sonorités, et enregistre dans les quatre murs de sa chambre parisienne. Elle est entourée de ses plus proches collaborateurs/trices, d’une collection d’objets joyeux, et surtout Corneille, son doudou.

C’est depuis ce cocon, qu’Asfar s’est confiée à nous, entre deux sessions d’enregistrement des reprises de ses « chansons préférées de quand elle était petite », qu’elle partage depuis quelque temps avec ses abonné(e)s sur sa page Instagram.


Tu as un univers bien singulier dans le monde du hip-hop, quelque chose qui n’appartient qu’à toi. Un style enfantin, très doux. Ton esthétique contraste fortement avec tes textes parfois cyniques, traduisant une rude réalité. Garder cette parenthèse légère, est-ce une manière pour toi de rester à distance du monde des adultes qui est trop rude, trop cruel ?

Je pense qu’un des premiers trucs à savoir, c’est que tout ça n’est pas calculé. Ma musique est un endroit où il y a toutes les parties de ma personnalité […]. Quand j’ai commencé le hip-hop, y’avait pas trop de place pour les meufs, ou alors elles devaient surjouer leurs personnalités. Moi, je voulais faire du hip-hop, mais sans trop me poser la question de ce à quoi je voulais ressembler, je voulais rester fidèle à moi-même […].

L’esthétique enfantine, c’est peut-être un moyen pour moi de rattraper du temps perdu, d’entretenir un truc innocent que je n’avais pas quand j’étais petite […] Dans le monde des adultes, c’est facile d’être dans quelque chose de très rationnel, intellectualisé. J’aime bien ce truc enfantin, cette idée de revenir à quelque chose de très sensoriel, de très ressenti. C’est une manière de se reconnecter […] Et puis ma musique a un côté plaintif, et les gens qui se plaignent tout le temps ça m’agace, alors pour dépasser tout ça, la solution c’est de mettre de la couleur et des doudous partout !

Asfar Shamsi
© Coraline Benetti / Document remis

Cette année, tu sortais ton premier EP, « Au revoir février », que tu choisissais d’ouvrir sur le morceau « Vilain Microbe » qui fait référence à tes parents qui n’aiment pas le hip-hop, et de la difficulté à t’affirmer dans la famille. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Je pense que, finalement, c’est le morceau le plus léger de l’EP. En fait, c’était un des premiers morceaux légers que j’avais fait. J’étais contente, j’avais l’impression que je n’arriverais jamais à faire ça. Malgré le texte un peu cynique, y’a un côté good vibes qui me plaît. Et puis, je trouve que c’est plus simple d’ouvrir un projet sur un morceau où tout le monde peut se retrouver.

Et du coup, est-ce que maintenant papa et maman aiment le hip-hop ?

Ça fait longtemps que je fais de la musique, mais avant, je ne le disais pas forcément à mes parents. Je me suis dit qu’ils ne capteraient pas le délire. J’ai commencé à leur en parler un ou deux mois avant la sortie du projet. Je leur ai expliqué que je fais de la musique, que je fais de la scène, et que j’essaie d’avoir un entourage dans le milieu.

Mais par contre, je ne leur ai pas donné mon nom d’artiste, et je ne leur fais pas écouter ce que je fais. Je veux que ma musique reste un espace pour moi, pour être moi-même. Inconsciemment ou consciemment, je me censurerais si je savais qu’ils écoutent mes morceaux. C’est encore trop récent pour que je m’affirme face à eux.

Asfar Shamsi
© Luca Tosti / Document remis

C’est vrai que tes morceaux sont pleins d’introspection, et très personnels. On a l’impression d’être dans tes pensées, de glisser sur tes émotions. Tu sembles chanter pour te raconter, pour évacuer ce qui te fait gamberger. Est-ce que tu vois ta musique comme un carnet de bord, un journal intime ?

Ouais complètement. C’est parfois compliqué pour moi de verbaliser ce qui me blesse, de parler de mes émotions. La musique est un espace où je peux être un peu triste, où je peux dire des trucs déprimants que je n’arrive pas à dire à tout le monde. La différence dans l’expression, c’est qu’avec un journal intime, t’as pas envie que les gens le lisent, alors qu’avec la musique, tu vas exposer publiquement tes émotions.

C’est plus facile pour moi de me livrer à des gens que je ne connais pas qu’à mes proches […]. Quand je m’ouvre à des gens que je connais, y’a plus d’affects, j’ai peur de les blesser, de les inquiéter, alors que pour des inconnus, je n’ai pas peur de me dévoiler. J’ai récemment joué mes morceaux à Strasbourg sur la scène du Molodoï, et ce n’était pas le même ressenti que quand je les joue sur les scènes parisiennes.

À Strasbourg, il y avait beaucoup de gens que je connaissais dans le public, je ressentais une certaine gêne à dévoiler mes textes comme ça.

D’ailleurs, tu es très attachée à Strasbourg, que tu appelles ta « ville de coeur ». C’est la ville dans laquelle tu as posé les bases de ta musique en freestylant avec tes potes de lycée. Quelles émotions te traversent quand tu penses à la capitale alsacienne ?

Je pense qu’il y a beaucoup d’ambivalence. Quand on me demande d’où je viens, je dis toujours : « de Strasbourg », même si je vis à Paris depuis quelques années. C’est une ville que je revendique, dont je suis fière, une ville dans laquelle je me suis construite […] J’ai fait les meilleures et les pires conneries sur place. Mais en même temps, c’est aussi la ville de mon adolescence, où j’ai vécu des moments un peu difficiles.

Est-ce que tu as prévu de venir faire une scène chez nous prochainement ?

J’attends les propositions !


Asfar Shamsi sur Youtube
Asfar Shamsi sur Spotify
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